2011 : le Top 5 de Pierre Maugein
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>>> PIERRE MAUGEIN
>> Rédacteur RÊVEUR
Une bonne vieille année tête-dans-le-guidon, c'est comme ça que pourrait se définir 2011. Beaucoup de jeux, beaucoup trop et beaucoup au même moment. Pour espérer avoir une vision globale de l'année passée, des tendances, de ses forces et ses faiblesses profondes, il fallait soit ne pas dormir, soit torcher tout ce qui sortait sans essayer de comprendre où certains titres voulaient en venir. Quelques semaines après l'apocalypse des mois d'octobre/novembre, les choses commencent à se tasser et laissent logiquement le temps de rattraper son retard. Mais en fait non. J'ai décidé sciemment de faire des impasses, de ne pas me forcer à finir des jeux qui ne me donnaient pas ce besoin ou cette envie, d'être à l'écoute finalement. Quand après de nombreuses heures, le désir d'une conclusion devient flou ou absent, c'est qu'il y a un problème quelque part. Du coup, par saturation presque morale, je me suis épargné le duel des super productions militaristes Battlefield 3 et Call of Duty : Modern Warfare 3 qui n'en finissent par de s'auto-référencer, légitimant le plagiat et l'absence d’évolution comme source de création. J'ai également laissé tomber les productions de monsieur moustache, Rayman Origins m'attirant bien plus que le plombier qui tente la 3D comme ultime sursaut d'originalité et un Zelda dont la direction artistique me fait penser à un filtre Photoshop automatique (alt – t – artistic – palette knife et c'est magique, essayez chez vous). Je m'y mettrai sans doute à l'occasion, nostalgie coupable aidant, mais la scène indé s'est révélée suffisamment surprenante en ce millésime 2011 pour me détourner pas mal de certains "poids lourds" sûrement éminemment sympathiques, mais qui n'ont pas réussi à me capter. Sans être blasé, j'accorde énormément d'importance au petit frisson du truc jamais vu, à la force d'une mise en scène couillue, à la qualité d'une histoire et surtout à l'absence de concessions envahissantes. Un dernier point qui migre facilement et peut venir se poser sans problème sur l'état général de la presse JV mondiale qui perd de plus en légitimité par un nivellement qu'il serait sain de relever par de grands coups de pieds dans une fourmilière bien mollasse. D'autres commencent à le faire et je me contenterai donc de le signaler comme une possible crise salutaire. Parce que la chose la plus importante lorsque l'on critique une œuvre/jeu vidéo, c'est respecter le travail effectué en faisant ressortir les qualités mais également les défauts. Une vision unilatérale et complaisante est tout simplement de l'indifférence. Et personne n'aime vraiment l'indifférence. C'est justement la curiosité, l'intérêt, la surprise, ce sentiment de ne pas être pris pour un con qui ont dicté ma sélection. Et le fun tout simplement. Parce qu'il reste une composante essentielle d'un JEU vidéo. Sur ce joyeux Noël, bonne année 2012, et surtout une pensée pour les confrères qui ont subi directement les conséquences de l'arrêt de parution de plusieurs magazines. Bon courage !
1/ TACTICS OGRE : LET US CLING TOGETHER
Ayant fait en partie l'épisode original dans sa première réédition sur PSone, je savais pourtant à peu près à quoi m'attendre. Mais plus qu'un remake, Square Enix - tout du moins l'équipe sous la direction de Matsuno – a repensé le jeu et en a sublimé les forces. De nouveaux artworks magnifiques, une bande-son réorchestrée parfaite, un système de jeu rénové, des personnages inédits, des ajouts au scénario légitimes, une traduction de feu, un principe de retour sur les événements passés qui augmente la durée de vie de façon intelligente, Tactics Ogre : Let Us Cling Together change d'époque en se fondant dans la modernité sans se perdre. Malgré quelques vieilleries traînant dans les coins, comme l'interface des magasins, le jeu garde non seulement sa précision tactique qui pénalise toute envie de rush mais également sa difficulté qui m'a poussé plusieurs fois à cauchemarder sur ces p*****s d'archers. Mais ce dernier incarne surtout la preuve qu'en 2011, des sprites 2D tout mimi peuvent transmettre un scénario d'une noirceur extrême et des dialogues d'une classe inatteignable, c'est dit. Et puis un jeu qui pousse à se relire l'intégrale de Shakespeare est une bénédiction de toute façon.
