Test Split Fiction : Josef Farès a fait encore mieux que It Takes Two, il est très fort !



- Une coopération absolue, qui ne fait jamais illusion
- Un gameplay qui se réinvente constamment
- Un sens du rythme maîtrisé de bout en bout
- Une nouvelle idée à chaque nouvelle portion de jeu
- Deux univers complètement différents
- Des références à la pop culture partout
- Ultra généreux
- On ne s’ennuie jamais
- 15-20h pour finir le jeu à deux
- Le Pass Ami en cross-play (un seul jeu nécessaire)
- Doublage VF vraiment réussi
- Artistiquement, ça part quand même dans tous les sens
- Les niveaux SF qui sont techniquement en-dessous
- Personnages clichés
Comme vous le savez, les jeux signés Josef Farès sont des jeux qui se jouent obligatoirement à deux personnes, c’est le principe et même un argument de vente aujourd’hui. Chacune de ses productions est basée sur cette entraide, cette complémentarité, qui offre une expérience unique en son genre. On peut faire le jeu ensemble sur le même canapé, mais également en ligne via le système de Pass Ami, qui avait été instauré dans It Takes Two en 2021, et qui permet donc d’inviter une deuxième personne à s’immiscer dans la partie. Pas de 2ème jeu à acheter, pas de supplément à rajouter, il suffit juste d’une seule copie du jeu, de créer un compte Electronic Arts et le tour est joué. Les développeurs ont même pensé aux personnes seules, sans ami, qui peuvent alors se connecter au Discord officiel du jeu et ainsi sympathiser avec un autre joueur pour faire la partie ensemble. Une belle occasion de nouer de nouvelles amitiés, d’autant que c’est le thème principal de Split Fiction, cette camaraderie, même entre deux personnes qui ne se sont jamais vus, mais qui vont tisser une certaine amitié à travers les épreuves qu’ils vont parcourir ensemble.
COME TOGETHER
C’est littéralement ce que vivent Mio et Zoé, les deux protagonistes du jeu, dont les noms ont été repris des deux filles de Josef Farès, qui a certainement mis beaucoup de lui dans ce jeu. It Takes Two était un jeu qui essayait de renouer les liens entre un mari et une femme, Split Fiction mise sur le partage et l’entraide entre deux personnes qui ne se connaissent pas. Quoi de mieux donc que d’instaurer le cross-play et permettent à des communautés de joueurs de se mélanger entre elles, peu importe leur console et leurs préférences, le temps d’une aventure de 15-20h, voire même un peu plus si vous souhaitez débloquer toutes les missions annexes, et en fonction de la personne qui vous accompagne.
L’histoire de Split Fiction met en scène deux personnages féminins que tout semble opposer. On a d’un côté Mio, brune, coupe carrée, au tempérament sérieux et qui adore la science-fiction ; de l’autre, c’est Zoe, blonde avec des cheveux longs, toujours souriante, qui donne l’impression par moments d’être un peu cruche et qui ne parle que de fantaisie. Le yin et le yang en gros, mais elle partage la même passion : l’écriture et cette envie de raconter des histoires. C’est cette émotion commune pour l’écriture qui va les mettre sur le même chemin, et plus précisément dans les locaux de Rader Publishing, un éditeur intéressé pour publier leurs histoires. Sauf qu’une fois sur place, nos deux jeunes femmes vont découvrir qu’elles peuvent aller plus loin, et carrément vivre leurs propres récits grâce à une machine qui permet de simuler leur imagination. Le problème, c’est que Mio change d’avis à la dernière minute, et dans un mauvais geste se retrouve poussée dans la même simulation que Zoé. C’est là que leurs univers vont se mélanger et c’est de cette manière que Josef Fares va nous permettre de passer de la fantaisie à la science-fiction d’un simple claquement de doigts, ou plutôt en changeant d’anomalie.
