Test Man of Medan : la formule Until Dawn a pris du plomb dans l'aile sur Xbox One
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Loin d’être le jeu le plus flippant de l’année, Man of Medan reprend une formule qui a fait ses preuves il y a quatre ans. On s’attendait donc à un résultat tout aussi convaincant, mais on doit bien avouer que la petite balade dans le navire maudit nous a laissés sur notre faim. La faute à une histoire moins prenante que celle de Blackwood, et à un rendu visuel inégal. Pour autant, ceux qui ont apprécié Until Dawn et ses embranchements scénaristiques n’auront aucune raison de tourner le dos au premier épisode de l’anthologie The Dark Pictures, mais on croise les doigts pour que Supermassive Games se montre plus inspiré pour la suite, quitte à ce que l'on second jeu mette plus de six mois (le délai initial prévu entre chaque chapitre) avant de sortir.
- Une bonne replay value
- Des choix qui comptent avec de véritables conséquences
- Certains plans qui ont de la gueule
- Le mode multijoueur en local et en ligne
- Le prix raisonnable (30€)
- La qualité du sound design…
- …même si le jeu ne fait pas vraiment flipper
- Des dialogues pas tout le temps inspirés
- Une déception visuelle
- De grosses chutes de framerate sur PS4 standard
Si Supermassive Games a longtemps tâtonné avec Until Dawn (le jeu a d’abord été annoncé sur PS3, avant de devenir finalement une exclusivité PS4), les choses ont en revanche été beaucoup plus claires pour The Dark Pictures. Développée sous l’égide de Bandai Namco Entertainment, cette série d’anthologie regroupera au moins huit jeux qui revisiteront les différentes facettes de l’horreur. Le premier de la liste, Man of Medan, sort cette semaine sur Xbox One, PS4 et PC ; l’occasion de vous rendre notre verdict sur une expérience pas si angoissante que ça.
Que ce soit avec Until Dawn ou Man of Medan, Supermassive Games s’attache à explorer des mythes pour donner un peu plus d’épaisseur au script. Après la légende du Wendigo, le studio britannique s’attaque cette fois-ci au folklore entourant le SS Ourang Medan, un vaisseau fantôme dont l’équipage est mort dans de mystérieuses circonstances à la fin des années 40. Vous l’aurez compris, il n’est plus question de partager un chalet isolé dans les montagnes de Blackwood avec des potes, mais de s’aventurer dans un navire de guerre hanté par des esprits. Sans rien révéler de l’intrigue, on doit bien avouer que le scénario ne nous a pas pleinement convaincus. Alors que l’on avait droit à quelques twists bien trouvés dans Until Dawn, Man of Medan est nettement plus plat dans ce domaine. C’est d’autant plus dommage que compte tenu de la durée de vie assez courte (cinq heures grand max), on pensait que les développeurs allaient redoubler les fausses pistes pour mieux nous surprendre. Que dalle. Heureusement que des changements de rythme permettent de sortir de cette torpeur ambiante, même si au terme du premier run, on reste avec un goût de trop peu. En tout cas, bien que Man of Medan ne fasse pas dans le slasher, certains éléments ont été conservés, à commencer par le casting qui met en avant un groupe de jeunes Américains à la recherche de sensations fortes.
Notre mémoire nous joue peut-être des tours, mais il ne nous semble pas que le déplacement des personnages était aussi lourd dans Until Dawn. En fait, c’est comme si l’on prenait l’inertie d’Heavy Rain en optant pour des contrôles classiques ; lent au possible.
Encore une fois, Supermassive Games a visé juste avec des acteurs (pour la plupart méconnus) collant parfaitement au caractère des personnages. En tête d’affiche, on retrouve Shawn Ashmore (X-Men, Smallville, Quantum Break) dans la peau de Conrad, un individu hautain et tête brûlée qui n’hésite pas à afficher sa richesse. Sa sœur, Julia, est interprétée par Arielle Palik ; l’archétype parfait de la fille qui se cherche. Quant à Brad (Chris Sandiford), c’est le cerveau du groupe qui voue une admiration sans borne à son frère Alex (Kareem Tristan Alleyne). Ce dernier n’est autre que le petit ami de Julia pour laquelle il est prêt à tout. Enfin, il y a Fliss (Ayisha Issa) dont la lucidité sur les événements contraste avec l’insouciance de ses « camarades ». Notre mémoire nous joue peut-être des tours, mais il ne nous semble pas que le déplacement des personnages était aussi lourd dans Until Dawn. En fait, c’est comme si l’on prenait l’inertie d’Heavy Rain en optant pour des contrôles classiques ; lent au possible. Dans ces conditions, les phases d’exploration deviennent pénibles, surtout avec une marche rapide (en maintenant la gâchette gauche) qui accélère à peine la cadence. Pourtant, observer/ramasser tout ce qui brille est quasi vital puisque chaque trouvaille est susceptible d’offrir des nouvelles opportunités en matière de choix.
