Test Just Dance 2018 : la fête est vraiment finie, le pire épisode de la série ?
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Compte-tenu du résultat passablement moyen obtenu l’année dernière avec Just Dance 2017, on pensait qu’Ubisoft allait faire ce qu’il fallait pour améliorer l’une de ses licences fétiches de fin d’année. C’était oublier que l’éditeur français avait sans doute d’autres priorités – financières et artistiques – pour se faire respecter par l’industrie du jeu vidéo avec le retour d’Assassin’s Creed. C’est donc sans surprise que l’on assiste au naufrage de cette cuvée 2018 qui n’a pas grand-chose pour plaire aux habitués de la série. Une playlist peu engageante (avec pas mal de déchets et des morceaux où l’on a du mal à retrouver l’esprit festif de Just Dance), des chorégraphies parfois ratées, souvent peu inspirées, des habillages qui transpirent la fainéantise et enfin un contenu qui ne se renouvèle pas, on est clairement devant l’épisode le plus raté de la saga JD. Impossible donc de vous conseiller cet épisode, surtout quand on sait qu’il est vendu au prix fort, et qu’il est possible de profiter du catalogue en ligne avec les Just Dance 2016 et 2017. Cette année, plus que jamais, abstenez-vous.
- Toujours aussi accessible, un jeu de danse pour tous
- Encore plus de J-Pop et de K-Pop
- Le mode "Kid" est une superbe idée
- Pas mal de déchets dans la playlist
- Avec des morceaux qui ne collent pas à l’esprit festif de Just Dance
- Beaucoup de chorégraphies ratées
- L’habillage qui transpire la fainéantise
- L’interface recyclée depuis 2 épisodes
- Intérêt archi limité du mode "Dance Lab"
- On peut enchaîner les Perfect en restant assis sur son canapé
- Les paroles de la chanson d’Andy Raconte sont assez gênantes
Depuis sa création en 2009, la licence Just Dance n’a jamais failli à sa tâche, celle de faire danser des millions de joueurs devant leur téléviseur au moment de rallumer les chauffages dans les chaumières. Pour sa neuvième itération, la série continue d’entreprendre ce qu’elle sait faire de mieux, avec une cuvée 2018 qui a tout de même l’objectif de nous faire oublier l’épisode précédent, décevant sur l’ensemble de ses propositions. Playlist contestable, chorégraphies peu inspirées, interface recyclée, les développeurs parisiens d’Ubisoft ont clairement montré des signes de fatigue et de démotivation. Malheureusement, il semblerait que la morosité soit toujours au rendez-vous cette année encore. Explications.
S’il y a bien un reproche que l’on pouvait faire sur le Just Dance 2017 de l’année dernière, c’était son manque véritable de fun, la faute à des chansons peu engageantes, des chorégraphies moins soignées que d’habitude et à un contenu qui commence sérieusement à sentir le plat réchauffé au micro-ondes. On aurait alors pu imaginer un regain de confiance de la part des développeurs, piqués au vif dans leur ego, mais cette année encore, ces derniers ont décidé de garder la tête baissée, choisissant la voie de la facilité et aussi celle du mauvais goût. Car il faut bien admettre qu’en termes de tracklist, il y a de quoi se poser des questions. Sur les 40 morceaux disponibles sur la galette, une quizaine – à peine – sont parvenus à nous enchanter, les autres étant soit des titres beaucoup trop obscurs pour arriver à nous esquisser un sourire, soit des chansons peu enclines à enchaîner les pas de danse. Evidemment, tout cela est soumis à ses propres affinités et à ses goûts musicaux, on en a bien conscience, mais comment parvenir à s’amuser sur le "Shape of You" de Ed Sheeran ou bien encore le Naughty Girl de Beyoncé, qui sont tous les deux mous du genou et qui ne s’accordent en rien à l’ambiance festive qu’est censé nous apporter Just Dance ? Pire, certains titres tels que "Make it Jingle" de Big Freedia ou le "Dharma" de Headhunter & KSHMR dégagent une atmosphère anxiogène qui donne aussitôt envie de zapper. Même le "How Far I’ll Go" issu de la chanson de Vaiana manque singulièrement de peps et d’une choré inventive pour véritablement se réjouir. C’est le gros souci de Just Dance depuis deux épisodes, qui peine à trouver des chansons fédératrices pour nous donner envie de se déhancher seul ou à plusieurs devant son écran, sans craindre la peur du ridicule. Le jeu tente pourtant de taper dans d’autres registres depuis quelques opus avec des chansons issues de la J-Pop et de la K-Pop qu’on accueille à bras ouverts. Malheureusement, cette année, Ubisoft a fait fausse route en nous proposant le "Sayonara" de Wanko Ni Mero Mero, un cocktail explosif à mi-chemin entre métal et lolipop japonais qui n’a pas sa place dans la playlist de Just Dance, tant le titre est aux antipodes de ce qu’on attend du jeu, à savoir du rythme et de belles mélodies pour danser.
