Test SoulCalibur 6 : la flamme brûle-t-elle toujours autant ? sur Xbox One
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SoulCalibur revient de loin et c’est un vrai plaisir de retrouver la série avec un sixième volet réussi. En effet, Project Soul a cherché à renouveler les sensations de jeu sans renier tout ce qui a fait le succès des volets précédents. Résultat : les matchs sont toujours plaisants à la fois à jouer et à regarder, grâce à une maniabilité aussi souple que précise et une action pleine d’énergie. Même ceux qui préfèrent jouer à SoulCalibur en solo devraient trouver satisfaction dans les deux modes scénarisés. On note tout de même que la réalisation est assez décevante par rapport à ce que peut produire les supports du moment. Mais derrière cette surface un peu ternie se trouve bel et bien une âme qui brûle de mille feux.
- Le feeling SoulCalibur
- L’animation toujours aussi classe
- La musique toujours aussi épique
- La création de personnage
- Deux modes scénarisés
- Le jeu en ligne confortable
- De nouvelles mécaniques qui renouvellent l’expérience…
- …même s’il faudra juger leur intérêt sur le long terme
- La réalisation décevante
- Certains persos / styles de combat manquent à l’appel
- Il manque aussi des modes comme le Team Battle
- Trop de dialogues dans les modes scénarisés
Sorti en 2012 sur PS3 et Xbox 360, Soulcalibur V avait laissé un souvenir mitigé : si les joueurs pro l’ont délaissé à cause d’un équilibrage discutable, les joueurs moyens lui reprochaient son manque de contenu. Parallèlement, le jeu se montrait suffisamment bien réalisé et plaisant à jouer pour offrir du bon temps à ceux qui voulaient avant tout se lancer dans d’interminables séries de duels. C’est pourquoi les fans ont accueilli avec un certain soulagement l’annonce d’un SoulCalibur VI qui arrive à point nommé pour célébrer les vingt ans de la saga. Mais a-t-il tous les atouts pour mettre tout le monde d’accord ?
En tous cas, l’équipe de Project Soul est resté à l’écoute et a tenté de combler l’une des principales faiblesses de SoulCalibur V. En effet, alors que de premières annonces évoquaient un mode Histoire ambitieux, le jeu de 2012 ne proposait qu’une campagne courte et linéaire, bien loin du mémorable mode Edgemaster instaurée dans la mouture console de SoulEdge, par exemple. Ainsi, SoulCalibur VI propose, non pas un, mais deux modes scénarisés. Chroniques d’Âme permet de vivre les parcours de chacun des personnages jouables, tandis que la Balance de l’Âme laisse le joueur créer son propre avatar avant de vivre la légende de l’épée SoulEdge selon un point de vue inédit. Ceux qui comptent avant tout jouer à ce SoulCalibur en solo ont alors de quoi se réjouir, mais quelques détails pourraient néanmoins ternir ce tableau qui paraît idyllique à première vue.
La narration qui passe par d’interminables dialogues sur images fixes rend le rythme assez laborieux et les quelques maladresses qui émaillent les textes viennent de temps à autres gâcher l’immersion.
La narration qui passe par d’interminables dialogues sur images fixes rend le rythme assez laborieux et les quelques maladresses qui émaillent les textes viennent de temps à autres gâcher l’immersion. Il faut cela dit être bien tatillon pour s’arrêter à ces quelques points après ces années de disette. Car, en y regardant de plus prêt, on constate que le studio a consenti de vrais efforts pour combler les fans. C’est d’ailleurs à ce second mode que les joueurs devraient consacrer le plus de temps puisqu’il donne l’occasion de vivre une véritable épopée au faux air de RPG, entre les niveaux d’expérience, les armes à acquérir au combat ou chez les marchands et les nombreuses quêtes annexes qui ponctuent l’aventure. Il est même possible de recruter en cours de route des mercenaires pour épauler son personnage lors des combats, ce qui rappelle au passage le mode Chroniques de l’Epée de SoulCalibur III. De plus, non seulement cette campagne s’avère plutôt consistante puisqu’il faut compter une dizaine d’heures avant d’en voir le bout, mais il est également possible de le rejouer en suivant un autre chemin. Car, le joueur est régulièrement amené à faire des choix qui font justement pencher la balance entre le Bien et le Mal, ce qui conduit à différents dénouements.
