Le Top 2006 de JeuxActu
- 1 - Notre Top 5 de 2006
- 2 - Le Top 2006 de JeuxActu
- 3 - Le Top 2006 de JeuxActu
- 4 - Le Top 2006 de JeuxActu
~ STEEVE MAMBRUCCHI ~
L’an dernier dans cette même tribune, à l’occasion du retour de la compétition sur le marché des portables, je soulevais la problématique suivante : est-il humainement et économiquement possible de fournir les portables en software de façon aussi importante que les consoles de salon ? L’année 2006 nous offre deux réponses opposées. D’un côté un Nintendo en phase de transition qui a pris tout le monde à contre-pied en s’ouvrant tant que faire se peut au grand, très grand public, ce dernier répondant massivement présent face à la Touch Generations de la DS, une console qui, si elle continue à ce rythme pendant encore quelques années, rejoindra l’autre reine des portables : la Game Boy et ses 120 millions d’exemplaires vendus entre 1989 et 2001. Et de l’autre, la PSP de Sony qui, malgré son cortège de très bons titres, fait les frais du surmenage d’un constructeur qui doit non seulement pérenniser la reine mère PlayStation 2, mais aussi et surtout produire tant bien que mal assez de PlayStation 3 pour les fêtes. Au-delà du marché des consoles portables, le succès insolent de la DS, mais aussi d’autres indices disséminés dans les Charts tels que la disparition du merveilleux Twilight Princess, successeur tant attendu de Ocarina of Time, derrière Wii Sports et Wii Play, m’amènent cette année à déposer cette toute nouvelle problématique : jusqu’à quel point le marché des joueurs peut-il s’élargir ? Nintendo ouvre une nouvelle voie qui est en quelque sorte le prolongement de ce qu’a fait Sony avec la marque PlayStation dans les années 90 : après le grand public, le jeu vidéo est vraisemblablement en train de s’attaquer au très grand public. Foin de tout communautarisme sectaire, chacun est le bienvenue dans l’univers du jeu vidéo. Toutefois, lorsque des Nintendogs rapportent deux fois plus d’argent (et en coûtent dix fois moins) qu’un Final Fantasy XII, les tiers vont être immanquablement tentés de répondre à cet appel. La démocratisation ultime du jeu vidéo se fera t-elle toujours dans l’intérêt des gamers de la première heure ?
I - Shadow of The Colossus (PS2)
Ce qui est pratique avec Shadow of the Colossus, c’est que je savais dès le mois janvier quel allait être mon jeu de l’année. Et si The Legend of Zelda : Twilight Princess a débarqué comme un voleur à l’autre extrémité du calendrier, manquant de lui ravir la place, c’est bien entendu le second jeu de Fumito Ueda qui restera l’expérience la plus marquante de mon exercice annuel. Ce qui devrait être logiquement le cas de quiconque privilégiant les émotions avant tout. Jouez à Shadow of the Colossus.
II - The Legend of Zelda : Twilight Princess (Wii)
Le contexte est si différent de celui de The Legend of Zelda : Ocarina of Time. Beaucoup plus de jeux à faire, beaucoup moins de temps pour anticiper son attente. J’ai laissé venir ce Zelda comme on attend le Beaujolais. On n’y pensait clairement pas chaque jour, et on le reçoit de façon presque conventionnelle. Grosse erreur, car pendant que j’avais le dos tourné, Nintendo avait décidé de réaliser le jeu vidéo le plus savoureux et le plus abouti qui soit peut être jamais sorti sous son label rouge. Depuis Ocarina of Time.
3. Valkyrie Profile Lenneth (PSP, import US)
Si l’on reproche régulièrement à la PSP d’être trop ouverte aux remakes, force est de constater que la petite sait choisir ses clients. Disposant d’une des bandes-sonores les plus tourmentées de l’histoire du jeu vidéo, l’aventure de Lenneth est un frisson permanent qui ne parvient pas à choisir entre son excellence ludique brute et l’incroyable sens tragique de sa narration. Unique.
IV - Dragon Quest : L'Odyssée du Roi Maudit (PS2)
Inclure Dragon Quest VIII dans mon classement annuel me tient d’autant plus à cœur qu’il est toujours le seul épisode de la série à concilier la tradition ludique et la modernité technique, et qu’il est parti pour le rester. Suivez mon regard. Le plus gros coup de massue du RPG en Europe, presque 10 ans après l’arrivée de Final Fantasy sur nos terres.
V - Phoenix Wright : Ace Attorney (DS)
A l’heure où la DS récolte les lauriers de son succès auprès de tous les publics, et surtout du grand, je ne me suis toujours pas mis à l’heure de la Touch Generations. Du coup, pas plus intéressé par le dressage de chiots que par le retour (même gagnant) des mascottes Nintendo, c’est le remake d’un jeu Game Boy Advance qui reçoit mes faveurs sur cette machine. Ce petit chef-d’œuvre d’écriture m’a désormais à sa cause pour les épisodes à suivre.
