Test également disponible sur : X360

Test Too Human sur X360

Test Too Human
La Note
note Too Human 10 20

Vous aimez jouer à la poupée avec un héros de chair et d’acier qui réduit en copeaux mort-vivants et robots ? Avec son loot délirant – de beaux objets, des plans pour concevoir de beaux objets, des runes pour embellir vos beaux objets, des charmes pour améliorer vos compétences – Too Human est un ravissement destiné aux psychopathes. Et comme tout cela se joue aussi en ligne, c’est à qui possèdera la plus belle armure, la plus grosse épée. Evidemment, pour parvenir à impressionner ses pairs, il est indispensable de se coltiner des heures et des heures de massacres confus dans des environnements parfois hideux, de supporter cette prise en main ratée et de tenter de suivre les circonvolutions enfumées d’un scénario saugrenu. Beaucoup jugeront que le prix à payer est bien trop élevé. Mais la félicité du guerrier collectionneur passe forcément par quelques – longues – souffrances, non ?


Les plus
  • Ennemis par centaines
  • Loot de folie et arbre de compétences
  • Classes variées et options multi
  • Bande-son soignée
  • Contexte original
Les moins
  • Graphiquement inégal
  • Caméra nauséeuse
  • Des ralentissements
  • Combats souvent illisibles
  • Maniabilité aberrante
  • Scénario surréaliste
  • VF médiocre
  • Conclusion bâclée


Le Test

Projet mégalomane hérité du siècle dernier, Too Human sort enfin du placard. Plus franchement attendu, bien seul au milieu de l’impressionnante ludothèque de la Xbox 360, le titre mille fois remanié de Silicon Knights ressemble exactement à ce que les professionnels attendaient : un grand n’importe quoi avec quelques bonnes choses dedans.


Qui se souvient encore de la GameCube ? La jolie machine inutile de Nintendo prend aujourd’hui sagement la poussière sur les étagères de l’Histoire, après avoir tenté de convaincre l’humanité de sa toute-puissance technologique et de son potentiel ludique. A l’époque pourtant, quelques adeptes du plombier moustachu s’étaient, une fois de plus, laissés berner, ne s’inquiétant pas du format propriétaire unique choisi par la firme japonaise ni du manque d’intérêt des éditeurs-tiers. Les enthousiastes se comptaient toutefois aussi parmi les professionnels : studio à l’origine de Eternal Darkness et Metal Gear Solid : The Twin Snakes, soit deux des beaux titres de la ludothèque GameCube, Silicon Knights comptait même offrir son plus beau projet à la machine.

 

Thor tue et Tyr rage

 

C’était sans compter sur l’incapacité totale des Canadiens à délivrer une œuvre personnelle en temps et en heure. Initialement prévu sur PlayStation première du nom, Too Human a également posé un lapin à Nintendo et s’est réfugié chez le seul constructeur à ne pas avoir pâti de ses frasques : Microsoft. Après plus de dix ans de développement sur trois machines différentes, le jeu qui sort aujourd’hui sur Xbox 360 n’a évidemment rien à voir avec le concept originel, oublié depuis bien longtemps. Seule concession au passé, un univers futuriste légèrement inspiré de Blade Runner, comme le souhaitait les développeurs dès le siècle dernier. A cette belle référence sont venues s’ajouter une ribambelle d’influences plus ou moins obscures, qui contribuent à rendre l’intrigue de Too Human parfaitement absconse. Sur le principe, rien de trop farfelu pourtant : sur une terre futuriste plongée dans un éternel hiver, les Ases, êtres mi-hommes mi-machines érigés au rang de dieux par la population, ont fait le serment de protéger l’humanité et de lutter contre l’avancée des glaces. Néanmoins, Silicon Knights a creusé son sujet, et s’est fait une joie d’intégrer toutes les grandes figures de la mythologie scandinave, querelles et trahisons comprises, dans sa grande épopée. Une belle brochette de Ases figurent donc au casting de ces Feux de l’amour cybernétiques, mais aussi Yggdrasil et Niddhögg, Jörmungand et Hel. La maîtresse de Helheim recueille justement le corps de Baldur, votre héros, en début de partie. Mais le digne champion manque tant à ses frères guerriers que ceux-ci viennent reprendre son cadavre au cœur de la cité des morts. Un acte inconsidéré, qui brise le Pacte des Vivants et marque le début de la guerre entre les défunts et Asgard.

