Test Yakuza 6 (PS4) : l'épisode le plus abouti de la série ? sur PS4
16 20
- La richesse du contenu
- Un casting cinq étoiles
- Au-dessus du soleil, il y a Takeshi Kitano
- Une B.O. de dingue
- Une atmosphère unique
- La qualité de la mise en scène
- Le Dragon Engine qui fait des merveille
- Le doublage japonais qui déchire
- Un scénario captivant...
- ...malgré quelques longueurs
- Des combats qui manquent de fluidité
- Pas de sous-titres en français
- On aurait aimé plus de villes à explorer
- La der de Kazuma Kiryû
Mise à jour de notre test réalisé le 16 mars 2018 à 18h33
Kazuma Kiryû, qu’il porte une veste cintrée ou une chemise avec les manches retroussées, nous fait clairement passer pour des gueux ; c’est ce qui frappe en premier lieu lorsque l’on découvre Yakuza 6, un jeu qui pue la classe. D’une sérénité inébranlable, s’exprimant toujours avec un ton calme, on se demande limite si le héros au corps tatoué n’a pas considéré son passage en prison comme un séjour tous frais payés. Placé derrière les barreaux pour ses exactions passées, il se rend immédiatement à l’orphelinat après avoir purgé une peine de trois ans. Là-bas, les enfants lui annoncent ne plus avoir entendu parler d’Haruka depuis un moment. Finalement, c’est dans un lit d’hôpital qu’il va retrouver sa protégée, plongée dans le coma et désormais maman d’un petit Haruto. Décidé à faire la lumière sur cette mystérieuse affaire, Kiryû-san se rend donc à Hiroshima où Haruka semble avoir des attaches. Voilà pour le script de Yakuza 6 que l’on avale d’une traite, même s’il y a quelques longueurs, que ça met un peu de temps à décoller et que les sous-titres sont uniquement en anglais. Pour les anglophobes, il convient donc d’avoir Google Trad’ ou un bon vieux dico à portée de main, tant les personnages débitent tout au long de l’aventure. Il serait quand même dommage de passer à côté de tous les détails scénaristiques, surtout avec les multiples références aux épisodes précédents qui permettent aux éventuels néophytes de resituer tout ça.
Kazuma Kiryû, qu’il porte une veste cintrée ou une chemise avec les manches retroussées, nous fait clairement passer pour des gueux ; c’est ce qui frappe en premier lieu lorsque l’on découvre Yakuza 6, un jeu qui pue la classe.
Rempli de clichés, Yakuza 6 reproduit à l’identique le célèbre quartier chaud de Kabukichô (Kamurochô dans le jeu). Rien n’a été négligé par les développeurs (en tendant l’oreille, on peut entendre l’hymne de Don Quijote), et le degré de réalisme est tel que l’on regretterait presque que les développeurs n’aient pas recréé la VR Zone. La nuit tombée, c’est à un véritable déluge de couleurs et de lumière auquel nous avons droit, le moment idéal pour faire le tour des activités. C’est toujours sympa de (re)découvrir certains classiques de la maison en squattant les salles d’arcade – Puyo Puyo, Virtua Fighter 5 Showdown, Fantasy Zone, ou encore Space Harrier. Les bars à hôtesses et le karaoké existent toujours, il y a moyen de lancer une partie de fléchettes (dédicace aux potes d’Arleux), et même d’entretenir sa condition physique en s’abonnant à une salle de fitness RIZAP. Au détour d’une quête annexe, le Dragon de Dojima à l’occasion de se familiariser avec le live chat, une « technologie » inconnue pour lui. En gros, il s’agit de presser correctement les boutons affichés à l’écran pour inciter notre interlocutrice à se dévêtir. Histoire de renforcer l’immersion, SEGA a fait appel aux services de véritables pros de la discipline telles que Yua Mikami et la pulpeuse Anri Okita. On vous rassure, il n’y a rien de sale lors de ces instants de détente ; donc, inutile de sortir les katanas. Enfin, la possibilité de profiter d’un Neko Cafe offre de vrais moments de tendresse.