SOUS L'ÉTOILE DU DESTIN
Si les modes "Chroniques d’Âmes" et "Balance de l’Âme" donne la part belle à l’histoire, c’est vers le classique mode "Arcade" qu’il faut se tourner pour enchaîner les combats sans fioritures. Il s’agit ici de vaincre huit adversaires à la suite, sachant que le chronomètre enregistre le temps écoulé et que l’on peut obtenir une médaille de bronze, d’argent ou d’or en fonction de sa prestation. Le mode Duel permet également d’affronter l’IA ou un autre joueur dans des matchs simples. Il faut en revanche faire l’impasse sur les variantes telles que les modes Survie et Team Battle, qui étaient pourtant des incontournables des productions Namco il y a quelques années mais qui semblent aujourd’hui tombés aux oubliettes, malheureusement. On peut toujours se consoler en allant chercher une multitude de rivaux en ligne, que ce soit au cours de matchs classés ou amicaux. Les chanceux qui auraient déjà mis la main sur le jeu et qui auraient rencontré des problèmes de lag lors de combats en réseau peuvent d’ailleurs être rassurés, puisqu’un patch a déjà bien amélioré les choses. Le jeu met toutefois pas mal de temps à trouver des adversaires en matchs classés, mais cela devrait s’améliorer une fois que le public aura débarqué en masse sur les serveurs.
D’autant que, comme le veut la tendance actuelle dans le monde du jeu de combat, l’équipe Project Soul a voulu rendre sa nouvelle production plus accessible.
Enfin, l’inventaire du contenu ne serait pas complet sans que l’on évoque la liste des personnages jouables. Celle de SoulCalibur VI en compte 21 (22 si l’on compte Tira, le premier personnage supplémentaire à acheter), un nombre qui peut paraître faible de prime abord, mais qui s’avère finalement honnête dans la mesure où le titre propose de la variété. Pour faire la comparaison, le cinquième volet compte 28 combattants une fois qu’ils étaient tous débloqués ; mais ce nombre inclut plusieurs variantes d’Edge Master, des guerriers qui reprennent de manière aléatoire les styles de combat des autres membres du cast. Les fans de la première heure auront toutefois noté quelques absences notables, comme celle de Hwang ou de Yun Seong, mais également les retours de Taki, Xianghua, et du véritable Killik, respectivement remplacés par Natsu, Leixia et Xiba dans le précédent épisode, ou encore Talim, une figure extrêmement populaire de la série. On peut enfin compter sur les indéboulonnables Mitsurugi, Sophitia ou encore Siegfried qui tiennent fièrement leur rang aux côtés des nouveaux-venus aux techniques de combat inédites que sont Groh et Azwell. Le premier utilise une épée double qu’il peut séparer en deux au cours de certaines attaques et surprend par sa grande rapidité, tandis que le second est capable d’invoquer une multitude d’armes afin de contrôler l’espace. Enfin, c’est un invité de marque qui vient compléter l’écran de sélection : issu de la saga The Witcher, Geralt s’intègre parfaitement à l’univers de SoulCalibur. Si cette liste est, quoiqu’il arrive, amenée à évoluer, c’est à travers du contenu supplémentaire payant déjà partiellement annoncé, une habitude désormais bien installée chez les éditeurs. Cette pratique attire toujours une grande réticence chez le consommateur qui, dans le doute, ferait mieux d’attendre plus de détails de la part de Bandai Namco avant de se procurer le Season Pass.
FLUIDE COMME L'EAU
Les joueurs qui comptent à tous prix soutenir la licence SoulCalibur n’attendent, en revanche, qu’une chose par-dessus tout : un jeu qui soit à la hauteur de sa réputation en termes de système et de sensations. A ce niveau, s’il est forcément trop tôt pour exprimer une opinion sur son aspect compétitif à haut niveau, il faut admettre que SoulCalibur VI se montre assez solide pour s’attirer les faveurs d’un public qui cherche avant tout à s’amuser. Ainsi, on retrouve la maniabilité souple et instinctive qui rend les matchs dynamiques et disputés pour peu que l’on joue avec un adversaire de niveau équivalent. D’autant que, comme le veut la tendance actuelle dans le monde du jeu de combat, l’équipe Project Soul a voulu rendre sa nouvelle production plus accessible.