On avait souvent reproché à It Takes Two un récit en retrait malgré le thème fort intéressant du divorce et de la réconciliation, qui apportait de la fraîcheur dans le jeu vidéo, et il semblerait que Josef Fares ait pris en compte le feedback des joueurs. Résultat, Split Fiction développe son univers autour de son histoire, qui ne brille pas forcément par son écriture somme toute classique, mais qui va rythmer le jeu au fil des 15-20h nécessaires pour le terminer. Car s’il y a bien une chose qu’on ne pourra pas enlever à Split Fiction, c’est son tempo, son sens du rythme, cette envie débordante de ne jamais lasser le joueur. Et Josef Farès ne laisse pas le temps au joueur de souffler, n’hésitant pas à passer du coq à l’âne d’une mission à une autre. On peut très bien commencer par des phases de plateformes classiques, enchaîner avec du jet-ski ou piloter des motos futuristes, se retrouver juste après dans la peau de cochons qui pètent, pour ensuite basculer dans un shoot’em up à scrolling horizontal et finir dans un flipper, no bullshit. C’est aussi ça la force de Split Fiction, à savoir multiplier les situations, mélanger les univers, le tout sans le moindre temps mort, mais quoiqu’il arrive, le jeu retombe systématiquement sur ses pieds. Parce que là encore, c’est le gameplay qui prime, c’est lui qui drive cette aventure, et comme aime le dire son créateur Josef Farès, chez Hazelight, on aime la variété et on ne veut pas enfermer le joueur dans une boucle de gameplay ennuyeuse.
FERME TA BOUCLE
Disons que ce n’est pas tout à fait vrai, car dans cette macédoine de propositions aussi inattendues que improbables, Split Fiction prend quand même le temps de s’attarder pendant plusieurs missions sur certaines boucles de gameplay justement. On est évidemment bien loin du principe d’un jeu vidéo classique, avec des mécaniques qui se répètent ou évoluent, mais il y a cependant certains passages plus longs que d’autres, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Je pense notamment au moment où l’on se retrouve dans un des récits de Zoé, où la particularité, c’est de pouvoir se transformer en créatures fantastiques. Mio peut passer du gorille agile et habile à une sorte de loutre capable de nager dans des eaux profondes. Quant à Zoé, elle peut soit devenir une fée et voler comme elle l’entend un court instant, soit prendre l’apparence d’un grand arbre façon Groot et qui possède la faculté d’entrer en contact avec la nature. Il y a aussi ce moment plus tard dans l’aventure, où l’on va mettre la main sur des œufs de dragon, qui font finir par éclore, grandir et arriver à leur stade d’adulte et ainsi nous révéler leur plein potentiel. Là aussi, le jeu prend un peu plus le temps de déployer certaines boucles de gameplay, puisque Mio possède un dragon qui peut planer un court instant et cracher de l’acide, tandis que l’autre peut faire des roulés-boulés et s’accrocher à certaines parois. Et c’est la combinaison des pouvoirs de chaque dragon qui va permettre à l’une comme l’autre d’évoluer dans ces mondes truffés d’obstacles et de puzzles.
Dans son essence, Split Fiction ressemble beaucoup à It Takes Two, avec une grosse base de plateforme 3D combinée à des phases de réflexion, avec cette notion systématique de tout faire à deux. Il faut en effet partir du principe que rien ne peut se faire tout seul, que tout nécessite l’aide de son partenaire. Il est toujours question de débloquer un passage, d’activer un mécanisme ou d’ouvrir une porte et même les boss demandent de la coordination et une certaine entente pour venir à bout des choses. C’était déjà le cas avec It Takes Two, c’est toujours aussi imaginatif dans Split Fiction, sachant que le jeu se renouvelle sans cesse, avec une idée parfois à chaque nouvelle portion de l’aventure, c’est assez brillant par moments. Et puis au-delà de ses mécaniques qui font le sel du jeu, il y a cette myriade de propositions de gameplay hyper référencées, aussi bien dans le game design, le level design, que dans les cinématiques et le rendu visuel. Ne soyez pas étonné d’y voir pêle-mêle du Mario, du Akira, du Donkey Kong, du Dune, du Metroid, du Ghost in the Shell, du Contra, du Harry Potter, du R-Type, du Gravity, du Assassin’s Creed, du Tron, du Mega Man, Josef Farès rend hommage au monde du jeu vidéo, mais aussi du cinéma, et de la pop culture avec style et passion. Split Fiction ne se refuse rien, juste pour le plaisir du clin d’oeil et du easter egg.
