Test Nioh 2 : une suite plus exigeante et intransigeante ! sur PS4
17 20
- L'intransigeance incarnée
- Une direction artistique qui défonce
- La richesse du bestiaire
- Le 1080p 60fps hyper stable
- Rien à redire sur la durée de vie
- La qualité de la B.O.
- Le système de combat nerveux et carré
- Les attaques Yôkai, un vrai plus
- Bof le scénario
- Graphiquement pas exceptionnel
- Des pics de difficulté incompréhensibles
- L'interface qui a toujours du mal
- Pourquoi autant de loot ?
- L'I.A. alliée qui se fait dessus face aux boss
Contrairement à son prédécesseur où William Adams était l’unique héros, Nioh 2 demande cette fois-ci de créer son propre personnage. Rien de bien révolutionnaire, puisque l’on retrouve les options habituelles – sexe, coupe de cheveux, morphologie, couleurs des yeux, forme du visage, timbre de la voix, tatouages, cicatrices, etc. Même si ça semble évident, précisons que les retouches opérées sont essentiellement cosmétiques. Une fois les formalités administratives remplies, les développeurs prennent le temps d’expliquer les règles de base histoire de ne pas démarrer l’aventure à poil. Deux-trois conseils qui ne pèsent rien face à la foultitude de subtilités dont regorge le jeu, mais c’est justement là que réside toute l’intelligence de Team Ninja. Au lieu de nous noyer dans un flot de mécaniques – comme peut le faire maladroitement Code Vein – on nous laisse apprendre dans la douleur et chercher soi-même des solutions face à des obstacles a priori insurmontables. La meilleure école. Et pour s’assurer que l’on est suffisamment armé psychologiquement pour aller au bout, le troisième boss fait une nouvelle fois office de ticket d’entrée. Dans Nioh, c’était Hino-Enma ; dans Nioh 2, Yatsu-no-Kami se charge de nous faire passer le crash test. Sur YouTube, certains s’amusent à le terrasser en à peine quatre minutes. Lors de notre premier run, ça nous a pris quatre heures, au cœur de la nuit. Une lutte qui nous a marqués au fer rouge et qui nous a également permis d’intégrer sans le savoir tout un tas de réflexes précieux par la suite. Résultat, les trois boss suivants ont été balayés en une dizaine de tentatives chacun, grand max.
Sûr de sa force, Nioh 2 continue d’imposer son style avec une rigueur implacable, au point d’en reprendre certaines faiblesses.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, nous n’avons pas encore terminé Nioh 2 (inutile de vous mentir), mais uniquement pour des raisons de temps. Cette peur du blocage – un sentiment qui vous broie l’estomac alors que vous devez tester un Souls-like – a été repoussée à plus tard. Ceux qui ont retourné le premier Nioh n’auront aucun mal à reprendre leurs bonnes vieilles habitudes, comme jongler entre les postures haute, moyenne et basse en fonction de l’adversaire. L’occasion de rappeler que le jeu bénéficie toujours de ce travail incroyable sur les animations : rien qu’en regardant la manière dont les ennemis (et notre personnage du coup) tiennent leur arme, on est capable de deviner leur stance. A force de prendre cher, ça devient même instinctif. Nioh 2 prend alors des allures de ballet où les lames s’entrechoquent, où l’impulsion et la purification annulent le miasme des Yôkai pour mieux porter le coup de grâce à un ennemi exténué. Quand on a entre les mains une hache ou un marteau que ne renierait pas Thor, c’est d’une brutalité sans nom, viscéral aussi. Dynamique au possible, le jeu ne transige pas pour autant avec les lois de la physique ; comprenez par là qu’il faut tenir compte du poids de son armure, sous peine de perdre en vivacité. Après, c’est aussi une question de style de jeu : on peut très bien s’accommoder d’un semi-remorque si l’on connaît les patterns par cœur. En revanche, d’autres préféreront sacrifier un peu de défense pour conserver une certaine mobilité. D’autres, encore, scruteront avec attention chaque bonus/malus associé à tel ou tel élément ; ça peut être nettement plus efficace que les stats défensives brutes. Par exemple, si un boss fight se déroule dans un cadre toxique, il serait sans doute plus judicieux d’opter pour une armure avec une résistance au poison élevée.
