Test AO International Tennis : toujours aussi raté malgré les nombreuses mises à jour ?
10 20
- Le timing est bien là
- L'éditeur de joueurs et de courts ultra complet
- La possibilité de challenger les décisions de l'arbitre
- Les licences officielles de l'Open d'Australie
- Le gameplay qui manque de finesse
- Les animations à la ramasse
- Les courts insipides
- Une interface déprimante
- Des bugs encore trop nombreux
- Aucun impact de la surface sur la physique de la balle
- Le casting particulièrement light
- Le double pas très intéressant
- Le mode "Carrière" soporifique
Si le mois de mai marque généralement le coup d’envoi des barbeucs et des apéros à rallonge, c’est aussi à ce moment-là que les stars du tennis se donnent rendez-vous à Paris pour Roland-Garros. Une fenêtre dont souhaite profiter Big Ant Studios pour dégainer AO Tennis, sa simulation aux multiples mises à jour. En effet, depuis sa sortie en janvier dernier chez nos amis australiens, le jeu a fait l’objet de 17 updates précisément, d’où l’appellation « AO International Tennis » pour nous faire comprendre qu’il s’agit d’une version enfin digne d’intérêt. Est-ce vraiment le cas ? C’est ce que nous allons voir tout de suite.
Pour ne rien vous cacher, on n’a pas pris le temps de se pencher sur AO Tennis quand il s’est pointé sur le court il y a cinq mois. Bon, c’est vrai que l’on a préféré tout miser sur Tennis World Tour, soi-disant "le nouveau jeu des créateurs de Top Spin 4" ; on s’est lamentablement planté. Cela dit, AO International Tennis n’envoie pas non plus du rêve, mais à la différence du titre de Breakpoint, il y a le timing, c’est-à-dire le moment où l’on relâche le bouton quand on est sur le point de donner un coup de raquette. Un curseur permet de savoir si l'on est dans le bon tempo (vert) ou pas (rouge), des nuances (vert caca d’oie, rouge orangé) entre les deux offrant une chance de renvoyer la balle dans le court si on se loupe à moitié. Cette obsession d’AO International Tennis pour le timing est telle que même quand on claque un coup dans un angle impossible mais avec justesse, on attrapera au pire la ligne. Alors oui, face à quelqu’un qui sait jouer, ça donne des matchs spectaculaires et on se rend coup pour coup. En revanche, on est loin de l’aspect simulation promis par le studio australien. Pourtant, certaines mécaniques censées rendre le jeu réaliste – la jauge de fatigue, notamment – sont là, mais c’est encore beaucoup trop hasardeux pour que leur impact soit réel. Et puis, avant que les échanges ressemblent à quelque chose, il faut s’accrocher, AO International Tennis étant tout sauf intuitif. Alors que dans la plupart des jeux de tennis, on doit d’abord se focaliser sur le timing et la puissance de la frappe avant de choisir un angle, c’est tout le contraire cette fois-ci ; il faut d’abord savoir où l’on va envoyer la balle avant d’opter pour un coup précis ou puissant. C’est contre-nature et le cerveau prend cher tant que l’on n’arrive pas à capter le truc. On a mis un moment avant d’être régulier, le meilleur moyen – à nos yeux – d’y parvenir étant d’abuser des coups puissants. En effet, le délai est sensiblement plus long, ce qui permet de s'organiser un peu plus sereinement.
Aujourd’hui, quel jeu de tennis peut s’asseoir en face de Top Spin 4 et dire qu’il est meilleur que lui ? Aucun, et surtout pas AO International Tennis qui, malgré ses 17 mises à jour, continue d’afficher de sérieuses lacunes en matière de gameplay.
Certainement conscient que son approche nécessitait un temps d’adaptation, Big Ant Studios a semi-automatisé les déplacements des joueurs. Du coup, quand on commence à être largué lors d’un échange pour gérer à la fois le timing, la puissance de la frappe et l’angle de celle-ci, si la balle n’est pas trop loin de notre perso, on peut laisser l’I.A le positionner correctement pendant que l’on se focalise sur le reste. Après, cette assistance peut se montrer vicieuse quand il s’agit de tenter une volée au filet, sans parler des contre-pieds qui mettent les nerfs, les smashs surréalistes ou encore les courses suspectes. Idem pour les amortis qui ont tendance à tous se ressembler, la faute à ces petits pas d’ajustement qui manquent cruellement. Là où l’on peut également faire des reproches à AO International Tennis, c’est au niveau des différents effets qu’il est possible d’imprimer à la balle – lift, à plat, slice. A l’inverse de Top Spin 4 où ils sont utiles pour mettre en place une véritable stratégie, ils n’ont aucune influence ici ; enfin, quasiment aucune, car il faut toutefois rester vigilant par rapport au timing. Cette absence de finesse, on la remarque aussi quand on change de type de surface : que l’on soit sur dur, sur gazon ou sur terre battue, la physique de la balle reste identique. C’est assez hallucinant pour une simulation de tennis qui sort en 2018. Incapable de briser ce rythme monotone, le jeu de Big Ant Studios ne fait qu’empiler les clones. Comprenez par là que choisir Rafael Nadal, David Goffin, John Isner ou Karolína Plíšková ne changera strictement rien en termes de sensations. Ils tapent tous de la même façon, et le fameux lift de l’Espagnol qui fait habituellement gicler la balle a été ignoré. Bref, seule la condition physique permet de distinguer les joueurs.