 

Odin may cry

 

Et les guerres entre combattants de légende, c’est pas pour les petits bras. Bien qu’alourdi de pesantes cinématiques qui narrent par le menu les querelles éthiques agitant le microcosme divin, Too Human est un hack’n’slash pur sang, gain d’XP, collecte d’objets, découpes de membres et tueries à la centaine compris. Atout majeur, Baldur n’affronte jamais de créatures de bas étage. Les rats toxiques et autres araignées vertes peuvent bien polluer la concurrence si ça leur chante, ici, dès les premières minutes de jeu, vous devez faire face à quelques dizaines de gobelins mécaniques, certes peu résistants mais à l’enthousiasme guerrier communicatif. Assisté d’une petite escouade de soldats humains peu efficaces, votre flamboyant héros doit apprendre à se débrouiller seul, et à massacrer rapidement tout ce qui passe à sa portée. A la manière d’un Dante, Baldur manie à la fois des armes blanches au design effrayant pour le corps à corps et une paire de flingues, ou un fusil, pour les combats à distance. La ressemblance avec Devil May Cry ne s’arrête pas là, puisque vous pouvez enchaîner les combos, fracassant un ennemi avant de passer, d’une magistrale glissade, à votre victime suivante, que vous projetterez dans les airs où vous pourrez continuer à l’enchaîner. Copie éhontée ? Evidemment, mais n’est pas Capcom qui veut, et si les combats de Too Human s’avèrent parfaitement sauvages, joyeusement rythmés, et parfois franchement épiques, que tout cela est brouillon, mal fichu ! Alors que les attaques à distance se gèrent relativement simplement grâce aux deux gâchettes (une par flingue), l’épée se manie uniquement à l’aide du stick droit. Pour sortir une attaque spéciale ou aligner les combos, il vous faut réaliser une combinaison parfaitement malaisée à l’aide des deux sticks, tout ça alors que vous êtes assailli par une douzaine de créatures, dont certaines vous canardent à 30 mètres de distance. La confusion qui règne sur le champ de bataille est largement entretenue par une caméra épileptique et une réalisation des plus inégales.

 

Poupée de sang

 

Palais glacés, vaisseaux abandonnés, les six environnements – quatre hostiles, votre base et un lieu neutre – sont autant d’odes à la démesure. Plafonds presque invisibles, statues gigantesques, vous vous sentirez bien petit en ces lieux majestueux, mais pas toujours esthétiques. Couleurs immondes et textures minimalistes sont autant de défis au bon goût, alors que les effets – notamment un blur omniprésent – qui parent les armures de vos adversaires rendent la lecture des combats extrêmement complexe. Masse de polygones perdue au milieu de pâtés brillants, vous en êtes réduit à faire n’importe quoi avec vos sticks en espérant que, d’une façon ou d’une autre, le terrain se dégage. La mort n’étant pénalisante (vous devez juste supporter une cinématique de quelques secondes), vous pouvez évidemment vous permettre quelques erreurs, mais ces bastons confuses ne manquent pas d’agacer, voire de dégoûter ceux qui n’ont pas le loot dans le sang. Car le principal intérêt de Too Human, c’est d’offrir aux maniaques de la lame mille et un trésors à récupérer, à améliorer, et à utiliser sans pitié contre de pauvres monstres sans défense. Evidemment, le jeu est relativement moche, souffre d’une maniabilité défiant toute logique et d’un scénario obscur à la conclusion ridicule (deux autres volets doivent, théoriquement, voir le jour). Naturellement, tout cela est totalement répétitif et le manque total de charisme des personnages ne donne pas franchement envie d’atteindre la prochaine cinématique ni de recommencer la campagne. Et pourtant, après une quinzaine d’heures de jeu et un personnage pas loin du niveau 30, on se dit que, quand même, pour pouvoir porter cette belle armure rouge de level 40 récupérée sur un boss, on jouerait bien encore six heures. Et pourquoi pas avec un petit camarade, puisqu’il est possible de mener la campagne en Coop, d’autant plus intéressante qu’il existe différentes classes de personnages ? Vous pourriez même faire un peu de business avec votre partenaire : lui vendre quelques objets interdits à votre classe, faire l’acquisition de deux ou trois bricoles et vous la racontez ensuite devant vos camarades du Xbox Live. Finalement, les années d’attente se justifient peut-être. Après tout, ces petits plaisirs-là, c’est pas sur GameCube que vous les auriez satisfaits !





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Florian Viel

le dimanche 31 août 2008, 12:45




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