2008 : le palmarès de JeuxActu

– MAXIME CHAO –

2008, une année faste pour le jeu vidéo ? Il ne fait pas l’ombre d’un doute. Les blockbusters, comme on dit, se sont succédés à une vitesse folle, au point de ne plus savoir où donner de la tête, ni même de la manette. Je suis pourtant habitué à l’exercice et mon doux sobriquet d’homme à tout faire ne m’a jamais autant sied. Même en continuant à accumuler plusieurs casquettes, je suis parvenu à jouer à la plupart des gros titres de cette cuvée, histoire de bien vérifier qu’on n’attribue pas à un 16/20 juste par fanboyisme, ou copinage… Ah si ! Super Smash Bros. Brawl peut-être… Le seul "jeu de baston" unanimement applaudi par la rédaction (et la presse spécialisée également d'ailleurs…) dont je me suis résigné à accepter à demi-mot. Heureusement, en 2009, Street Fighter IV et The King of Fighters XII viendront remettre de l’ordre dans les choses, histoire de montrer à ces combattants du dimanche que voir Pikachu mettre des gifles à Mario, c’est tout sauf crédible. 2008, c'est aussi l'année où le casual gaming a pris une ampleur considérable, à tel point qu'il devient envahissant. Toutefois, il ne faudrait pas tomber dans l'insulte facile et bien séparer le grain de l'ivraie. Tout n'est pas mauvais dans le casual et notre dossier récemment rédigé est là pour le rappeler. Personnellement, je retiendrais de 2008 la grande popularité de notre animatrice de choc et de charme : Garance, désormais harcelée par de nombreuses lettres ou autres mots d’amour ; de l’arrivée en force d’Anaïs, elle aussi appréciée par la gent masculine, surtout si l’on en croit les coups de fil – un peu flippants je dois bien l’avouer – qu’on reçoit à la rédac’, mais aussi du retour sur scène de Fabien Pellegrini qui commencera 2009 sur des bases saines. En revanche, les coming-out révélés sur MSN à 3 heures du mat’, ça le fait moyen.

1/ Grand Theft Auto IV (PS3, X360)

Est-il encore utile de le présenter ? Quasiment 12 millions de copies vendues à travers le monde à ce jour (dont 6 écoulées en une semaine, rapportant à son éditeur Take Two Interactive 500 millions de dollars de recette durant ces 7 jours d’exploitation), une presse généraliste qui s’est empressée de s’emparer du phénomène, n’hésitant pas par la même occasion à stigmatiser le jeu vidéo, 100 millions de dollars d’investissement pour son développement, GTA IV est tout simplement le jeu de tous les records. GTA IV, c’est aussi la revanche de Rockstar Games face aux critiques assassines, car l’éditeur est en effet parvenu à nous offrir un jeu openworld avec des graphismes de haute volée, qui forcent même le respect. GTA IV, c’est aussi Niko Bellic, l’un des "héros" de jeu vidéo les plus charismatiques et jouissifs à contrôler. Un personnage qui cause, qui a de la réparti et qui tire désormais comme un chef ; enfin presque… Bon, certains joueurs ont mal digéré la transition vers le réalisme à outrance. Personnellement, j’y vois une évolution, une maturité qui manquait réellement à la série. Le jeu de l’année, point barre.

2/ Dead Space (X360, PS3)

A une époque où seules les suites font recette, Electronic Arts a les couilles (permettez-moi l’expression) de sortir une licence originale et pour le moins exceptionnelle. Avec Dead Space, l’éditeur des Sims et autres Need For Speed se surpasse en nous offrant l’un des jeux les plus beaux de l’année (aux côté de Gears of War 2) et se permet par la même occasion de ressusciter un genre qui avait disparu avec la sortie en 2004 de Resident Evil 4, à savoir le survival-horror. Tous les ingrédients sont là : une ambiance de folie appuyée par une bande-son époustouflante, un scénario qui tient en haleine (bien qu’un brin classique), un bestiaire de choix, des armes originales, un gameplay bien rodé, des situations de stress et quelques coups de flippe, pas de doute, Dead Space est bel et bien la grosse surprise de cette année 2008.

3/ Gears of War 2 (X360)

Comment ne pas penser à Gears of War 2 au moment de coucher sur papier son palmarès 2008 ? On a beau reprocher à Epic Games d’avoir joué la carte de la sûreté et que l’effet de surprise n’est plus vraiment au rendez-vous, il est impossible de nier que Marcus Fenix et ses copains bodybuildés ont toujours autant de testostérone à revendre. C’est vrai, le début du jeu commence sur la pointe des pieds mais une fois le troisième chapitre entamé, le rouleau compresseur se met en marche pour ne plus jamais s’arrêter. Le titre enchaîne alors les séquences d’anthologie à n’en plus finir, si bien que la cinématique de fin paraît fade par rapport à ce qu’on a vécu pendant les 13 heures d’action non-stop. Il ne reste plus qu’à attendre le troisième épisode – certainement déjà en développement – pour terminer notre sachet de pop-corn.

