Test Matchpoint Tennis : l'un des plus mauvais jeux de tennis de ces 10 dernière sur Xbox One
7 20
- L’orientation arcade qui peut plaire
- Les faiblesses et les forces qui se révèlent en cours de match
- Non, ce n’est pas une simulation de tennis
- Rien sur le timing, tout sur la puissance
- Monter au filet est suicidaire
- Aucune jauge d’endurance
- On ne peut pas sprinter
- Les déplacements trop assistés
- Le casting de seconde zone
- Le mode « Carrière » soporifique
- Graphiquement indigne
- La rigidité des animations
- Le double qui brille par son absence
- Les commentaires inutiles
- Le contenu qui manque de consistance
- La seconde vue qui ne sert à rien
On ne va pas vous mentir : au moment de l’annonce de Matchpoint Tennis Championships, la rédaction de JEUXACTU – du moins ce qu’il en reste – était en ébullition, convaincue que la première simulation de tennis annoncée sur next-gen allait avoir les armes pour venir chatouiller Top Spin 4. Il faut dire que ça fait maintenant plus de dix ans que le chef-d’œuvre de 2K Czech fait office de référence absolue du genre, AO International Tennis et Tennis World Tour s’étant montrés incapables de prendre la relève. Même si Torus Games n’est pas ce que l’on pourrait appeler un grand nom de l’industrie vidéoludique, il n’est pas indispensable d’avoir développé des blockbusters pour savoir comment fonctionne un jeu de tennis. Le timing, les effets, l’impact du revêtement des courts, la fatigue : voilà les bases autour desquelles doit s’articuler une simulation digne de ce nom. Le problème, c’est que Matchpoint : Tennis Championships ne tient compte d’aucun de ces quatre fondamentaux, en plus de se priver du double. Décryptage d’un énième échec.
À l’instar du premier Tennis World Tour, Matchpoint : Tennis Championships ignore le timing et mise tout sur la puissance. Mais contrairement au titre de Breakpoint, taper comme une brute ne permet pas de donner de l’angle à la frappe ou de jouer avec les lignes. En effet, pour mettre l’adversaire en difficulté, il faut cibler la zone du court où l’on souhaite renvoyer la balle, une approche déjà éprouvée dans AO International Tennis et qui s’était révélée contre-intuitive. Si ce système demande toujours un certain nombre d’échanges avant de le maîtriser parfaitement, il est toutefois plus permissif dans Matchpoint : Tennis Championships puisqu’à aucun moment on n’a à se soucier du timing. Il n’y a que lorsque l’on se fait déborder que la trajectoire de la balle est moins propre, mais sinon on est dans un fauteuil. Jamais on n’a sorti des courts croisés aussi facilement. On n’a qu’à placer le curseur juste derrière le filet dans un coin impossible, et c’est quasi plié. Naturellement, on pourrait croire que si l’on met une grosse praline, la balle sortira forcément du court. Eh bien, non, messieurs-dames. Tant que la cible reste dans les limites du terrain, les juges de ligne ne bronchent pas, en tout cas très rarement. Le jeu incite même à envoyer des missiles dans tous les sens, car lorsque l’on maintient la touche de frappe suffisamment longtemps, le réticule vire alors au jaune, signe qu’une comète est sur le point d’être décochée. Bref, zéro finesse. De toute façon, ça va de pair avec l’absence de jauge d’endurance.
Le timing, les effets, l’impact du revêtement des courts, la fatigue : voilà les bases autour desquelles doit s’articuler une simulation digne de ce nom. Le problème, c’est que Matchpoint : Tennis Championships ne tient compte d’aucun de ces quatre fondamentaux, en plus de se priver du double.
