2008 : le palmarès de JeuxActu


– HUNG NGUYEN –

 

 

C’était écrit, 2008 aura été l’année de la découverte à titre personnel. Entre deux périples au Japon, mes premiers pas – comiquement ratés, mais pleinement assumés – devant la caméra, et mon entrée par la grande porte dans le showbiz (de source fiable, mon nom résonne régulièrement au Camp des Loges depuis j’ai infligé quelques fessées à un certain Jérôme R. sur FIFA 09), on peut dire que j’aurais connu une année riche, pleine et variée. Sauf peut-être d’un point de vue vidéoludique. Je reconnais volontiers que ce millésime a été d’une rare qualité, mais boulot oblige, je ne me sens pas vraiment concerné par les sorties de ces derniers mois tant il est difficile de se consacrer tranquillement à notre passion en dehors du cadre professionnel. Et puis, en attendant que mes quinze euros lâchés il y a quelques jours pour dompter Braid soient rentabilisés, c’est, comme il y a déjà douze mois, sur les rotules et avec un sérieuse envie de me changer les idées que j’aborde la dernière ligne droite de l’année. Mais bon, pas question de faire ma pleureuse, rédiger ma sélection perso entre trois casse-têtes du Professeur Layton et quelques rounds de Street Fighter IV, il y a pire comme fin d’année, non ?

 

 

1/ Yakuza 2 (PS2)

 

Le moins que l’on puisse dire au sujet de Yakuza 2, c’est que SEGA nous aura fait sacrément galérer avant de nous l’apporter. Certainement un des rares fans inconditionnels de la série de Toshihiro Nagoshi en France, je ne me suis pas fait prier pour torcher le jeu dans un maximum de sens possible avant de pondre mon test. Le genre de petites libertés que je m’accorde, quitte à faire quelques cheveux blancs à Maxime et à ses deadlines impossible à tenir pour tout être humain normalement constitué. Il faut dire aussi que le jeu regorge de bêtises pour nous occuper, comme gérer un bar à hôtesses, se glisser dans la peau d’un chaud lapin devant satisfaire les désirs de sa clientèle féminine, aider la veuve et l’orphelin, tabasser du lascar de mille-et-une manières, et naturellement suivre un scénario beaucoup plus noir qu’une trop grande majorité des productions nippones. Inutile donc de préciser que j’attends impatiemment l’arrivée de Kenzan chez nous, et plus encore celle du troisième épisode qui s’annonce absolument magnifique. M. Sega, ça serait sympa si vous pouviez vous activer pour les localisations.

 

 

2/ Metal Gear Solid 4 : Guns of The Patriots (PS3)

 

Chacun s’accordera à dire que le dernier-né de Kojima Productions nous a fait vivre une aventure plus ou moins amère. Tous les apôtres de Snake attendaient énormément de Metal Gear Solid 4 : Guns of The Patriots, et c’est peut-être pour ça que le bât blesse. Pour ma part, j’en attendais une expérience forcément déroutante, chargée de réponses, mais surtout remplie d’émotions et de scènes d’anthologie, et je dois avouer que j’en ai allègrement eu ma dose. On ne peut nier que le titre ne parvient à afficher la moindre constance dans la qualité, dans la finition et dans l’effort, mais pour le lien étroit qu’il tisse, la complicité qu’il parvient à instaurer entre Old Snake et le joueur, Metal Gear Solid 4 est et restera unique.

 

 

3/ Lost Odyssey (X360)

 

Longtemps désiré, Lost Odyssey a vu l’intérêt que je lui portais décroître à mesure que sa date de sortie approchait. Flamboyant dans ses premières heures, à la rue par la suite, le jeu de Mistwalker ne m’inspirait plus grand-chose de positif, en dépit des magnifiques artworks de Takehiko Inoue. Aussi étonnant que cela puisse paraître après une entrée en matière spectaculaire, c’est sur le terrain de l’émotion, que Lost Odyssey m’a pris en défaut. Sans fioriture, le titre s’est petit à petit révélé comme un bijou d’écriture, de sensibilité et d’humanité, comme le RPG japonais en a très peu connu durant son histoire. Certes la carcasse et la machinerie viennent d’un autre temps, mais les talents conjugués de Hironobu Sakaguchi et Kiyoshi Shigematsu sont parvenus à leur insuffler une âme dont est dépourvu tous les autres RPG parus sur console haute-définition. Une véritable réussite.

