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C’est toujours délicat de lancer une grosse licence sur une nouvelle console, même portable, surtout quand vous vous êtes mis en tête de renouveler la série. Et les développeurs de WayForward ont tout gâché avec ce Silent Hill : Book of Memories. Eloigné de l’univers Silent Hill, il ne conviendra pas aux fans de la saga. Pire encore, il ne conviendra pas non plus aux amateurs de hack’n slash à qui il fait écho qui trouveront ici un jeu monotone, ennuyeux et assommant. Faire évoluer son personnage et ses armes est fastidieux, la faute à un level-design peu inspiré, d’un manque flagrant de rythme, de musiques répétitives et de temps de chargement exécrables. Et ne cherchez pas refuge vers le multijoueur, Silent Hill : Book of Memories en garde les mêmes tares.
Retrouvez plus bas la suite de notre test de Silent Hill : Book of Memories
- L’aspect jeu de rôle
- Du loot et du levelling
- Du coop’ à 4
- Visuellement limité
- Level-design répétitif
- Manque cruellement de rythme
- Scénario décousu
- Les temps de chargement
- Musiques et VF décevantes
- Peu de joueurs en ligne
Même si la franchise existe maintenant depuis 13 ans, seuls deux vrais épisodes ont vu le jour sur console portable, en l’occurrence la PSP, et il était donc presque naturel de retrouver la licence sur PS Vita. Toutefois, si vous comptiez retrouver un survival-horror dans la même veine que les autres épisodes, vous allez être déçu, car ce Silent Hill : Book of Memories n’a pas grand-chose à voir avec ses aînés. Oubliez donc le jeu d’aventure où l’on frémit à la moindre ombre qui bouge, dès que notre arme est vide ou lorsque la jauge de santé clignote. Avec Silent Hill : Book of Memories, c’est l’action qui prime avant tout, car il s’agit désormais d’un hack’n slash tournant autour d’un bouquin magique que le personnage principal reçoit le jour de son anniversaire. Et devinez d’où ce grimoire est expédié ? Silent Hill, bien évidemment ! Et ce livre permet de réécrire l’histoire, de la façonner au travers des rêves ; c’est tout au moins comme cela qu’il est présenté. En jeu, le scénario semble décousu, fait de notes disséminées aux quatre coins de chaque niveau, de téléviseurs qui s’allument sur une séquence de votre vie et de quelques cinématiques, tant et si bien qu’on lâche vite l’affaire pour découvrir l’âme du jeu. C’est donc face à un hack’n slash que l’on a affaire. Les développeurs de WayForward ont zieuté du côté des dungeon-RPG pour innover un peu car il faut bien le reconnaître, depuis plusieurs épisodes, la saga Silent Hill tourne en rond. Et donc pourquoi ne pas faire dans le jeu d’action bien bourrin en y intégrant quelques éléments de jeux de rôles ?
