>>> Lâm HUA

Journaliste jeu vidéo pour Technikart et GQ, tiens un blog (monsieurlam.com) et deux projets : Lense.fr (photo) et Decate.com (t-shirts)
 

Salut les ptis clous (et les plus vieux qui auront compris le clin d’œil),
Le fourbe Maxime Chao me demande un Top 5 des jeux vidéo de l’année. Exercice aussi facile au premier abord que difficile ensuite. Parce que le jeu vidéo s’est tellement diversifié dans les expériences qu’il offre que des comparaisons aussi directes et linéaires deviennent compliquées. On peut parler de styles de jeux comme des styles de films, mais comment comparer de manière égalitaire un petit tueur de temps génial sur iPhone, un Dance Central et l’étrange Mine Craft ? Les critères en deviennent obligatoirement tordus ou subjectifs. J’ai donc décidé de vous partager mes jeux favoris de cette année par ordre de mongolisage nocturne. Beh oui, c’est un benchmark très parlant chez moi : un jeu auquel je pense encore avant d’aller me coucher, qui m’empêche de dormir ou qui peuple carrément mes rêves, c’est bon signe. C’est que je suis bien dedans, bien obsédé par son univers, la manière dont je pourrais m’améliorer etc. Voici donc la liste de mes rêves humides, ahem :

1/ StarCraft II : Wings of Liberty (PC)

Son pire défaut est sa plus grande qualité : c’est un super Starcraft. Plus beau, plus ergo, super fun au premier abord super dur après quelques nuits de dosage. Ce n’est pas le jeu fondateur du Esport pour rien. Chaque modification d’unité peut vous changer un match up, un équilibre global. Avec la communauté de zinzin qui est derrière, Starcraft a été posé sur le trône d’empereur des RTS, mais contrairement à plein d’héritiers débonnaires et incapables, il est déjà brillant. Autant vous dire que ce jeu me fait totalement mongoliser : et qu’est-ce qu’il se passerait si 200 stalkers affrontaient 200 hydras ? Comment concocter la "Bioball" parfaite ? Bon, je reste Toss où je switch Zerg ? Oui, on peut taper des nuits blanches à cause d’un jeu. Mais sans y jouer, c’est encore plus fort.

2/ LIMBO (Xbox LIVE Arcade)

La "pépite indé qui redonne foi aux esthètes sensibles de l’industrie" est une fois de plus à hauteur. Velouté et amer, doux et vénéneux, simple et pourtant nullement aidant, cet OVNI est un joyaux à la croisée de Where The Wild Things Are, Another World et Sa Majesté des Mouches. On y joue dans le noir, pelotonné avec un bon pote ou sa chérie, on se passe la manette en silence à chaque mort et des morts, il y en a beaucoup. Car Limbo reste un jeu à l’ancienne, sans tuto, sans bulles d’aides ou de petits esprits qui te spoilent tout. Ta seule source de progression, c’est ta mort, tes morts. Certains passages m’ont ainsi fait aller me coucher des dents serrées. Et évidemment, on trouve la solution une fois à poil dans son lit. Et évidemment, malgré le froid, la fatique et l’heure trop pas raisonnable, je bosse demain, quoiiii, on se relève pour confronter sa solution à la réalité du jeu. Ca passe et nous voici repartis dans la nuit du jeu. Tout nu.

3/ SUPER Street Fighter IV (Xbox 360)

Bah ouais. Evidemment. On est joueur de Versus ou on ne l’est pas. SUPER Street IV est super, ça c’est fait. Déjà, on passe quelques nuits à doser. Ensuite,  on passe quelques nuits, accroupi sur la corniche d’un gratte-ciel tenant un crâne et en marmonnant  "être ou ne pas être". Au sens être ou ne pas être un shoto, quand on a été fidèle des années à son Honda d’amour. Viennent ensuite les nuits blanches ouvrir son labo à combos, seule avec la salle du temps du mode training, à tester, changer de perso. Tout cela pour au final rester sur le même combo de persos (Honda + Dudley qui était mon main dans 3.3) et re-doser avec les potes d’autres nuits. Implacable vie du combattant total.

4/ Fieldrunners (iPad)

Pour poser les bases : je suis fan de Tower Defenses. Pour aller plus loin : je pense que le tactile est l’interface qui a le plus bénéficié à ce genre de jeu. Pour terminer en beauté : l’iPad avec son grand écran, est le meilleur terrain de jeu pour un Tower Defense. Et Fieldrunners est l’un des tout meilleurs : ouvert ou imposé, assez facile ou vraiment capilo-tracté, il vous en donne pour votre argent. On y joue dans le métro, aux toilettes, dans le lit, en soirée, bye bye le reste. La mongolisation nocturne est ici évidente. Comme pour tous les TD, on imagine dans sa tête LA config’ parfaite de tour à laquelle aucune unité hypra-buffée ne résistera, c’est une drogue intellectuelle à 4.99€ la première dose. Et comme cette pépite vient d’être mise à jour,  avec un mode deux joueurs sur le même iPad qui repousse le jeu dans une nouvelle dimension du "GNII, PRENDS CA, PUTE BORGNE". Ne résistez pas, abaissez vos défenses et tentez celle-ci.

5/ Minecraft (PC)

Ok, je viens de commencer. Ce "phénomène" du jeu indé, déjà vendu à 850 000 exemplaires alors qu’il vient à peine de passer du statut Alpha à celui de Beta est déjà une drogue avant même d’y avoir joué. Comprenez que tout le monde fait des choses tellements dingues avec ce drôle (et moche) de monde vierge et sans pitié que j’ai passé des soirées à lire des forums, des posts, à matter des vidéos sur Minecraft pour comprendre le génial de ce jeu. Et que je viens enfin de l’acheter. Après des nuits blanches à y penser, j’ai commencé et compris ma douleur : ce jeu est une source inépuisable de mongolisage, puisque l’on peut plus ou moins tout faire. Minecraft est une gigantesque (et moche) boîte à outils, un univers qui s’élargit à la mesure de votre imagination. C’est la fin, mes amis, je deviens un hibou.

COUP DE GUEULE
Gran Turismo 5 : la blague de l'année

Comment ça, je tire sur une ambulance ? Vous avez vu comme elle est modélisée ? Comment ça, ce n’est pas un modèle "Premium" ? Yep, Gran Turismo 5 est un beau gag, un blockbuster qui pourra se targuer de plusieurs titres qu’on n’est pas près de lui voler :

"Meilleur jeu sorti 3 ans trop tard et qui donne l’impression d’être sorti 2 ans trop tôt"

"Plus grand nombre de véhicules modélisés d’après des Majorettes"

"Meilleur jeu au temps d’installation plus long que le plus long de tes OS"

"Meilleur jeu de voiture terrestre avec une physique aquatique"

"Meilleure skin HD de Gran Turismo 4"

"Meilleure killer app' annoncée à la sortie de la PS3 sortie après la PS3 Slim"

Bref, Gran Turismo 5 est une vaste fumisterie, mais surtout un syndrôme : ce qui devait être la vitrine du savoir-faire nippon est devenu la vitrine de la crise d’excellence que connait le pays qui nous a bercé comme l’Olympe du game design. A Gran Turismo 5, j’ajouterai donc Final Fantasy XIII et XIV, des jeux qui se sont perdu en route : le premier officialise l’impasse du J-RPG quand le second officialise la suprémacie occidentale sur le segment le plus juteux et innovant du jeu vidéo, le MEUPORG. J’en connais qui doivent pas mal mongoliser la nuit, du côté de Tokyo…