On en revient donc aux conséquences et à l’effet papillon dont Supermassive Games se départ rarement. Pour mieux brouiller les cartes et donner l’illusion que toutes les décisions comptent, les développeurs noient les dilemmes cruciaux dans un océan de trames secondaires. A chaque fois que l’on doit incliner le stick droit dans un sens ou dans l’autre, on se demande si notre clémence ou notre manque d’empathie va payer ou nous coûter cher. A l’instar d’Until Dawn, Man of Medan valide les actions qu’il juge importantes via une boussole de « Trajectoire ». Un exemple ? En trouvant un couteau dans le vaisseau fantôme, Fliss sera en mesure de faire face à une menace. On s’arrêtera là pour ne pas vous gâcher la surprise, mais sachez qu’après avoir bouclé le jeu presque trois fois, il nous reste encore bon nombre d’impacts à découvrir. Ces « Trajectoires » alertent le joueur sur une conséquence à venir, tout comme les tableaux derrière lesquels se cachent des prémonitions. Eparpillés un peu partout, et pas évidents à repérer dès le premier coup d’œil, ils remplacent les fameux totems d’Until Dawn et peuvent éviter de voir l’un des protagonistes disparaître définitivement. Et ne croyez pas que les occasions de pleurer un défunt sont rares dans Man of Medan, car de l’aveu même de Supermassive Games, il existe au total 69 manières de mourir.
On a cette étrange impression que par moments, le jeu n’assume pas les choix moraux qu’il propose, nous rappelle qu’il n’est après tout qu’un jeu vidéo avec une histoire scriptée.
Malgré tout, là où un Detroit : Become Human fait preuve de cohérence dans les dialogues, le premier épisode de The Dark Pictures se montre, lui, moins logique. Sur le Duke of Milan, on s’est amusé à provoquer les ravisseurs pour voir jusqu’où ils étaient prêts à aller. Hormis un cas en particulier – et sauf erreur de notre part – il n’y a absolument rien à craindre, alors qu’Olson et ses hommes nous font comprendre qu’ils n’hésiteront pas à nous coller une balle dans la tête à la moindre incartade. On a cette étrange impression que par moments, le jeu n’assume pas les choix moraux qu’il propose, nous rappelle qu’il n’est après tout qu’un jeu vidéo avec une histoire scriptée. Sans vouloir être chauvin ou pro-machin, c’est là que l’on se rend mieux compte du boulot colossal abattu par Quantic Dream avec ce nombre incalculable de variables. Oui, il y a plusieurs embranchements scénaristiques dans Man of Medan, des décisions risquent de nous faire passer à côté de certaines scènes, mais finalement, les développeurs nous tiennent par la main sans que l’on s’en rende compte. Cela dit, on ne peut pas s’empêcher de se lancer dans un second run afin de prendre d’autres décisions, de déclencher d’autres morts, d’essayer d’autres affinités, de dénicher d’autres secrets. L’avantage par rapport à Until Dawn (qui durait une dizaine d’heure), c’est que la campagne étant plus courte, il n’y a rien de douloureux à enchaîner deux sessions.
MINUTE PAPILLON
Si vous avez encore les yeux rivés sur le test, on ne vous surprendra pas en disant que Man of Medan ne nous a pas emballés des masses. Sur le plan graphique, le jeu n’est pas aussi abouti que son prédécesseur, ce qui est assez surprenant dans le sens où l’on est en fin de cycle. Le fait que Supermassive Games ait dû prendre en compte trois supports (Xbox One, PC et PS4) contre un seul (PS4) pour Until Dawn y est sans doute pour quelque chose, mais quand même. On ignore si c’est le cas sur PS4 Pro et Xbox One X, mais notre version sur PS4 standard multipliait les chutes de framerate, sans oublier les textures pas toujours très nettes et les effets de lumière assez tristes quand on voit ce que Capcom a produit avec le remake de Resident Evil 2. Pourtant, on sent que les développeurs se sont efforcés de soigner les intérieurs, notamment ceux du navire rongés par le temps et la rouille. Quelques plans ont également de la gueule, preuve que le ton cinématographique demeure une priorité. Pour ce qui est des personnages, leur rendu n’est pas dingue, qu’il s’agisse des expressions faciales, du grain de leur peau, ou des animations trop rigides pour atténuer l’effet Uncanny Valley. Inégal dans sa réalisation, Man of Medan s’avère plus solide en termes de sound design. Nous n’allons pas vous dresser la liste de tous les sons que l’on entend dans le jeu, mais l’immersion s’en retrouve forcément bonifiée. Enfin, vous n’êtes pas sans savoir que l’une des fiertés de Man of Medan est le mode multijoueur qui permet de parcourir l’aventure à cinq en local (chaque joueur incarne un protagoniste), ou à deux en ligne. Bandai Namco Entertainment ne nous ayant pas fourni de second code dans les temps pour s’essayer à la coopération, on vous conseille de jeter un œil à notre vidéo réalisée en juillet dernier et dans laquelle on revient sur ces deux points.