Test FIFA 20 : l'un des épisodes les plus décevants ? sur PC
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- Le mode « Carrière » qui a trouvé un second souffle
- Une immersion grisante
- L’efficacité de l’interface
- Une réalisation solide dans l’ensemble
- La physique de balle toujours au point
- Le contenu gargantuesque
- Un feeling qui plaira aux adeptes du football champagne
- Le rythme encore trop rapide
- On n'a pas accroché au mode "Volta"
- « Piemonte Calcio », ça fait désordre
- Peu d'impact dans les duels
- Ca manque d'inertie
- Les nouveaux coups francs pas vraiment intuitifs
Si PES 2020 fait pitié avec son contenu, FIFA 20 continue en revanche d’être le patron dans ce domaine. Le mode « Coup d’envoi » reste d’actualité avec, à l’intérieur, tout un tas de variantes que l’on connaît déjà. Récupérée au nez et à la barbe de Konami l’an passé, c’est là que se trouve par exemple la Ligue des Champions à laquelle on peut participer en accéléré (demi-finales et/ou finale) ou en passant par la phase de groupes. Les règles spéciales (seuls les buts marqués sur une reprise de volée ou de la tête sont comptabilisés, planter en dehors de la surface compte double, les fautes et les hors-jeu sont désactivés, etc.) chères à Jacques-Henri Eyraud n’ont pas bougé, tout comme les rencontres aller-retour, les finales de coupes, et les séries de matchs. Histoire d’enfoncer le clou, les développeurs ont ajouté deux nouveautés, à commencer par « Défends ton terrain » qui consiste à lutter pour la possession du ballon dans une zone définie aléatoirement, et accroître ainsi la valeur du prochain but. En ce qui concerne « Ballon mystère », il permet de profiter de bonus quand on touche le cuir, sachant que ces boosts – des frappes plus puissantes, des dribbles plus rapides, des tacles plus rugueux – changent à chaque arrêt de jeu. On peut penser que ce ne sont pas ces à-côtés qui vont permettre à FIFA de se réconcilier avec sa communauté, mais c’est tellement le désert en face que briser la routine est plus qu’appréciable.
Compte tenu que Konami a signé un accord d’exclusivité avec la Juventus, c’est sous l’appellation « Piemonte Calcio » que le club de CR7 apparaîtra dans le jeu lors des trois prochaines années. Ce n’est pas aussi ridicule que le mythique Roberto Larcos (Roberto Carlos, vous l’aurez compris), mais quand on s’appelle FIFA, ça fait mal à l’égo.
Du côté des licences officielles, Electronic Arts peut se targuer de ne pas imposer le téléchargement d’un patch pour bénéficier des noms et des équipements tels qu’on les voit à la télé. Cela dit, compte tenu que Konami a signé un accord d’exclusivité avec la Juventus, c’est sous l’appellation « Piemonte Calcio » que le club de CR7 apparaîtra dans le jeu lors des trois prochaines années. Ce n’est pas aussi ridicule que le mythique Roberto Larcos (Roberto Carlos, vous l’aurez compris), mais quand on s’appelle FIFA, ça fait mal à l’égo, d’autant que ça signifie que ni l’Allianz Stadium ni l’équipement de la Juve ne peuvent être exploités. Pour le reste, FIFA 20 affiche les mêmes certitudes que ses prédécesseurs avec, en prime, l’ajout de la Liga 1 roumaine. L’occasion de rappeler que le Steaua Bucarest a remporté la Ligue des Champions en 1986, une compétition que certains clubs couverts d’or noir n’ont encore jamais gagnée. Et puis, étant donné que la Coupe du monde féminine a eu lieu cette année en France, Electronic Arts ne pouvait pas faire l’impasse sur Gaëtane Thiney, Megan Rapinoe et Alex Morgan.
RAMENEZ LA COUPE À LA MAISON
Contrairement à PES 2020 qui, finalement, s’est déchiré sur la pseudo-refonte de la Ligue des Masters, le jeu propose un mode « Carrière » plus léché que celui de FIFA 19. Il y a tout d’abord la possibilité de créer son coach (masculin ou féminin) de la tête aux pieds, les développeurs ayant intégré une foultitude d’éléments de customisation liés à la corpulence ainsi qu’au style vestimentaire de notre avatar. Mieux vaut avoir la classe de Pep Guardiola pour faire face aux médias dont le rôle peut avoir un impact sur le moral des troupes. En effet, en fonction de vos réponses lors des incontournables conférences de presse, ces derniers se dépouilleront sur le terrain ou bouderont façon Luiz Gustavo. Pareil quand ils décideront de franchir le seuil de votre bureau afin d’exiger des explications quant à leur temps de jeu : vous devrez alors faire preuve de diplomatie dans l’optique de garder toute l’équipe concernée. Le système de dialogue dynamique sert également dans les négociations en vue d’un transfert. Bizarrement, on ne peut pas inclure d’option d’achat, mais il y a quand même moyen de glisser un pourcentage à la revente et de débattre sur la prise en charge du salaire dans le cadre d’un prêt. Dommage que l’on ne puisse pas non plus échelonner le paiement pour une meilleure maîtrise du budget, quitte à piquer encore quelques idées à Football Manager. On se consolera avec le potentiel des jeunes joueurs qui fluctue d’une saison à l’autre. En clair, s’ils squattent trop le banc de touche, non seulement leur niveau sera revu à la baisse, mais leur potentiel en prendra aussi un coup. Bref, Electronic Arts a tenu à complexifier la gestion de l’effectif, bien que certains indicateurs évitent de multiplier les impairs.
