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Test The Devil in Me (The Dark Pictures) : une formule qui commence à trouver ses limites ?

Test The Devil in Me (Dark Pictures) : la formule a-t-elle atteint ses limites ?
La Note
note The Dark Pictures Anthology : The Devil in Me 13 20
The Devil in Me est à l’image de la première saison de The Dark Pictures : perfectible. Si certains plans ingénieux attestent de l’amour des développeurs pour le cinéma d’horreur, la raideur des animations faciales et le manque de relief des personnages empêchent toute forme d’empathie, même face à un choix aux conséquences irrémédiables. En fait, on est surtout intrigué par Granthem Du’Met et le mystère qui l’entoure. La clé se trouve dans les différents éléments éparpillés à travers la réplique macabre du « Château des Meurtres » et ses alentours, un moyen astucieux d’inciter le joueur à l’exploration. Heureusement, celle-ci s’avère moins fastidieuse que dans les épisodes précédents, et ce grâce à l’ajout d’interactions qui sonnent comme une révolution pour la licence en 2022. Pour la Saison 2 de The Dark Pictures, on espère que Supermassive Games saura faire preuve d’innovation, quitte à prendre un peu plus de temps entre deux chapitres. Car avec un autre jeu d’horreur en préparation pour 2025-2026, la formule, déjà rodée, risque sérieusement de lasser.

Les plus
  • Des nouvelles mécaniques qui rendent l’exploration plus agréable
  • Granthem Du’Met, un personnage intrigant
  • La replay value solide
  • Des plans vraiment bien fichus
  • Quelques jump scares efficaces
  • On accroche à l’ambiance
Les moins
  • On ne ressent aucune empathie pour les personnages
  • Des stéréotypes, encore et toujours
  • Des animations faciales raides au possible
  • Il y a encore trop de bugs
  • Quelques soucis au niveau de l’écriture
  • La prise en main demeure assez rigide quand même
  • Le doublage VO/VF qui ne nous a pas convaincus
  • L'heure de la retraite a sonné pour le Conservateur


Le Test

Officialisée en 2018, la série d’anthologie The Dark Pictures est sur le point de boucler sa première saison en donnant le sentiment de n’avoir jamais réellement su se renouveler. On avait bien noté quelques améliorations entre Man of Medan (2019) et Little Hope (2020), mais depuis, rien ne peut nous faire dire que la licence horrifique de Supermassive Games a franchi un palier. Après un House of Ashes (2021) se contentant de suivre la route tracée par ses prédécesseurs, les développeurs ont donc promis d’inclure des nouveautés tangibles dans The Dark Pictures : The Devil in Me. De quoi donner un second souffle à une formule usée jusqu’à la corde ?


The Dark Pictures Anthology : The Devil in MeLes adeptes de The Dark Pictures le savent : le script de chaque épisode s’articule autour de mythes ou d’événements réels ayant alimenté les faits divers des dernières décennies, voire des siècles passés. Après le SS Ourang Medan (Man of Medan), les sorcières de Salem (Little Hope) et la Malédiction d’Akkad (House of Ashes), Supermassive Games a opté pour le serial killer H. H. Holmes. Considéré par beaucoup comme le premier tueur en série américain, il a commis de nombreux crimes au sein de son « Château des meurtres » – un hôtel en réalité – qui a ouvert ses portes en 1893 à l’occasion de l’Exposition Universelle de Chicago. Nous ne révélerons rien de l’intrigue pour ne pas ruiner l’effet de surprise, mais parmi les éléments écrits et audio disséminés dans les niveaux, quelques-uns font subrepticement référence à des anecdotes concernant H. H. Holmes, ce qui devrait sans doute intéresser les fans du genre. Dans The Dark Pictures : The Devil in Me, Charlie (incarné par l’acteur Paul Kaye), le patron de la société de production Lonnit Entertainment, est contacté par Granthem Du’Met, un richissime architecte qui a hérité d’un hôtel situé sur une île isolée et aux caractéristiques assez particulières. En effet, certaines de ses pièces seraient des répliques exactes du « Château des meurtres ». L’offre du bonhomme fortuné est simple : permettre à Charlie et son équipe de réaliser un reportage sur le célèbre meurtrier. Avec des affaires en perte de vitesse, Charlie trouve que cette proposition est l’occasion rêvée de relancer l’activité de sa petite entreprise et accepte donc l’invitation. Bien évidemment, une fois sur place, les choses ne vont pas vraiment se passer comme prévu.