COUP DE COEUR
E-distribution initiative
Sous ce nom déposé par Sony pour promouvoir le téléchargement de contenu, je désigne en fait ce nouveau mode de consommation dans sa globalité. En téléchargeant mon premier jeu acheté sur la Console Virtuelle de Nintendo, j’avais la sensation de commettre un geste irréparable dont les conséquences seraient irréversibles. Tout simplement parce que je le sais très bien au fond de moi, entre la Console Virtuelle de Nintendo et le PlayStation Store de Sony, je m’apprête à ruiner aussi bien mon compte en banque que ce qu’il me reste de vie sociale. Le petit sprite de Mario qui amasse des pièces d’or pendant le téléchargement d’un jeu acheté sur la Console Virtuelle de la Wii est par ailleurs une métaphore pécuniaire du meilleur goût de la part de Nintendo. Comment, mais comment faire pour brider ma carte de crédit face à la tentation de découvrir, ou au bonheur de redécouvrir, les oldies cultes qui ont façonné l’univers du joueur que je suis devenu (c’est-à-dire un gros nerd aigri) ? Je suis donc actuellement à la recherche de solution pour limiter un futur qui s’annonce très … numérique. C’est d’ailleurs le revers de l’E-Distribution : les jeux sont là, et ne s’abîmeront pas mais, point de boîtes à l’odeur de carton usé et de vieilles notices noir et blanc à tenir contre soi.
COUP DE GUEULE
Quand opportunisme rime avec régression
Au départ, je comptais évoquer l’explosion de la Sonyphobie galopante d’une certaine presse désinformative et des espaces communautaires. Et puis finalement, une annonce tonitruante est survenue, dans le prolongement direct de la problématique que j’exposais dans mon bilan annuel. Dragon Quest, qui était enfin devenue une série ambitieuse techniquement, voit son épisode IX annoncé en exclusivité sur… DS. Reprenons. Lorsque dans les années 90 Squaresoft délaisse Nintendo pour aller batifoler en exclusivité sur PlayStation, la logique consiste déjà à se ranger du côté du plus vendeur. Mais c’était surtout une décision complètement logique, puisqu’à cette époque Nintendo est gouverné par un dinosaure nommé Hiroshi Yamauchi, lequel croyait dur comme fer en ses vieilles cartouches Nintendo 64, dont Squaresoft ne voulait évidemment pas pour réaliser le futur chef-d’œuvre Final Fantasy VII. Aujourd’hui, avec le retour du roi du RPG chez Nintendo, la boucle est en train de se boucler, dans un même intérêt financier bien sûr, mais cette fois-ci, le contexte est complètement différent. D’un Dragon Quest VIII délicieusement ambitieux et gargantuesque, nous allons donc retourner à un Dragon Quest IX qui, complètement bridé par le hardware forcément limité de la portable de Nintendo, ne pourra en aucun cas projeter le souffle épique du dernier épisode en date. Car au-delà de la technologie, c’est bien d’envergure émotionnelle dont il est question. Reste à voir si l’argent facile engendré par les 4 ou 5 millions de Dragon Quest IX prochainement vendus sera réinjecté dans des projets au contenu en totale adéquation avec leur ambition. L’opportunisme commercial est quelque chose de logique, toutefois lorsque celui-ci se met à rimer avec régression au lieu d’amélioration ou au moins de continuité, le bilan du gâchis ludique sera fait l’année prochaine. Et cela commence par la probable extinction de la PSP au Japon, et donc d’une concurrence saine, si Square Enix ne met pas rapidement en application cette volonté exposée à l’E3 dernier par son Vice-Président Sasaki : "Nous ferons tout pour soutenir équitablement les trois acteurs du marché." C’est mal parti.
~ LAURELY BIRBA ~
Fanboy oblige, c'est avant tout la sortie de la Wii qui m'a le plus marqué cette année, même si elle n'a eu lieu que la semaine dernière à la Fnac des Champs Elysées. Ca se jouait des coudes et des pieds devant l'entrée du magasin pour se procurer la petite dernière de Nintendo, et nombreux sont ceux qui sont repartis chez eux les mains vides. Un engouement pour une console de salon de Kyoto que l'on avait plus vu depuis la Super Nes, les années collège pour la génération 80; faîtes le calcul. La PlayStation 3 n'a pas encore pointé le bout de sa carrosserie sur le vieux continent, mais on peut d'ores et déjà considérer la guerre des next gen' lancée, avec une avance plus que confortable pour la Xbox 360. A coté de ça, nos vieilles 128-bits n'ont pas encore dit leur dernier mot, avec des titres qui célèbrent de la plus belle des façons la fin d'un cycle, ou plutôt d'une ère. Pour faire le plus complet possible, je pourrais également parler de la DS et de la PSP, mais honnêtement, elles vont sans doute prendre un peu de poussière l'année prochaine.
