Test Streets of Rage 4 : une suite faite avec respect et amour, une réussite ! sur PS4
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Attendu par tout un parterre de fans, encore plus dans la conjoncture actuelle, Streets of Rage 4 fait mouche juste comme il faut, sans commettre d’impairs majeurs mais sans révolutionner le genre ni la saga non plus. C’était aussi le credo des différentes équipes de développement, qui avait à coeur de proposer un opus dans la lignée, mais avec le dosage de nouveautés nécessaire pour ne pas tomber dans le remake pur et dur. Et force est de constater que le dosage est réussi. Tout en gardant l'essence de la saga, les petits gars de chez DotEmu et de LizarCube ont su insuffler cette touche de modernité qui font de ce Streets of Rage 4 une suite qui transpire à la fois le respect pour le matériau d'origine et l'amour qu'ils ont pour un genre qu'on pensait avoir disparu avec le jeu vidéo d'aujourd'hui, surtout en 2020. Vous l'aurez compris, Streets of Rage 4 est une véritable réussite !
- La jouabilité, agréable et bien pensé
- La DA du jeu
- Le Battle Mode
- Le rétro et le fan service à fond la caisse
- Le prix
- Pas de vraie fin
- Certains personnages in game auraient mérité d’être débloqués
- Pas inintéressant en solo mais clairement axé multijoueur
- Une difficulté pas toujours bien dosée
- Un opus quand même réservé pour les fans
De retour 25 ans après son tout dernier volet, Streets of Rage 4 jouit d’une belle fenêtre de tir avec le confinement pour faire parler de lui et raviver la flamme des nostalgiques. Mais voilà justement où se situe le défi pour ce 4e épisode, développé par les studios français Lizardcube et DotEmu et ceux canadiens de Guard Crush Games : ravir à la fois de bonheur les plus anciens, ne pas dénaturer une saga mythique et aller chercher un tout nouveau public.
Je ne vous le cache pas, lorsque le test de Streets of Rage 4 est arrivé à la rédac, il y a eu comme une sorte d’ébullition de la part de l’équipe. Il faut dire que le passage de deux des créateurs du jeu au bureau (un très bon moment à revoir dans l’émission JEUXACTU) a eu son effet, celui de nous détailler les grandes lignes du gameplay mais aussi de nous allécher de manière conséquente. On parle quand même de Streets of Rage quoi… le beat them all phare des années 90 du côté de Sega, avec son scrolling horizontal, ses déplacements verticaux et horizontaux, ses hordes d’ennemis et une difficulté juste ce qu’il faut de bien frustrant pour avoir envie d’y remettre le nez dedans. Justement, on va en reparler. Vingt-cinq après, reste à savoir si la magie peut opérer. A l’heure des gros titres bien musclés sur la génération actuelle de consoles, est-ce qu’un beat them all en 2D, au style crayonné et au design volontairement cartoon, à mi-chemin entre le manga et le comic-book sur certains aspects - peut encore faire la différence ? Fort de la réussite de Wonder Boy: The Dragon’s Trap (remake du titre de 1989, Wonder Boy III), le duo LizardCube-DotEmu partait tout de même avec de solides certitudes. Et manette en main, force est de constater que le pari est tenu. Après quelques parties, on retrouve évidemment tout le sel de la saga Streets of Rage.
On ne s’étendra pas sur le scénario, pour ne pas vous priver d’un certain suspense, même si une fois de plus, il s’agira de nettoyer la ville de Wood Oak City de la racaille ambiante et d’un duo de malfaiteurs particulièrement malfaisants. On peut confirmer ce que les créateurs nous disaient sur le plateau : le “scénar”, dont l’action se tient 10 ans après les événements de Streets of Rage 3, n’est pas hyper poussé - tant pis pour les amoureux d’histoire bien fournie et léchée - et le choix des cinématiques en style case de BD aurait pu faire mouche si les éléments avaient été mieux détaillés. Quant à la fin, c’est clairement le plus gros bémol de ce Streets of Rage 4, qui nous tient en haleine pendant plusieurs heures à coup de combos bien sentis, pour nous renvoyer dans les cordes ensuite avec une ligne de crédits pour guise de conclusion. Oups, il ne fallait pas le dire ?
PUTAIN, 25 ANS !