2/ GHOST TRICK : DÉTECTIVE FANTÔME
Grand amateur de la série Ace Attorney jusqu'à avoir une envie sincère de voir le prochain film tiré de la série, j'ai quand même de plus en plus de mal avec la construction hors tribunaux. Même si cela restera toujours plus intéressant qu'un certain jeu d'enquête à Los Angeles. Visiblement, Ghost Trick a été une sorte de libération pour Shu Takumi qui a tout donné pour créer un gameplay à la fois nerveux et tortueux. Basé sur un concept déjà canon à la base, le jeu est un modèle d'équilibre et d'inventivité. A la fois précis et accessible, malin et intransigeant, il pousse la logique du die and retry dans un domaine où elle ne semblait pas avoir sa place. Chaque niveau est une leçon de level-design « professeurtimesque » et l'arrivée de Missile rend le tout presque acrobatique. Comme chez son lointain cousin judiciaire, Ghost Trick c'est aussi la crème des personnages à la fois touchants et complètement fous qui vont dans le même sens que l'extravagance d'une histoire très bien écrite. Ghost Trick reste sans cesse fidèle à lui-même, sans chichis et paillettes et se "contente" de respirer l'envie de bien faire. Une leçon sous forme de claque à beaucoup de titres cette année qui manquent cruellement de cette cohérence géniale... et d'une bande-son au synthé !
3/ THE ELDER SCROLLs V : SKYRIM
Après un Oblivion qui manquait de caractère et d'une atmosphère marquée, secondé par un Fallout 3 buggé jusqu'à la moelle, l'annonce d'un cinquième volet de la série Elder Scrolls développé par Bethesda m'avait laissé avec un mélange de peur et de curiosité. Une curiosité venant de l'expérience exceptionnelle qu'avait été Morrowind. Dès les premières heures, Skyrim prouve que Oblivion était bien un faux pas. Alors oui, Bethesda a réinventé la notion de patch avec des corrections qui empirent les choses, oui les chevaux se la jouent Canyonero et oui l'interface n'est pas un modèle d’ergonomie, mais Skyrim aligne les moments de génie par une gestion dynamique de son environnement. A l'image de l'excellent Divinity II en rattrapage personnel cette année, Skyrim enchaîne les quêtes imaginatives (Une Nuit Mémorable), intelligentes et bien écrites. Ces tâches plus ou moins épiques sont d'ailleurs presque une sorte de prétexte à la découverte de la carte immense, à la fois en surface et en sous-sol de Bordeciel. Chaque instant de Skyrim peut surprendre, pousser à la contemplation. Le jeu est un enchaînement de moments de vie. Errer de nuit dans la forêt et déjouer une attaque de convoi, sortir d'une cabane abandonnée juste pour se trouver face à un dragon, ou simplement avoir envie d'aller au-delà de cette colline au loin. Skyrim, avec son ambiance nordique, est sans doute la meilleure adaptation du Seigneur des Anneaux à son insu. Son respect des hommes à barbe est aussi un plus en ce qui me concerne. Et puis Dovakhiiiiiiiiin de toute façon.
4/ XENOBLADE CHRONICLES
Animal blessé, le RPG japonais connaît lui aussi quelques sursauts d'honneur, tout du moins un, qui s'est nommé Xenoblade Chronicles. Seul jeu à avoir réussi à me faire acheter une Wii, que je ne ressortirai sans doute que pour The Last Story, le jeu de Monolith Soft. est un exemple. La preuve que lorsqu'il est pensé comme un divertissement avec le confort du joueur en ligne de mire, un RPG "moderne" n'est pas forcément un beat'em all déguisé comme chez la concurrence en -ix. Même s'il est souvent immature, très pénible dans la dernière ligne droite et que ses quêtes annexes par milliards manquent de fond, Xenoblade est un travail ciselé qui dépasse les limites déjà bien repoussées de Final Fantasy XII. Plus vaste, le jeu propose la même cohérence dans l'environnement et une liberté étonnante pour un J-RPG. Pas de barrières, ici sauter dans une mer intérieure de 300 mètres de haut est un acte normal. Normal peut-être mais surtout jouissif. Et c'est cette démesure – l'histoire se passe tout de même sur deux titans – qui s'applique aussi dans un système de combat à la nervosité Tri Ace-ienne, blindé d'effets de toutes les couleurs et de gros chiffres qui bondissent. Shonen juste comme il faut, Xenoblade Chronicles impose Monolith comme l'un des derniers studios de qualité dans le genre, qui applique à la lettre des recettes anciennes maîtrisées, tout en y jetant des idées et une énergie communicative. Le tout sur de la guitare électrique, signe de bon goût.