GARE AU LOOT
En résumé, il existe mille et une façons de trucider et de se faire trucider. Quand les monstres arrivent en nombre, bien gérer l’espace est vital pour ne pas se faire prendre en traître. Attention toutefois à la caméra qui se montre capricieuse par moments, surtout dans des endroits exigus. Quand on finit par maîtriser les lieux et à mieux gérer la distance, on s’autorise des esquives sans presser Croix, ce qui permet de garder la jauge de Ki intacte en vue d’une prochaine attaque lourde. Gare aussi à ne pas prendre la confiance en plaçant le coup de trop, celui qui va nous exposer à un contre meurtrier. Il nous est déjà arrivé de perdre 40 000 d’Amrita parce que l’on a sous-estimé un mob de base. Pourtant, Nioh 2 nous rappelle toutes les minutes que coup dans le vide + jauge de Ki épuisée = plus d’un tier de la barre de vie qui saute ; et ça peut être la quasi-totalité si l’on se fait choper par une créature en pleine rage. L’exigence qui a toujours caractérisé Team Ninja depuis les grandes heures de Ninja Gaiden ne s’est pas évaporée, et le fait de bénéficier dorénavant des attaques Yôkai explique pourquoi, de temps en temps, une seconde chance n’est pas accordée au moindre égarement. Comme on vous l’a précisé le mois dernier, il y a moyen de récupérer des noyaux d’âme sur certaines dépouilles. Après les avoir purifiés au sanctuaire, les assigner à un esprit protecteur donne accès à des compétences spéciales, sachant qu’il existe trois types d’esprits protecteurs : Bestial, Féroce et Fantôme. Le contre explosif est le premier avantage que l’on tire de la nature hybride de notre personnage. En pressant simultanément R2 + Rond, on a la possibilité de parer la grosse attaque du Yôkai qui, généralement, est précédée d’une lueur rouge. Un excellent moyen d’infliger de gros dégâts de Ki, en échange bien évidemment d’une portion d’Anima. A noter que le timing d’un contre à l’autre varie : en Bestial, il faudra frapper l’ennemi avant qu’il ne porte son coup, tandis qu’en Féroce et en Fantôme, on devra attendre qu’il lance son attaque.
En plus du contre explosif, on profite également des capacités Yôkai qui apportent une bonne dose de profondeur au système de combat. C’est simple, il y a autant de capacités que de créatures. Grâce au noyau du Villageois, un mineur ira mettre des coups de pioche sur l’adversaire, alors que l’âme de l’Oni cyclope permettra de déclencher une tornade de droites. Avec le ver Waira, notre personnage pourra se faufiler sous terre pour mieux engloutir l’ennemi, tandis que Mitsume Yazura sera pratique pour lâcher un souffle brûlant sur les monstres imprudents. Loin de nous l’idée de lister toutes les capacités ici, mais vous aurez compris leur utilité. Naturellement, tout ça n’est pas gratuit, et on doit donc guetter constamment la jauge d’Amina pour savoir si l’on a suffisamment de jus pour invoquer une capacité. Précisons aussi que les esprits protecteurs sont soumis à une limite d’accord, chaque noyau d’âme ayant une certaine valeur. En gros, si le plafond est fixé à 15 points, il sera impossible d’aller au-delà. Une sorte de garde-fou pour éviter les abus. Lorsque la jauge d’Amrita est pleine, se transformer en Yôkai (Triangle + Rond) décuple immédiatement la puissance de notre héros avec, à la clé, encore d’autres attaques, toujours en fonction du type de l’esprit protecteur. Perso, la mutation Féroce est la plus pratique pour débuter avec ses attaques rapides et ses esquives efficaces. Les métamorphoses Bestial et Fantôme nécessitent plus de skill, notamment en matière timing ; une fois que l’on a capté le truc, c’est régalade sur régalade. Enfin, n’oublions pas la fusion d’âme avec laquelle on peut obtenir des noyaux aux effets renforcés. Encore une option qui nous pousse à réfléchir à deux fois avant de se débarrasser d’un objet.
Ce sentiment de plénitude après chaque Yôkai abattu ne serait rien sans un bestiaire riche et une nervosité de tous les instants.