Cela est d’autant plus regrettable que l’accès au roster complet et définitif du jeu - les fameux douze participants cachés - passe par plusieurs fins pour les cinq personnages initiaux, dont trois de la trame originale et ayant bien vieillis, dans différents modes de difficultés. Pour le coup, on peut saluer le système, qui récompense les gros scores. Le joueur a une barre de scoring général, avec divers paliers à atteindre, qui ne sont autres que les fameux persos cachés, à savoir les versions rétro (16 bits) d’Axel Stone, d’Adam Hunter (porté disparu depuis le premier opus et que l’on retrouve enfin, après l’avoir aussi débloqué dans sa version SR4), de son frère Skate, de Blaze Fielding, de Shiva, Max et du Dr Zan, autrement dit les persos de Streets of Rage, Streets of Rage 2 et Streets of Rage 3.
Streets of Rage 4 se veut à la fois une suite logique et fidèle de la saga, tout en ayant ce soupçon de réinvention bien pensé.
Si visuellement, revoir les bouilles tout en pixels de tous ces combattants fait son effet, ces derniers ne sont pas en reste question gameplay, qu’il est bien temps d’aborder. Streets of Rage 4 se veut à la fois une suite logique et fidèle de la saga, tout en ayant ce soupçon de réinvention bien pensé. Si Axel, Blaze et Adam ont vieilli, leur art du fighting est, lui, bien vivace. On castagne toujours tout ce qui bouge dans les rues de Wood Oak City, à coups de poing, de pied, de coups de pied chassé et de prises, toujours aussi jouissives à placer. Les standards du beat them all de l’époque sont de rigueur : les jungles et les rush sauvages dans les coins, les combos, certes répétitifs mais qui font toujours aussi plaisir à entendre et à placer, ainsi que l’environnement, destructible mais aussi pourvoyeur d’armes, avec des couteaux, des battes de baseball, des tuyaux de gouttière ou encore des matraques. Là où Streets of Rage 4 se démarque (et brise une certaine monotonie), c’est avec un tout nouveau système de coups spéciaux, qui s’apparente à un pari : qu’il soit utilisé en défense (personnage statique) ou en attaque (perso en mouvement), ce coup spécial entame une partie de votre barre de vie, vie que vous pourrez récupérer à condition de pouvoir enchaîner correctement et sans être touché avec un combo normal. Evidemment, en début de partie, le risque est minime et l’enjeu de puiser dans ces super-coups un peu moins important. Il n’en est pas de même au milieu de l’aventure, où l’on peut vite se faire déborder par la horde d’ennemis, notamment en solo, dont la difficulté est somme toute assez inégale entre les niveaux (on y reviendra, promis), nous obligeant à recourir de façon systématique à ce type de coups. La panoplie des personnages présents a aussi son rôle à jouer dans cette adversité.
UN - BEAU - MONDE EN PIXELS
Les cinq protagonistes initiaux de cette nouvelle aventure se démarquent de la même manière que ceux des épisodes précédents : le nouveau Floyd Iria, fruit des travaux du Dr Zan est un choppeur puissant, plus lent que ne l’était Max mais beaucoup plus destructeur avec son super laser. Axel Stone est le personnage technique, de la même manière qu’un Ken dans Street Fighter mais moyen dans les autres dommages. Enfin, Adam et sa fille Cherry, nouvelle venue elle aussi, excelle en vitesse d’exécution - ce qui fait clairement la différence dans les derniers niveaux - alors que Blaze a un jeu aérien très dominant. En plus des coups spéciaux et de la gestion de vos vies, il vous faudra gérer votre stock d’étoiles, sorte de monnaie d’échange pour pouvoir déclencher vos super-attaques, bienvenues pour assainir une zone un peu trop chargé d’ennemis. Et évidemment, vous devrez aussi composer avec les caractéristiques de chaque perso pour pouvoir pallier avec les différents niveaux de difficulté proposés par le jeu.
