12 20 3 5
Annoncé comme la nouvelle révolution en matière de First Person Shooter sur consoles au commencement de sa gestation, Geist nous parvient clopin-clopant d’abord à cause de sa réalisation générale vieillotte, ensuite par sa linéarité outrageante. Cependant quelques efforts ont été fournis pour se démarquer de la concurrence et ils méritent d’être soulignés.
- Un concept intéressant
- Des idées originales
- De jolis effets de lumière
- Un mode multijoueur sympathique
- Réalisation graphique dépassée
- Des possibilités limitées
- Linéaire
- Visée imprécise
- Des problèmes de frame-rate
- I.A. pas toujours au point
Difficile de trouver chaussure à son pied en ce qui concerne les FPS exclusifs sur GameCube. Mise à part la série Metroid Prime, au succès incontestable, il était grand temps pour Nintendo de passer à autre chose et pourquoi pas faire dans l’inédit. C’est ainsi qu’est né Geist, dernière production du studio n-Space. Un titre qui s’annonçait prometteur mais qui souffre hélas du contrecoup de ses multiples retards.
M. & Mme Tergeist ont un fils...
A la différence des autres jeux du genre où vous incarnez un héros en chair et os travesti en soldat du futur, Geist nous propose d’incarner l’âme errante de l’agent gouvernemental John Raimi en mission afin de démanteler une organisation secrète aux mœurs plus que douteuses. Parti sur le front et après quelques échauffourées avec le service d’ordre de la Volks Corporation, vous vous faites froidement abattre par l’un de vos coéquipiers qui semblait comme possédé au moment des faits. Et c’est bien là tout le mystère qui entoure ce complexe militaire. D’après plusieurs rumeurs, la Volks Corporation tente des expériences afin de séparer les âmes de leur enveloppe corporelle et d’en faire des soldats de l’au-delà qui ne craignent plus la mort. Jouer au savant fou n’est qu’une étape pour le bien nommé Volks qui a derrière la tête un plan machiavélique : le Project Z. Vous serez bien évidemment aux premières loges pour assister à la domination du monde à moins que, même dans l’autre monde, vous décidiez de saborder son dessein. "Chasser le naturel et il revient au galop". Vos premiers pas en tant qu’esprit sont accompagnés par Gigi, le fantôme d’une fillette damnée. Cette dernière vous apprend que les actions possibles en temps qu’être vivant ne sont plus réalisables sous l’apparence spectrale. En contre partie, vous pourrez allègrement prendre possession des objets et des corps afin d’interagir avec les décors et les humains vous entourant. Vous l’aurez compris donc, il faudra faire le yoyo entre les deux univers dans le but d’empêcher la Volks Corporation d’arriver à ses fins. Et ne pensez pas traverser les murs pour arriver directement à la fin, vous n’êtes pas Casper non plus !
Les choses qu’on possède, finissent par nous posséder
Mais prendre possession d’un corps humain et plus difficile qu’il n’y paraît (si ! si !). C’est ainsi qu’avant de vous réincarner temporairement dans un homme, une femme ou un animal, vous devrez au préalable l’effrayer. C’est à ce moment-là qu’interviennent les objets. Dans l’univers de Geist, tout est bon pour faire flipper même le plus hardi des soldats. Et c’est avec délectation que l’on découvre l’intérêt number one, et peut-être même l’unique, du jeu. Les développeurs de n-Space ont fait preuve d’originalité pour nous dégoter des articles susceptibles de terroriser les vivants : pots de peinture, plaques d’égouts, balais, pommeaux de douche, vitres, ordinateurs, placards, conduits d’aération, lampes, poubelles, tourelles… Voici un simple aperçu tant la liste est importante. N’hésitez pas à vous approprier certains biens matériels car lorsque vous n’êtes qu’une âme, votre jauge spirituelle correspondant à votre santé, diminue au fil du temps. Une fois en place, il ne vous reste plus qu’à foutre une trouille bleue aux personnes désirées. Il existe trois degrés de terreur représentés par trois faisceaux lumineux enveloppant vos proies : neutre (blanc), inquiet (jaune) et effrayé (rouge). Il faudra souvent faire mumuse avec plusieurs objets avant de leur arracher au cri d’effroi. Pour les animaux, c’est le même topo. Pirater un PC ne fera ni chaud ni froid à un chien tandis que lui faire exploser sa pâtée façon puzzle lui décochera quelques aboiements d’inquiétude. Chaque espèce animale (chien, souris, chauve-souris…) nécessitera une approche différente. Tout ça pour quoi au final ? Cohabiter de force dans un être vivant vous permettra d’ouvrir des portes, d’activer certains mécanismes mais aussi de shooter sans retenue vos assaillants. Chose impossible en tant que revenant. Il faudra souvent se creuser la cervelle pour passer d’une zone à une autre. Cependant les énigmes ne sont irréalisables à cause de cette satanée lumière rouge vous indiquant les interactions envisageables sur les objets et les personnes. Par voie de conséquence, tout est dirigé, planifié et il n’y a nullement la place pour l’improvisation. Cette linéarité frustrante est également de la partie lors de la possession d’objets car, par exemple, si tel ordinateur est hackable cela ne veut pas dire que le poste juxtaposant l’est. C’est ainsi tout au long du jeu et le plaisir des premières heures se mue inexorablement en déception.
Doom-like ou FPS ?
Cette déconvenue s’accélère lors des phases de tir en vue subjective. Si Geist se veut avant tout un jeu d’aventure à la première personne, au même titre qu’un Metroid Prime, l’appellation FPS nous rappelle à l’ordre. Certes visuellement le soft de n-Space a tout pour ressembler à n’importe quel First Person Shooter. Mais c’est une fois la manette en main que l’on se rend compte d’un cruel manque de dynamisme. Bien entendu les ennemis (humains et créatures) animent le champ de bataille par leur cadence de feu mais de notre côté en s’ennuie ferme à cause d’une maniabilité trop simpliste sans aucune technique de jeu. Mis à part s’accroupir et tirer, toutes les autres actions disponibles dans la majorité des FPS sont passées à la trappe. Qui plus est, la visée souffre d’un gros problème de précision qui rend le tableau trop bouillon pour les amateurs du genre. Bref un gameplay qui aurait tout juste suffit à l’époque où l’on parlait encore de doom-like et non de FPS. Ce retard se fait également sentir sur le plan visuel. Sans être moche, le jeu ne bénéficie par du dernier moteur graphique à la mode, d’une motion capture moderne ou d’un frame-rate idéal. Encore heureux que les développeurs aient fait le forcing sur les effets de lumières notamment lors des phases spectrales sinon nous aurions été face à un titre sans saveur. Si sur le plan technique, Geist a quelques années de retard, on ne lui enlèvera pas son envie de bien faire grâce à son scénario intéressant et ses bonnes idées. Cela donnera sûrement du baume aux cœurs aux joueurs qui ne sont pas à cheval sur la réalisation.