Top 5 2010 - Pierre Maugein
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- 2 - Top 5 2010 - Maxime Chao
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- 4 - Top 5 2010 - Pierre Maugein
- 5 - Top 5 2010 - Aurélie Vautrin
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- 8 - Top 5 2010 - Pierre Delorme
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- 11 - Top 5 2010 - Laure Amouroux
- 12 - Top 5 2010 - Sylvain Lienke
- 13 - Top 5 2010 - Jonathan Minotti
- 14 - Top 5 2010 - Marcus
>>> PIERRE MAUGEIN
>> Rédacteur
Si je repense à l'année qui vient de se terminer, il y a effectivement des jeux, des films, des musiques, plein d'autres choses qui me viennent en tête, mais surtout quelques minutes qui prennent la place de journées voire de mois entiers. Certains ont sans doute lu le livre de Philippe Delerm (oui le père du type qui raconte ses journées chez tata Jacqueline le dimanche avec un piano) qui s'appelle La Première Gorgée de Bière. Il traite d'une trentaine de petits plaisirs qui n'ont l'air de rien mais que l'on oublie jamais. C'est exactement ça qui me reste, une grosse heure, peut être deux à me balader tout seul dans Tokyo à 7 heures du mat sans savoir où aller, ni comment revenir. Le bonheur de se perdre et de découvrir des dizaines de petites tranches de vie à un moment où les gens sont encore un peu hagards, où la ville prend le temps de se lancer, où on a l'impression que chaque quartier est à soi. Un moment où l'on se dit aussi que l'on aurait bien aimé avoir une carte. Ce n'est pas le côté "waouh je suis à Tokyo !" ni un contrecoup des nuits hallucinées. Juste le sentiment de toucher vraiment une autre culture tout en la survolant. Un instant calme et un peu irréel qui reste bien planté là, juste à côté d'autres choses ancrées pour de bon dans l'esprit. Et comme cette année je n'ai gagné ni au Loto, ni au PMU et encore moins au Rapido, je préfère garder cette image dans ma sélection de trucs plus ou moins chouettes des 12 derniers mois, parce que je ne pense pas retourner sur l'Archipel avant un bon bout de temps. Ce qui me laissera le temps d'écouter une deuxième fois le dernier Arcade Fire pour statuer sur son sort et de repenser avec cynisme à mes 70 heures squattées en solo sur Monster Hunter Freedom Unite avant de me rendre compte de ce qui s'était passé. Et comme ce petit bout de Japon, très présent mais s'éloignant régulièrement, mon top 2010 commence par deux titres occidentaux qui laissent quelques jeux japonais s'incruster. Never forget.
1/ Mass Effect 2
Comme le premier Mass Effect qui était un rêve de gosse, marcher sur la Lune et vivre enfin une vraie aventure spatiale, Mass Effect 2 utilise avec une réelle excellence son matériau de base, l'immersion. Space Opera riche et bourré de moments de découverte fantastiques, le jeu de Bioware ne se contente pas de reprendre le modèle de son prédécesseur. Il évolue pour moi dans le bon sens, même si le scan de planètes n'est pas la meilleure idée du monde. Avec ses situations très variées, ses dialogues percutants et sa mise en scène qui laisse rarement le joueur au repos, Mass Effect 2 n'est pas un accomplissement mais une suite intelligente, qui prend des risques maîtrisés et qui comporte des moments de bravoure parmi les plus jubilatoires de cette année. Quand on prend un vrai plaisir à lire des descriptions de planètes pendant des heures sans lassitude, c'est bon signe. Sans oublier ça.
2/ Castlevania : Lords of Shadow
Les premiers trailers donnaient déjà le ton, mais il faut savoir être prudent et ne pas s'emballer pour quelques doublages d'une classe rare, une piste musicale splendide et quelques extraits d'une direction artistique respectant scrupuleusement les codes gothiques. Et pourtant, voilà l'une des rares fois où ces vidéos souvent racoleuses avaient raison. Je pense avoir à attendre longtemps pour rejouer à un jeu d'action/exploration aussi bien équilibré qui mêle contemplation et action sans transition et surtout sans jamais trop palabrer. Castlevania : Lords of Shadow est sobre. Sobre en paroles, sobre en ambitions. Il fait ce qu'il faut quand il le faut avec une efficacité redoutable. Il laisse planer les choses pour les briser et laisser exploser son potentiel épique. Comme une réplique imparable qui claque dans le silence. Sans oublier ça.
3/ Kingdom Hearts : Birth By Sleep
Prélude à toute la série de Square Enix/Disney, Kingdom Hearts : Birth By Sleep est une sorte de synthèse de l'ensemble des épisodes, qui mêle une profonde émotion et un système de combat à la fois profond et jouissif. Utilisant le principe de l'histoire à la fin tragique déjà connue, tout du moins en partie, le jeu distille une atmosphère désolée et mélancolique sans grandes poussées « émo » et qui s'avère souvent très juste. Il y a évidemment des grands sentiments, des hésitations qui n'auraient pas lieu d'être, mais ce Kingdom Hearts : Birth By Sleep parvient à captiver du début à la fin avec une progression intelligente, des boss de fins pour chaque chapitre dantesques et ce petit supplément « d'improbabilité », de fusion incroyable entre deux univers tellement différents qui rend chaque Kingdom Hearts unique. Avec le meilleur casting de la saga, Kingdom Hearts : Birth By Sleep est peut-être plus Disney que Square dans sa notion d'enchantement. Sans oublier ça.