 

 

4/ Valkyria Chronicles (PS3)

 

Hormis Nippon Ichi et ses systèmes incroyablement complexes, peu nombreux sont les développeurs à prendre les devants lorsqu’il s’agit de faire avancer le Tactical-RPG. SEGA l’a fait en refondant totalement l’aspect visuel vieillot et désuet habituel contre un Canvas magnifique, parfois même bluffant. Du coup cela faisait un bon moment que le jeu me faisait de l’œil, et je dois avouer qu’il m’a pleinement comblé avec son gameplay combinant ce genre obscur au populaire Third Person Shooter. Une vraie bonne exclusivité PlayStation 3 qui aurait pu tutoyer des sommets un peu plus élevés si elle ne s’était pas montrée aussi tricheuse et japoniaise.

 

 

 

5/ Shin Megami Tensei : Persona 3

 

Persona 3, ou le jeu de toutes les frustrations par ses morts impitoyables et sa durée de vie beaucoup trop importante pour mon temps libre. Certainement un des plus grands RPG de l’ère PlayStation 2, le titre d’Atlus a su mélanger deux genres totalement différents et peu raccord aux premiers abords pour accoucher d’une petite merveille d’ambiance et de gameplay. Un vrai coup de cœur qui n’avait pu trouver d’aboutissement faute de temps, mais qui, je l’espère, sera suppléé, qualitativement parlant,  par un quatrième épisode officiellement annoncé en Europe.

 

 

 

COUP DE COEUR

 

Les UFO Catchers

 

Tout le monde se souvient de ces satanées machines qui peuplaient, et qui peuplent encore d’ailleurs, les fêtes foraines aux quatre coins de notre beau pays. Ces mêmes machines qui ne demandaient que deux francs pour nous laisser une chance d’attraper une des vilaines babioles qu’elles contenaient. Au mieux imitation douteuse made in China d’une peluche Disney, au pire attrape-poussière promis à la déchetterie, ces bricoles ne présentent généralement plus aucun intérêt une fois passé ses sept printemps. Et bien grâce à l’amour que portent les Japonais pour tout ce qui est produit dérivé, j’avoue avoir entièrement reconsidéré mon opinion sur ces attractions, au Japon du moins. Totalement addict, je n’ai pu m’empêcher de claquer un pognon monstre pour tenter d’attraper des figurines de Lupin III, de Evangelion, de Dragon Ball, ou encore des poupées gonflables Otomedius G, à la demande d’un de mes supérieurs hiérarchiques. Particulièrement fructueuse, cette pêche aux goodies m’a même obligé à investir dans un sac de voyage pour rapatrier le tout en France. Pour ce qui est de ma plus belle prise, il s’agit d’une adorable peluche caca tirée de Dr. Slump. Et ouais, comme quoi ça sert de s’entraîner dans… Yakuza 2

 


 

– FLORIAN VIEL –

 

 

Cette année, faisons simple. Trois jeux, et c’est tout. Trois jeux qui n’éclipseront pas les brillants GTA IV, Patapon, Locoroco 2, Gears of War 2, LittleBigPlanet, Crysis Warhead, Mass Effect PC, Bioshock PS3, ni même les intéressants mais imparfaits Fable II et autres Spore. Trois jeux, oui, mais trois vrais coups de cœur.

 

 

 

 

 

1/ Okami (Wii)

 

En 2007, vous aviez une PS2, mais n’aviez pourtant pas acquis la somptueuse fable onirico-écologique de Capcom. C’est mal. Depuis, vous avez acheté une Wii. Vous faites votre gym sur Wii Fit, déconnez avec vos amis sur un épisode quelconque des Lapins Crétins ou sur Mario Kart, et avez tendance à oublier que la console de Nintendo accueille aussi quelques vrais jeux. Dont Okami. Surtout Okami. Rendez-vous service : achetez-le. Maintenant.

