2008 : le palmarès de JeuxActu
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– PIERRE MAUGEIN –
Cette année a été pour moi celle où j'ai vu le jeu vidéo sous bien des aspects, me donnant une vision de ce média que je n'aurai jamais cru avoir. J'ai regardé sous ses dessous affriolants en travaillant dans un magasin de jeux video que je ne nommerai pas. J'ai entraperçu la difficulté d'exister face aux attentes des lecteurs en coulant tout droit dans les méandres du net avec mon site et j'ai appris à retravailler "à l'ancienne" dans les colonnes de pixels de JeuxActu. C'est tout bête mais le retour face aux lecteurs fait un bien fou. Jamais un mauvais commentaire ne m'avait plus plaisir et pourtant j'en ai eu mon aise par le passé. Je vais sûrement en revenir d'ici peu, mais c'est pour moi un retour aux sources que j'aime et qui m'a donné l'occasion de participer davantage à cette année vidéoludique qui m'a autant déçu qu'émerveillé. Entre la crise du RPG japonais sur consoles "nouvelle génération", l'impression de jouer à des copier-coller et le dépit face au coût que représente ce loisir dans un budget, il y avait de quoi avoir envie de faire manger sa casquette à Mario. Heureusement, certaines poussées de génie, certaines envolées poétiques, certaines scènes qui resteront gravés dans tous les esprits, certains surgissements de l'essence même du jeu vidéo, à savoir la possibilité de vivre ce que le cinéma nous fait effleurer redonnent le moral et donne envie d'attendre. Attendre ce qui est train de naître dans les esprits des créateurs, attendre des milliers de possibilités qui nous feront peut-être rêver. Et simplement imaginer que je vais pouvoir vivre à nouveau des expériences renversantes, me pousse à voir cette année avec optimisme. En espérant que la prochaine ne me fera pas revenir sur ces propos. Qui sont d'ailleurs enregistrés. Mince.
1/ Gears of War 2 (X360)
Voilà bel et bien le titre qui m'a le plus fasciné cette année. Pourtant, à première vue, rien de bien nouveau, des principes de jeu similaires au premier opus. C'est là qu'est la force de Gears of War 2. Rester sur des acquis puissants et s'en servir pour se renouveler. Non une refonte sur le fond mais sur la forme, grâce à une mise en scène flamboyante et des idées de game-design à la fois surprenantes et intelligentes. Gears of War 2, un jeu profond ? Et pourquoi pas.
2/ Devil May Cry 4 (X360, PS3)
Reprenant en substance le gameplay tourbillonnant de Devil May Cry 3, ce quatrième opus parvient à le sublimer et à le faire passer pour un coup d'essai un peu mou. Malgré une construction en miroir réellement fade, DMC 4 est un jeu old-school dont les capacités ludiques sont multipliées par les spécificités des consoles nouvelle génération. Du challenge, une action brute totalement assumée et une ambiance prenante composent une fresque épique.
3/ Crisis Core : Final Fantasy VII (PSP)
S'il est un jeu qui me faisait peur cette année, c'est bien Crisis Core. Après un Advent Children tellement stylé qu'il en devient indigeste et un Dirge of Cerberus au gameplay poussiéreux, je regardais d'un sale oeil la dernière partie de la Compilation of Final Fantasy VII. Et pourtant, malgré son level-design plat et son système de mission sans envergure, ce jeu est une véritable claque émotionnelle, réussissant à donner des frissons égalant parfois ceux de Final Fantasy VII et se terminant de manière fantastique, rappelant en un sens la fin de Shadow of The Colossus. C'est dire.
4/ The World Ends With You (DS)
En pleine crise d'identité et de réussite, Square-Enix parvient encore à créer des jeux originaux ayant une âme. The World Ends With You est une petite perle. Trop hype, centré sur une mode urbaine superficielle, trop complexe dans ses rouages ? Peu importe, tout en ce titre tend vers une homogénéité rarement aperçue cette année. Bénéficiant d'un scénario très bien écrit, d'une construction originale et d'un gameplay parvenant à surprendre de bout en bout, le jeu de Nomura est à l'image de ce que devraient maintenant être les RPG japonais. Inventifs et ludiques. Simplement.
5/ Mega Man 9 (XLA, PSN, WiiWare)
Développé comme dans les années 80, où les pantalons rose fuschia allaient de paire avec les blazers vert pomme, Mega Man 9 fait lui preuve de bon goût. Petit ovni dans un XBLA plutôt centré sur les remakes et les titres bénéficiant un minimum des capacités de la 360, il renferme sous ses pixels un level-design de très grande qualité, permettant de revenir à une époque où les manettes étaient plus souvent en l'air que branchées à la console. Mega Man 9, de par son parti-pris artistique et son aspect ludique bien hardcore agit comme une claque dans un environnement parfois un peu en hibernation. Et une gifle de robot, ça réveille.
