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Pour dire les choses clairement, ceux qui ont apprécié Mirror's Edge adoreront Mirror's Edge : Catalyst, parce que la base est là. La prise en main est toujours aussi intuitive, les acrobaties s'enchaînent à une vitesse folle, le sound design est ouf et la direction artistique continue d'hypnotiser. A cela s'ajoute les améliorations pensées par les développeurs de DICE, que ce soit au niveau du système de combat ou de l'approche open-world. Du côté des néophytes, même s'ils apprécieront sans doute les qualités de Catalyst, ils retiendront aussi ce qui le rend largement perfectible, à commencer par la réalisation qui ne fait pas honneur au Frosbite, bien que certaines zones parviennent à tirer leur épingle du jeu. L'idiotie de l'I.A. est juste impardonnable, et on se demande encore à quoi peut servir un arbre de compétences dont plusieurs skills se débloquent automatiquement. Quant à l'histoire, aux dialogues et à la mise en scène, on sent clairement que ce n'est pas le point fort de DICE. Malgré toutes ces lacunes, on a passé un agréablement moment en compagnie de Faith, un retour que l'on attendait plus explosif mais à côté duquel il serait cruel de passer.
- L'intégration de l'open-world réussie
- Ce sound design de malade
- Prise en main immédiate et intuitive
- La direction artistique
- Cette sensation de liberté
- Le système de combat
- Des niveaux encore plus verticaux
- Une tonne de quêtes annexes
- Une bonne durée de vie
- Graphiquement, on s'attendait à mieux
- "Ça pulse ?"
- Les multiples temps de chargement
- L'histoire, la mise en scène et les dialogues à revoir
- L'I.A. aux fraises
- Les fonctionnalités sociales ? Bof...
- L'arbre de compétences, il sert à quoi ?
Fer de lance d'Electronic Arts – aux côtés de Dead Space – à une époque où l'éditeur américain tenait à démontrer qu'il était capable de créer autre chose que des suites, Mirror's Edge est rapidement tombé dans les oubliettes. La faute à un concept – le First Person Free Running - trop déroutant, trop avant-gardiste pour inciter DICE à plancher sur une suite, en dépit des critiques positives et des quelque 2,5 millions d'exemplaires vendus dans le monde. En fait, si l'on en croit Patrick Söderlund (Vice-Président d'EA Studios), le studio suédois attendait tout simplement l'arrivée des machines next-gen pour livrer sa véritable vision du parkour. Simple effet d'annonce ou intention réelle ? Notre verdict.
Qualifié de reboot, Mirror's Edge : Catalyst en profite pour apporter un peu plus de relief à l'histoire du jeu qui, malgré tout, demeure basique. En fait, les scénaristes de DICE se sont contentés d'inclure quelques pages supplémentaires au script originel et de retoucher deux-trois trucs, afin que l'illusion soit parfaite. Peut-être que les néophytes se laisseront berner, mais les fans de la première heure n'auront aucun mal à repérer les grosses ficelles, dont une offerte sur un plateau d'argent dès les premières missions du jeu. Après, on apprécie quand même le fait que Catalyst dispose d'un véritable cadre – la ville de Glass – contrairement à son prédécesseur qui semblait perdu dans l'espace-temps. Les efforts en termes de mise scène et la présence de différents personnages secondaires font du bien aussi, mais les dialogues sont à la ramasse. Du coup, aucun des protagonistes ne sort du lot ; même Faith, l'héroïne, est quelconque. Quant à Kruger, si, jusqu'à présent, il faisait le bonhomme dans les trailers, il est loin d'être l'antagoniste charismatique auquel on s'attendait. Bref, on se retrouve avec les mêmes défauts que dans le premier Mirror's Edge, alors que les développeurs ont quand même eu un siècle pour revoir leur copie ; ce qui accentue encore plus la déception. Mais c'est surtout l'approche open-world qui a attisé la curiosité des puristes depuis l'annonce du jeu, et on constate que la promesse a été tenue à moitié. Plus concrètement, ce n'est qu'entre les missions que nous sommes libres d'aller où bon nous semble ; ce qui rend quand même la progression dans le jeu beaucoup moins linéaire qu'auparavant.
Pour dire les choses clairement, ceux qui ont apprécié Mirror's Edge adoreront Mirror's Edge : Catalyst, parce que la base est là.
Du côté des tâches annexes, il en existe plusieurs types. Il y a tout d'abord "Noyau Sécurisé" qui consiste à hacker les antennes de KrugerSec, afin de réduire l'emprise du Conglomérat sur les télécommunications de la cité. Viennent ensuite les livraisons classiques dans lesquelles le joueur a pour objectif de remettre un paquet dans le temps imparti. Il y aussi les diversions ; cette fois-ci, Faith doit attirer l'attention des agents KrugerSec pendant que l'un de ses alliés se charge d'une livraison. Là encore, il s'agit de lutter contre le chrono puisqu'il le parcours est découpé en plusieurs sections, du temps supplémentaire étant accordé à chaque checkpoint atteint. Quant à "Livraison Secrète", une petite difficulté est ajoutée par rapport à la livraison traditionnelle, car il faudra tout faire pour déposer un colis à son destinataire sans se faire griller par les gardes KrugerSec. Parmi les autres à-côtés, on notera aussi les missions gridNode qui, une fois terminées, débloquent l'option "Voyage Rapide" de la zone concernée. Pratique pour s'épargner de multiples allers-retours. On n'oubliera non plus pas de signaler les courses ou encore les affiches à pirater. Et puis, impossible de ne pas évoquer les "vraies" missions annexes, celles qui permettent de prolonger l'histoire du jeu une fois la campagne solo torchée ; sachant que l'on peut les accomplir en même temps que les missions principales.
