


Même si Resident Evil 4 est moins impressionnant sur PS2 en termes de réalisation et d'effets sonores, le titre de Capcom reste cependant une expérience ludique hors du commun. Le mode Separate Ways avec Ada Wong nous permet d'en savoir plus sur ce personnage mystérieux, tout en rallongeant un peu plus une durée de vie déjà bien conséquente. En sus de pousser la PS2 dans ses derniers retranchements, Capcom signe là un chef d'oeuvre qui restera pour longtemps gravé dans nos mémoires. Il y a l'avant et l'après Resident Evil 4.
- Une claque graphique phénoménale
- Le format 16/9
- Action non-stop
- Des cinématiques actives
- Un gameplay revisité
- Des affrontements d'anthologie
- Des monstres et des Boss qui imposent
- Les missions bonus avec Ada Wong
- Un manque de challenge par moments
- Parfois trop bourrin
- On aurait aimé un système de strafe
Après avoir illuminé la GameCube en mars dernier, Resident Evil 4 était attendu bec et ongles sur la pouliche de Sony. Les huits mois d'attente qui séparent les deux versions n'auront pas été vains et les possesseurs de PS2 vont désormais goûter à l'un des meilleurs jeux de l'année 2005. Capcom réalise là un travail d'orfèvre qui marquera l'Histoire du jeu vidéo à tout jamais.
Les enfants, oubliez tout ce que vous avez vu ces dix dernières années en matière de survival-horror. Capcom a décidé de réaliser une refonte complète de la marque créée par Shinji Mikami pour, entre autres, dynamiser un gameplay qui commençait à se faire vieux, et surprendre les fanatiques du genre qui s'étaient mis à racler les fonds de tiroir pour trouver des sensations fortes. La suppression des zombies du paysage a été la première réforme imposée par Resident Evil 4 qui a totalement déstabilisé l'audience lors de la présentation officielle du jeu. Malgré cette amputation remarquée, cette suite réussit à plonger le joueur dans une ambiance glauque qui n'est pas sans rappeler celle du film 28 jours plus tard de Danny Boyle. Au final, Resident Evil 4 déroute autant que ses frères et assure une bonne dose de terreur pour ceux qui en doutaient encore. Dans ce spectacle qui s'annonce grandiose, il ne manque plus que vous. Allumez la console mes amis, et bienvenue dans Resident Evil 4.
Kennedy is back !
Resident Evil Zero sur GameCube nous avait permis de vivre les 24 heures précédant l'arrivée des S.T.A.R.S. sur les lieux du crime, avec Rebecca Chambers et Billy Cohen comme acteurs principaux; Resident Evil 4, lui, nous renvoie six années plus tard après les événements sanglants qui ont secoué Raccoon City dans Resident Evil 2. Comme nous l'explique la séquence introductive du jeu, la Umbrella Corporation est ruinée. Pour éviter de s'embarrasser avec une affaire qui risquerait de faire désordre à l'échelle nationale et internationale, le gouvernement américain a décidé de rayer Raccoon City de la carte des Etats-Unis et effacer tout accord passé avec la Umbrella Corporation. De son coté, Leon Scott Kennedy est devenu un agent spécial agissant sous l'autorité des forces secrètes de son pays. Dans Resident Evil 4, il a été désigné pour retrouver la fille du Président Américain : Ashley. Elle a été aperçue pour la dernière fois en Europe et a probablement fait l'objet d'un kidnapping. La storyline ne précise pas le pays dans lequel va évoluer le joueur pendant un peu plus d'une vingtaine d'heures, mais si l'on se fie au nom des cellules virales (les Plagas), du personnage originaire du village que l'on rencontre au cours du jeu (Luis Sera) et de l'une des créatures aux crocs bien gluants (El Gigante), il s'agit sans doute de l'Espagne. Si vous n'êtes toujours pas convaincus, tendez l'oreille et écouter les fermiers parler...
Massacre à la tronçonneuse
N'ayons pas peur des mots : en plus d'être le plus beau jeu sur PS2, Resident Evil 4 permet à la 128 bits de Sony de surclasser ses concurrentes dans le domaine graphique. Capcom a désormais prouvé que la firme de Kyoto n'est plus la seule à dompter la bête comme un caniche. Vous avez bavé devant Fable, Splinter Cell Pandora Tomorrow et Halo 2 ? Vous allez vous couper les veines en voyant les graphismes du nouveau rejeton du développeur nippon. Ce n'est pas du jeu vidéo, c'est de l'art ! Commençons d'abord par les environnements que nous sommes amenés à traverser. On ne compte même plus les détails qui s'affichent à l'écran. Les espaces vides sont rares, et chaque élement du décor à fait l'objet d'un soin acharné. Le village reflète parfaitement cette volonté de Capcom de nous proposer quelque chose d'autre que les manoirs, les trains ou bien encore les entrepôts auxquels nous étions déjà habitués depuis 1996. Après trois heures de jeu, nous voilà sous une pluie battante imposant une ambiance encore plus angoissante. Un éclair par-ci, un peu de vent qui courbe les branches feuillues par-là, le degré de perfection atteint est bluffant ! Même l'horizon est à l'honneur, avec un soleil qui s'amuse à se cacher derrière les montagnes lorsque l'on s'apprête à affronter le premier boss du jeu.