COUP DE GUEULE
Le casual gaming à outrance
Attention, je n'ai rien contre les jeux accessibles, je suis même le premier à râler devant les titres bêtement difficiles comme The Last Remnant qui devient complètement inabordable lors de la dernière ligne droite. Néanmoins, il y a les jeux grand public et les jeux qui ne sont que des logiciels ou des bases sur lesquelles se greffent sempiternellement les mêmes mécaniques dans une production à la chaîne. La multiplication des titres mettant en scène l'élevage d'animaux, les dizaines de variations sur le thème de Léa Passion alors qu'elles pourraient toutes rentrer dans une seule cartouche ou encore les "Passion Jardin : Version Automne" ou "Activités Manuelles : Je monte une étagère" biaise totalement la vision du jeu vidéo. Car si dans un premier temps, cela apporte une approche douce et intéressante de ce média à destination des non joueurs, leur permettant de se familiariser avec les codes parfois obscurs de ce milieu, dans un second temps cette surabondance nuit gravement à cette même approche. En effet, les médias généralistes ne s'intéressent dans les grandes lignes qu'à ce genre de titres. Certes, GTA IV a bénéficié d'une couverture importante, mais simplement pour son aspect polémique, pas pour ce qu'il est. De fait, le spectateur/lecteur lambda va voir le jeu vidéo par le prisme de Wii-Fit ou de "Mon Poney et Moi", plongeant encore plus dans l'obscurité des Braid, Shadow of The Colossus ou Mass Effect, qui méritent tout autant l'intérêt d'une mise en lumière. L'acheteur / citoyen n'est pas complètement idiot et peut reconnaître les qualités d'un média quand on lui en explique les tenants et les aboutissants. Pas quand on lui cache la forêt par des arbres stériles autant mercantiles que vides de sens.
– FABIEN PELLEGRINI –
Quelle année, mes amis, quelle année ! Le fabuleux Bioshock, l'incroyable Portal, le magnifique Crys.... ah, on me signale dans l'oreillette que je suis en train de me vautrer dans un vieux stock d'enthousiasme datant de 2007. Il faut dire que la cuvée vidéoludique 2008 n'incite pas vraiment aux superlatifs, la faute à une production relativement morne. Les blockbusters n'ont pourtant pas manqué mais, tels Far Cry 2, Fallout 3 ou encore Spore, ont peiné à tenir toutes leurs promesses. Ne cherchant manifestement pas à atteindre la perfection, leurs développeurs se sont laissés allés à certaines facilités qui laissent au final un arrière goût amer. Du coup, c'est du côté des "petits jeux" qu'il fallait se tourner cette année. En vérité je vous le dis : en 2008, ce sont essentiellement les productions indépendantes ou ne bénéficiant pas d'un gros budget marketing qui ont fait battre mon cœur de joueur !
1/ King's Bounty : The Legend (PC)
En géopolitique comme en jeu vidéo, pour le meilleur comme pour le pire, il va falloir compter avec les russes dans les années à venir. Avec STALKER (qui, quoi qu'en dise Florian, est un très bon jeu) et Heroes of Might and Magic V, la malédiction des jeux de l'est insipides et buggés, façon Hellforces, a définitivement pris fin. Avec King's Bounty : The Legend, l'équipe de Katauri Interacive pourrait même donner des cours magistraux à bien des développeurs occidentaux. Il y a un an et demi, je mettais les mains sur une version alpha de cet émule de Heroes of Might and Magic, entouré de développeurs tentant bassement d'altérer mon jugement à coup de mojitos. Des efforts totalement inutiles, car même à l'état fœtal, King's Bounty donnait déjà de nombreux signes d'excellences. Des mécaniques de jeu à la fois familières et partiellement renouvelées, des dialogues riches et plein d'humour, des graphismes fluides et plaisants, une sévère addiction qui démarre dès les premières minutes de jeu... Rien n'est à jeter ! Et lorsqu'on évoque avec les bons gars de Katauri la possibilité de se marier, d'avoir des enfants et de divorcer dans le jeu, ils répondent avoir trouvé l'inspiration dans le proverbe russe suivant : "Lorsqu'on sonne à la porte, si ta femme va ouvrir... C'est que la laisse est trop longue." Ces gens-là ont décidément tout compris !