I - Gears of War (Xbox 360)
Je n'ai même pas la Xbox 360 à la maison, mais je place l'oeuvre d'Epic Games à la première place de mon top. Les nombreuses heures de squattage intensif à la rédac' mais surtout chez ma voisine - une quarantaine d'heures, on a recompté ensemble - m'ont carrément brûlé la rétine. Non, pas de crise d'épilepsie, juste une jolie gifle reçue en pleine tronche. Resident Evil 4 est le dernier jeu à m'avoir fait pareil effet. La console cherchait son jeu-référence, elle l'a trouvé.
II - Wii Sports (Wii)
Je vois déjà le smiley ironique de Rodolphe (Donain, mais si rappelez-vous, il bossait sur JeuxActu il y a un an...) sur MSN, mais force est de constater que Wii Sports est LA surprise du lineup de la Wii. On s'attendait à une application simpliste faisant tout juste étalage des nouvelles possibilités offertes par la Wiimote, et on se retrouve avec une compil' de mini-games nettement plus tripants qu'un Red Steel. C'est simple : on se prend immédiatement au jeu, et le coté instinctif du gameplay y est pour beaucoup. Le bowling est tout simplement énorme, et le tennis vaut également le détour. Moi qui n'étais pas un fanatique du golf jusqu'à présent, je vais reconsidérer la chose.
III - Pro Evolution Soccer 6 (PS2)
Je l'avais méchamment taclé l'année dernière, le plaçant à la dernière place de mon top. Même si je considère que la série avance par petites touches, elle n'en demeure pas moins incontournable pour tout fan de l'OM qui se respecte. J'y joue de façon nettement plus régulière que l'année dernière, ce qui explique sans doute les cassements de reins auxquels ont droit mes collègues de boulot lors des soirées PES, le samedi soir. Pour me faire pardonner, la pizza est offerte par la maison.
IV - Onimusha : Dawn Of Dreams
La PlayStation 2 en a encore dans le ventre, la preuve avec Onimusha : Dawn Of Dreams qui a calmé pas mal de monde. Avec une réalisation en acier trempé et un gameplay dynamique grâce à une caméra devenue enfin active, Onimusha fait partie des piliers sur lesquels peut compter Capcom. On attend avec impatience l'opus next gen'. Elle devrait faire assez mal...
V - Table Tennis
Sincèrement, lorsque Maxime a balancé en exclu les premières images du jeu, je suis resté plutôt sceptique, d'autant plus que Rockstar Games nous avait habitués jusque-là à développer des jeux made in gangsta. Là encore, ma voisine, pongiste qui plus est, m'a fait découvrir les plaisirs du tennis de table. Assez déroutant au départ, il devient par la suite une véritable drogue dur. Les effets spéciaux sont bien dosés, et les graphismes HD de la Xbox 360 apportent un véritable plus aux gouttes de sueur. Ca fait deux sports que je découvre cette année, tiens !
COUP DE COEUR
Scarface : The World is Yours. Le papa des GTA a enfin sorti ses crocs sur PlayStation 2, et même si pas mal de défauts techniques viennent plomber sa performance, l'ambiance que dégage le jeu est tout bonnement unique. Radical Entertainment a respecté à la syllabe près tous les codes qui régissent le film de Brian de Palma, avec un Tony Montana plus charismatique que jamais. Moi qui m'attendais à une bouse, j'ai rangé le papier toilette direct.
COUP DE GUEULE
Le prix des jeux
Au fil des ans, le prix des consoles n'a cessé d'augmenter. L'époque où j'avais craché 1290 Francs au Score Game du coin pour me choper une N64 me paraît bien lointaine. Aujourd'hui, il faut claquer 399 € pour se procurer une Xbox 360 crédible, 249 € pour une Wii, et bientôt 599 € - ou 499 € selon le modèle - pour une PlayStation 3 qui tienne la route. C'est vrai, afficher des graphismes de plus en plus spectaculaires engendre nécessairement des coûts de production plus élevés. Mais ce que semblent oublier les trois constructeurs actuels, c'est le jeu dans le sens strict du terme. Avait-on besoin du HD dans les années 80 pour prendre son pied sur Atari 2600 ? Le blu-ray était-il nécessaire pour faire tourner un Secret of Mana sur Super Nes ? C'est vrai, il faut vivre avec son temps, mais faire un crédit de consommation pour s'acheter une console, je trouve ça personnellement affligeant.