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Novice en matière d’open world, Guerrilla Games réalise un véritable coup de maître avec Horizon : Zero Dawn. Le jeu s’inspire des références du genre tout en ayant l’intelligence d’offrir un univers singulier qui nous a profondément marqués. On a pris un pied monstre à incarner Aloy, une héroïne au charisme limité, certes, mais dont les talents de chasseuse permettent de profiter d’un système de combat archi huilé. Les graphismes sont sublimes, le contenu de la map d’une richesse exemplaire, et le bestiaire rappelle que le studio hollandais s’est fait un nom grâce à Killzone. Mais tout n’est pas parfait dans Horizon : Zero Dawn, à commencer par l’infiltration dont les arcanes ne sont pas encore parfaitement assimilés par Guerrilla Games. Il y a aussi les dialogues à choix multiples qui n’ont aucune incidence sur le déroulement de l’aventure, ainsi que le charisme d’Aloy que l’on n’osera jamais comparer à celle d’une huître. Voilà déjà trois chantiers sur lesquels les développeurs peuvent plancher pour une éventuelle suite qui, à coup sûr, permettrait à la licence de s’installer définitivement parmi les poids lourds du bac à sable.
- L’immensité de la map
- Des quêtes annexes scénarisées
- Une réalisation du tonnerre
- Un univers qui claque
- Le système de chasse efficace
- La richesse du contenu
- Excellente durée de vie
- Ce sound design de qualité
- Le loot parfaitement équilibré
- Une végétation qui pète
- Un bestiaire qui impose le respect
- Zéro temps de chargement quand on se promène sur la carte
- L’infiltration à revoir
- Les dialogues à choix multiples qui n’ont aucun impact sur l’aventure
- Aloy et son manque de charisme
- La VF pas terrible
- L’histoire qui met du temps à décoller
Jamais le terme "open world" n’aura fleuri dans autant de bouches à la fois. Red Dead Redemption 2 – la suite d’une des références du genre – est attendu pour la fin de cette année, Death Stranding (le nouveau jeu d’Hideo Kojima) promet un univers vaste et une liberté d’action totale, et on pourrait également citer The Legend of Zelda : Breath of the Wild qui marque l’arrivée de la série sur le marché du bac à sable. Du côté de Guerrilla Games, l’open world représente une prise de risque, puisqu’après s’être fait un nom grâce son FPS mythique Killzone, le studio hollandais a décidé de se mettre en danger avec Horizon : Zero Dawn. Annoncé à l’E3 2015, le jeu est parvenu depuis à entretenir une hype qui n’a cessé de s’intensifier au fil des mois. Aujourd’hui, c’est l’heure de vérité et nous allons voir si le service marketing de Sony Interactive Entertainment nous a jeté de la poudre aux yeux.
Mise à jour de notre test réalisé le 20/02/2017 à 08:59
Autant y aller franco : Horizon Zero Dawn ne réinvente en rien le genre. On soupçonne même Hermen Hulst et ses équipes d’avoir poncé Red Dead Redemption, Assassin’s Creed, Far Cry ou encore The Witcher pour donner vie aux aventures d’Aloy, l’héroïne du jeu. Quand on est novice, il est naturel de lorgner chez le voisin pour ne pas être à côté de la plaque, ce qui explique pourquoi les bases d’Horizon sont aussi solides malgré l’inexpérience de Guerrilla Games. Ce manque d’assurance, on le ressent dans l’histoire qui peine à décoller. On se laisse happer par l’intrigue au fil des missions, n’affirmons pas l’inverse, mais le script aurait gagné en clarté si ça jactait beaucoup moins et que les dialogues à choix multiples avaient un réel impact sur la suite des événéments. Là, on se retrouve noyé sous un tas d’informations – pas toutes indispensables - comme si les scénaristes avaient quelque chose à prouver. Du coup, on ne saisit pas forcément tous les enjeux, sauf le principal : découvrir les véritables origines d’Aloy et comprendre pourquoi les machines ont pris possession de la Terre. No spoil bien sûr, mais sachez que les développeurs possèdent suffisamment de matière pour envisager une suite. Si dans les mécaniques de gameplay – que nous aborderons un peu plus tard – Horizon : Zero Dawn ne fait pas dans l’innovation donc, il offre en revanche une atmosphère "post-post-apocalyptique" à nul autre pareil ; et c’est d’ailleurs ce qui lui permet de se différencier des autres productions du même type. Des créatures mécaniques et une civilisation dévastée qui se côtoient à travers des environnements à couper le souffle, voilà comment on pourrait résumer en une phrase le cocktail imaginé par Guerrilla Games. Pas vraiment réputé pour avoir la main verte, le studio a fait de la végétation un personnage à part entière dans Horizon : Zero Dawn. Il y en a partout, même dans les endroits les plus reculés de la map.
DE BON ALOY !