Les intérieurs sont tout aussi fascinants, grâce à des zones d'ombre et de lumière qui viennent intensifier le coté angoissant de Resident Evil 4. Ce sont les torches rougeoyantes des villageois approchant au loin qui se chargent de briser l'obscurité de la forêt. Il ne faudrait pas qu'elles viennent également briser l'esthétique de notre héros. La flamme, une épice succulente de Resident Evil 4, assure le spectacle à elle seule. Pour s'en rendre compte, il suffit d'aller faire un petit tour du coté du donjon noyé dans la lave dans lequel il faut sniper des moines aux commandes de dragons pierreux, cracheurs de feu. Bien plus que la consistance des flammes qui a rarement atteint un tel degré de réalisme, c'est l'omniprésence de l'effet de chaleur qui claque le plus. En effet, lorsque l'on pointe un sbire à l'aide de son Rifle ou de son Rifle (semi-auto), la visée à travers la lunette se trouble par moments. Cela dure un bref instant, mais ce souci du détail fait plus que plaisir. Nous pourrions également citer les esquives rotatives à faire au moment de s'infiltrer dans le chateau de Salazar. Des moines enragés s'amusent à catapulter des boules de feu sur votre tête, ce qui donne lieu à des explosions qui renvoient celles des Rogue Leader à l'ère préhistorique. La structure extérieure du castle laisse deviner de nombreuses textures qui accompagnent le joueur tout au long de son périple.
Detras de ti !
Le character design est à la hauteur de l'événement, à savoir phénoménal. Autant que l'on se souvienne, c'est le premier Resident Evil qui propose des personnages ne donnant pas l'impression de se déplacer avec un bâton dans les fesses. Car il s'agissait, jusqu'à aujourd'hui, d'un défaut majeur de la marque. De Resident Evil Rebirth à Resident Evil Zero en passant par Resident Evil : Code Veronica, chacune des versions avait droit à une robotisation prononcée des protagonistes. Leon Scott Kennedy est plus que jamais libéré de l'anus, ce qui lui donne enfin l'occasion de s'exprimer avec une fluidité exemplaire. Il est capable de réaliser quelques acrobaties - passer au-dessus d'une barrière, passer à travers une fenêtre, grimper une corniche, sauter d'une plateforme... - bien utiles pour échapper aux ongles pourris des Novistadors, Regenerators et autres malfrats biologiques du même acabit. Ces derniers ne sont d'ailleurs pas en reste, car la décomposition avancée de quelques-uns de leur visage en répugnerait plus d'un. Il faut dire que les artistes de chez Capcom débordent d'imagination pour nous pondre des méchants aux allures si... spéciales. Les boss de Resident Evil 4 ont tous bénéficié du même traitement de faveur, c'est-à-dire qu'il n'y en a pas un qui soit moins impressionnant qu'un autre. Même les semi-boss - le troll par exemple - ont leur mot à dire, et on peut vous assurer qu'avec leur dégaine on préfère les écouter sans broncher. Enfin presque... Les rares têtus qui pensaient que Resident Evil n'était beau qu'avec des graphismes pré-rendus vont pouvoir aller se coucher. Si l'on pouvait reprocher à Resident Evil : Code Veronica de se trimbaler avec des couleurs fades, ce n'est plus le cas maintenant. Le moteur 3D de Resident Evil 4 est un tueur à gage. Et même si la gestion des collisions n'est pas au mieux - il n'est pas rare de voir son bras s'enfoncer dans le mur, ou de passer à travers une branche d'arbre - elle est inhérente aux contraintes de l'espace tridimensionnel.
Ashley, pas bouger !