Inutile de compter sur les effets (à plat, lift, slice) pour mettre en place une quelconque stratégie : ils n’ont strictement aucun impact. C’est encore plus flagrant avec le slice qui, en théorie, laisse le temps de se repositionner dans l’axe du court, ce qui n’est pas le cas dans Matchpoint : Tennis Championships. D’ailleurs, en parlant des déplacements, on remarque assez vite qu’ils sont assistés, qu’il s’agisse des courses latérales ou des montées au filet. Ça part sans doute d’une bonne intention, mais au final, ça parasite plus qu’autre chose, surtout avec une inertie aussi lourde. Les développeurs de Torus Games auraient mieux fait d’inclure la possibilité de sprinter, une fonctionnalité qui manque cruellement tant elle est essentielle dans une simulation de tennis. Quant à l’influence du revêtement des courts, que l’on soit sur de la terre battue – où il n’y a pas moyen de glisser – du gazon ou une surface dure, la hauteur du rebond et la vitesse de la balle ne bougent pas. Ça rejoint ce que l’on disait au sujet des effets, à savoir que sans un moteur physique au niveau, il est impossible de varier son jeu. Du coup, on se retrouve avec des échanges de fond de court monotones, sans saveur, soporifiques, le vainqueur étant celui qui cogne le plus fort. On peut toujours tenter une montée au filet, mais il y a neuf chances sur dix que l’on se fasse transpercer derrière tellement Matchpoint : Tennis Championships est mauvais dans ce domaine. Pareil pour l’amortie qui tombe trop loin du filet pour être efficace, même en appuyant à peine sur le bouton. Déprimant.
NI FAIT, NI À FAIRE
Avec le temps, on s’aperçoit que l’on a plutôt affaire à un jeu d’arcade qui tente d’intégrer quelques éléments de simu sans la moindre conviction. Sincèrement, quand on regarde les caractéristiques (coup droit, revers, service, volée, puissance, conditionnement), on ne ressent aucune différence d’un joueur à l’autre. On a même essayé des matchs mixtes pour voir le résultat : Heather Watson, avec son coup droit faiblard et sa puissance de moineau, fait facilement cavaler Andrey Rublev ; et tout ça, en difficulté « Professionnel ». C’est juste surréaliste. Puisque l’on évoque le casting de Matchpoint : Tennis Championships, précisons que de base, nous avons droit à 14 stars de la petite balle jaune (9 hommes, 5 femmes) qui ne sont pas forcément toutes connues du grand public. Bien évidemment, on ne présente pas Benoît Paire dont les frasques ont fait le tour des réseaux sociaux plus d’une fois. Peut-être que Kei Nishikori ou Carlos Alcaraz – qui est souvent considéré comme le successeur de Rafael Nadal – évoqueront quelque chose chez les profanes, mais ce n’est pas certain. En vrai, il n’y a pas de grosses têtes d’affiche susceptibles de parler à n’importe qui telles que Roger Federer, Novak Djokovic, Gaël Monfils, ou bien Serena Williams. Même quand on jette un œil aux deux joueurs contenus dans le pack « Légendes » (5,99 €), à savoir Tommy Haas et Tim Henman, ce ne sont pas les plus célèbres. André Agassi dans Top Spin 4, les gens savaient tout de suite qui c’était. Après, quand on sait à quel point il est compliqué d’obtenir les droits d’un joueur, on imagine que Torus Games a dû faire une croix sur quelques vedettes. Peut-être que d’autres extensions payantes permettront au studio de rectifier le tir.
Annoncé comme une simulation de tennis pure et dure, Matchpoint : Tennis Championships n’est en réalité qu’un jeu d’arcade qui ne fait même pas le poids face à l’illustre Virtua Tennis.
