Test également disponible sur : PC - XBOX Series X

Test Avowed : sympathique malgré ses 15 ans de retard ?

Test Avowed : sympa malgré ses 15 ans de retard ?
La Note
note Avowed 14 20
En l'absence d'un nouvel épisode de Skyrim, ni même d'un remaster opportuniste, Avowed se plaçait immédiatement comme un parfait candidat de substitution. Il faut dire que depuis des années, le studio Obsidian Entertainment a montré son appétence (et son savoir-faire) pour les RPG à l'ancienne, enrobage et formule à la Bethesda fortement assumés. Mais de Skyrim, Avowed ne repique pas grand-chose, si ce n'est sans doute son côté old school so 2011, qui pourra s'apparenter à un feeling réconfortant pour les joueurs les plus nostalgiques. Car malgré les apparences et une première partie de l'aventure intrigante, Avowed dévoile par la suite son vrai visage, celui d'être un RPG pour les nuls, ou un jeu d'action-aventure bavard et plus complexe que la moyenne. Il se situe entre les deux et un peu nulle part, puisqu'il essaie de taper dans les deux catégories à la fois, sans doute tiraillé par des décisions de haut décisionnaires qui souhaitent séduire un maximum de personnes et une équipe de développement qui essaie de rester droit dans ses bottes. Résultat, un jeu qui affiche des incohérences de game design assez flagrantes, avec d'un côté plus de souplesse dans ses systèmes de classe et de progression, et de l'autre un monde complètement figé où les interactions ont été réduites à peau de chagrin et les PNJ réduits à des plantes vertes inertes et sans intérêt. On arrive pourtant à prendre du plaisir avec son système de combat plus ouvert, mais il faut parvenir à passer outre les animations ultra rigides qui nous renvoient à un autre temps, celui où l'on avait 15 ans de moins et davantage de cheveux sur la caillou. L'absence de mise en scène et la direction artistique un peu trop arc-en-ciel ont eux aussi participé à gâcher la fiesta et c'est dommage car Avowed avait pourtant une chouette histoire à nous raconter. Une aventure qui saura trouver un public nostalgique ou peu regardant, mais un jeu qui ne restera pas dans les annales, ça c'est certain...

Les plus
  • Visuellement, ça a de la gueule
  • Belle variété dans les biomes
  • Des combats satisfaisants
  • Des classes évolutives, jamais figées
  • Un jeu qui récompense l’exploration
  • Ecriture soignée
  • Bande-son séduisante
  • Réconfortant pour les nostalgiques
Les moins
  • Un jeu avec un game design incohérent
  • Un monde totalement figé
  • Animations ultra rigides
  • Les PNJ complètement inertes
  • Interactivité avec les environnements archi limitée
  • Zéro mise en scène
  • La DA arc-en-ciel
  • La vue 3è personne mal adaptée au jeu
  • Pas de VF


Le Test
L’attente est enfin terminée pour Avowed, qui arrive sur PC et Xbox cinq années après son annonce. Nouvelle production du très prolixe studio Obsidian Entertainment, qui sort un nouveau jeu tous les 2-3 ans depuis près de 10 ans, Avowed cristallise beaucoup de choses pour certains joueurs, principalement chez les amateurs de RPG qui rêvent d’un nouveau Skyrim. Le titre est souvent comparé au chef d’oeuvre de Bethesda de l’époque, mais c’était peut-être lui mettre une chaîne à ses pieds que d’essayer de le placer sur un même piédestal. Ma preview en septembre dernier lors de la Paris Games Week 2024 m’avait déjà permis d’identifier les qualités comme les défauts du jeu, et après avoir terminé l’aventure, ce que je craignais s’est bel et bien concrétisé : on a affaire à une expérience old school, certes réconfortante et pleine de nostalgie, mais qui donne quand même l’impression de jouer à un jeu qui a 15 ans de retard. Et c’est quand même un sacré problème…