2/ World of Goo (PC, Wii)
A l'heure où certains studios regroupent des centaines d'employés, World of Goo fait figure d'OVNI avec une équipe de développement réduite à quatre personnes ! Ou quatre génies, devrait-on dire, car le résultat est tout simplement fabuleux. Les Goos sont des sortes de gouttes d'encre, à classer dans la même famille de personnages que les Lemmings, Worms, Locorocos et autres Patapons. Mais... en mieux ! Le gameplay repose sur une simulation parfaite de la physique, les Goos ayant une heureuse tendance à s'agglutiner les uns au autres. C'est beau, poétique, inventif et, cerise noire sur le gâteau, pas cher. D'ailleurs, les somptueuses musiques valent à elles seules la dépense. A télécharger d'urgence sur le site web de 2D Boy (2dboy.com), ou sur le WiiWare.
3/ Braid (PC, X360)
Déjà disponible en téléchargement sur le Xbox Live, et prévu pour 2009 sur PC, Braid est un petit bijou qui mêle habilement plates-formes et réflexion. La plupart des énigmes font appel aux pouvoirs temporels du héros, ce qui oblige à penser autrement, réveille les neurones et rappelle que le jeu vidéo peut-être autre chose qu'un bête défouloir basé sur les réflexes. Et comme tout bon jeu qui se respecte, Braid séduit également par son univers et son scénario singuliers. Il n'y a pas que les soldats et les armes à feu dans la vie...
4/ Sacred 2 (PC, PS3, X360)
Depuis la révélation des premières vidéos de Diablo 3, les amateurs de hack & slash trépignent d'impatience ! C'est là qu'intervient Sacred 2, qui permet de supporter plus sereinement cette attente. Comme le premier épisode en son temps, cet action/RPG n'est ni révolutionnaire ni parfait, mais il remplit très correctement son office, notamment par sa propension à voir les choses en grand. Le terrain de jeu est extrêmement vaste, les monstres et les objets se comptent par centaines, voire par milliers, les boss impressionnent par leur stature... Bref, il y a de quoi s'amuser pendant plusieurs dizaines d'heures. Moi vois, moi clique, moi tue, et moi aime ça.
5/ Mirror's Edge (PC, PS3, X360)
Lorsque, entre deux Need for Speed et trois FIFA, Electronic Arts tente d'exorciser le démon des séries à rallonge en imposant une nouvelle licence, on ne peut que saluer le geste. D'autant plus que le concept de ce FPS peu armé et son design épuré sortent clairement des sentiers battus. Certes, il s'agit essentiellement d'adapter en vue subjective les principes ancestraux du jeu de plates-formes, mais encore fallait-il y penser. L'environnement légèrement futuriste de Mirror's Edge en fait donc un parfait simulateur de parcours urbain, ou parkour, pour respecter le langage et l'orthographe si chers à nos amis les analphabètes djeuns.
COUP DE GUEULE
Les DRM, totalement contre-productifs
On croyait avoir touché le fond avec Starforce, mais c'était sans compter sur Securom ! Le nouveau système de protection à la mode impose donc de se connecter à Internet pour valider l'installation du jeu, diminuant alors d'un crédit le nombre total d'installations autorisé par l'éditeur. Selon le bon vouloir de ce dernier, vous pourrez alors installer le jeu en parallèle sur une autre machine. Ou pas. Vous récupérerez un crédit au moment de la désinstallation du jeu. Ou pas. Il ne sera plus nécessaire d'insérer le CD du jeu dans votre PC pour jouer. Ou si. Bref, c'est un beau bazar, qui complique sérieusement la vie des honnêtes acheteurs et fait bien rigoler les utilisateurs de versions pirates, forcément affranchies de tous ces désagréments. Le comble est atteint lorsqu'on se trouve obligé de cracker un jeu que l'on a acheté le plus légalement du monde parce que les crédits d'installation sont tombés à zéro, ou parce que le système de protection du DVD empêche sa reconnaissance sur un lecteur un peu capricieux. Sous couvert de protection anti-piratage, c'est également le marché de l'occasion qui est pris pour cible par ce système. A l'heure où les vendeurs de MP3, qui ne sont pourtant pas des flèches, retirent enfin les DRM de leurs produits, certains éditeurs de jeux vidéo refusent donc de voir plus loin que le bout de leur nez. Résultat : le surprotégé Spore remporte la palme du jeu le plus téléchargé illégalement, et des jeux sans aucune protection, tels Sins of a Solar Empire ou World of Goo, se vendent très bien. Tel est pris qui croyait prendre...