ACTION, RÉACTION
En fait, ce qui change considérablement entre It Takes Two et Split Fiction, c’est clairement la cadence avec laquelle le nouveau jeu de Josef Farès nous transporte. On est sollicité de toute part et si l’on enchaîne les situations parfois par réflexe et instinct de survie, il est évident que Split Fiction regorge de générosité, tant et si bien qu’un seul run ne suffit évidemment pas à mesurer le travail assez colossal abattu par les développeurs. Et puis, comme Mio et Zoé ne possèdent jamais les mêmes aptitudes, le simple fait de recommencer le jeu dans la peau du 2è personnage relance évidemment l’intérêt du jeu. D’ailleurs, derrière ces airs de jeu familial, Split Fiction va quand même solliciter votre skill et votre capacité à gérer les sauts manqués, les timing ratés et ces moments où l’on ne comprend pas immédiatement l’énigme demandé, alors que par défaut, la présence de deux cerveaux suffit à accélérer la réflexion. C’est là où l’on voit qui a plus de jugeote que l’autre. L’entraide reste ainsi primordiale, avec en plus des combats de boss bien plus nombreux et bien plus retors que dans It Takes Two, qui nécessitent parfois un sens aigu du timing et du sang-froid. Le boss du flipper fait partie de ceux-là, avec ce sens de la complémentarité, du timing et il fait clairement partie des meilleurs souvenirs du jeu. A noter que dans Split Fiction, le game over n’est valable que si les deux personnages meurent en même temps, et si c’est le cas, on est alors télétransporté à la sauvegarde automatique précédente. Split Fiction part du principe que les vies sont infinies et que le respawn est systématique lorsqu’un seul des deux personnages rend l’âme, il a alors quelques secondes pour revenir dans la partie à condition de bombarder le bouton Triangle. Une mécanique qui ajoute d’ailleurs un sens de la camaraderie et d’encouragement, notamment face aux boss. Le jeu reste cependant assez permissif, avec des checkpoints réguliers, puisque là encore, tout repose sur ce sens du timing et du rythme qui sont parfaitement maîtrisés. Malgré ça, bien que Split Fiction a des allures de jeu familial, il dispose d’une difficulté croissante et relativement exigeante, surtout vers la fin du jeu, où chaque partenaire doit faire confiance à l’autre. C’est assez grisant.
LA BANANE SPLITTE
Comme je vous l’ai dit en début de vidéo, l’aventure Split Fiction se complète entre 15h et 20h de jeu, tout dépend de votre skill, celui de votre partenaire aussi, et selon aussi si vous aimez fouiner les environnements pour y trouver le moindre secret. Le jeu propose d’ailleurs des quêtes annexes, placées à des endroits souvent repérables, d’autant que les personnages alertent le joueur sur leur présence. Ils sont assez repérables, puisqu’il s’agit de portails, sorte de bulles de rêve, permettant souvent de changer d’ambiance totale, de renouveler l’intérêt subitement, et de se permettre de véritables folies. On repense à ce moment où l’on se transforme en saucisse qui doivent passer sur le grill d’un barbecue, s’imbiber de ketchup mayo pour ensuite finir croquer dans la bouche d’un être humain. Mention spéciale aussi au niveau des bonbons où l’on incarne deux molaires qui doivent affronter un robot-dentiste comme guise de boss.
Sinon, côté technique et graphismes, Split Fiction est une bien jolie production, qui surprend notamment dans les niveaux liés à Zoé, les mondes fantaisistes où l’on assiste à de jolis décors et une direction artistique qui fait mouche. C’est nettement moins probant quand on se retrouve dans les univers science-fiction où l’on note des niveaux plus classiques, moins épatants visuellement, parfois même un peu vides, ce qui donne un déséquilibre entre chaque univers. Rien de bien catastrophique, d’autant qu’on prend en compte que le jeu se joue sur deux écrans scindés, ce qui demande évidemment plus de ressources. Pas de Ray-Tracing, mais un jeu qui profite du 60 images par seconde ultra stable et ça, c’est un luxe qu’on ne se refuse pas.


