E3 2010 > FIFA 11
Alors que Konami se demande s'il pourra rejouer au football un jour, Electronic Arts continue de peaufiner FIFA afin de répondre aux exigences toujours plus nombreuses des amoureux du ballon rond. Et c'est dans le but de présenter les dernières innovations qui figureront dans le prochain FIFA 11, que l'éditeur américain nous a conviés à Vancouver où se trouvent les bureaux d'EA Canada et son studio de motion capture. FIFA est-il parti pour rester la meilleure simulation de football jamais conçue ? Premiers éléments de réponse.
Chaque saison, c'est la même histoire : on se demande quelles sont les surprises qu'Electronic Arts nous réserve avec le nouveau FIFA, le gameplay ayant atteint depuis un moment maintenant un niveau d'équilibre qui permet de livrer des matches dignes de ce nom. Même si la version qui nous a été présentée n'était bouclée qu'à 50%, FIFA 11 affiche déjà certaines améliorations visuelles qui prouvent que les développeurs d'EA Canada n'ont pas aimé se faire brûler par SeaBass et ses équipes sur le plan de la réalisation pure l'an passé. Les expressions faciales ont ainsi été retravaillées pour gagner en richesse et en authenticité, et l'apparence physique des joueurs s'étale désormais sur neuf types de corpulence contre trois auparavant – sans compter les cas particuliers type Peter Crouch. Par ailleurs, il nous a été précisé que FIFA 11 emportera dans sa valise trois tailles de chaussettes différentes – l'argument qui tue – et que les cuissards seront visibles lorsque la température flirtera avec le zéro absolu. Si FIFA était donc perfectible sur le plan graphique, il demeure en revanche la crème de la crème en ce qui concerne l'animation des joueurs. Ceux-ci continuent de s'arracher sur chaque ballon comme des morts de faim, et font désormais l'effort de lever la tête sur les centres et les passes en profondeur par-dessus la défense, afin d'ajuster leur positionnement. On n'oubliera pas de signaler la présence de plusieurs styles de course, et les crochets lumineux d'Andreï Arshavin contrasteront avec les sprints plus lourds de Sol Campbell. Pour résumer, FIFA 11 donne toujours l'impression d'assister à un veritable match de football avec le gardien qui gueule sur sa défense, les attaquants qui expriment leur frustration en levant les bras, ou bien encore l'arbitre qui avertit verbalement avant de sortir la biscotte. Naturellement, d'autres gourmandises de ce genre seront incluses dans la version définitive du jeu, mais ce n'est vraiment pas dans le domaine artistique que l'on attendait FIFA 11 au tournant pour être honnête.
"Café crème double expresso"
Car la quinzaine de matches que nous avons pu disputer ont surtout servi à mieux juger les corrections apportées au niveau du gameplay. A commencer par la suppression de l'insupportable "ping pong passing" qui permettait jusqu'à présent de faire tourner le ballon sans le moindre risque de le perdre, et de créer un peu trop facilement des décalages aux abords de la surface adverse. Toujours à l'écoute de la communauté, les développeurs d'EA Canada ont revu leur copie et sont passés au Pro Passing qui tient non seulement compte des aptitudes techniques des joueurs, mais prend également en considération le contexte du match. Si le changement opéré n'était pas complètement perceptible sur certaines phases de jeu, se lancer dans un toro en plein match est dorénavant beaucoup plus compliqué. En effet, en fonction de l'angle et de la pression de l'adversaire, la passe sera plus ou moins précise, ce qui contraint le joueur à contrôler le ballon avant de le transmettre ; les chances de le récupérer sont alors plus élevées. Inconsciemment ou non, le jeu est du coup beaucoup plus porté vers l'avant car on n'est plus à l'abri d'une interception dans sa moitié de terrain. Dans le même esprit, le système Personality + permettra de mieux différencier le comportement des joueurs sur le terrain. C’est connu, Hatem Ben Arfa rechigne souvent aux tâches défensives, et il ne sera pas tout le temps permis de taper des sprints de quarante mètres avec le milieu offensif de l’OM, pour rattraper l’attaquant adverse. Cette volonté de rendre chaque footballeur unique dans FIFA 11 se retrouve également chez les défenseurs : il sera beaucoup plus difficile de berner M’bia avec une feinte moisie que Sammy Traoré par exemple. Excellent. L'autre changement majeur qui nous a sauté aux yeux quand nous avons pris en main FIFA 11 concerne les frappes, même si celles de FIFA 10 avait déjà gagné en consistance. Pour une fois, et n'ayons pas peur de le dire, on se rapproche clairement de ce qui se fait chez PES, avec une sensation de lourdeur qui incite à prendre systématiquement sa chance des vingt-cinq mètres. Wayne Rooney continue d'écoeurer avec sa frappe crackée qui attrape souvent le cadre, mais on se fait également dessus quand Drogba parvient à se mettre en position de tirer. Encore une fois, la précision des frappes dépend grandement de l'inclinaison du stick et du fameux 360° qui ne pardonne pas la moindre approximation, même à ras de terre. Tant mieux. Et puisqu'il convient tout de même de placer quelques mots sur les transversales, celles-ci se montrent d'une pureté incroyable dès lors que l'on arrive à trouver le bon dosage. Avec une physique de balle toujours aussi soignée, renverser le jeu est un pur régal.