4/ Nier
En pleine crise de RPG qui tournent en rond, Square Enix sort Nier un beau jour d'avril dernier. Un écran noir, des insultes et là une musique qui prend aux tripes. A ce moment précis j'ai senti qu'il se passait quelque chose, que le jeu m'avait capté sans savoir à quoi m'attendre. Du coup je n'ai pas esquivé la baffe. Une claque qui laisse une marque qui gratte régulièrement avec une réalisation à la ramasse, un personnage qui se manie comme un 33 tonnes ou encore des moments de solitude face à un mini-jeu de pêche ou à une première partie pleine de WTF. Mais Nier étonne sans cesse que ce soit dans le bon ou le mauvais sens. J'ai eu le sentiment de jouer à quelque chose de différent, d'intense, de paradoxal et de génial. La même impression qu'il y a des années avec le premier Drakengard du même studio. Une fascination mêlée de répulsion. Mais Nier accroche durablement avec ses personnages fabuleux, son scénario d'une noirceur abyssale, des idées toutes les 10 minutes et une bande-son qui s'impose comme la plus impressionnante de l'année, voire de chez Square tout simplement. Un jeu qui réveille. Sans oublier ça.
5/ LIMBO
LIMBO est un jeu qui angoisse. Pas un simple petit sursaut ou une sueur froide subite, mais un malaise lancinant qui ne lâche jamais le joueur. Il revient sans cesse, que ce soit par la musique, des bruits étranges venant des tréfonds d'un noir & blanc profond et oppressant ou encore de ces formes inconnues qui ne cessent de vous traquer dans un environnement déjà agressif par principe. LIMBO vous force à la survie sans indices ni directives. C'est au joueur de dompter le monde qui l'entoure et de subir une violence dénuée de justification. Touchant au monde de l'enfance, de ses peurs et de sa cruauté, LIMBO est quelque chose de mystérieux, d'aussi trouble que ses teintes brumeuses. Une expérience unique, qui reste dans l'esprit pendant de longues heures/journées. Juste le temps de se rendre compte que voilà un jeu de plates-formes/aventure inventif, efficace, équilibré et tout bonnement intelligent. Sans sa durée de vie rachitique, la référence n'était pas loin. Sans oublier ça.
Si j'avais fait un Top 10...
Minecraft parce que le jeu n'est pas encore finalisé mais qu'il est déjà une drogue très dure.
Resonance of Fate : parce que je ne l'ai pas encore terminé mais qu'il est le seul vrai J-RPG réussi sur consoles de salon HD cette année et que voilà.
Metal Gear Solid : Peace Walker : parce que faire rentrer autant de contenu dans un UMD mérite le respect. Metal Gear Solid 4 : Guns of the Patriot peut remettre son octocamo et partir loin.
Demon's Souls : parce que je lui en veux personnellement d'avoir réussi à me captiver alors qu'il m'humilie régulièrement.
Halo Reach : parce que même s'il conserve les défauts de mise en scène de ses prédécesseurs est jouissif en Légendaire et que sa toute fin "met la pression" pour paraphraser un collègue.
COUP DE GUEULE
L'écrit sous la vidéo
Depuis quelques longues années, l'image a plus de poids que le texte dans l'information, pour des raisons d'impact immédiat, de codes directement reconnaissables et d'une iconisation bien plus percutante que quelques lettres abstraites. Avec internet, l'immédiateté est désormais une norme. Il faut avoir accès à tout avec une rapidité devenue obligatoire par habitude. Bien entendu, plus que les simples images fixes, c'est la vidéo qui s'est facilement insérée dans cette forme de communication prise sur le pouce. Un vecteur très pratique pour émerveiller, pour faire passer un message amplifiée par un montage nerveux et /ou épileptique. Ces trailers, teasers et autres World Premiere avec explosions en cadeau sont utiles en tant que support à de la communication écrite. Mais avec cette accélération du processus d'information, elles deviennent maintenant une première étape, une introduction à la fois bruyante et silencieuse. Car une vidéo ne dit rien, elle présente. De plus en plus les tests vidéo et les émissions supplantent l'écrit dans le milieu du jeu vidéo. Une évolution logique, sans doute obligatoire, mais qui supprime un recul indispensable. Il est nécessaire d'analyser, de digérer et de retranscrire avec son style et ses mots des constats techniques et des ressentis lors d'un test. Un travail de décantation qui est totalement absent de la vidéo, si elle n'est pas mise en corrélation directe avec l'écrit. Honnêtement, les émissions de jeux vidéo, à part quelques unes, m'ennuient profondément pour ne pas dire plus et sont aussi pertinentes et instructives qu'un épisode de Plus Belle La Vie. Je ne demande pas des réflexions poussées et des débats de fond, le jeu vidéo est un divertissement parmi d'autres, mais de souffler, de prendre du temps, de ne pas sans cesse brasser le même vent. C'est sûr, c'est bien plus simple de se poser devant des images et de subir un flot d'informations que de prendre le temps de lire le résultat d'un travail de jugement tourné et retourné avant l'arrivée sur l'écran. Il suffit d'admirer l'évolution de la hiérarchisation des homepage depuis 5 ans. Quelques phases de gameplay, une belle cinématique, 5 petits pouces levés sur 5 et l'avis est rendu. Plus besoin d'expliquer, de trouver les mots justes, les images parlent d'elles-mêmes. C'est le net, une grande partie du net, pas tout le net. Le futur s'annonce sympathique.