The Dark Pictures Anthology : The Devil in Me

 

Là où The Dark Pictures : The Devil in Me fait preuve d’une grande efficacité en revanche, c’est dans le choix de certains plans qui magnifient la présence du serial killer. Les ficelles sont grosses, les jump scares bien gras, mais on prend volontiers car c’est justement ce qui fait le charme du slasher.

 

The Dark Pictures Anthology : The Devil in MeEn plus de Charlie, Lonnit Entertainment compte quatre membres qui répondent tous à des stéréotypes dont The Dark Pictures a décidément du mal à se détacher. Il y a tout d’abord Kate (interprétée par l’actrice Jessie Buckley), l’animatrice star qui souhaite s’accomplir dans son travail, quitte à mettre sa vie sentimentale de côté. Celui qui en fait les frais est le cadreur Mark (Fehinti Balogun) : son amour-propre est en miettes mais il essaie de faire bonne figure. Quant à la technicienne lumière Jamie (Gloria Obianyo), son caractère affirmé lui permet de braver tous les dangers. Tout le contraire d’Erin (Nikki Patel), l’ingénieure du son récemment recrutée, qui est incapable de mettre un pied devant l’autre sans trembler de peur. On comprend assez vite que Charlie entretient une relation conflictuelle avec certains d’entre eux, en particulier Jessie qui ne supporte plus ses méthodes de travail. Malgré tout, à l’inverse de The Quarry qui prend le temps de développer ses personnages, The Dark Pictures : The Devil in Me n’en a cure et accorde limite plus d’importance à la manière dont ils vont éventuellement mourir. Au final – et même si c’est l’un des grands principes du slasher – on en apprend davantage sur leur bourreau, et lorsqu’ils ont le malheur de tomber entre ses mains, on ne ressent absolument aucune empathie. C’est quand même terrible pour un jeu dont le concept repose justement sur des choix dont les conséquences peuvent être dramatiques pour les protagonistes. D’ailleurs, au terme de notre premier run qui aura duré environ sept heures, seuls Jamie et Mark étaient encore debout. On voit à peu près comment on pourrait sauver les autres membres du groupe, sauf un qui, quelle que soit la décision prise, décède systématiquement. Son destin se joue vraisemblablement un peu plus tôt dans l’aventure, ce qui permet de rappeler qu’il y a moyen de redémarrer une session à partir d’un chapitre déjà joué, et d’essayer ainsi de changer le cours de l’histoire.

The Dark Pictures Anthology : The Devil in Me

 

ELI ROTH'S HOSTEL

 

The Dark Pictures Anthology : The Devil in MeSupermassive Games avait juré que la prise en main de The Dark Pictures : The Devil in Me serait plus souple, et c’est vrai que comparé aux autres épisodes de la série, les commandes ont été étoffées. Cela peut paraître surprenant, mais il aura fallu attendre trois ans pour que les développeurs jugent utile d’intégrer la course. C’est quand même plus confort pour explorer les lieux, d’autant qu’ils sont truffés de secrets et autres prémonitions. On a la possibilité d’accéder à des zones habituellement inaccessibles en déplaçant des caisses avant de grimper dessus, ou alors en s’introduisant dans des espaces étroits. Sauter par-dessus des trous fait également partie des mécaniques inédites, au même titre que marcher en équilibre sur une poutre. Ces contrôles, qui n’effacent pas totalement la rigidité de The Devil in Me, le rendent un poil plus varié en matière de level design bien que l’approche demeure assez dirigiste dans l’ensemble. Concernant la caméra, qui n’est plus fixe depuis The Dark Pictures : Little Hope, elle a par moments du mal à suivre les pérégrinations des personnages, comme si Supermassive Games avait oublié de la caler sur les sprints fraîchement ajoutés. Parmi les autres innovations pensées par les développeurs, il y a le fait que chaque membre de Lonnit Entertainment dispose d’items qui leur sont propres. Accro à la cigarette, Charlie peut par exemple éclairer les endroits obscurs à l’aide de son briquet et même déverrouiller les tiroirs avec sa carte de visite. Erin, elle, possède un inhalateur pour calmer ses crises d’asthme et est aussi capable de repérer la source d’un bruit en dirigeant son micro dans la bonne direction. Kate, pour sa part, a un crayon grâce auquel elle fait apparaître des messages invisibles à l’œil nu. Quant à Jamie, elle peut compter sur son multimètre pour réparer les fusibles et sa lampe torche, alors que Mark ne se sépare jamais de son monopode et de son appareil photo.