Cette volonté de rendre chaque footballeur unique dans FIFA 11 se retrouve également chez les défenseurs : il sera beaucoup plus difficile de berner M’bia avec une feinte moisie que Sammy Traoré par exemple."
En revanche, les centres sont toujours aussi difficiles à maîtriser, au point de faire regretter Virtua Striker. Plus sérieusement, il faut vraiment avoir la foi pour espérer prendre le dessus sur le défenseur et placer une tête dans les filets, même si le pourcentage de réussite est plus élevé dans les situations de contre-attaque. Quoi qu'il en soit, on prie pour que les centres fassent office de véritables armes offensives dans la version définitive du jeu, et ne soient pas considérés uniquement comme un ultime recours. Car il faut reconnaître que ça préfère largement tricoter dans la surface dans FIFA 10, ce qui a tendance à rendre certaines actions prévisibles et figer le jeu. Sinon, ce qui nous a également plu dans FIFA 11, c'est l'inertie des courses qui permet à nouveau de sentir le poids des joueurs, alors que ce n'était plus vraiment le cas la saison passée. Le rythme de jeu nous a semblé un poil plus lent aussi, dans le but de favoriser les actions construites comme toujours. Autre point sensible dans une simulation de football, les gardiens nous ont surpris par leur étonnante solidité sur leur ligne de but et leur faculté à lire correctement la trajectoire du ballon. Comprenez par là que les sorties foireuses en dehors de leurs six mètres ne sont plus qu'un lointain souvenir, et que les un contre un sont encore plus tendus à gérer que dans FIFA 10. Bon, c'est vrai qu'un plat du pied s'avère toujours aussi efficace pour régler l'affaire, mais trouver la diagonale ne nous a pas semblé aussi évident que dans l'édition précédente ; au même titre que les lobs pour lesquels il va falloir désormais s'appliquer avec la présence du Personality +. Ralenti à l'appui, les développeurs d'EA Canada nous ont également démontré que le temps de réaction du portier face à une frappe vicieuse avait été corrigée. Autant il se remettait sur ses appuis à la vitesse de la lumière dans FIFA 10, autant il pourra plus facilement se faire prendre à contre-pied cette année. Avant de boucler nos premières impressions sur FIFA 11, on ajoutera quand même deux choses. La première concerne l'impact physique qui semble toujours avoir son mot à dire dans les duels, Brandao en étant le parfait exemple. Chiper le ballon à l'attaquant brésilien de l'OM a été une véritable galère de ce que l'on a vu, et il faut vraiment y aller pour bouger Samuel Eto'o, même s'il est encore trop tôt pour donner un avis définitif sur la gestion des contacts. Le second point touche l’ambiance sonore de FIFA 11 qui sera entièrement customisable. En effet, il sera possible d’importer ses propres hymnes et chants dans le disque dur de la console, pour rendre encore plus authentique l’entrée des joueurs sur le terrain et la célébration de leurs buts. Comme on pouvait s'y attendre, EA Canada continue de procéder par petites retouches pour améliorer sa simulation de football. Ce n'est pas de la grosse révolution, mais comment pouvait-il en être autrement avec un gameplay qui a atteint sa vitesse de croisière et qui vit désormais au rythme des suggestions d'une communauté de fous furieux ? Bref, pour que FIFA perde sa couronne, il va vraiment falloir un miracle. Réponse dans le courant de l'automne.