 

 

 

 

 

2/ Left 4 Dead (PC)

 

A chaque année son petit plaisir honteux. En 2007, c’était Unreal Tournament III, cette fois c’est Left 4 Dead. Un groupe de quatre survivants aux compétences strictement identiques, une montagne de zombies et beaucoup, beaucoup d’adrénaline et d’entraide. C’est simple, c’est idiot même, et c’est la nouvelle potion magique de Valve. Réalisé très proprement, simplissime et relativement court, ce FPS post-apocalyptique ne présente de réel intérêt qu’en multi, mais les parties que vous y vivrez seront toutes anthologiques. Coups de stress et rebondissements, grands moments d’égarement et instants de bravoure, le meilleur du jeu communautaire est à portée de fusil à pompe. Le bonheur n’est pas donné (50€, ça fait cher le mod de luxe), mais se balader virtuellement dans un film de Romero vaut bien quelques sacrifices.

 

 

3/ WipEout HD (PS3)

 

Procéder à la synthèse de deux titres PSP sur la surpuissante console de salon ? Quelle drôle d’idée ! Les studios de Sony Computer Entertainment Studio Liverpool ne sont toutefois pas les derniers des fumistes, et ce résumé en haute définition de WipEout Pulse et de WipEout Pure est bien plus qu’un portage irréfléchi. En attendant le développement d’un épisode exclusif à la PS3 du plus célèbre des jeux techno, WipEout HD offre déjà aux amateurs de la série une expérience décoiffante. Magistralement réalisé, porté par une bande-son d’enfer, la furieuse sortie des bolides anti-gravitationnels laisse pantois. C’est beau, ça va vite et, en plus, c’est ultra-complet. Courses et véhicules en pagaille, modes à gogo, du bête Contre la Montre jusqu’à la très hypnotique Zone, la chevauchée futuriste peut légitimement prétendre au titre de meilleur jeu de course de l’année sur PS3. Une telle dose de bonheur pour seulement 17€, ça ne se refuse pas !

 

 

COUP DE COEUR

 

Electronic Arts s’éveille

 

Avant, tester un titre Electronic Arts était relativement simple : vous aviez joué à peu près au même jeu l’année précédente, ainsi que l’année d’avant, et celle d’encore avant, il vous suffisait donc de trente minutes pour faire le tour des nouveautés du nouveau millésime. Le géant américain ronronnait tranquillement, se contentant de décliner à l’infini quelques juteuses franchises. Les Sims, FIFA, NHL/NBA/Madden & co, Need for Speed, Battlefield et Burnout constituaient le gros de ces troupes redondantes qui partaient à intervalles réguliers à l’assaut de votre portefeuille. La plupart de ces noms archi-connus ont, une fois de plus, déferlé sur nos machines au cours des douze derniers mois. Sauf que cette fois, situation totalement exceptionnelle dans l’histoire récente de l’éditeur californien, l’armada habituelle s’est retrouvée secondée, et carrément éclipsée, par un super commando composé de QUATRE (4 !) jeux totalement inédits, très réussis et développés en interne. Chacun garde évidemment en mémoire les prestations les plus récentes, à savoir celle de l’horrifique Dead Space et de l’aérien Mirror's Edge, mais 2008 a été riche de belles surprises, avec les sorties d’Army of Two et de Spore. Quatre (4 !) jeux qui ont marqué les esprits à défaut d’exploser les charts, et qui démontrent, et il en était grand besoin !, que l’un des acteurs majeurs de l’industrie peut encore prendre quelques risques. Evidemment, ces quatre (4 !) œuvres ne sont forcément les plus originales qui soient, mais toutes témoignent d’une volonté de rafraîchir un peu une gamme indéniablement poussiéreuse. Qu’on se rassure, les choses devraient rentrer dans l’ordre dès l’année prochaine, les franchises maison reprenant leur petite vie tranquille. A l’avenir, il faudra toutefois garder en tête que Electronic Arts est capable de créer de vrais grands nouveaux jeux. Et même d’en sortir quatre (4 !) en un an. 