5/ BATMAN ARKHAM CITY
Déjà bourré de bonnes idées et profondément respectueux du matériau original, Batman Arkham Asylum m'avait mis une bonne bat-gifle à sa sortie. Cette suite arrive tranquillou et remet la même dans la nuque sans prévenir. Ajoutant le petit plus qui manquait à son ancêtre, le monde semi-ouvert, Batman Arkham City se rapproche encore plus de l'essence du personnage : l'incarnation de la justice qui trône sur les toits de la ville. Mélange entre le Batman monolithique de Nolan, le héros égoïste de Miller et le héros/freak de Burton, le Batou d'Arkham City fait un clin d'oeil au fan qui le retrouve transcendé. Bien réglé, brutal et fluide, Arkham City compile les scènes marquantes, d'excellentes idées et d'une compréhension profonde de ce qu'est la création d'une ambiance "Batman". Les rues regorgent de défis divers, de missions annexes et de villains qui se marchent presque dessus tant le casting est riche. Un plus pour un moins finalement, tant certains sont inexistants dans un scénario qui de toute façon et à la différence de son héros, ne vole pas très loin. Ce qui n'est pas suffisant pour un décrochage tant l'aspect ludique fonctionne, suspendu aux performances qu'il est possible d'accomplir pour humilier tout ce qui n'a pas de cape dans Gotham. Il suffit d'écouter le main theme pour avoir envie de casser du voyou sous la neige en même temps.
Aussi bons, mais fallait trier
Portal 2 > Une fin de malade, une narration dynamique sans cutscenes relous et qui parvient tout de même à captiver de bout en bout, un humour génial et, surtout, des niveaux conçus avec talent. "Well here we are again, it's always such a pleasure" comme dirait l'autre.
Bastion > Plutôt classique dans ses rouages de hack'n slash à la Diablo, Bastion casse en revanche son habit de button masher avec son principe de narration en direct. Une idée géniale qui donne vraiment le sentiment de jouer une histoire. Un pas en avant important dans ce domaine et un jeu qui conserve un final d'une rare qualité. Notamment un passage qui pousse la larmichette de respect.
Dark Souls > Pour les mêmes raisons que Demon's Souls mais avec ce petit fumet d'open-world qui donne tout son goût au jeu de From Software. Pas de pitié, pas de repos, pas de cadeau. Dark Souls vous veut du mal, à vous et votre famille. Heureusement, il est suffisamment addictif pour oublier ses menaces.
Solatorobo > Trop facile, trop répétitif, mais avec ce feeling années 90 qui fait plaisir. Solatorobo fonctionne sur la découverte, l'aventure et la science d'un univers attachant. Proposant des styles de gameplay différents, un allant qui rayonne et de vraies surprises dans son scénario, le jeu de CyberConnect2 est un Tail Concerto rajeunit, arrivé à maturité, mais resté un peu coincé dans des attentes d'un autre âge. Une pièce ancienne à garder précieusement dans sa vieille DS.
Non merci, fallait pas
Ace Combat Assault Horizon > Un jeu correct, mais un Ace Combat raté. Je l'ai terminé pour le test et pour avoir ma dose annuelle de dogfights, mais c'est le premier de la série que j'ai revendu. Trop d'assistance tue l'intérêt. Notez-le dans un coin avant de vouloir copier Call of Duty monsieur Namco.
Atelier Totori > Pourquoi ? Il y a tellement de RPG qui voient le jour au Japon pour pouvoir éviter ce genre de bluette niaise et sans rythme. Alors oui, les systèmes d'alchimie et de gestion de temps sont sympas. Mais dans un autre jeu ils seraient encore mieux. L'un des rares RPG que je ne pourrai jamais défendre, même un peu. Et vraiment, vraiment, arrêtez de pleurer.
Uncharted 3 : L'illusion de Drake > La même chose que le 2 en beaucoup moins bien. Des personnages ratés, un scénario écrit avec les pieds, des bouts de gameplay sans rien pour les assembler et pour conclure, la fin la plus ratée de l'année. Beau palmarès Drake. Mais c'est joli, c'est déjà ça.
The 3rd Birthday > Ou comment tuer un jeu avec une difficulté mal réglée et une histoire racontée n'importe comment. Renaissance d'une excellente série que je pensais éteinte à jamais, The 3rd Birthday est un coup de pied dans le visage des fans et un titre dont le potentiel s'envole bien trop vite. Dommage.