 

The Dark Pictures Anthology : The Devil in Me

 

Ces objets apportent-ils réellement une plus-value au gameplay ? Ça dépend. Si leur utilisation reste classique (Mark qui déploie son monopode pour atteindre un carnet placé en hauteur), voire anecdotique (on se demande encore à quoi sert le multimètre de Jamie), certains événements font qu’ils peuvent se retourner contre nous. Là encore, nous préférons vous laisser le plaisir de la découverte. Par contre, compte tenu que nous n’avons pas encore exploré tous les embranchements du jeu, des interrogations subsistent, notamment en ce qui concerne l’inhalateur d’Erin. Idem pour l’appareil photo de Mark que l’on soupçonne d’avoir un impact sur le dénouement final même si nous n’avons pas été en mesure de le vérifier. Nul doute que les différentes alternatives imaginées par Supermassive Games seront divulguées sur YouTube une fois le jeu disponible, y compris les morts. D’ailleurs, The Dark Pictures : The Devil in Me n’échappe pas aux habituelles issues capillotractées, dont une qui nous a stupéfiés tant elle sort de nulle part. Naturellement, les QTE ne manquent pas, la fenêtre d’action étant plus ou moins serrée selon le niveau de difficulté sélectionné (il est possible de le modifier à la volée). Ainsi, lorsque l’on est planqué derrière un mur ou sous une table, le rythme cardiaque est plus intense et les touches à presser changent en cours de route. Et pour ce qui est des énigmes, il ne faut pas s’attendre à des miracles. Ramasser des clés, enclencher des interrupteurs, récupérer des codes pour accéder à telle ou telle pièce de l’hôtel : ce n’est pas avec ce genre de casse-tête que l’on va se triturer les méninges. Il y avait clairement mieux à faire.

The Dark Pictures Anthology : The Devil in Me

 

Si Supermassive Games a peaufiné le sound design pour rendre irrespirables les moments de tension, on ne peut pas dire que le doublage soit des plus convaincants. Qu’il s’agisse de la VO ou de la VF, le studio nous a en effet proposé beaucoup mieux par le passé – The Quarry, par exemple.

 

The Dark Pictures Anthology : The Devil in MeLà où The Dark Pictures : The Devil in Me fait preuve d’une grande efficacité en revanche, c’est dans le choix de certains plans qui magnifient la présence du serial killer. Les ficelles sont grosses, les jump scares bien gras, mais on prend volontiers car c’est justement ce qui fait le charme du slasher. On pardonne beaucoup plus difficilement la médiocrité des animations faciales qui n’auront jamais évolué tout au long de cette première saison. Elles nous sortent littéralement du jeu, le regard vide des personnages créant un décalage avec les émotions qu’ils sont supposés éprouver. On est en plein dans la vallée de l’étrange, clairement. Pour le reste, The Devil in Me affiche à la fois les mêmes qualités (maîtrise de l’éclairage, les intérieurs sympathiques) et les mêmes défauts (la rigidité des animations, les niveaux extérieurs un peu moins soignés) que ses prédécesseurs. Si Supermassive Games a peaufiné le sound design pour rendre irrespirables les moments de tension, on ne peut pas dire que le doublage soit des plus convaincants. Qu’il s’agisse de la VO ou de la VF, le studio nous a en effet proposé beaucoup mieux par le passé – The Quarry, par exemple. Enfin, n’oublions pas de mentionner la présence d’options tournées vers l’accessibilité (aussi bien pour les sous-titres que pour les QTE) et du traditionnel mode multijoueur. Le programme n’a pas changé : soit on décide de faire la campagne avec un camarade en ligne, soit on trouve quatre potes et on fait tourner la manette en local pour incarner un personnage à tour de rôle.


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