Mémoire de nos pères
Après avoir personnaliser votre avatar, homme ou femme, grâce à un choix assez restreint de tenues, coiffures et autres accessoires, vous êtes balancé dans la première zone du jeu. Chaque niveau est constitué de couloirs reliant plusieurs pièces. Si les corridors sont sûrs, on ne va pas en dire autant des autres cellules qui regorgent des créatures dont seul Silent Hill sait en fabriquer. Et c’est en massacrant un maximum de zombie nurses ou de pyramid-heads, pour ne citer que les plus connus, que vous engrangerez de l’expérience utile pour faire progresser votre personnage dans tous les domaines. Force, dextérité, intelligence, agilité, chance, toutes les compétences habituelles aux RPG sont présentes. A vous de faire les bons choix au moment d’évoluer pour améliorer les attaques ou la défense de votre avatar. Ces caractéristiques sont également améliorables grâce aux artefacts qui vous confèreront des bonus supplémentaires. Et comme tout bon RPG qui se respecte, il faudra attendre et atteindre un certain niveau pour libérer de nouveaux emplacements pour assigner des items bonus. Avec 100 zones de jeu, vous aurez de quoi vous occuper avec Silent Hill : Book of Memories. Surtout qu’en plus de faire progresser votre personnage principal, les armes disposent également de levels. Plus vous utilisez une arme, plus vous ferez grimper son niveau et donc ses dégâts, sa précision et sa durabilité. Le loot a également sa place ici car entre les armes contendantes qui se dégradent au fur et à mesure des coups et les armes à feu aux munitions limitées, il faudra souvent changer d’équipement, à moins d’avoir de quoi réparer ou recharger ses armes. C’est en fouillant chaque pièce, en ramassant parfois l’arme des cadavres ou en faisant un détour par le magasin que vous pourrez changer d’arsenal. D’ailleurs, la boutique vous propose aussi d’acheter des artefacts et des nouvelles tenues pour personnaliser d’avantage votre personnage. Mais il ne faudra pas se montrer trop avare car ces items inédits coutent une blinde. Le levelling est donc le bienvenu, aussi bien pour s’améliorer que pour upgrader ses armes ou renflouer les caisses. Mais quel labeur ! Il faut bien l’avouer, Silent Hill : Book of Memories manque de rythme et n’arrive pas à se renouveler au bout de quelques niveaux, malgré la jauge de Karma qui, en fonction des ennemis que vous terrasserez, vous octroiera des aptitudes additionnelles ou vous permettra de passer inaperçu aux yeux des ennemis. Hormis quelques défis secondaires et les énigmes de fin de niveau – consistant toujours à placer des objets dans le bon ordre –, ce ne sont pas les rares combats contre les boss qui vont changer le constat. On passe le plus clair de son temps à errer dans les niveaux à la recherche d’une satanée clef introuvable, d’une note qui nous aurait échappée ou de la pièce qu’on aurait omise de visiter. Et donc durant ces va-et-vient incessants, la musique devient vite redondante. A l’exception du thème de l’écran-titre, la bandes-on est décevante, au même titre que la VF qui sonne vite assez faux.
Il faut bien l’avouer, Silent Hill : Book of Memories manque de rythme et n’arrive pas à se renouveler au bout de quelques niveaux..."
Avec sa vue de dessus, Silent Hill : Book of Memories ne permet pas à la PlayStation Vita de montrer tout son potentiel technique. On aurait presque cette vague sensation de jouer à un jeu disponible uniquement en téléchargement et qui doit se restreindre visuellement pour éviter de dépasser un certain quota de giga-octets. A l’exception des effets de lumière lorsqu’on enclenche la lampe-torche, on sera rarement surpris par les visuels de Silent Hill : Book of Memories, même si les développeurs ont cherché à renouveler le level-design avec des textures tantôt boisées, boueuses, industrielles, gothiques voire même humaines lorsqu’on approche de la fin du jeu. Mais c’est insuffisant malgré tout. Cette sensation de monotonie, en plus d’être ressentie avec le fond du jeu et ses graphismes, transpire à travers le gameplay. Simple de prise en main, Silent Hill : Book of Memories n’innove guère malgré les possibilités de la console. Le pavé tactile à l’arrière, oubliez-le ! Tout comme la gyroscopie. Seul l’écran tactile permettra de récupérer arme, objets et de fouiller dans votre inventaire en le tapotant. Rien de bien original et c’est parfois même gênant lorsque dans le feu de l’action, il faut penser à appuyer sur l’icône de la main gauche pour changer une seule arme à la fois. On sent vraiment que ce Silent Hill sur PS Vita à manquer de temps et de ressources pour marquer les esprits et donner envie d’y jouer. Il en va de même pour le jeu coopératif à quatre. En mode ad hoc ou en ligne, déjà bon courage pour trouver des joueurs qui ont le jeu, mais le soft n’apporte pas grand-chose de plus si ce n’est le fait de grimper un peu plus rapidement en niveau et de ne plus s’ennuyer tout seul dans son coin. Heureusement, vous pourrez toujours chatter avec vos convives, ça égayera vos longues soirées de levelling !