DOUBLE FAUTE
Puisque l’on parle du roster, AO International Tennis comprend seulement une vingtaine de stars sous licence, dont notre Caroline Garcia nationale. On ne connaît pas le budget dont disposait Big Ant Studios pour le casting, mais les adeptes de la petite balle jaune regretteront l’absence d’incontournables tels que Roger Federer, les sœurs Williams, Novak Djokovic, Caroline Wozniacki, Stanislas Wawrinka, ou encore Andy Murray. A la place, on a droit à une tripotée d’inconnus issus de l’imagination des développeurs, ce qui tue un peu l’ambiance. On aurait préféré une sélection restreinte mais plus authentique, quitte à se coltiner des DLC. Quoi qu’il en soit, l’Académie permet de créer ses propres joueurs de la tête aux pieds, logos compris. Une astuce qui n’est pas sans rappeler PES pour lequel la communauté se dépouille chaque année en créant des kits basés sur les vraies équipes. Mais là où Konami fait la moitié du boulot en s’occupant du faciès des joueurs, on doit tout reproduire soi-même dans AO International Tennis, avec plus ou moins de réussite il faut bien l’avouer. N’empêche, compte tenu des animations faiblardes (celle où l’on attend de recevoir le service adverse est juste magique), ça aurait fait désordre de voir un Roger Federer beau gosse avec un revers à une main tout pété. Même les ambassadeurs du jeu n’ont pas fait l’objet d’un traitement de faveur, et on cherche encore le célèbre lasso de Nadal. Heureusement que leurs têtes s’en sortent plutôt bien. Les courts sont tout aussi insipides, sauf la Rod Laver Arena, studio australien oblige. Au moment de pénétrer dans l’enceinte de l’Open d’Australie, les joueurs bénéficient ainsi d’une entrée à peu près soignée avant de découvrir le public modélisé par un stagiaire, un court dénué de textures, et une ambiance de mort. Qu’il s’agisse des juges de ligne, de l’arbitre ou des ramasseurs de balle, on dirait des Playmobil. Et dire que l’on osait chipoter avec Top Spin 4… Toutes nos excuses à 2K.
Qu’il s’agisse des juges de ligne, de l’arbitre ou des ramasseurs de balle, on dirait des Playmobil. Et dire que l’on osait chipoter avec Top Spin 4… Toutes nos excuses à 2K.
Malgré toutes ces tares, on a voulu voir à quoi ressemblait le mode "Carrière" qui, comme on pouvait s’y attendre, demande de gravir les échelons pour arriver au sommet du tennis mondial. La progression est ultra soporifique dans le sens où on ne fait qu’accumuler les sous et les XP pour améliorer les compétences de notre poulain. Par exemple, on aurait apprécié qu’AO International Tennis tienne compte de ce qu’il se passe en dehors des courts (les réseaux sociaux, l’organisation d’opérations promotionnelles, etc.) pour varier les plaisirs. Au pire, si les développeurs ne désiraient pas s’éparpiller, il aurait été judicieux de faire intervenir différents coachs pour travailler tel ou tel domaine. Là, c’est basique de chez basique, et même quand la jauge de fatigue est remplie à force d’enchaîner les tournois, le gameplay est tellement permissif que son intérêt est inexistant. Heureusement que l’on peut simuler les rencontres quand on commence sérieusement à être lassé. Sans surprise, un mode permet de participer directement à l’Open d’Australie, sans oublier le jeu en ligne que l’on n’a pas eu l’opportunité de tester à l’heure où nous écrivons ces lignes. Par contre, nous avons pu nous essayer au double qui ne respire pas vraiment la maîtrise. Non seulement la volée mériterait d’être ajustée (on l'a déjà souligné plus haut), mais on s’aperçoit que le timing doit encore être peaufiné pour que l’on puisse trouver des angles avec une frappe pas nécessairement puissante. En l’état, quand on se trouve au filet, on se contente surtout de regarder passer les fusées sans pouvoir intervenir. Frustrant. Enfin, si les développeurs pouvaient ajouter dans le cahier des charges "revoir l’interface qui est austère", ça ne serait pas du luxe.