– FABIEN PELLEGRINI –

Il n'y a rien de pire pour le testeur consciencieux que les jeux de rôle que l'on doit parcourir pendant des dizaines d'heures avant de pouvoir se forger un avis valable. Manque de bol pour moi, cette fin d'année 2009 a été particulièrement riche en RPG, et non des moindres ! Il m'a ainsi fallu tester en quelques semaines Aion, Divinity II : Ego Draconis, Dragon Age et Risen. C'est donc avec des valises sous les yeux et une plume exsangue que je rédige ce Top 5 qui, une nouvelle fois, fait la part belle aux jeux qui ont une âme. Pour la baston et les bagnoles, vous êtes priés d'aller voir ailleurs.

1 – Brütal Legend (X360)

Tim Schafer est un génie, et il nous le prouve une nouvelle fois avec Brütal Legend. Certes, comme Psychonauts en son temps, ce mélange entre beat'em all et stratégie n'arrive pas à convaincre pleinement les joueurs qui ne jurent que par le gameplay et n'ont que faire du scénario, de l'ambiance et de l'univers qu'on leur propose. Mais pour tous les autres, c'est un véritable régal. La bande son 100% metal justifie à elle seule l'achat du jeu, qui vaut également par son humour et sa réalisation générale. Certains grincheux le trouvent moche ? Ils feraient mieux de développeur leur sensibilité artistique plutôt que leur aptitude à compter les polygônes. D'autres estiment que les phases de stratégie sont trop difficiles à gérer ? Ils feraient bien de se frotter une ou deux fois à un véritable RTS et pourront ensuite gérer les doigts dans le nez ces délirants affrontements entre gothiques et métalleux. Rock'n roll, dude !

2 – Risen (PC)

Alors que la plèbe ne jure que par Morrowind et Oblivion, les gens de bon goût ont toujours plébiscité la série Gothic, que ses géniteurs ont récemment du abandonner à leur ancien éditeur. Mais à quelque chose malheur est bon, puisqu'ils ont profité de cette mésaventure pour lancer un autre jeu de rôle, tout aussi passionnant que leurs précédentes productions. Riche et réaliste, Risen vous plonge dans un univers crédible et détaillé, où les quêtes peuvent se résoudre de multiples manières et où chacun de vos gestes a de réelles conséquences sur vos relations avec le voisinage. Privilégiez la version PC, supérieure en tous points à son homologue console (comme d'hab', serait-on tenté d'ajouter...).

3 – Torchlight (PC)

De la musique aux bruitages, en passant par les décors et les mécaniques de jeu, tout dans Torchlight rappelle Diablo. Et c'est bien naturel puisqu'on retrouve plusieurs membres fondateurs du hit de Blizzard aux commandes de ce sympathique hack'n slash. Hormis l'absence regrettable d'un quelconque mode multijoueurs, ce petit jeu a vraiment tout pour plaire et préfigure d'une certaine manière ce que sera Diablo 3, avec qui il partage des graphismes assez cartoon. Vendu à prix modique et en téléchargement uniquement, il vous fera agréablement perdre quelques dizaines d'heures de votre vie.

4 – Machinarium (PC)

J'ai passé des années à tester les cartes graphiques les plus chères de la planète, à m'extasier devant les prouesses du dernier moteur 3D à la mode, à pester contre le manque de puissance des consoles dites de nouvelle génération, et me voilà forcé de porter aux nues un jeu réalisé... en Flash ! Une preuve supplémentaire, s'il en fallait une, que le talent vaut mieux que la technologie. Ce jeu d'aventures simple et efficace nous propose un univers robotique vraiment charmant, et rejoint sans peine les rangs des petites productions indépendantes qui apportent autant de plaisir, sinon plus, que les incontournables blockbusters de fin d'année.

5 – Braid (PC)

Deux tiens valant mieux qu'un seul tu l'auras, la sortie décalée de Braid sur PC et PS3 m'incite à en remettre une couche à propos de ce jeu hors du commun. Déjà l'un de mes titres préférés en 2008 sur Xbox 360, Braid mérite amplement un coup de projecteur supplémentaire. Au delà de sa réalisation soignée et de son ambiance poétique, la création de Jonathan Blow vaut surtout par son gameplay basé sur les distorsions temporelles. Jamais une oeuvre vidéoludique n'aura utilisé avec autant de subtilité la possibilité de remonter dans le temps. Sous ses airs de jeu de plates-formes gentillet, Braid déploie en réalité des énigmes capables de retourner le cerveau du plus aguerri des gamers. A essayer impérativement !

COUP DE GUEULE

Plus que jamais, DLC rime avec DTC ! 

Joueurs consoles, je vous hais ! A cause de vous, la mode du téléchargement payant de contenu additionnel (plus communément appelé DLC) s'est répandue comme la vérole sur le bas clergé et a même fini par contaminer les jeux PC. Attirés par l'appât du gain, les éditeurs ne reculent plus devant rien et osent vraiment tout, y compris les opérations commerciales les plus viles. On avait déjà eu droit aux fins alternatives disponibles uniquement en payant, ainsi qu'aux DLC qui ne font qu'activer du contenu déjà présent sur le DVD du jeu et artificiellement bloqué. Mais le comble du foutage de gueule est atteint avec Dragon Age : Origins, qui multiplie les affronts faits aux acheteurs. Tout d'abord, plusieurs DLC sont disponibles dès la sortie du jeu, prouvant par là-même qu'ils font partie du processus initial de développement et ne constituent en rien un travail supplémentaire méritant qu'on ouvre une nouvelle fois son portefeuille. Ensuite, la promotion de ces DLC dans le jeu se fait au détriment de l'immersion, puisque certains dialogues avec les PNJ font explicitement mention du téléchargement de quêtes additionnelles. Enfin, l'un des DLC permet d'obtenir un coffre pour stocker ses objets. Une fonctionnalité élémentaire volontairement omise dans le jeu de base afin de vous pousser à l'achat. Les éditeurs ne se cachent donc même plus et vous signifient ouvertement qu'ils vous prennent pour des imbéciles, prêts à payer un même jeu plusieurs fois à partir du moment où on vous le présente en petits morceaux. Et à en croire les chiffres de vente, ils ont bien raison... Joueurs PC, dorénavant je vous hais également !