En dehors du tutoriel et des exercices pour parfaire son jeu, il y a le mode « Carrière » qui est d’une pauvreté affligeante. L’objectif est le même que dans n’importe quel autre jeu de tennis : devenir le n°1 mondial. Après avoir créé son personnage à l’aide d’un éditeur aux options de customisation limitées – on a beau avoir cherché, il n’y a pas moyen d’avoir le crâne rasé – on doit prendre part à différents tournois pour gratter des points MPT, et améliorer ainsi notre classement. On ne fait pas qu’enchaîner les compétitions puisque des entraînements sont également mis en place par nos coachs pour booster nos attributs. Bien sûr, chaque entraîneur est spécialisé dans un domaine bien défini (fond de court, contre-attaquant, service-volée entre autres), d’où l’intérêt de participer aussi aux événements spéciaux grâce auxquels on peut débloquer des coachs supplémentaires en plus de garnir notre garde-robe. Si le jeu est dénué de licences, les puristes n’auront aucun mal à reconnaître les tournois du Grand Chelem (Grand Masters de France pour Roland-Garros, London Grand pour Wimbledon, Grand Chelem d’Australie pour l’Open d’Australie, International Series d’Amérique pour l’US Open), d’autant que les dates collent à peu près à celles des originaux. Idem pour d’autres compétitions telles que l’Open de Marseille (l’Open 13), l’Elite de Monte-Carlo (Masters de Monte-Carlo, ou encore l’Elite de Rome (Masters de Rome). En revanche, on note quelques absurdités comme le fait de devoir passer par les qualifications alors que l’on fait partie des 30 meilleurs joueurs mondiaux.
UNE DÉCEPTION DE PLUS
Le mode « Carrière » de Matchpoint : Tennis Championships peut s’avérer très long dans le sens où les développeurs ont fait le choix d’imposer la configuration réelle des tournois. Plus concrètement, il faudra se farcir au moins trois sets en Grand Chelem, et deux dans les compétitions d’envergure moindre. A moins que l’on soit passés à côté d’un paramètre dans les options, on ne comprend pas pourquoi il n’est pas possible de réduire la durée des matchs. La progression devient vite rébarbative, surtout sans aucun à-côté. On ne parle pas des efforts de scénarisation qu’aurait pu faire Torus Games, mais de la gestion de la fatigue du joueur, des contrats avec les sponsors, de la popularité à soigner, des conférences de presse, etc. Ce ne sont pas les idées qui manquent pour sortir d’un schéma usé jusqu’à la corde. Le seul point positif du mode « Carrière » – car il y en a un – c’est le fait de découvrir des forces et des faiblesses chez l’adversaire en fonction du déroulement du match. Par exemple, certains auront tendance à serrer le jeu en situation de balle de break, d’autres seront capables de tenir la cadence pendant de longs échanges, d’autres encore feront plus de fautes directes si on les matraque avec des aces. Malheureusement, c’est trop mal exécuté pour donner une dimension à la fois tactique et imprévisible aux rencontres. Matchpoint : Tennis Championships ne se départit jamais de cette austérité que l’on retrouve dans l’habillage : ça ne donne vraiment pas envie de s’éterniser dans les menus.
Pour ce qui est du rendu graphique, on ne sait pas si l’on doit en rire ou en pleurer. Clairement, c’est indigne de la PS3 et de la Xbox 360. Les animations faciales sont inexistantes – on n’est pas loin de la défiguration – et la rigidité des animations donne l’impression d’assister à des matchs de retraités.
C’est d’une fadeur extrême, tout comme les courts qui ont des allures de dortoirs géants tellement l’ambiance est plate. On aurait eu le même résultat avec des plots à la place du public. Pour sa part, le commentateur répète inlassablement les mêmes phrases, et les cris lâchés par les joueurs à chaque grosse frappe ont de quoi effrayer. Pour ce qui est du rendu graphique, on ne sait pas si l’on doit en rire ou en pleurer. Clairement, c’est indigne de la PS3 et de la Xbox 360. Les animations faciales sont inexistantes – on n’est pas loin de la défiguration – et la rigidité des animations donne l’impression d’assister à des matchs de retraités. Et comme si ça ne suffisait pas, chaque gros plan est un nid à tearing, sans parler de la modélisation sommaire des joueurs, et des juges de ligne qui font tous une tête d’enterrement. En dépit de ses innombrables carences, Matchpoint : Tennis Championships a le mérite de proposer du cross-play, ce qui permet de se mesurer à des utilisateurs possédant le jeu sur une autre machine. Compte tenu que le code réseau est aux fraises, vous comprendrez que nous n’avons pas souhaité prolonger la torture au-delà d’une dizaine de matchs.