Test Injustice 2 : la leçon de baston des darons de Mortal Kombat ! sur Xbox One
17 20
- Le mode "Histoire" jouissif
- Des combats hyper spectaculaires
- Le contenu d'une richesse incroyable
- Rien à dire sur le jeu en ligne
- Des temps de chargements qui se font discrets
- Des décors interactifs qui forcent le respect
- Le système de jeu qui s'inspire des grands
- Graphiquement solide...
- ...même si le character design demeure inégal
- Le loot qui n'apporte pas grand-chose
- La rigidité des animations
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le printemps est chargé en jeux de combat. Ultra Street Fighter II : The Final Challengers sortira la semaine prochaine sur Nintendo Switch (26 mai), Tekken 7 est attendu pour le 2 juin sur Xbox One, PC et PS4, et ARMS tentera de faire honneur aux Joy-Con dès le 16 juin. Mais aujourd’hui, c’est à Injustice 2 que nous allons nous intéresser, le nouvel épisode du jeu de baston de NetherRealm Studios qui nous avait laissés sur le cul il y a un peu plus de quatre ans. Avec une base aussi solide, on imagine mal cette suite partir en sucette, et on est surtout curieux de voir comment les développeurs s’y sont pris pour peaufiner une formule déjà efficace.
Pour ceux qui n’auraient jamais joué à Injustice, une petite piqûre de rappel s’impose. Tout d’abord, la différence pied/poing n’existe pas ici, et seule la puissance des coups (faible, moyen, fort) est prise en compte. Un choix qui fera sans doute tiquer les puristes du genre, mais on finit par s’en accommoder au fil des combats. En ce qui concerne la garde, les développeurs ont préféré faire dans le classique – contrairement à Mortal Kombat – et il suffira donc de presser dans la direction opposée à notre adversaire pour se protéger. Avec les choppes, les attaques aériennes et les dashes, il y a déjà moyen de se faire plaisir pour les débutants. Après, en creusant un peu, on découvre quelques finesses auxquelles on ne s’attendait pas vraiment ; en tout cas, pas dans un jeu de baston signé NetherRealm Studios. Il y a les cross-ups (coup sauté dans le dos), les contres, ou encore le wake-up game (rester au sol quelques instants, se relever immédiatement en faisant une roulade, ou exécuter une attaque à la relevée). Avec la jauge de Super – divisée en quatre barres - qui se trouve en bas de l’écran, des nouvelles possibilités s’ouvrent à ceux qui souhaitent exprimer tout leur skill. Par exemple, en échange d’une barre de Super, on peut désormais se dégager d’un combo avec une Parade-Esquive, et même sortir une roulade façon The King of Fighters.
On espère que Capcom a installé des bornes Injustice 2 dans ses locaux, car le jeu de baston de NetherRealm Studios est juste l’antithèse de Street Fighter 5 en termes de contenu. C’est simple : le jeu est d’une richesse incroyable.
Autre subtilité intéressante à noter : au prix de deux barres de Super, il est possible de se défaire d’un combo aérien. Un ajout qui a le mérite d’équilibrer les débats, d’autant que l’on peut dorénavant se protéger des interactions déclenchées via les décors. Si le premier Injustice commettait quelques erreurs de jeunesse en termes de gameplay, on sent clairement que la série a gagné en maturité. Les attaques Brûle-Jauge (l’équivalent des coups EX dans Street Fighter) en sont l’illustration parfaite, et il n’est plus question de foncer tête baissée sur son adversaire.Malgré cette volonté de faire d’Injustice 2 un jeu de baston de premier ordre, les développeurs ont tenu à ce qu’il soit aussi spectaculaire que son prédécesseur ; et cela passe par le système de Choc qui, en plus de représenter une véritable arme tactique, rappelle de manière efficace que ce ne sont pas des baltringues qui se tapent dessus. En gros, à condition d’avoir entamé la seconde jauge de vie de son perso, on peut se lancer dans un duel où chacun va devoir miser une certaine quantité de Super. Le but, c’est bien évidemment d’être celui qui va en sacrifier le plus ; oui les amis, du mind game pur et dur. Si le joueur qui a initié le Choc réussit son coup, les dégâts juste derrière pèseront plus lourd. Par contre, si c’est celui d’en face qui s’en sort le mieux, ce dernier verra sa barre de vie remonter en flèche.
CHAMPIONS LEAGUE
Une fois que l’on a bien cerné le truc, on comprend rapidement qu’il n’est pas systématiquement dans notre intérêt de provoquer un Choc. En effet, c’est prendre le risque de remettre notre adversaire sur les rails, et on a déjà eu affaire à des retournements de situation bien dégueulasses. Les Super-Coups consommant les quatre barres de Super sont toujours de mise, tout comme les Atouts de Personnage susceptibles de faire la différence. On avoue que c’est un peu indigeste à lire pour les profanes – surtout si l’on vous prend à froid – mais le didacticiel d’Injustice 2 permet de se faire la main en toute sérénité, vraiment. Même le mode "Entraînement" est bien fichu : tout un tas d’options permettent de simuler n’importe quelle situation de combat, et on peut même enregistrer ses sessions pour les décortiquer à tête reposée. Une fois que l’on a (au moins) saisi les bases du jeu, on peut se frotter au mode « Histoire » qui, sans surprise, s’appuie sur la recette imaginée pour Mortal Kombat (2011). Au lieu d’incarner un seul et même perso du début à la fin, le joueur est invité à se glisser dans la peau de différents protagonistes, des cut scenes venant s’intercaler entre les combats. Même quand on ne voue pas un culte aux super-héros, il faut bien admettre qu’on se laisse happer par les événements dont on ne perd pas une seule miette. Les dialogues en VO font mal, et NetherRealm Studios a eu l’intelligence de se débarrasser des QTE qui ne servaient pas à grand-chose dans Injustice.
