Test Warhammer Chaosbane : peut-il vraiment prendre le Diablo par les cornes ?
14 20
Warhammer Chaosbane assume totalement son statut de Diablo-like mais peine tout de même à égaler son maître. La faute en incombe essentiellement à des décors qui manquent de variété, une durée de vie relativement réduite et un contenu endgame assez famélique (ces trois éléments allant évidemment très bien ensemble...). Vendu au prix d'un AAA, le jeu d'Eko Software est en réalité une production relativement modeste, et c'est bien ainsi qu'il faut l'aborder. En modérant nos attentes, on peut alors profiter plus sereinement des qualités du jeu, au premier rang desquelles figurent un gameplay bien nerveux et des graphismes très honnêtes. Warhammer Chaosbane n'est clairement pas le hack 'n' slash de la décennie, mais il reste très agréable à jouer. Et c'est déjà pas mal !
- Quatre classes satisfaisantes
- Gameplay bien nerveux avec les bons builds
- Nombreux mobs par moments
- Effets spéciaux colorés à souhait
- Univers Warhammer respecté
- Environnements très répétitifs
- Bestiaire peu varié
- Pas assez de contenu endgame
- Scénario bateau
- Quelques petits problèmes de finition
Quel est le point commun entre Woody Woodpecker, Charlotte aux fraises et Garfield ? Eh bien ils ont tous eu droit à des adaptations vidéoludiques signées Eko Software. Racheté par Bigben Interactive en septembre dernier, le studio parisien semble vouloir passer la vitesse supérieure, puisque c'est désormais à la licence Warhammer et au genre du hack 'n' slash qu'il s’attelle. Très inspiré par Diablo, Chaosbane tente clairement de chatouiller le hit de Blizzard, mais peut-il réellement lui faire de l'ombre ?
La première étape importante pour un jeu estampillé Warhammer consiste naturellement à respecter l'univers créé par Games Workshop. Pas de souci de ce côté là, la société anglaise veille au grain et les fans de Warhammer auront le plaisir de retrouver des noms de personnages et de lieux connus, et de croiser des créatures qui leur rappelleront les figurines de leur jeunesse. Du côté du scénario, il ne faut en revanche surtout pas s'attendre à quelque chose de révolutionnaire. Chaosbane fait dans le classique, et les "rebondissements" qui émaillent chacun des quatre chapitres sont à chaque fois quasiment les mêmes. Quant au simili twist final, il nous en touche une sans bouger l'autre. Bref, si vous êtes venus pour l'aspect scénaristique, vous allez être déçus. Heureusement, ce point est loin d'être primordial dans un hack 'n' slash, comme a pu nous le prouver Diablo III il y a quelques années. Il est par exemple beaucoup plus crucial de proposer des classes de personnages intéressantes. Et c'est bien le cas ici, puisque les quatre archétypes disponibles se jouent différemment. Le Soldat de l'empire est adepte de l'épée et du bouclier, ce dernier lui servant également à asséner des coups spéciaux. Le Mage haut elfe est un sorcier qui vous offre la possibilité quasiment inédite de contrôler par vous-mêmes le déplacement précis de certaines boules de feu ou d'électricité. Le Tueur nain manie les haches comme personne et combat sans armure ni casque, différents tatouages et coupes de cheveux venant remplacer les classiques pièces d'équipement. Enfin, l'Eclaireuse elfe sylvain combine les avantages d'une classe à distance et d'une classe d'invocation, puisqu'elle est adepte de l'arc et de l'apparition de multiples dryades. Chaque classe peut débloquer de nombreux talents, un système de points de compétence et d'emplacements obligeant le joueur à faire des choix judicieux. Potion de soin infinie avec temps de rechargement, compétences basiques qui rechargent l'énergie, compétences avancées qui en coûtent, et orbes sanguines à récupérer pendant les combats sont également de la partie. Les adeptes du dernier Diablo ne seront donc pas dépaysés.