De l’autre côté, on a droit à des zones aux couleurs plus froides, vestiges d’une technologie avancée qui échappe à Aloy. Le mariage est parfait, et Horizon : Zero Dawn étale avec brio toutes les nuances existant entre ces deux extrémités. Bien évidemment, aucune transition quand on passe d’un secteur de la carte à un autre, un confort sublimé par la présence d’un cycle jour-nuit et de variations climatiques. On n’a pas sorti une calculette pour mesurer la superficie exacte de la map, mais le jeu n’a pas à rougir face aux valeurs sûres de l’open world. En fait, c’est surtout la générosité de l’univers plus que sa taille qui impressionne. Il y a toujours quelque chose à faire, et il arrive souvent que l’on s’écarte de la quête principale pour remplir quelques missions annexes. Tout se fait de manière fluide et sans le moindre menu, ces objectifs secondaires se déclenchant au gré des NPC croisés par Aloy. Ce qui est particulièrement intéressant avec Horizon : Zero Dawn, c’est qu’un certain nombre d’à-côtés servent le scénario et ne sont pas uniquement là pour gonfler la durée de vie du jeu de manière artificielle. Ceux qui ne désireront pas connaître à tout prix les tenants et les aboutissants pourront toujours se faire plaisir avec les camps de bandits, les zones de chasse, les zones corrompues, et les creusets. Ah oui, il y a aussi les Grand-Cous qui sont l’équivalent des points de synchronisation d’Assassin’s Creed. En piratant leur système, il est possible de défricher progressivement les différentes régions de la carte et leurs points d’intérêt, sachant que l’intégralité de la map est accessible dès le départ ; tout est une question de niveau. En toute logique, on n’ira pas s’aventurer dans un secteur de niveau 32 alors que level de notre personnage n’atteint que 12. Rien ne nous l’interdit, mais c’est l’échec assuré. Il va donc falloir partir à la chasse pour récupérer toutes sortes de pièces détachées.
On n’a pas sorti une calculette pour mesurer la superficie exacte de la map, mais le jeu n’a pas à rougir face aux valeurs sûres de l’open world. En fait, c’est surtout la générosité de l’univers plus que sa taille qui impressionne.
Grâce à son Focus, l’héroïne est en mesure d’accéder à une interface en réalité augmentée qui met en surbrillance les points faibles de ses ennemis robotiques. A la manière d’un RPG, il faudra également veiller à sélectionner les bonnes attaques élémentaires (Feu, Electricité entre autres) auxquels ils sont vulnérables afin d’infliger le maximum de dégâts. Sur une même créature, il n’est pas impossible qu’il faille utiliser deux voire trois éléments différents pour la mettre au sol, ce qui renforce la dimension stratégique des combats. D’ailleurs, puisque l’on en parle, on se rend compte assez rapidement que l’on peut approcher les machines de différentes manières. On peut y aller comme une brute avec les conséquences que ça implique, ou alors jouer la carte de la finesse en scrutant d’abord les environs. La plupart du temps, les Veilleurs quadrillent la zone et donnent l’alerte dès qu’ils repèrent un intrus. Le but est donc de les désactiver dans un premier temps, avant de s’occuper des autres « animaux » plus rémunérateurs en composants électroniques. A vrai dire, l’aspect infiltration d’Horizon : Zero Dawn n’est pas des plus dingues, et il s’agit clairement d’un domaine dans lequel Guerrilla Games doit gagner en maîtrise et en cohérence. Les principes de base sont là (les buissons dans lesquels on peut se cacher pour mieux surprendre les ennemis, l’indicateur lié au niveau de visibilité de notre perso, les adversaires qui passent un secteur au peigne fin en cas de doute, le niveau sonore), mais certaines maladresses font sourire en 2017. Par exemple, comment est-il possible qu’un seul garde entende le sifflement trompeur d’Aloy alors que son partenaire se trouve à quelques centimètres de lui ?
AU LOIN, C'ÉTAIT L'HORIZON
Pareil : quand un cadavre qu’on laisse derrière soi est repéré, seul l’ennemi qui le trouve se met à scruter les environs. Bref, on est loin d’un Metal Gear question infiltration, et une fois que l’on a identifié les deux-trois failles imparables, c’est un jeu d’enfant de se balader sans se faire prendre, d’autant que le Focus permet de visualiser le positionnement des ennemis à travers les murs. C’est dommage, car certaines idées – comme le piratage – sont astucieuses. Plus concrètement, on pourra modifier le système des créatures robotiques pour s’en servir à notre avantage – chevaucher une monture, retourner un Veilleur contre ses congénères, etc. Mais bon, Aloy est avant tout une chasseuse dans l’âme, et elle dispose donc d’un arsenal susceptible de faire fuir ceux qui ne jurent que par les fusils à pompe et l’AK-47. En effet, Horizon : Zero Dawn fait la part belle aux arcs, lance-cordes, crotales, et autres lance-câbles qui représentent autant de moyens de neutraliser l’une des 25 espèces contenues dans le jeu ; tout ça sans compter les pièges que l’on peut poser ici ou là. Naturellement, chaque arme est capable d’accueillir des modules qui améliorent son efficacité, et une simple pression sur L1 permet de passer de l’une à l’autre tout en choisissant le type de munition que l’on souhaite utiliser, et ce sans que l’action ne soit interrompue. Un moyen efficace de maintenir une forme de pression sur les épaules du joueur, bien que l’on s’y habitue assez rapidement au final. Même si les développeurs ont intégré un système économique qui permet d’acheter et de vendre des objets auprès de marchands disséminés un peu partout sur la carte, le craft représente l’un des piliers d’Horizon : Zero Dawn. Aloy peut fabriquer ses propres flèches, des pièges, des potions, des antidotes, ainsi que des sacs de voyages grâce auxquels on peut se rendre à un point éloigné de la carte via R2, à condition d’avoir allumé au préalable le feu de camp correspondant.