AvowedAvowed est un projet qui est né après Pillars of Eternity, sorti en 2015 et qui a visiblement marqué les développeurs chez Obsidian Entertainment. L’histoire va donc se dérouler dans le même univers que ce dernier, mais que les personnes qui n’ont pas fait Pillars of Eternity se rassurent, les développeurs ont fait ce qu’il fallait pour introduire l’univers avec douceur. Parce que oui, qu’il s’agisse du monde d’Eora, les factions, les personnages et les enjeux, on baigne dans le même univers. Et puis quand bien même vous n’avez pas envie de vous farcir tout le glossaire qui a été mis en place par les développeurs, vous pouvez vous laisser transporter par l’histoire. Dans Avowed, on incarne un demi-dieu, mandaté par l’empereur en personne pour enquêter sur l’apparition d’une maladie, le Malêtre, qui frappe la zone des Terres Vivantes et qui a pour conséquence de transformer n’importe quel être vivant en zombie fongique et qui a tendance à tuer n’importe qui. Les cadavres s’accumulent, les champignons poussent sur la tête des gens, et il est temps d’arrêter cette épidémie avant que ça ne devienne encore plus dramatique. L’aventure démarre donc par la création de son avatar, avec ce qu’il faut de possibilités pour le façonner à son image, champignons sur la tronche s’il le faut. De toutes les façons, qu’importe la tête que vous allez lui faire, vous serez, quoi qu'il arrive, reconnu par les autres comme étant un être à part si ce n’est exceptionnel, d’autant que vous allez voir, vous allez aussi être en contact avec le spirituel. Parler avec des entités venues d’ailleurs, ressusciter après avoir pris une flèche dans le bide, c’est le quotidien de notre émissaire qui doit empêcher que les choses s’enveniment, et c’est le cas de le dire.


'COLORE LE MONDE'

Evidemment, qui dit RPG dit forcément histoire, et de ce point de vue-là, Obsidian était attendu par les joueurs. Le studio étant réputé pour la qualité de son écriture, on ne pouvait pas attendre d’Avowed une intrigue simpliste. Et pour le coup, il y a de quoi être servi puisque Avowed est un jeu bavard, très bavard, avec pas mal de choix qui sont offerts, certains qu’il faut débloquer en fonction des points de capacité. Plus on avance dans le jeu et plus l’histoire se complexifie avec des dilemmes moraux importants qui peuvent entraîner vos compagnons dans certains choix. Favoriser la diplomatie plutôt que le bain de sang, c’est toujours une possibilité, même si défoncer le premier baltringue venu titille toujours la gâchette. Dans les faits, on retrouve une formule qui a fait ses preuves avec une histoire qui sait mélanger religion et politique, mais au bout d’un certain temps de jeu, plus rien ne progresse et l’on comprend que l’intrigue ne va plus vraiment décoller. J’entends par-là que l’intrigue manque de nuances et de subtilités, car au bout d’un moment, le jeu ne s’embête plus vraiment avec tout ça en favorisant la simplicité et l’aspect très binaire des choix. Ce qui faisait la force du jeu dans sa première partie s’écroule en fait dans sa seconde moitié, c’est assez incompréhensible. Tout cela aurait pu être pardonné si Avowed avait fait le choix de paraître pour un RPG moderne, ou du moins qui a su évoluer avec son temps, mais force est de constater que l’exécution manque clairement de panache. Tout est plat, avec des personnages inertes, sans la moindre expression faciale, des champs contre-champs en permanence et aucune cinématique qui aurait pu contrebalancer cette mise en scène quasiment absente.

Avowed


SO 2011

De même, quand on parle de RPG, on s’attend à un minimum de cohérence dans son monde et ses interactions, mais Avowed ne fait rien de tout ça. Les PNJ sont à l’inverse tous inertes, n’ont aucun boucle d’animation pour essayer de rendre leur présence naturelle, ne réagissent à rien et pour la plupart servent de plante verte pour faire illusion. C’est le jour et la nuit avec ce qu’on a vécu dans Kingdom Come Deliverance 2 qu’on se demande bien ce qui s’est passé en interne chez Obsidian. Le monde d’Avowed donne propulse facile 15-20 ans en arrière et c’est triste de voir à quel point les développeurs n’ont ni respect les joueurs ni leur produit sur cet aspect. On ne sait pas si c’est le manque de moyens, de temps ou d’envie, qui a plombé l’ambiance, mais il est évident qu’on est loin de ce que le studio nous a offert par le passé. Comme je vous le disais en début de test, le studio enchaîne les jeux depuis 2015, et le studio sort un jeu tous les 2-3 ans, c’est énorme, et c’est la preuve qu’on est arrivé à un rythme presque industriel. 