LE DIABLO SE CACHE DANS LES DETAILS
Les orbes que nous venons d'évoquer font toutefois plus que redonner de la vie. Elles permettent également de charger une jauge dite de "soif de sang", qui permet de déclencher des coups réellement dévastateurs. On pensera donc à garder cette possibilité sous le coude pour les groupes d'ennemis les plus coriaces. Tout comme le hit de Blizzard, Warhammer Chaosbane se manie aussi bien au traditionnel couple clavier/souris qu'à la manette, menu radial et inventaire sous forme de liste permettant au jeu d'être parfaitement jouable sur consoles. D'une manière générale, la production française n'a pas trop à rougir face au mastodonte californien en ce qui concerne la jouabilité. Le gameplay est très agréable, et si les débuts de partie peuvent paraître un peu mous, la nervosité répond rapidement à l'appel une fois qu'on a débloqué quelques compétences avancées. D'ailleurs, le jeu n'hésite pas à nous balancer de multiples petits mobs à la tronche, décuplant ainsi notre plaisir de trancher dans le tas. Cette profusion d'adversaires va de pair avec des effets spéciaux très lumineux et des indications de dégâts qui font bien plaisir. L'ensemble n'est pas toujours très lisible (surtout lorsqu'on a invoqué une demi-douzaine de dryades pour couronner le tout), mais au moins, ça pète ! Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes alors ? Hélas, non. Contrairement à ce que son prix de vente peut laisser penser, Warhammer Chaosbane n'est pas un AAA au budget faramineux, et cela se ressent. Ainsi, il n'est absolument pas question de parcourir un vaste monde semi-ouvert. Chaque quête nous téléporte directement dans l'endroit voulu, et l'on perd donc en immersion et en appropriation des lieux. Plus gênant encore, à l'intérieur d'un même chapitre, le même décor est recyclé à l'identique pour quasiment toutes les missions du moment. Les égoûts de Nuln, la ville de Praag, la forêt enneigée et le royaume du Chaos sont plutôt sympathiques, mais avec seulement quatre décors majeurs pour quatre chapitres on se lasse rapidement.
UN PARCOURS CHAOTIQUE
On peut également pointer du doigt le système économique réduit à sa plus simple expression puisqu'il n'y a pas de véritables marchands dans les villes. On peut offrir les objets qu'on ne souhaite pas garder à une guilde, afin de monter en réputation et gagner quelques bonus, mais c'est tout. La présence d'un arbre des dieux qui permet de débloquer des bonus passifs et des compétences actives supplémentaires, ainsi que le système de bénédiction des objets viennent rajouter un poil de complexité à l'ensemble, mais on reste tout de même très loin des maîtres du genre. De même, le contenu de fin de jeu est assez pauvre. Il est possible de progresser dans les dix niveaux de difficulté en faisant des expéditions (simples chasses aux monstres dans les décors de la campagne), des boss rush (qui permettent d'accéder directement aux quatre boss de l'aventure) et des chasses à la relique (qui ajoutent des petits modificateurs surprise de type "à chaque coup reçu les héros perdent de l'énergie" ou encore "les dégâts des héros diminuent en fonction de leur vie manquante"). Et c'est tout ! Certes, on nous promet l'arrivée dans de futurs patchs d'un mode invasion (au contenu encore mystérieux), d'un mode de mort permanente, de nouvelles pièces d'équipement, de niveaux de difficulté supplémentaire et d'une augmentation du niveau maximum des héros. On attend de voir, mais pour l'heure, sachez que vous terminerez la campagne en une dizaine d'heures, et qu'il ne vous en faudra que deux ou trois de plus pour maximiser votre personnage favori. De manière nettement plus anecdotique, on peut également pointer du doigt l'absence de zoom, quelques descriptions de compétences erronées ou encore l'obligation de redémarrer le jeu si on souhaite en changer la résolution sur PC. Autant d'aspects qui confirment que Warhammer Chaosbane est une production plus modeste que prévue. On y passe de bons moments, il est fort possible qu'on y retourne une fois que du contenu supplémentaire sera disponible, mais elle ne risque pas de détrôner Diablo dans nos cœurs et nos disques durs.