Au niveau de l’interface, des efforts ont été faits en matière d’immersion – l’habillage dépend désormais du championnat (majeur) dans lequel on joue. Bien vu. Le fil d’actualité se charge de mettre en avant nos exploits et les faits marquants de la saison, tandis que des raccourcis fluidifient sensiblement la navigation. Après, le nombre de paramètres est tellement énorme qu’en dépit des onglets pour ordonner tout ça, n’importe quel néophyte serait capable de prendre la fuite. Oui, connaître les ficelles du football peut aider à se dépatouiller, et ce sera sans doute le cas jusqu’à la fin des temps. Enfin, si l’on opte pour une carrière de joueur pro, d’après ce que l’on a vu, rien n’a bougé. En fait, Electronic Arts a préféré se focaliser sur le mode « Volta » qui, pour la faire courte, est l’équivalent de FIFA Street et remplace le mode « Aventure ». On a donc droit à un scénario aussi rincé que les derniers Fast & Furious, même si la présence de Jayzinho tout en haut de l’affiche fera plaisir aux amateurs de football freestyle. En gros, l’objectif n°1 est de devenir la meilleure équipe de street foot au monde, des cut scenes ponctuant les moments clés de la campagne. Autant on était curieux de savoir comment allait évoluer la carrière d’Alex Hunter, autant on se fiche royalement de ces jeunes qui véhiculent des clichés particulièrement grossiers. Non, les adeptes de foot de rue ne passent pas nécessairement leur vie sur les réseaux sociaux, et non, ils ne prennent pas des poses absurdes à chaque pion. Résultat, les protagonistes – y compris le nôtre dont on façonne l’apparence – finissent par nous agacer.
Contrairement à PES 2020 qui, finalement, s’est déchiré sur la pseudo-refonte de la Ligue des Masters, le jeu propose un mode « Carrière » plus léché que celui de FIFA 19.
Mais le plus frustrant reste le gameplay qui a le cul entre deux chaises. Au lieu d’opter pour une approche arcade comme dans le dernier FIFA Street (2012), les développeurs ont conservé le « réalisme » des matchs classiques tout en débridant les crochets, virgules, passements de jambes et autres roulettes. Alors que la taille réduite des terrains demande des appuis explosifs, on constate assez vite que les joueurs manquent cruellement de réactivité. Deux solutions pour éviter de se faire piéger systématiquement : soit on anticipe, soit en prend le temps d’améliorer les aptitudes du perso via l’arbre de compétences – capacité à tacler debout, lecture du jeu affûtée, justesse dans le positionnement pour couper les lignes de passe entre autres. Malgré tout, on sent que la formule n’est pas adaptée au mode « Volta ». S’il tenait à ne pas basculer dans l’exubérance des premiers FIFA Street, Electronic Arts aurait dû s’appuyer sur l’épisode de 2012 où le moteur physique était plus équilibré au niveau des contacts. Pourtant, on a tout essayé : créer un avatar de faible corpulence pour favoriser le dynamisme, faire jouer les individus à leur poste et dans leur système favori (3v3, 4v4, 5v5), recruter des joueurs susceptibles de renforcer la cohérence de l’équipe ; rien n’y fait. Un sentiment plus que mitigé donc, et les amateurs de mode retiendront surtout toutes les tenues déblocables à la fois sur le terrain et par le biais des points Volta. A noter, pour être complet, le jeu en ligne où il s’agit de franchir les divisions. Du grand classique.
FOOT 2 RUE
C’est bien beau d’enchaîner les râteaux et de jouer avec les murs, mais la vérité réside avant tout dans le 11v11. Là, FIFA 20 s’inscrit dans la continuité des derniers opus, avec notamment une inertie pas hyper prononcée qui donne l’impression que les joueurs ne sont pas solidement cramponnés au terrain. Les mecs sont capables de se retourner avec le ballon sans sourciller, ce qui fera bondir les férus de l’appui-soutien et du changement d’orientation. Cela dit, on peut penser que cette incitation à l’exploit individuel sert aux nouveaux dribbles latéraux : comme dans PES 2020 avec le Dribble en Finesse, les tricoteurs ont l’occasion de se faire plaisir dans les petits périmètres, et s’ouvrir le chemin du but sur un crochet ou un double contact ravageur. Puisque l’on parle de construction, on remarque que la première relance ne se fait plus dans un fauteuil, comme si FIFA avait enfin compris les bases du premier rideau défensif. Maintenant que les attaquants harcèlent le porteur du ballon, s’appliquer sur les transmissions est plus qu’une nécessité. Néanmoins, le jeu reste assez permissif dans les passes, ce qui explique en partie le tempo élevé et le parfum spectaculaire des matchs. Ca circule très vite, l’alignement du corps est relégué au second plan, et bien que la qualité des contrôles ait été rehaussée via l’ajout de nouvelles animations, FIFA 20 peine à retranscrire toutes ces nuances qui font le charme du football.