EN ROUE LIBRE TOTALE !
Il n’y a d’ailleurs pas que le choix des morceaux qui nous a gênés dans Just Dance 2018, puisque les chorégraphies sont elles aussi à pointer du doigt. Si la plupart des pas de danse se révèlent travaillés, poussant le joueur à les connaître par cœur, on note aussi de nombreux déchets dans les mouvements, souvent peu inspirés et qui virent souvent au WTF. Alors certes, ces gestes un peu nawak sont – parfois – en osmose avec la chanson en question (In The Hall Of The Pixel King, la version alternative de Dharma, Super Mario), mais il se dégage quand même un certain laxisme de la part des danseurs / coachs, qui donnent l’impression de vouloir aller au plus simple sous prétexte que le morceau en question n’est guère intéressant (Daddy Cool, le thème de Super Mario, Carmen, Beep Beep I’m A Sheep, Blue Da Ba Dee) ou tout simplement de se foutre de la gueule du joueur, comme dans la version alternative de Side To Side d’Ariana Grande Ft. Nicki Minaj, où l’on nous demande carrément de faire du vélo d’appartement. Oui, il y a des claques qui se perdent. Mais les mauvais points à distribuer ne s’arrêtent pas là, puisque Just Dance 2018 déçoit aussi beaucoup en termes d’habillage, chose qu’on pensait impensable jusqu’alors. C’est pourtant la douche froide cette année avec une présentation qui laisse souvent à désirer et qui s’apparentent davantage à des screensavers (Keep On Moving de Michelle Delamor, Make it Jingle de Big Freedia, All You Gotta Do, How Far I’ll Go, Rockabye, Naughty Girl) quand il ne s’agit pas d’un vulgaire fond coloré à peine animé (Chantaje de Shakira, Shape Of You d’Ed Sheeran, Super Mario, Tumbum). Tout n’est pas à railler, fort heureusement, et il y a quand même quelques fulgurances en termes de création. On pense notamment à Automaton de Jamiroquai, Footlose de Top Culture, Risky Business de Jorge Blanco, Diggy de Spencer Ludwig, mais très honnêtement, les réussites artistiques sont rares dans ce Just Dance 2018 qui enchaîne ainsi les déconvenues.
Mais les mauvais points à distribuer ne s’arrêtent pas là, puisque Just Dance 2018 déçoit aussi beaucoup en termes d’habillage, chose qu’on pensait impensable jusqu’alors.
Bien sûr, pour palier à ce manque d’inspiration flagrant, on peut toujours aller se consoler en se rendant dans la rubrique "Just Dance Unlimited", qui n’est autre que la boutique en ligne dans laquelle il est possible d’aller piocher dans les 300 chansons qui sont mises à disposition. L’occasion de retrouver les morceaux des précédents épisodes devenus mythiques aujourd’hui. Malheureusement, on constate que certaines chansons manquent à l’appel et que l’offre est limitée à 90 jours avant de devenir payant, avec des formules qui vont d’une dizaine à une trentaine d’euros. Autant vous dire que si vous découvrez la série Just Dance avec la Saison 2018, vous allez devoir sortir la CB pour dénicher de meilleures pistes que celles proposées dans le jeu de base. En naviguant dans les différents menus du jeu, on constate aussi que les concepteurs continuent de recycler sans vergogne l’interface du précédent Just Dance, qui était déjà une redite de l’épisode d’avant et de celle qui le précédait déjà. Autant vous dire que chez Ubisoft Montreuil, on ne se foule plus vraiment la patte, sachant que Just Dance est sans doute l’un des jeux les moins coûteux à fabriquer du catalogue de l’éditeur français.