Vous l’aurez compris, le loot représente un aspect important du jeu et Guerrilla Games a fait en sorte de l’intégrer de manière habile.
Vous l’aurez compris, le loot représente un aspect important du jeu et Guerrilla Games a fait en sorte de l’intégrer de manière habile. En clair, les items dont on a besoin le plus souvent (pour les flèches, par exemple) abondent, ce qui évite de se lancer dans de longues sessions de recherche. Par contre, pour mettre la main sur des armes ou des tenues bien précises, il faudra chasser telles ou telles machines. Dans ce cas-là, le Focus est d’une aide inestimable puisqu’il permet de savoir quelles pièces on pourra récupérer une fois la bête robotique au sol. Parallèlement, la marge de manœuvre laissée par les développeurs permet de s’en sortir même si l’on ne possède pas un équipement dernier cri. Un choix qui s’explique sans doute par une volonté de ne pas décourager le grand public, celui-ci n’étant pas nécessairement coutumier du levelling et des contraintes du même type propres aux RPG. Les puristes pourront toujours râler, mais il faut bien admettre que ne pas avoir à changer de tenue toutes les deux minutes favorise la fluidité de la progression. Cela dit, on ne crache pas sur les points d’XP avec lesquels Aloy peut débloquer des nouvelles compétences par le biais d’un arbre divisé en trois catégories : Rôdeuse, Brave, Survivante. Selon notre style de jeu, on privilégiera certains skills au détriment d’autres, sachant que les compétences les plus chères peuvent coûter jusqu’à 3 points. Au début, on n’y prête pas trop attention à vrai dire, mais au fur et à mesure que l’on avance dans le jeu, on s’aperçoit que certaines d’entre elles sont vraiment pratiques. On pense notamment à "Désamorçage" pour réutiliser les pièges, à "Attaque de Chef" qui permet d’éliminer silencieusement des unités d’élite, à "Herboriste" pour doubler la capacité du sac médicinal, ou encore à "Concentration" qui permet d’allonger la durée maximale de Concentration. Avec 36 compétences accessibles, il y a de quoi faire d’Aloy la chasseuse ultime.
Sur le plan graphique, Horizon : Zero Dawn fait indéniablement partie des plus belles productions disponibles à ce jour sur PS4.
Sur le plan graphique, Horizon : Zero Dawn fait indéniablement partie des plus belles productions disponibles à ce jour sur PS4. Le titre de Guerrilla Games n’est peut-être pas aussi abouti qu’Uncharted 4, mais ça n’empêche pas d’être en admiration devant cette nature luxuriante. Avec une palette de couleurs aussi élargie, on a l’impression que le jeu passe en revue les saisons, ce qui offre à chaque secteur exploré une identité visuelle qui lui est propre. C’est rempli de détails partout, les textures sont d’une richesse inouïe, et certains passages en nocturne ont vraiment de la gueule. Mais là où le Decima Engine fait fort, c’est au niveau de la modélisation d’Aloy et des créatures robotiques. Ça tabasse sévère et le mode "Photo" permet de mettre en avant toutes les finesses artistiques qui passent inaperçues dans le feu de l’action. On n’est donc pas étonné qu’Hideo Kojima ait choisi le moteur de Guerrilla Games pour Death Stranding, même si l’on observe du clipping et quelques ralentissements sur PS4 classique. Sur PS4 Pro, en plus d’afficher une réalisation plus fine, le jeu est compatible avec les écrans 4K et profite d’un framerate plus stable. Que ce soit sur un modèle ou sur l’autre, les expressions faciales nous ont laissés sur notre faim, de même que certaines valeurs de plan durant les dialogues. Rien de bien méchant, mais il fallait quand même le souligner. Enfin, un mot sur le doublage français qui ne nous a pas du tout fait rêver, contrairement au sound design qui, lui, est top. Le thème principal d’Horizon : Zero Dawn est juste une tuerie les amis.