Avowed


Comme vous le savez sans doute, Avowed a fait l’impasse sur l’open world pour proposer plusieurs grandes zones connectées entre elles. Ce n’est pas un souci, et pour le coup, le but du studio est de recentrer ses intentions et sans doute ses ambitions techniques également. Et c’est clairement un très bon choix de leur part, puisque le jeu est techniquement assez solide dans son ensemble. Alors certes, si on regarde de près, avec une loupe par exemple, on constate qu’on n’est pas sur de la modélisation dernier cri, mais de loin, avec la DA et surtout ce level design archi bien bossé, la magie opère, on ne va pas se mentir. Avowed offre en effet des paysages vraiment saisissants, d’autant que les Terres vivantes sont en effet composées de plusieurs biomes différents, avec une richesse visuelle qui nous donne envie de regarder partout. De toutes les façons, tout a été fait pour pousser le joueur à profiter de son environnement, et l’exploration est clairement récompensée dans le jeu, avec souvent un coffre à ouvrir en bout de course. On sent que Obsidian s’est amusé avec son level design, en cachant des choses même dans les coins les plus reculés, un peu comme Nintendo l’a fait avec Breath of the Wild.

Avowed


En revanche, le jeu accuse quelques soucis d’éclairage, il est beaucoup trop lumineux au point où ça peut devenir dérangeant, mais c’est peut-être aussi volontaire de la part d’Obsidian. Parce qu’il est évident qu’Avowed a été calibré pour plaire au grand public, ou du moins essayer de séduire une nouvelle frange de joueurs. Il suffit de regarder la direction artistique proposée, mais aussi les artworks qui ont été faits pour le marketing, le jeu explose de couleurs, avec une surabondance de teintes à la limite du fluo, qui pourrait attirer un fan des Télétubbies, mais c’est un peu l’effet inverse qui s’est produit. Internet a en effet donné à Avowed le sobriquet de Skyrim arc-en-ciel et ça lui va plutôt bien. C’est un choix radical, et c’est bien d’assumer ses décisions, mais je ne sais pas si le grand public sera attiré par un RPG old school avec un enrobage aussi Fortnite dans l’âme. Est-ce qu’on ne serait pas sur un hors-sujet en termes de ciblage marketing ? C’est une question qui mérite d’être posée très sincèrement…

Avowed


GRAND PUBLIC FRIENDLY

Le choix de s’ouvrir à un autre public, on le retrouve aussi dans le gameplay, très porté sur l’action avec des mécanismes qui ont été grandement simplifiés, ou du moins qui offrent plus de possibilités. Dans Avowed, rien n’est figé et il est tout à fait possible de faire évoluer son personnage, notamment par le biais de trois arbres de compétences, avec en plus la possibilité de rediriger son choix si jamais on change d'avis. L'idée est donc de ne pas frustrer le joueur en lui laissant une certaine liberté dans le contrôle de sa destinée, ce qui n'est pas pour me déplaire, je vais pas vous mytho. On peut commencer comme barbare et finir mage si jamais l’envie soudaine vous prend. Autre preuve que Obsidian a ouvert ses chakras, c’est qu’il est possible de porter n’importe quel type d’arme dans ses mains, gauche comme droite, avec des combinaisons aussi farfelues que grisantes, sachant qu’en appuyant sur Y, on peut changer de loadout et ainsi multiplier les possibilités, et ainsi s’adapter à la menace. Généralement, c’est celle qu’on réserve aux armes qui se tiennent à deux mains. 