Pour inciter le joueur à bouffer du monstre à tout va et éviter les séances d'esquive intensives à l'ancienne, les gars de chez Capcom ont ajouté quelques artifices sortis tout droit de l'univers du RPG. En effet, la plupart des joueurs refusaient les confrontations directes avec les zombies pour éviter d'être à court de munitions ou de produits restaurateurs. Dorénavant, chaque méchant loup terrassé laisse parfois derrière lui quelque munitions, de l'herbe médicinale voire des pesetas pour se payer de nouvelles armes. Celles-ci sont disponibles chez n'importe quel marchand, et se paient même le luxe d'être upgradables : puissance de feu, rapidité de rechargement de l'arme, rapidité de tir et nombre maximal de balles chargeable en une seule fois. C'est la fête, quoi ! Killer7 (joli clin d'oeil au passage !), Rocket Launcher, Rifle, il y a le choix...! Se sent-on plus en sécurité ? Oui, un peut trop même. Cela devient carrément de la boucherie. Même si au départ cela semble assez amusant, le coté bourrin de Resident Evil 4 est l'un des points sombres qui vient écorner l'image quasi-parfaite du jeu. Car le nombre accru des adversaires à éliminer à l'écran oblige à tirer dans tous les sens. Du coup, on passe du survival horror au shoot'em up, et ce n'est probablement pas le but recherché par Capcom. En fait, un peu plus de rareté pour les munitions n'aurait sans doute pas fait de mal.
Léon, nettoyeur professionnel
D'un autre coté, le fait que l'oeuvre de Capcom soumette le joueur à une pression terrible durant laquelle la moindre erreur n'est pas permise est assez excitant. Comme vous l'aurez sans doute remarqué, les ennemis sont hautement plus nombreux que dans les Resident Evil précédents; et n'hésitent pas à attaquer en masse pour mettre le personnage à genou. En mode Normal, l'I.A. laisse à désirer. Mais en mode Professionnal, ce n'est plus la même musique. Les paysans se mettent à strafer pour éviter les balles, et s'organisent de façon cohérente pour vous pomper le sang. Tandis que certains vont jouer les kamikazes et se jeter sur vous comme des morts de faim pour faire diversion, d'autres vont en profiter pour vous aligner des flèches avec leur arbalète à distance. Il faut donc trouver un emplacement stratégique qui permette d'avoir un bon champ de vision sans être à la portée des tireurs d'élite. Par ailleurs, il ne suffit plus de grimper en haut d'une colline pour être en sécurité. En effet, ces monstres assoiffés de sang ne connaissent plus aucune limite dans leurs mouvements, et peuvent agir de la même façon que le personnage. Grimper une échelle, sauter par-dessus une falaise ou passer à travers une fenêtre n'est plus un secret pour eux. Et un problème de plus pour vous...
Resident Evil est mort, vive Resident Evil 4 !

Resident Evil 4 se la jouerait-il Metal Gear Solid 3 : Snake Eater ? Probablement, oui. En effet, les cinématiques du jeu impliquent, tout comme le jeu de Hideo Kojima, une participation active du joueur; faute de quoi la partie est terminée. Aucun moyen de se reposer pépère, même pendant les séquences animées. Un coup il faut appuyer sur L1 + R1 pour éviter une tentacule, un autre coup il faut exécuter Carré + Croix pour esquiver un rocher géant balancé d'une falaise par les paysans... Il arrive même de devoir faire trois manipulations de suite sans reprendre sa respiration pour se faufiler à travers tel ou tel coup; notamment durant le combat légendaire contre Kruser. Encore une fois, cette séquence est tout bonnement magnifique et mérite d'être capturée... sur votre PC. Du Metal Gear Solid on vous dit ! D'ailleurs, tous les combats contre les boss sont légendaires. La manière dont cela a été conçu est si bien ficelée que l'on en redemande encore.
Evilution
Resident Evil 4 est fantastique, merveilleux, fabuleux, extraordinaire, splendide, tout ce que vous voulez ! Rares sont les jeux qui tiennent toutes leurs promesses, et ce bijou-là les a toutes tenues à quelques exceptions près. Si au niveau des graphismes il n'y a vraiment, mais vraiment rien à redire, il n'en va pas de même pour ce qui est du gameplay. Trop facile, feront remarquer les uns, trop bourrin se plaindront les autres, voilà ce qu'on a pu entendre depuis la sortie du jeu sur GameCube. Capcom a su recréer le genre du survival horror - genre dont il est d'ailleurs à l'origine - en injectant dans son Resident Evil 4 bon nombre de nouveautés qui donnent du peps à la série. L’ambiance sonore du jeu est excellente. Chaque grincement, chaque cri, chaque hurlement que l’on entend au loin donne des frissons. Les voix des acteurs sont très plaisantes à entendre. Quelle joie d’écouter Salazar débiter ses blagues à deux sous ! Pour finir, une fois le jeu terminé, les plus téméraires pourront goûter à une aventure solo menée par Ada Wong en personne, ou flinguer. Bref, le jeu nous comble avec magnificence. Et même s'il n'est pas parfait, il l'est presque.