LA DANSE DES CANARDS
Que reste-il à Just Dance 2018 pour ne pas finir dans la catégorie "arnaque de l’année" ? En vrai, pas grand-chose. Il y a bien le mode "Dance Lab", mais il s’agit en réalité d’une version à peine déguisée du mode "Just Dance Machine" qui avait été introduit dans l’épisode précédent, et qui avait déjà remplacé le mode "Showtime" de 2015. Le principe n’a d’ailleurs pas vraiment évolué, puisqu’il est question d’enchaîner les chorégraphies dans un medley de sons aussi insipides que les thèmes proposés : incarner un flamant rose, une grenouille, conduire une moto, faire une partie de tennis, le tout étant dispersé sur 8 épisodes au total. Si les premières parties peuvent être marrantes à plusieurs, très vite, on se rend compte de l’intérêt archi limité de la chose, d’autant que les morceaux proposés en terme de musicalité frisent le néant absolu. Le mode "Fitness", qui permet de compter le nombre de calories cramées après chaque session de danse est toujours d’actualité, même si l’on se demande s’il existe des gens pour faire usage de cette option. Cette année néanmoins, on observe une nouveauté plutôt bienvenue : le mode "Kid". Ubisoft a enfin compris que Just Dance n’intéresse pas uniquement les adultes et les adolescents, puisque les plus jeunes (entre 3 et 8 ans) peuvent eux aussi éprouver du plaisir à se déhancher devant leur écran de télévision. Les développeurs ont donc personnalisé le jeu pour nos petits bambins avec une playlist dédiée, des chorés adaptées et un habillage mignon tout plein qui fera son petit effet auprès des enfants.
C’est le gros souci de Just Dance depuis deux épisodes, qui peine à trouver des chansons fédératrices pour nous donner envie de se déhancher seul ou à plusieurs devant son écran...
Pour ce qui est du reste, Just Dance 2018 fait comme ses prédécesseurs, à savoir être laxiste dans la reconnaissance des mouvements, la série n’étant en rien punitive puisque l’idée est de permettre à n’importe qui, grands comme petits, de s’amuser sans la moindre prise de tête. Il y a quand même eu cette vaine tentative l’année dernière de rendre le jeu plus sérieux, la franchise faisant désormais partie des figures de l’eSport, mais Ubisoft a quand même compris que le cœur de cible de son jeu de danse reste avant tout le grand public, celui à qui il ne faut pas demander trop d’exigences en termes de résultat. A ce sujet, Ubisoft a bien respecté les règles qu’il s’est lui-même imposé, puisqu’on a réussi à enchaîner les Super et les Perfect en restant assis sur le canapé. Vous dire à quel point le jeu est laxiste… Autrement, nous avons toujours le choix du device au moment de lancer le jeu. Smartphone, PlayStation Camera et PlayStation Move sont les appareils proposés sur PS4, Kinect sur Xbox One, tandis que sur Nintendo Switch, ce sont les Joy-Con qui sont utilisés, ces derniers étant dotés d’accéléromètres également. Avant de vous laisser, nous tenions à glisser un petit mot sur la chanson réservée à Andy raconte, la nouvelle YouTubeuse choisie par Ubisoft pour tenter de séduire encore plus les jeunes. On ne sait pas qui s’est chargé d’écrire les paroles du morceau en question, mais ses "rimes riches" nous laissent croire que le texte a été couché en moins d’une heure par le premier stagiaire parolier venu. De même, en terme de musicalité et de rythme, c’est nettement moins recherché et efficace que le morceau de Natoo choisi l’année dernière. Bref, un épisode à oublier fissa !