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En termes de contenu donc, Mirror's Edge : Catalyst fait le job, et il suffit de jeter un œil à la map du jeu pour se rendre compte qu'il y a toujours moyen de s'écarter de la voie initiale à n'importe quel moment. Et même quand on décide de se passer du PulseLink, les PNJ n'hésitent pas à nous interpeller pour demander un coup de main. Open-world oblige, DICE a également pensé à intégrer un système de surveillance ; c'est-à-dire que les agents KrugerSec interviennent dès qu'une caméra détecte la présence de Faith dans un secteur sensible. Il faudra alors prendre la fuite et se planquer, le temps que les choses se calment et que les drones déployés entretemps évacuent les lieux. Bien que Mirror's Edge : Catalyst incite à multiplier les cascades, on peut très bien choisir d'affronter directement les adversaires. L'occasion d'éprouver les mécaniques de combat qui, rappelons-le, ne permettent pas de se saisir d'une arme. En effet, notre héroïne ne peut compter que sur ses capacités physiques pour se débarrasser de ses adversaires, ce qui peut s'avérer délicat quand on se fait tirer dessus par une demi-douzaine d'hommes. Capable d'exécuter des attaques légères et lourdes, la runneuse peut aussi claquer des Attaques slalom ; autrement dit, se servir d'un élément du décor – mur, tyrolienne, rambarde entre autres – afin d'accroître l'efficacité et la puissance de ses coups. C'est clair : il faut tout le temps être en mouvement dans Mirror's Edge : Catalyst, et la jauge de Concentration est là pour le rappeler.
Quant aux néophytes, même s'ils apprécieront sans doute les qualités de Catalyst, ils retiendront aussi ce qui le rend largement perfectible, à commencer par la réalisation qui nous a laissés sur notre faim.
Plus concrètement, celle-ci augmente tant que Faith enchaîne les cabrioles. Par contre, dès que l'héroïne ralentit ou s'arrête, la jauge décroît et le personnage devient vulnérable, la Concentration agissant comme une sorte de protection invisible contre les balles/attaques ennemies. C'est à la fois une qualité et un défaut. Une qualité parce que le principe se montre cohérent par rapport au contexte – on incarne une pro du parkour et non un militaire – mais aussi un défaut car on s'est retrouvé, plus d'une fois, à courir en rond juste pour gonfler la jauge de Concentration. Dans ces moments-là, il faut bien admettre que l'I.A. ne fait pas preuve d'une grande finesse, puisqu'elle se contente de nous suivre au lieu d'essayer de nous prendre à revers. Ce manque de discernement, on le retrouve face aux KrugerSec contre lesquels le coup de pied fouetté (stick gauche incliné vers la droite+Y/Triangle) passe systématiquement, même quand on le répète trois fois d'affilée. C'est un peu plus tendu avec les Sentinels mais, sincèrement, il n'y a pas de quoi serrer les fesses. Il faut juste garder un œil sur les SWAT qui adorent nous aligner à distance. En tout cas, l'absence de lock est vraiment embêtante, ne serait-ce que pour cibler correctement les adversaires. Dès qu'ils sont trois à l'écran, c'est le bordel. Pourtant, passer d'un ennemi à l'autre en pressant le stick dans la direction voulue aurait représenté une solution efficace...
ÇA PULSE DES FAITH ?
Comme c'est souvent le cas avec les productions actuelles, il est possible de gratter des points d'expérience pour améliorer les skills (Mouvement, Combat, Tenue) de Faith. Ainsi, on pourra accéder à la double course murale et au demi-tour, augmenter la taille de la jauge de Concentration, récupérer un mouchard afin de suivre la position des agents KrugerSec lors des phases d'alerte, ou encore faire en sorte que le personnage grimpe plus rapidement. Si l'idée est bonne sur le papier, on s'aperçoit assez vite que tout ça a été rajouté à l'arrache. Déjà, plusieurs des compétences se débloquent toutes seules au gré des événements ; super. Ensuite, il faut savoir que customiser Faith reste optionnel : en dehors du demi-tour, nous n'avons pas eu besoin de déverrouiller quoi que ce soit d'autre. A aucun moment Catalyst n'invite le joueur à étoffer sa palette de mouvements, sauf quand il est question de battre des records. Enfin, on a souri quand on a vu que la roulade faisait désormais partie des compétences à débloquer. La seule satisfaction vient de la cordeMAG grâce à laquelle on peut se balancer d'une plate-forme à une autre, atteindre des hauteurs insoupçonnées, ou tirer des objets vers soi. Elle a permis aux développeurs de DICE de proposer des niveaux plus verticaux que le premier Mirror's Edge, surtout dans les ultimes chapitres où il ne faut vraiment pas avoir le vertige. L'objet est aussi un moyen de diversifier le level design qui continue d'offrir plusieurs chemin pour atteindre un seul et même point de chute.