Chaque attaque surpuissante fait trembler le sol et craquer les murs, au point de laisser apparaître une seconde zone de combat quand les fondations ne tiennent plus.
Au cours des 5-6 heures que dure le mode "Histoire", certaines scènes nécessitent de choisir entre tel ou tel personnage (Catwoman ou Cyberg, Black Canary ou Green Arrow, Blue Bettle ou Firestorm par exemple), ce qui incite à reparcourir les 12 chapitres une fois l’affaire pliée, pour débloquer la fin alternative. Bref, un sans-faute qui démontre que le solo fait partie des priorités chez Ed Boon et ses acolytes, ce qui n’est pas le cas chez tout le monde – suivez notre regard. Ceux qui préfèrent rester dans leur coin, seront sans doute intéressés par le mode "Multivers". En fait, il s’agit d’explorer une foultitude de versions parallèles de la Terre en affrontant plein d’adversaires. L’intérêt de ces petites balades à travers les dimensions, c’est de pouvoir récupérer des objets pour customiser les combattants ; une personnalisation non seulement esthétique, mais qui a également un impact sur les compétences du super-héros (force, capacité, défense, vie). Afin de pousser les joueurs à mettre la main sur des items rares, des objectifs secondaires sont régulièrement proposés. Mouais… Si l’on avait voulu jouer à un RPG, ce n’est pas vers Injustice 2 que l’on se serait tourné. Et puis, ça fait penser aux gemmes de Street Fighter X Tekken, et on sait comment l’histoire s’est terminée.
AND INJUSTICE FOR ALL
En tout cas, ça ne semble pas avoir posé le moindre problème aux organisateurs de l’EVO 2017, puisque le jeu fait partie de la sélection. Le mode "Tournoi" permettant de désactiver tout ce qui pourrait altérer les stats des persos, impossible pour les participants de crier au scandale. Il est donc toujours utile de se familiariser avec les forces et les faiblesses de chacun, sachant que le casting est composé de 28 combattants, plus Darkseid en DLC. On remarque que certains personnages (Hawkgirl, Ares, Raven, Lex Luthor, Killer Frost, Solomon Grundy) ont été priés d’aller voir ailleurs, au profit d’autres stars de DC réclamées par la communauté. On pense naturellement à Brainiac qui figurait tout en haut de nombreuses wish lists, sans oublier Poison Ivy, Captain Cold, Firestorm, Blue Beetle, ou encore Black Canary. Un roster plus judicieux donc, même si d’aucuns regretteront que la gent féminine ne soit pas mieux représentée en termes de nombre. De toute façon, les increvables DLC sont là pour rectifier le tir, et on sait que déjà Starfire fera partie de la première fournée aux côtés de Sub-Zero et Red Hood. A l’heure actuelle, dégager une tier list serait hasardeux, mais Aquaman et Flash semblent hors catégorie d’après ce que l’on a pu constater. A voir sur la durée.
Sur le plan visuel, Injustice 2 alterne le bon et le moins bon, comme si les développeurs n’avaient pas encore suffisamment pris la mesure des machines actuelles.
Pour ce qui est du jeu en ligne, le netcode se montre solide et on ne met pas des plombes à trouver un adversaire. Le Gear System peut être désactivé, et parmi les différentes données affichées, un pourcentage indique nos chances de victoire face à notre adversaire. Si ça peut éviter certaines frustrations, pourquoi pas. Il y aussi le mode "Guildes" destiné à la création de clans. Chacun des membres remplit des défis quotidiens et hebdomadaires pour gratter un max de bonus spécifiques à ce mode, et améliorer la réputation du groupe dans le classement mondial. Sur le plan visuel, Injustice 2 alterne le bon et le moins bon, comme si les développeurs n’avaient pas encore suffisamment pris la mesure des machines actuelles. En dehors des Super-Coups qui n’ont rien à envier aux furies traditionnelles, c’est surtout l’interaction avec les décors qui impressionne. Ces derniers regorgent d’éléments dont peuvent se servir les personnages pour tabasser leur adversaire, comme dans le vaisseau de Brainiac où traînent des barils d’explosifs. Chaque attaque surpuissante fait trembler le sol et craquer les murs, au point de laisser apparaître une seconde zone de combat quand les fondations ne tiennent plus.
CLÉ KRYPTÉE
Bizarrement, cette violence, on ne la retrouve pas dans les coups dont l’impact est moindre. On voit bien que NetherRealm Studios a fait des efforts au niveau des animations, et les persos font quasiment un tour sur eux-mêmes quand ils se mangent une droite de mammouth ; mais on reste encore trop proche de la rigidité d’un Mortal Kombat. A chaque dash/backdash, on a l’impression que les personnages ont les pieds pris dans le ciment, ce qui peut compliquer les choses en matière de timing. Côté character design, tous les protagonistes ne sont pas logés à la même enseigne, mais on observe quand même une nette amélioration par rapport à Injustice. Harley Quinn, L’Épouvantail, Brainiac et Swamp Thing s’en sortent avec les honneurs. Par contre, certains faciès (Superman, Catwoman entre autres) font mal aux yeux. Parfois, on se demande qui a validé ça.