4/ Super Street Fighter II Turbo HD Remix (XLA, PSN)

Certes, on pourrait le confondre avec n’importe quel vieux jeu flash mais avouez qu’il a de la gueule ! En remettant au goût du jour les graphismes de Street Fighter II Turbo, Capcom savait éperdument qu’il allait toucher un public averti avec cette version HD Remix, celui-là même qui a grandi avec les jeux de baston 2D du début des années 90. Les sensations sont restées intactes, la jouabilité aussi, à tel point qu’on retrouve les mêmes bugs et autres ralentissements de l’époque. Certains illuminés diront que tout ceci est volontaire et fait indéniablement partie du charme du jeu ; d’autres comme moi estiment que c’est juste inadmissible. Ceci dit, une belle mise en bouche avant l'arrivée de Street Fighter IV en février prochain, même si la version preview de ce dernier tourne à la rédac' depuis dix jours...

5/ Wario Land : The Shake Dimension (Wii)

Des jeux comme celui-ci, on n’en fait plus ou trop rarement ! Genre en voie d’extinction, le jeu de plate-forme 2D est, en 2008, toujours aussi plaisant à jouer ; surtout quand on sait marier une chouette réalisation à un gameplay efficace. Entre deux productions casual, Nintendo – et accessoirement le studio Good-Feel – nous prouve qu’il y a encore de la ressource et de l’imagination dans leurs studios pour satisfaire les desideratas de vieux joueurs trentenaires comme moi. C’est vrai quoi, il n’est pas systématiquement obligatoire de nous balancer du bump mapping à outrance pour s’émoustiller devant un jeu.

COUP DE GUEULE

Ces jeux qui ne se vendent pas

Mirror's Edge, Dead Space, LittleBigPlanet, autant de titres originaux qui ont été salués par la critique et qui ont été malheureusement boudés par le public. Quelques centaines de milliers d’exemplaires vendus à travers le monde, voilà le triste sort dont ont été victime ces trois grands jeux de l’année 2008. C’est tout simplement dégueulasse voire inadmissible, surtout quand on apprend que des purges vidéoludiques telles que The Lapins Crétins Show, Far Cry 2, Need For Speed : Undercover ou bien encore Saints Row 2 se vendent comme des petits pains. Le consommateur a-t-il du mazoute dans les yeux ? Pourquoi réclamer aux développeurs des jeux originaux, qui sortent des sentiers battus si derrière il ne suit pas ? Avec cette mentalité, c’est la créativité qu’on est en train d’assassiner, au point même de donner raison à certains éditeurs peu scrupuleux qui préfèrent investir dans des productions peu onéreuses et qui rapportent beaucoup, mais qui font honte à notre industrie. Il est grand temps d’ouvrir les yeux !

– LAURELY BIRBA –

2008 est passé à la vitesse de la lumière ; comme toutes les années en fait. Ce qui a changé cette fois, c’est que j’ai vraiment pris conscience que le temps passait vite. Les titres auxquels j’espérais jouer hier sont déjà en train de prendre la poussière dans mon salon. Midnight Club : Los Angeles, Mario Kart Wii, Grand Theft Auto IV, Metal Gear Solid 4 : Guns of The Patriots ne sont pas de mauvais jeux, bien au contraire. Mais force est de constater que je n’ai pas vraiment eu le temps de les savourer, du moins comme je l’aurais souhaité. Cette vérité s’applique bien évidemment à tout le reste de l’équipe, et les vacances de Noël ne seront pas de trop pour mettre en place quelques sessions de rattrapage. 2008, ce fut aussi l’avènement des nouvelles franchises qui prouvent que les suites ne font pas forcément la loi dans l’industrie vidéoludique. L’ironie du sort à voulu que ce soit Electronic Arts, l’amoureux du "to be continued", qui tire deux coups de fusil à pompe avec le vertigineux Mirror's Edge et l’horrifique Dead Space. Deux gifles dont on a encore du mal à se relever – surtout pour le second -, deux coups de pied au cul qui essaient d’extirper le jeu vidéo du casual gaming qui n’est pas une tare, attention. J’espère juste que Nintendo, après nous avoir incités à faire de la cuisine et à perdre du poids devant notre console, investira une grosse partie des millions de dollars empochés durant toute l’année dans le développement de titres destinés aux vrais gamers, ceux qui lui ont permis de devenir ce qu’il est aujourd’hui. Il paraît qu’il y a déjà pas mal de choses dans les cartons à Kyoto ; on attend de voir. Quels sont les titres que j’attends le plus pour 2009 ? Street Fighter IV, of course, mais aussi l’inévitable Resident Evil 5 et mes copains les blacks, Killzone 2, Tekken 6, The King of Fighters XII, MadWorld, et puis Bayonetta aussi pour faire dans le lourd. Bref, j’ai tout de même retenu cinq chef d’œuvres qui, pour moi, sont des incontournables de 2008.