On le disait plus haut, les persos rétro ne sont pas en reste. Mais ils ne sont pas là pour faire du décorum. Si leur design change en fonction de leur version (SR1, SR2 ou SR3), leur jouabilité également. Par exemple, les combattants de SR1 disposent de combos très, très forts, notamment pour compenser l’absence de coups spéciaux, ce qui ne révolutionne pas évidemment l’ensemble du titre mais apporte suffisamment de fraîcheur pour en doper l’intérêt sur la durée. Et puis, quel bonheur de voir une séquence tout en pixels se déclencher lors de l’activation d’une super attaque sur le champ de bataille, comme le renfort de la police pour Axel ! Le fan service marche à fond, en plus des clins d’oeil à l’épisode 2 disséminés ça et là en arrière-plan (les développeurs n’ont jamais caché leur appétence pour ce volet, considéré comme le meilleur de la série) et ne s’arrête pas qu’aux personnages, puisqu’on peut même revivre l’aventure avec la bande-son originale de Streets of Rage et Streets of Rage 2. Rien que ça.
PAS POUR LES FRAGILES
Alors, séduit par ce 4e volet ? Oui même si ce dernier n’est pas exempt de reproches et de petites défaillances. S’il n’y a rien à dire sur le parti pris graphique, qui se tient du début jusqu’à la fin, ni sur l’ambiance sonore, avec un travail de concert entre le Français Olivier Derivière et notamment les compositeurs originaux des trois premiers épisodes, Yuzo Koshiro et Motohiro Kawashima, Streets Of Rage 4 a les défauts de ses qualités, à savoir un aspect parfois brouillon sur les bords et une difficulté - on y revient - parfois beaucoup trop excessive parfois et donc inégale (surnombre d’ennemis, comportement un peu yollo de l’IA aussi), notamment lors des combats de boss, pas tous logés à la même enseigne. Il apparaît très vite que le jeu est avant tout pensé pour une expérience multi et après tout, au vu de la communication générale autour du titre, c’est aussi comme ça qu’il a été vendu.
L’impression générale de l’expérience Streets of Rage 4, c’est celle de se retrouver devant une bonne vieille borne d’arcade.
Heureusement pour ceux qui n’auraient pas de teammates chez eux à disposition (confinement oblige), le multi est disponible en ligne mais uniquement jusqu’à deux joueurs. Au moment d’écrire ces lignes, nous n’étions pas en mesure de le tester. En revanche, le multi local permet de distribuer des baffes à 4, et le rendu est aussi jouissif que WTF puisqu’on peut aussi, dans l’euphorie du combat, se balancer quelques baffes bien sentis entre coéquipiers. De quoi provoquer des petits différents, que l’on peut régler dans un Battle mode dédié, le mode Duel, qui permet de s’affronter sur huit tableaux issus du mode Histoire, en reprenant l’ensemble des éléments cités plus haut, à savoir un environnement à appréhender (comme les obstacles sur le train) et des alliances ou non à déterminer. Façon Koh-Lanta un peu. On l’a dit également plus haut mais Streets of Rage 4 arrive dans les bacs au meilleur des moments finalement, à un tarif attractif (25 euros) et sa durée de vie conséquente devrait faire des heureux. Outre son mode Histoire et ses persos à débloquer ou encore le mode Duel donc, on peut aussi traverser l’aventure en mode Arcade, c’est-à-dire comme dans une borne (sans la pièce) et avec un seul crédit (5 vies) à disposition… ou alors aller chatouiller tous les boss du jeu les uns après les autres, dans le mode Combat de boss. C’est d’ailleurs l’impression générale de ce titre, celle de se retrouver presque devant une bonne vieille borne d’arcade, le stick en moins, qui prédomine tout au long de l’expérience Streets of Rage 4.
Finalement, les regrets apportés sur ce quatrième volet sont un peu dans le fond : on aurait aimé voir certains boss se muer en personnages jouables (on pense à la policière Estel Aguirre), aimé pouvoir customiser les fringues des personnages (à l’inverse, on peut choisir ce que l’on souhaite manger pour récupérer des forces, à savoir les légendaires pomme ou poulet mais aussi du tofu, un ramen, un burger, des frites…). Et aimer que l’ensemble à l’écran soit un peu moins brouillon parfois. Mais c’est ça qui était bon finalement dans les beat them all de l’époque ? Alors, ça marche largement pour Streets of Rage 4, que l’on vous recommande, surtout si vous êtes un aficionado de la première heure, cible très claire de la part des différents studios, qui n’ont pas lésiné sur le stuff de l’édition collector que nous avons détaillé quelques heures plus tôt. Pour les nouveaux venus, il ne s’agit pas du jeu de l’année techniquement mais un beat them all bien ficelé. Il serait dommage de passer à côté. Surtout à ce prix-là.