 

 

COUP DE GUEULE

 

Ubisoft s’endort

 

En tant que sale chauviniste de merde, moi, j’aime Ubisoft, d’un amour déraisonnable qui plus est. Quelques esprits chagrins ne manqueront évidemment de rappeler les choses affreuses et méchantes que j’ai pu écrire ou, pire !, dire sur certains titres du groupe, mais la triste vérité, c’est que notre champion national (quasi-filiale d’un groupe américain) bénéficie à la fois de mon affection et de mon attention. Or, 2008 a été un bien mauvais cru pour l’éditeur français, qui a multiplié les titres conjuguant absence d’inventivité et problèmes de finition. Des défaillances d’autant plus flagrantes qu’Ubisoft s’était posé, au début de la décennie, en apôtre d’une certaine idée de la créativité, et en fervent défenseur de normes qualité de haut niveau. Que l’on apprécie ou pas des jeux comme les Splinter Cell développés par Montréal, Beyond Good & Evil, Prince of Persia, Assassin's Creed, Dark Messiah of Might & Magic, tous témoignent, à défaut d’une folle inventivité, d’un gros travail de suivi et de développement. Trop pressée d’exploiter ses licences, accaparée par ses mille et une sorties casual, mise sous pression par le contexte économique mondial, en panne de talent, peu importent les raisons, l’entreprise basée à Montreuil s’est quelque peu ratée cette année. La pagaille de suites (Brothers in Arms : Hell's Highway, Rainbow Six : Vegas 2, Naruto : The Broken Bond, Far Cry 2) n’a pas toujours rempli son office, et les titres inédits sont, pour la plupart, de tristes échecs. Entre deux tas de boue (Haze et Lost), un RTS console sans charisme (Tom Clancy’s Endwar) et un jeu de snowboard correct (Shaun White Snowboarding), les amateurs de vrais bonnes productions n’ont pas été gâtés. Ubisoft corrigera-t-il le tir l’année prochaine ? Difficile à dire tant les jeux intéressants, ou simplement intrigants, font profil bas. Darkworks n’en finit pas d’achever son I Am Alive, le prochain Splinter Cell donne bien du fil à retordre aux studios canadiens, et il est peu probable qu’Assassin's Creed 2 ou que la suite de Beyond Good & Evil atteignent les étals au cours des douze prochains mois. Un panorama peu encourageant, mais les sbires d’Yves Guillemot nous ont – agréablement – surpris plus d’une fois. Wait & see, donc…

 

Activision Blizzard compte ses sous

 

"Activision Blizzard deviendra une référence en termes de qualité, de renommée et de rentabilité. Cette opération réunira également les équipes les plus créatives du secteur." Il y a tout juste un an, René Pénisson, patron de Vivendi Games, promettait monts et merveilles à ses troupes, au monde et à ses actionnaires. Le rapprochement entre Activision et la branche jeux vidéo de Vivendi devait donner naissance à une créature tentaculaire et présente sur tous les supports possibles. Un monstre qui gardait une part d’humanité, défendait des valeurs tant financières qu’artistiques bref, ménageait la chèvre, le chou et la crémière. Désormais opérationnelle, l’entité Activision Blizzard s’est empressée de s’ancrer dans le monde réel, et non dans le doux univers bisounours auquel il est bon de rêvasser à la veille d’un accord industriel majeur. La branche jeux mobile de Vivendi a été fermée il y a quelques semaines ; Massive Entertainment, studio à la rentabilité discutable mais parmi les plus grands spécialistes mondiaux du RTS sur PC est passé dans le giron d’Ubisoft ; Swordfish Studios a rejoint celui de Codemasters. En parallèle, bien des titres en développement ont été redistribués aux confrères : 50 Cent : Blood on The Sand , est désormais propriété des amateurs de bling bling de THQ, Ghostbusters n’a pas effrayé Atari, et le très rigolo Brütal Legend s’apprête à faire vibrer Electronic Arts. De Vivendi Games, ne restent finalement que les licences Crash Bandicoot et Spyro le dragon, qui allient rentabilité financière et médiocrité ludique. Le line-up 2009 de l’éditeur confirme cette volonté de se recentrer sur les machines à cash et il faudra visiblement attendre quelques années avant de voir le nouveau géant franco-américain se lancer dans un patient travail d’édition et de développement de licences originales. La qualité des futurs produits sera certainement au rendez-vous, en particulier du côté de chez Blizzard, mais pour les idées, il faudra repasser. La loi du marché...


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