A cela, on peut rajouter des projectiles comme des grenades ou des boules de feu, et toutes vos compétences et celles de vos compagnons par le biais d’une roue d’arme, sachant qu’il existe des raccourcis pour leur demander d’intervenir dans certaines situations. D’ailleurs si vos coéquipiers vous aident, il faudra penser aussi à les remettre sur pieds s’ils tombent au combat. A l’image de nombreux RPG, c’est la jauge d’endurance qu’il faut gérer pour rester alerte et enchaîner les meilleures attaques, car les ennemis sont souvent en surnombre et sont même plutôt coriaces. La fuite n’est d’ailleurs jamais honteuse et sachez qu’on peut même jouer avec le pathfinding des ennemis qui auront du mal à vous suivre, le moment idéal pour les prendre à revers. Sur le papier, ça marche plutôt bien, surtout qu’en avançant dans le jeu, en débloquant de nouvelles armes et des pouvoirs, on arrive à faire des enchaînements plutôt cool et même satisfaisants. Il y a même un système de dash esquive permet de faire des pas de côté, et ainsi contourner les ennemis. Et c’est ça aussi qui va montrer les limites du système de combat d’Avowed, empêtré dans une IA qui n’est pas au point et qui a du mal à suivre le joueur. Il est certain que les développeurs ont fait en sorte de favoriser les joueurs, avec des ennemis qui ne réagissent pas toujours de la meilleure des manières et des patterns ultra prévisibles. Reculer, attendre la fin de leurs animations, les contourner puis les frapper, c’est littéralement la solution ultime pour venir à bout de n’importe qui, même des boss.

Avowed


Avowed a été calibré pour le grand public, il ne fait plus aucun doute, mais je pose encore la question, le grand public va-t-il vraiment s’intéresser à un jeu dont la proposition de base est niche ? Il y a en effet des incohérences permanentes entre les intentions et le résultat, comme si le développement a été fait par deux équipes qui ne se sont jamais entendues et tant pis pour le résultat. On veut offrir des combats souples et plus faciles d’accès, mais à côté de cela, on continue de travailler avec des animations vieillottes, avec des animations d’une rigidité cadavérique. Et je ne vous parle même pas de cette fichue inertie qui fait que parfois, on peut taper à côté, joueur comme ennemis d’ailleurs et qui ruine aussi le plaisir. Il y a un feeling Skyrim old school qui s’en dégage certes, mais bon sang, on n’est plus en 2011, et c’est assez gênant d’avoir des combats qui manquent de souplesse aussi et qui manquent parfois de précision en 2025. Obsidian a d’ailleurs placé une option pour proposer une vue à la troisième personne, objective qu’elle s’appelle, et là encore, c’est une décision qui a été régi pour cocher les cases du cahier des charges, on va séduire le grand public allergique à la vue subjective. Seul problème, les animations n’ont pas été travaillées comme un véritable jeu à la troisième personne, il s’agit juste d’une option avec la caméra qui a été libérée, ce qui donne lieu à des animations saccadées et pas souvent adaptées.

Avowed


NE PAS REGARDER DANS LA MÊME DIRECTION

Et puis comme si ça ne suffisait pas, Avowed est aussi atteint du syndrome du loot à outrance. Il y a tellement de coffres, tellement d’items à récolter que rapidement, on est gavé. Il n’y a presque plus de plaisir à découvrir des coffres tant il y en a. Et c’est aussi la preuve que les développeurs avaient peur de faire fuir ce grand public qui aurait pu être attiré par la lumière, par ces couleurs flashys, par cette DA si Fortnite. Bref, il y a vraiment un problème dans la cohérence de sa proposition, comme une hydre à deux têtes, qui part dans deux directions différentes et qui ne sait pas où aller. Et c’est ça le problème, on ne sait pas à qui s’adresse Avowed. Tout le contraire de Kingdom Come 2 qui a une proposition tranchée, assumée et qui s’adresse à un public cible en allant jusqu’au bout de sa proposition. Comme d’habitude, à vouloir essayer de plaire à tout le monde, on ne plait à personne…

Avowed


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