Ensuite, il faut savoir que customiser Faith reste optionnel : en dehors du demi-tour, nous n'avons pas eu besoin de déverrouiller quoi que ce soit d'autre. A aucun moment Catalyst n'invite le joueur à étoffer sa palette de mouvements, sauf quand il est question de battre des records.
Avec un personnage aussi agile et félin entre les doigts, on se met à croire à l'impossible, d'autant que la prise en main est immédiate ; mais les lois de la physique nous rappellent tout de suite à l'ordre. Une parfaite gestion des sauts et de la prise d'élan est donc vitale pour dompter des obstacles a priori infranchissables. Ca se joue parfois au millimètre près, ce qui oblige à recommencer une même séquence plusieurs fois. La progression par l'échec avez-vous dit ? Disons que lorsque l'on ne se met pas bien en face d'une échelle ou d'une canalisation à 100 mètres de hauteur, la mort n'est jamais bien loin. Comme on l'a expliqué un peu plus haut, le syndrome "aller d'un point A à un point B" est toujours de mise dans les missions, sans doute pour favoriser les courses et ne pas obliger le joueur à s'arrêter toutes les deux secondes pour trouver son chemin. Et, entre nous, même avec des parcours balisés, bien ouvrir l'oeil reste indispensable pour repérer les différents éléments du décor sur lesquels on peut s'appuyer ; sauf si, naturellement, on gruge avec le Sens Urbain et ses trois niveaux d'assistance. Les profanes remercieront certainement DICE d'indiquer à la fois le chemin à suivre ainsi que les éléments interactifs du décor, tandis que les plus débrouillards désactiveront le chemin préférentiel. Enfin, les vrais – question d'honneur – préféreront se passer de tout coup de pouce.
LE PRIX DE LA LIBERTÉ
Sur le plan graphique, Mirror's Edge : Catalyst a du mal malgré la présence du Frostbite que l'on a connu en meilleure forme. L'aliasing fait mal aux yeux, et nous avons – encore une fois – constaté des chutes de framerate dès que ça se bousculait à l'écran. Pire, certaines textures s'amusent à popper sous notre nez, et on ne peut pas dire de l'animation des KrugerSec qu'elle soit des plus réalistes. La direction artistique a toujours de la gueule, ce n'est pas le problème ; mais avec ce style épuré qui caractérise la série, on s'attendait à se prendre une putain de claque. Au contraire, les intérieurs sont sommaires au possible, et on a même droit à du flou quand les grandes baies vitrées se superposent. Dur. A côté de ça, quelques artifices visuels ne laissent pas insensibles, et les perspectives sont parfaitement maîtrisées. On voit également que les développeurs ont fait un effort pour que les différents quartiers de Glass ne se ressemblent pas, mais le grand spectacle promis au départ n'a pas eu lieu. En fait, pour prendre son pied, il faut tendre l'oreille : le sound design de Catalyst est tout simplement démoniaque. On ne parle pas de la B.O. – qui, avec Solar Fields aux manettes, ne pouvait pas décevoir – mais de tous ces petits sons qui ponctuent chacune des actions réalisées par Faith.
En fait, pour prendre son pied, il faut tendre l'oreille : le sound design de Catalyst est tout simplement démoniaque. On ne parle pas de la B.O. - qui, avec Solar Fields aux manettes, ne pouvait pas décevoir – mais de tous ces petits sons qui ponctuent chacune des actions réalisées par Faith.
Quand l'héroïne est au bord de la rupture, les décibels s'étouffent et laissent place aux halètements, à la respiration saccadée du personnage qui lutte pour sa survie. Le même soin a été apporté aux différents bruits de ses pas : courir sur un support vitré n'émettra pas le même son que sprinter sur le béton, par exemple. Ah oui, on aurait tendance à l'oublier, mais Mirror's Edge Catalyst dispose d'un mode multijoueur qui, dans les grandes lignes, consiste à défier ses congénères de façon asynchrone ("Contre-La-Montre", "Course" entre autres). Tout repose sur des records à battre donc, sachant que l'on peut créer ses propres parcours afin de les proposer au reste de la communauté. Ce n'est pas la partie la plus intéressante de Mirror's Edge Catalyst, mais comme il fallait bien intégrer des fonctionnalités sociales... Enfin, pour ceux que ça intéresse, sachez que la campagne principale se boucle en moins de dix heures – on comprend mieux pourquoi la démo disponible sur EA Access/Origin Access ne dépasse pas les deux heures de jeu – et s'étale sur une quinzaine de chapitres.