さようなら
Il n’y a pas qu’à Kabukichô où des à-côtés permettent de varier les plaisirs. En effet, Hiroshima est le premier théâtre de la guerre des clans, un mini-jeu où il va falloir compter sur des hommes de confiance pour fracasser des bouches avec le maximum d’efficacité. Plus concrètement, ces affrontements de rue demandent une bonne gestion des troupes, puisqu’il faudra déplacer ses unités sur le champ de bataille en fonction de leurs forces et de leurs faiblesses. Bien sûr, des alliés mourront au combat, mais en sillonnant les rues d’Onomichi, on pourra piocher dans la racaille du coin. C’est aussi à Hiroshima que l’on se met à la pêche sous-marine. Le face-à-face avec le requin mérite le détour. Bref, il y a toujours quelque chose à faire dans Yakuza 6, le nombre de quêtes secondaires étant particulièrement élevé. Solide en termes de contenu, le jeu l’est également sur le plan visuel. Jamais la 3D n’a été aussi splendide dans un Yakuza ; tout ça, on le doit au Dragon Engine spécialement conçu pour cet ultime chapitre avec Kazuma Kiryû. Si les intérieurs sont soignés, ça défonce encore plus une fois que l’on a le nez dehors. Ce n’est peut-être rien, mais les flaques d’eau qui parsèment la chaussée de Kabukichô, ça tue. A Hiroshima, certaines cut scenes sont ponctuées de panoramas tout simplement splendides. Après, le risque avec un univers aussi vaste, c’est que tout le monde ne soit pas logé à la même enseigne. Comprenez par là que l’on a connu des PNJ plus convaincants au niveau des animations faciales. Ca casse un peu l’ambiance, c’est vrai, mais tant que le job est fait au niveau des persos secondaires – Takeshi ‘Beat’ Kitano est monstrueux – c’est l’essentiel.
Ce manque de fluidité plombe l’impact des coups quand Kiryû-san fait parler ses poings. On dirait que les attaques glissent sur les adversaires au lieu de broyer leurs cotes.
En revanche, ce que l’on peut difficilement ignorer, c’est la rigidité de l’animation. OK, Yakuza 6 est plus souple que les épisodes précédents, mais par rapport aux productions actuelles, ça reste light. Ce manque de fluidité plombe l’impact des coups quand Kiryû-san fait parler ses poings. On dirait que les attaques glissent sur les adversaires au lieu de broyer leurs cotes. En fait, il n’y a que lorsque l’on consomme la jauge de Heat que la violence des droites et des coups de bicyclette dans la gueule est perceptible. C’est dommage, car pour le reste, les développeurs ont assuré. Tout d’abord, on ne doit plus se coltiner trois styles de combat mais un seul, ce qui simplifie tout de suite les choses. L’autre bonne nouvelle, c’est que toutes les occasions sont bonnes pour récupérer de l’XP – aller au restau, accomplir des quêtes annexes, enchaîner les mini-jeux, ou tabasser les malfrats. C’est sacrément bien vu car 1) on n’a jamais l’impression de perdre son temps, 2) ça nous pousse à profiter de tout le contenu du jeu. On note aussi que la transition exploration-combat est désormais seamless, afin de ne pas tuer le rythme. On aurait aimé que l’on puisse se taper librement – c’est-à-dire sans se farcir une arène formée par des curieux – mais peut-être que cette requête sera entendue pour Hokuto ga Gotoku. En tout cas, remplir au max toutes les compétences de Kazuma est primordial pour ne pas mordre la poussière, même si le jeu diminue le niveau de difficulté en cas d’échecs répétés.
UN BON COUP DE BEAT
Comme on l’a dit plus haut, Yakuza 6 est d’une élégance intestable. Il y a des séquences qui marquent vraiment les esprits, notamment celle où Haruto passe de bras en bras, tout ça saupoudré de slow motion. Le duel face à Takumi Someya nous a également donné des frissons, le morceau Bloodstained Philosophy y étant pour beaucoup. Quitte à en faire trop, parmi tous les protagonistes qui croisent la route du héros, pas un est à la ramasse. Les anciens agissent en véritables darons de la mafia, et les rebondissements démontrent que le mind game n’a aucun secret pour eux. Toshihiro Nagoshi a tout fait pour que le tour d’honneur de Kazuma Kiryû ait des allures de grand spectacle à la japonaise, et c’est réussi.