Même les appels sont moins variés que ceux de PES 2020, alors qu’Electronic Arts a pour habitude de valoriser les stats des joueurs. Si on le ressent dans les courses, dans la conduite de balle ou encore dans les frappes, on aurait aimé que ça ait également une influence sur le jeu sans ballon. Ce qui « sauve » le truc, c’est cette diversité dans les actions qui tranche radicalement avec les fameux rails de PES – le dépassement de fonction est une seconde nature chez les latéraux, par exemple. Toutefois, on fronce immédiatement les sourcils quand on voit que les tirs de 20 mètres attrapent souvent le cadre sans le moindre effort ; et il suffit que la physique s’en mêle pour qu’une frappe fuyante, enroulée ou flottante fasse paniquer le gardien. Heureusement, le timing fait que les reprises de volée demeurent délicates à exécuter, de même que les frappes en première intention. Quant à l’impact dans les duels, il est difficilement palpable ; c’est d’autant plus dommage que les défenseurs imposent systématiquement leur physique pour récupérer le cuir. On a plus la sensation d’avoir affaire à des frictions qu’à de réels contacts, y compris lorsque l’on protège le ballon face à deux joueurs qui n’hésitent pas à tirer le maillot. Toujours en ce qui concerne la défense, on a observé que le coulissement n’était pas tout le temps respecté, alors que les développeurs ont promis une meilleure I.A. derrière. Et quand les milieux récupérateurs n’ont pas la présence d’esprit de couvrir l’axe, ça devient très compliqué de colmater les brèches. Passer par les menus permet d’ajuster l’animation défensive, mais pas complètement.
Impossible de conclure ce test de FIFA 20 sans évoquer l’aspect graphique. Après l’avoir longuement comparé à PES 2020, il est évident que l’idéal serait une fusion des deux : PES pour le photoréalisme et la richesse des animations, FIFA pour les supporters, les expressions faciales plus abouties et une immersion un poil meilleure.
Les coups francs ont eu droit à un petit lifting pour tenter de troubler les tireurs cliniques, mais on peut voir sur les réseaux sociaux que le système a déjà été dompté par la communauté. Si l’on pouvait se placer n’importe où autour du ballon dans FIFA 19, on doit désormais se contenter de trois positions : classique, de face, ou avec un maximum d’angle. Naturellement, notre posture doit être adapté à l’effet que l’on souhaite donner au cuir (stick droit) : pour fouetter le ballon façon Juninho, il sera ainsi préférable de prendre son élan de face. Les caractéristiques des joueurs sont aussi à prendre en considération (puissance de frappe, précision en coup franc, effet), et on constate que les portiers ne sont pas tous logés à la même enseigne. Comprenez par là que la probabilité de faire ficelle sera plus grande avec Areola en face que contre Ter Stegen. Quant aux pénos, il faut également faire preuve de doigté pour ne pas envoyer la sphère dans les tribunes. La flèche directionnelle a été remplacée par un réticule que l’on doit maintenir avec le stick gauche, afin de cibler le soupirail ou la lulu. Plus le tir sera puissant, moins il sera précis, évidemment. On peut forcer le destin en ajoutant un petit effet et en faisant appel à la finition synchronisée. Inutile de dire le contraire, il faut persévérer avant de maîtriser toutes les finesses des pénos et des coups francs, et on ne serait pas étonné d’en voir plus d’un lâcher l’affaire.
FOOTBALL VOLTAÏQUE
Impossible de conclure ce test de FIFA 20 sans évoquer l’aspect graphique. Après l’avoir longuement comparé à PES 2020, il est évident que l’idéal serait une fusion des deux : PES pour le photoréalisme et la richesse des animations, FIFA pour les supporters, les expressions faciales plus abouties et une immersion un poil meilleure. Attention cependant à ne pas se rater sur des joueurs tels que Strootman qui est « juste » international avec les Pays-Bas. Lui mettre un visage random, c’est limite du manque de respect, à moins que le Frostbite ait encore fait des siennes. Enfin, les commentaires du binôme Ménès-Mathoux auraient mérité un peu plus de conviction, même si on relève des efforts en matière de contextualisation (rumeurs, transferts signés, etc.). Les puristes, eux, préféreront sans doute profiter des journalistes de la Premier League tout en saluant le travail sur les chants de supporters.