Team Ninja a fait en sorte que les deux facettes de notre avatar soient complémentaires, et ça marche plutôt bien. Si les Yôkai sont à l’aise dans leur royaume obscur, c’est également vrai pour nous lorsque l’on se transforme. On n’y pense pas forcément : dans une manœuvre désespérée, c’est de cette façon que l’on a arraché une bonne partie de la jauge vitale de Kamaitachi, avant de l’achever salement. Combattre les adversaires à l’ancienne (uniquement avec les armes blanches) est parfaitement envisageable, mais c’est se compliquer la tâche pour rien. De toute façon, bien qu’ils ne le diront jamais ouvertement, on sent que les développeurs nous poussent gentiment à exploiter le côté sombre de notre personnage, quitte à rehausser le degré de difficulté à certaines zones bien précises. Et ne comptez pas sur les failles de la magie Onmyo pour vous en sortir indemnes. Sans doute mis au courant que certains boss étaient des sacs de frappe avec le sortilège « Paresseux » dans Nioh, le studio s’est efforcé d’équilibrer le truc même si des failles subsistent. A l’instar du premier épisode, Nioh 2 est une lettre d’amour au loot : on empile sans calculer, jusqu’à ce qu’un message nous prévienne que l’inventaire est full. Etant donné qu’un set complet octroie des bonus souvent cruciaux dans les moments de galère, on prend le temps de scruter tous les recoins en regardant la mort droit dans les yeux. Tant pis si l’on doit utiliser six fioles et piocher dans la jauge d’Amina pour éliminer le golgoth du coin, la diminution du poids promise par le casque qui se trouve juste derrière en vaut la peine ; et alléger son stuff, c’est soulager la jauge d’endurance, et donc bénéficier d’un ou deux coups en plus susceptibles de faire la différence. Le diable est dans les détails.
AVOIR LE DÉMON
Justement, côté interface, pas grand-chose n’a été fait afin d’améliorer la lisibilité déjà très limite du premier opus. Même pour les initiés, ce n’est pas évident de s’y retrouver tant les menus s’entassent sans la moindre cohérence. Avec un tel fouillis, comment voulez-vous que les profanes ne soient pas découragés ? Allez, on veut bien reconnaître que des efforts ont été faits au niveau des compétences : en lieu et place des fichus parchemins, on a droit à un arbre classique où l’évolution du personnage est plus simple à suivre. Et bien que l’on apprécie également cet effet de transparence qui empêche d’être totalement coupé de l’action qui se poursuit (le pause est active), ça reste insuffisant en termes d’ergonomie. Heureusement, ces désagréments n’entachent en rien la qualité du level design. On connaît la chanson : la possibilité d’emprunter différents chemins jusqu’au prochain sanctuaire, en priant pour ne pas tomber sur des Yôkai énervés au fur et à mesure que la quantité d’Amrita augmente. Après avoir goûté à la verticalité de Sekiro, revenir à une exploration plus horizontale peut sembler un poil fade. Cela dit, la maison maîtrise tellement son sujet qu’elle est capable de nous faire faire (sans que l’on s’en rende compte) le tour d’une zone pour arriver à un checkpoint qui, en réalité, est le même que l’on a quitté il y a quelques minutes ; sauf qu’entre-temps, on a débloqué un raccourci qui permet de ne pas se taper le détour une seconde fois, sauf pour grinder. En fait, Nioh 2 est surtout dépaysant, l’un des avantages qu’offre le chapitrage dont on n’est pas très fan pour être honnête. C’était déjà le cas dans Nioh, et on espérait naïvement que la formule allait évoluer pour que l’on n’ait pas à repasser systématiquement par la carte entre chaque mission. Que dalle.
Malgré tout, le Japon féodal tel que le conçoit Team Ninja a de la gueule sur le plan de la direction artistique. Ne rien connaître à l’ère Sengoku n’empêche pas d’apprécier les édifices typiques de l’époque et les ornements qu’ils pouvaient contenir ; et si vous êtes insensible à la beauté des temples, peut-être que les extérieurs capteront votre attention, sans oublier les cavernes et leurs dédales infernaux. Bref, Nioh 2 s’inscrit dans la droite lignée de son aîné en proposant une variété de tons, d’ambiances et de couleurs assez folle. Par ailleurs, les développeurs ont plongé leurs mains dans le folklore nippon pour en ressortir un bestiaire d’une richesse grisante, ce qui permet de corriger l’un des principaux défauts de Nioh. L’effet doublon – surtout lorsque l’on décide de se farcir les quêtes annexes – se fait moins sentir du coup, et ça a aussi le mérite de nous sortir de notre zone de confort, puisque les attitudes changent d’un ennemi à l’autre. Au cas où, on rappelle que l’on a le choix entre de la 4K 30fps, du 1080p 60fps, ou alors de la 4K avec un framerate variable. Un mot, aussi, sur le multi que nous n’avons pas pu essayer au moment du test, mais qu’il convient d’évoquer brièvement. En clair, les nouvelles tombes bleues font apparaître un allié (incarné par l’I.A.) qui n’hésitera pas à mourir au combat. Utile contre les mobs, moins face à un boss déter auquel il enlèvera une portion de vie anecdotique. Voilà pourquoi il est plus intéressant de solliciter deux potes avec qui on pourra monter une escouade de trois guerriers. On ignore si les développeurs en ont profité pour ajuster le niveau de difficulté, beaucoup de fans de Nioh s’étant plaint que jouer à deux rendait la progression beaucoup trop facile.