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On l'attend toujours la vraie simulation de flics en point & click qui viendra nous tenir en haleine des semaines durant. Unsolved Crimes, malgré son ambiance 70's prenante et son scénario malin, ne parvient que trop rarement à nous surprendre. N'exploitant jamais à fond tout ce qui fait le charme du métier d'enquêteur criminel, le jeu n'est au final qu'une succession de questions-réponses parsemée ça et là de mini-games, parfois casse-tête certes, qui lassera vite le joueur par sa linéarité. Vivement The Wire le jeu tiens !
- Ambiance 70's funky
- Musique et illustration sonore dynamiques
- Scénario bien cousu
- Concept de base aguicheur…
- …mais sous exploité
- Trop linéaire
- Gameplay peu varié
- Pas très beau
Fort du succès de la saga Phoenix Wright et autres Hotel Dusk : Room 215, voici que la Nintendo DS accueille un petit nouveau dans sa gamme de jeux d'aventure textuel : Unsolved Crimes, un titre édité par Empire Interactive et développé par NowPro. Il s’agit d’un point & click qui vous glisse dans les polygones d'un Horatio Caine virtuel, où le joueur est chargé de résoudre une série d'enquêtes policières comme on n'en voit qu'à la télé.
Nous sommes en 1976, au cœur de New York, et vous voila fraîchement intégré au service d'investigation criminelle de la police locale. Votre chef, le capitaine Abbot, vous assigne une coéquipière en la personne de Marcy Blake, une jeune et jolie inspectrice fort maligne qui vous accompagnera dans toutes vos enquêtes. En trois minutes, le décor est planté, les personnages aussi. L'ambiance funky des années 70 bat son plein, votre chef semble tout droit sorti d'un épisode de Dirty Harry, sort des répliques dignes d'une série B d'exploitation comme on en voit plus ("la scène du crime est encore plus crade que le chien de ma femme") et la Big Apple n'attend plus que vous pour résoudre quelques affaires qui n'auraient pas fait tâche dans un épisode de Cold Case. Commence alors l'enquête. Abbot vous dresse un rapide tableau de votre mission (La victime, les preuves découvertes, les différents suspects leurs témoignages) et vous voilà projeté sur le terrain. Si les premières minutes du jeu arrivent brillement à nous entraîner sur un terrain plutôt jubilatoire – utilisant juste ce qu'il faut de clichés d'un genre forcément attractif, d’un point de vue de l'implication attentionnelle (qui n'a jamais rêvé d'être celui qui allait résoudre la super enquête du siècle ?) – on déchante vite dès lors qu’on arrive sur les fameuses scènes de crime. Par le biais d’une vue à la première personne, vous voilà donc à cliquer un peu partout sur l'écran de votre DS pour dénicher quelques informations susceptibles de faire avancer le schmilblick. Et puisque tout ne peut pas forcément faire l'affaire, votre charmante équipière vous indiquera ce qui est intéressant et ce qui ne l'est pas. Un peu comme si elle avait déjà tout deviné depuis le début, et qu'elle se tenait derrière votre épaule pour s'assurer que vous suivez. Le hic, c'est que vous aussi vous avez cramé le truc à 10 kilomètres (la victime était gauchère, elle s'est suicidée avec son arme dans la main droite... pensez-vous y voir une preuve qu'il s'agit d'un meurtre camouflé ?), mais vous devrez quand même forcément passer par une succession d’épreuves censées vous amener vers une résolution logique de l'affaire.
"L'instinct ne fait pas le flic, la méthode si..." Allez donc dire ça à Jack Bauer !
Pour classer votre affaire, il vous suffira la plupart du temps de répondre correctement à une question au choix multiples posée par vos collègues en vous basant sur vos données personnelles. Arrivé à un certain point, vous devrez faire se recouper des dépositions pour découvrir quel suspect a menti, réduisant peu à peu la liste des présumés criminels. Parfois, vous serez amené à chercher par vous-même un poil dans une seringue, une clef pour ouvrir un meuble ou la trajectoire d'une balle tirée, voire participer à quelques séquences d'action (éviter une voiture ou relever un numéro d'immatriculation), mais dans l'ensemble, la majeure partie du jeu consiste à trouver la bonne réponse à la bonne question. Un gameplay pas forcément varié donc, et qui finit bien vite par se montrer rébarbatif, brillant en plus par l'absence de certaines phases de jeu clefs, comme celle de l'interrogation des témoins, assez frustrante. Impossible en effet d'aller jouer au "gentil flic / mauvais flic" avec un suspect, ce sont systématiquement vos équipiers qui s'en chargeront. Suspects qui d'ailleurs vous seront imposés par la hiérarchie, annihilant par la même occasion la traque aux coupables potentiels, ce qui aurait pu être un plus indéniable pour le jeu. On aurait aimé pouvoir choisir nous même la méthode d'investigation, pouvoir se la jouer Vik McKay en fonçant dans le tas, quitte à devoir en assumer les conséquences par la suite, ou au contraire pouvoir cuisiner les témoins façon Colombo, mais il n'en est rien, puisque le jeu, linéaire au possible, ne nous en donnera jamais la possibilité.
On aurait aimé pouvoir choisir nous même la méthode d'investigation, pouvoir se la jouer Vik McKay en fonçant dans le tas, quitte à devoir en assumer les conséquences par la suite, ou au contraire pouvoir cuisiner les témoins façon Colombo, mais il n'en est rien, puisque le jeu, linéaire au possible, ne nous en donnera jamais la possibilité."
Dommage donc que l'aspect ludique ne soit pas un peu plus exploité, car à contrario, les énigmes proposées, même si elles s'avèrent souvent clichées, se montrent plutôt retors. La difficulté augmentant au fur et à mesure des enquêtes, nos neurones sont vite mis à contribution pour répondre de manière correcte aux interrogations soulevées par les différentes énigmes proposées. Et même s'il suffit les trois-quarts du temps à faire fonctionner votre jugeote pour découvrir que c'est le Colonel Moutarde qui a fait le coup avec le chandelier dans la cuisine, on se prend rapidement au jeu, par simple désir de boucler les dossiers. Un petit gout de "reviens-y" comme on dit, qui pousse le joueur à vouloir aller jusqu'au bout, d'autant que plus on avance dans le jeu, plus les missions semblent en fait mener vers un même point de convergence. Unsolved Crimes dispose donc d'une trame scénaristique plutôt haletante, qui vient compenser des graphismes 3D pas folichons (surtout comparé aux audaces graphiques de Phoenix Wright et Hotel Dusk : Room 215) et des animations monotones. Vos collègues ont trois expressions à tout casser et surtout n'ont jamais rien à vous dire, ce qui nous amène une fois encore à regretter que l'interaction ne soit pas un peu plus poussée avec eux. Les dialogues sont la base de tout bon point & click qui se respectent et en passant outre, le jeu d'Empire Interactive se prive d'un atout considérable pour rendre son soft complet. Nous attendrons néanmoins une hypothétique suite, qui viendra, on l'espère, apporter un peu plus de vie à ce jeu qui malgré de bonnes bases ne va jamais au bout de son concept.