1/ Dead Space (X360, PS3)

Sans doute le titre qui m’a le plus marqué cette année. Une putain de tuerie comme on aimerait en voir plus souvent. Je suis à trois chapitres de la fin, mais je désigne déjà Dead Space comme le digne successeur de Resident Evil qui ne sait plus ce qu’est un survival horror. Il fait naître chez le joueur le genre de sensation qui vous oblige à jouer la lumière allumé ; sans blague. Il effraie, il surprend, il fait sursauter, il fait crier, bref, un chef d’œuvre contre lequel même Mario et Pikachu ne pouvaient rien faire. Et ça, chez moi, ça veut tout dire.

2/ Midnight Club : Los Angeles (X360, PS3)

Je l’attendais depuis la Games Convention 2007 et je ne m’étais pas trompé : Midnight Club : Los Angeles est un bijou de simulation automobile qui permet de visiter la Cité des Anges sans bouger de son canapé. Si l’effet Google Maps met à genoux, c’est surtout le mode en ligne du titre de Rockstar San Diego qui fait halluciner. On organise une course dans les quartiers de la ville en quelques secondes, une promesse qui nous avait été faite lorsque nous étions partis voir le jeu tourner aux Etats-Unis. Elle a été tenue.

3/ Mirror's Edge (X360, PS3)

Mirror's Edge, c’est l’autre surprise d’Electronic Arts qui nous aura vraiment bluffés en 2008. Ne pas vomir en faisant des acrobaties en vue subjective est une performance remarquable dont les développeurs de DICE peuvent être fiers. Si Faith n’est pas vraiment l’héroïne charismatique à laquelle on s’attendait après avoir bavé devant les nombreux trailers du jeu diffusés ici et là, c’est surtout le parti pris artistique qui rend Mirror’s Edge unique en son genre. Et que dire du thème principal du jeu interprété par la chanteuse suédoise Lisa Miskovsky. Féérique.

4/ FIFA 09 (X360, PS3)

Cette année, Pro Evolution Soccer 2009 s’est fait sévèrement tacler par un FIFA 09 qui a tout compris au football ; il était temps. Au-delà du simple fait que le gameplay intègre 250 améliorations selon les dires des développeurs, c’est surtout le 10 vs. 10 en ligne qui fait très mal. Avec des actions qui n’obligent pas à passer systématiquement par les ailes comme c’est le cas chez l’ennemi de toujours, FIFA a récupéré la couronne derrière laquelle il courait depuis plusieurs saisons. Une victoire méritée comme dirait l’autre.

5/ Soul Calibur IV (X360, PS3)

Puisque la légende ne meurt jamais et que je suis un grand fan de la série, Soul Calibur IV boucle mon Top Five de 2008. Pour l’anecdote, une nuit blanche à été nécessaire pour lui rendre hommage, les pro-gamers étant toujours prompts à sortir les fusils lorsque l’on presse le mauvais bouton ou que l’on se trompe de mot. Contrairement à ce que je pensais au départ, Dark Vador et Yoda ne bousillent pas le charisme de la série qui pète les flammes avec une réalisation en haute-définition. Seuls les Critical Finish représentant la plus grosse déception du jeu qui, par ailleurs, ne parvient pas à faire oublier l’opus sorti sur Dreamcast, que je considère toujours comme la référence en matière de jeu de baston 3D.

COUP DE COEUR

Justice

Les newbies qui vibrent au rythme des succès commerciaux ont découvert Gaspard Augé et Xavier de Rosnay l’année dernière, mais Justice travaille dans l’ombre de Daft Punk depuis la nuit des temps. Pedro Winter a décidément le nez fin pour dénicher des talents capables de cracher des sons violents à travers toute la planète, avec un style bien trempé qui plus est. Si Thomas Bangalter et Guy Manuel de Homem Christo ont comme signe particulier de ne jamais œuvrer à visage découvert, Justice préfère verser dans le trash. On se souvient tous du clip polémique "Stress" qui stigmatisait de nouveau les maux qui rongent la banlieue, mais leur DVD "A Cross The Universe" va beaucoup plus loin dans la provocation. Il s’agit d’un documentaire qui dévoile les coulisses de leur tournée à travers le monde, et qui permet de découvrir le groupe sous une autre facette. Ces deux gars ne se prennent vraiment pas la tête, et sont même accompagnés par des personnes qui sont aussi allumées qu’eux. Bref, j’attends surtout de leur part une confirmation après un premier album brillant. Et confirmer, c’est qu’il y a de plus difficile lorsque l’on est attendu au tournant.