C’est dans cette optique qu’a notamment été conçu le Reversal Edge, ou Revirement Edge en français. Cette technique permet d’interrompre l’offensive adverse et de lancer une séquence qui fonctionne selon le principe du jeu pierre-feuille-ciseau. L’action est alors ralentie durant un bref instant et chaque joueur doit faire un choix : l’attaque verticale bat l’attaque horizontale, tandis que cette dernière a l’avantage sur le coup de pied qui prend le dessus sur l’attaque verticale. Mais les choses sont plus complexes puisque d’autres options rentrent dans l’équation, comme la garde et les différents déplacements. Alors, même si le Reversal Edge peut être utilisé à volonté, sans puiser dans la Soul Gauge, et que le joueur qui le lance est légèrement avantagé, utiliser cette technique demeure un pari risqué. D’une part, un mauvais choix peut directement se retourner vers celui qui a pris l’initiative. D’autre part, il est possible de l’éviter d’un pas de côté, car il est systématiquement initié par une attaque verticale, voire de l’interrompre avec un brise-garde ou un coup imparable et de punir le joueur qui se retrouve alors particulièrement vulnérable. Etant donné que le Reversal Edge est relativement lent à démarrer et qu’il est indiqué par un effet visuel spécifique, ceux qui en abusent risquent à terme d’être sévèrement sanctionnés.
L'ÂME DU GUERRIER
En plus de cette nouveauté, Project Soul a aussi modifié quelques éléments existants, à commencer par la Soul Charge. Lorsque l’on déclenche celle-ci, le personnage repousse son opposant et rentre dans une phase durant laquelle certaines de ses attaques sont plus puissantes ou ont des propriétés supplémentaires, c’est aussi l’occasion de lancer les Brave Edge, ou variantes « EX » des coups spéciaux, de SoulCalibur V. A la manière de certains V-Trigger de Street Fighter V, c’est une manière de retourner une situation mal embarquée, mais au prix d’une défense affaiblie. Par ailleurs, les Critical Edges, attaques ultimes également apparues dans l’épisode précédent, s’exécutent maintenant en appuyant sur les trois touches d’attaques (A+B+K) ou un raccourci dédié, ce qui permet à tout le monde de les lancer facilement. C’est encore un détail qui risque d’irriter les puristes, surtout que certaines de ces furies semblent plus difficiles à punir que d’autres lorsqu’elles sont manquées.
S’il est un point qui risque de décevoir, c’est la réalisation. Pourtant, SoulCalibur VI est loin d’être laid, dans l’absolu. Mais le design réussi des personnages et des environnements peine à cacher quelques faiblesses techniques, comme les contours aliasés et les décors qui manquent parfois de détails en plus d’être assez peu nombreux.
Enfin, les développeurs ont voulu rendre les combos plus simples et il est possible d’enchaîner plus d’attaques en appuyant simplement sur la touche d’attaque horizontale ou verticale plusieurs fois de suite. Cela risque d’inciter les débutants à marteler les boutons, au grand dam des joueurs moyens qui essayent de jouer proprement ; mais, face à quelqu’un de plus expérimentés, on s’expose là encore à de rudes représailles, puisque ces enchaînements simples sont suffisamment lisibles pour être interrompus, notamment par un Guard Impact. Guard Impact qui revient d’ailleurs au fonctionnement traditionnel, sans puiser dans la jauge spéciale, même s’il n’existe ici qu’une version pour contrer les attaques hautes et basses. Au final, bien que les choses doivent être confirmées sur le long terme, les craintes liées à l’aspect plus accessible de SoulCalibur VI sont balayées, du moins en partie, puisque les éléments qui semblaient poser problème peuvent être gérés avec un peu de pratique.
UNE LAME (LÉGÈREMENT) ÉMOUSSÉE
S’il est un point qui risque de décevoir, c’est la réalisation. Pourtant, SoulCalibur VI est loin d’être laid, dans l’absolu. Mais le design réussi des personnages et des environnements peine à cacher quelques faiblesses techniques, comme les contours aliasés et les décors qui manquent parfois de détails en plus d’être assez peu nombreux. Si on ajoute à cela des temps de chargement plutôt longs, on obtient un tableau qui n’est pas à la hauteur de ce que la saga avait toujours montré jusqu’à présent. On peut néanmoins compter sur une animation toujours aussi fluide et détaillée qui donne à chaque duel assez d’énergie pour que l’on y revienne sans cesse, tout comme les musiques toujours aussi épiques. On retrouve d’ailleurs quelques thèmes classiques aux côtés de nouvelles compositions pour une bande-son qui va à coup sûr raviver la flamme dans l’âme de nombreux joueurs. Alors si l’on peut trouver des choses à redire sur ce SoulCalibur VI, on peut tout de même admettre que le gros du contrat est rempli. On espère maintenant que ce nouveau chapitre est un nouveau départ pour une saga qui demeure pour toujours légendaire.