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Rockstar San Diego est parvenu à nous mettre à genoux : Midnight Club : Los Angeles est une pure merveille. La qualité de la réalisation rappelle que l'Unreal Engine 3 n'est pas le seul moteur capable d'épater la rétine. Après avoir donné vie à Liberty City dans Grand Theft Auto IV, le moteur maison RAGE met des claques avec une reproduction virtuelle de la Cité des Anges tout simplement bluffante. On pourra toujours reprocher une légère ressemblance pour quelques rues, mais les développeurs ont véritablement abattu un travail de titan, avec un souci du détail sur lequel Rockstar Games s'est construit une réputation de patron dans le secteur vidéoludique. La sensation de vitesse est grisante, de même que la modélisation des voitures affiche des courbes dignes des versions originales, ce qui permet de souligner une customisation des machines avec laquelle les possibilités de combinaisons flirtent avec l'infini. Quant au gameplay, il a le chic d'intégrer quelques subtilités sans pour autant renier ses origines. La conduite demeure arcade donc, aussi bien en voiture qu'en moto, mais le moteur physique impose tout de même une certaine rigueur dans la négociation des virages. Enfin, là où Midnight Club : Los Angeles fait mal, c'est au niveau du online et ses compétitions à 16 joueurs. Le tableau n'est pas pour autant parfait, puisque l'on espérait secrètement un véritable scénario pour cette entrée tonitruante de l'ère de la haute-définition. De même que les armes types Mario Kart risquent de ne pas rencontrer un franc succès auprès des fidèles de la série. Malgré ces quelques points sombres que l'on souhaite gommés dans le prochain volet, Midnight Club : Los Angeles demeure un excellent jeu de course qu'il faut absolument posséder sur Xbox 360 ou PS3. Oui, un must have en puissance.
- Une réalisation ébouriffante
- Prise en main immédiate
- L'ambiance Midnight Club
- Une B.O. phénoménale
- Le mode multi solide
- La customisation des voitures
- Une ville de Los Angeles réaliste
- Des dialogues percutants
- Une excellente durée de vie
- Un catalogue de véhicules correct
- A quand un véritable mode Story ?
- Quelques armes farfelues
- Une I.A. parfois grugeuse
- Des temps de chargements longuets dans le Garage
Midnight Club est une série increvable, puisqu'après être apparue pour la toute première fois sur PlayStation 2 en 2000, elle s'est étoffée avec Midnight Club II et Midnight Club 3 : DUB Edition, sortis respectivement en 2003 et 2005. Si Midnight Club 3 : DUB Edition Remix se contente de proposer du contenu supplémentaire à prix réduit, Midnight Club : Los Angeles représente donc le quatrième épisode de la franchise, le premier à goûter aux plaisirs de la haute définition sur Xbox 360 et PlayStation 3. Cela fait maintenant plusieurs mois que l'on suit le développement du titre depuis son annonce en 2007, et l'on se sent donc forcément un peu à la maison lorsque l'on circule dans les rues lumineuses de Los Angeles, le nouveau terrain de chasse qu'il va falloir dompter pour se tailler une réputation de daron dans le milieu du street racing. Armé du moteur graphique RAGE qui avait rendu Grand Theft Auto IV atomique, Midnight Club : Los Angeles est-il à la hauteur des attentes suscitées chez les inconditionnels de la franchise ? Mille fois oui.
Midnight Club : Los Angeles n'échappe pas à la règle qui définit la marque depuis la nuit des temps, et le joueur devra une nouvelle fois prendre en main la destinée d'un jeune loup de la conduite underground, avec comme principal objectif la reconnaissance des vieux briscards de Los Angeles. A la descente du bus, Booke est là pour accueillir le nouvel arrivant et lui filer quelques tuyaux, en plus des 5 000 dollars qui constituent le pécule de base. Fan de Thomas Ngijol et de la racaille bas de gamme de son quartier, Booke sait se montrer particulièrement précieux lorsqu'il s'agit de se remplir les poches en à peine quelques courses, et n'hésite donc pas à tenir au courant son protégé en le contactant directement sur son téléphone mobile. Une méthode qui n'est pas sans rappeler un certain Niko Bellic et son portable greffé à l'oreille, ce qui permet de rendre Midnight Club : Los Angeles beaucoup plus immersif. Si l'on ne dispose que de trois véhicules au départ - Volkswagen Scirocco 88, Nissan 240SX 1998, Volkswagen Golf GTI 83 -, le choix s'élargit au fur et à mesure que l'on gagne des courses. Audi RS4, Volkswagen Golf V GT 32, Dodge Challenger R/T, Lamborghini Gallardo, Ford Mustang S281 Extreme, Aston Martin V8 Vantage Roadster 2007, Chevrolet Camaro Concept Dub Edition, ce sont pas moins de 45 machines que l'on pourra contrôler pour limer le bitume de Los Angeles. On n'oubliera pas non plus de citer les bécanes - 2006 Ducati 999R et Kawasaki Ninja ZX-14R entre autres - déjà présentes dans Midnight Club 3 : DUB Edition : les aficionados de la série seront en terrain conquis. Midnight Club : Los Angeles impose un système de progression qui laisse le choix d'accomplir les différentes missions selon ses envies, mais surtout selon les besoins de son portefeuille. Blinder son garage des plus belles carrosseries de la planète a évidemment un coût, et il faudra bien un moment ou un autre se frotter aux autres adeptes du street racing. A coté de ça, les points de réputation se révèlent indispensables pour accéder à de nouveaux objectifs beaucoup plus rémunérateurs que ceux de base, ce qui fait aussi réfléchir.
Midnight Oil
La force de Midnight Club : Los Angeles - et de l'enseigne en général -, c'est de proposer des compétitions dans des environnements totalement ouverts – en open world pour faire classe -, afin de mieux se démarquer de la concurrence qui a pour habitude d'organiser ses courses sur des circuits fermés. Un concept qui a fait des Courses en ordre fixe la marque de fabrique de la maison. Pour les néophytes, il s'agit de rallier la ligne d'arrivée en passant à travers une série de checkpoints; si la tâche paraît assez facile sur le papier, elle devient moins évidente à accomplir une fois lancé sur la piste, les rues de Los Angeles ne pardonnant pas la moindre erreur de pilotage, du moins dans certains quartiers particulièrement stringés. En fait, la subtilité réside dans la possibilité d'emprunter n'importe quel chemin entre deux points de passage, ce qui multiplie forcément le nombre de raccourcis potentiels. Il faut à la fois prêter attention à ce qui se passe devant soi, mais aussi jeter un coup d'oeil sur la carte pour être certain de ne pas se tromper de route. Une gymnastique oculaire qui a de quoi fatiguer à la longue, mais qui représente un excellent moyen de maintenir la pression sur les épaules du joueur jusqu'à la fin de la course. Alors que l'on pouvait reprocher aux précédents volets de la série d'afficher des routes qui se ressemblaient comme deux gouttes d'eau, le Los Angeles virtuel est une reproduction fidèle de la copie originale, avec des secteurs tantôt rectilignes tantôt sinueux, de quoi faciliter la prise de repères pour lutter contre une I.A. particulièrement grugeuse. Même lorsque l'on réussit à larguer de quelque 800 mètres le reste des concurrents au prix de manoeuvres risquées pour ne pas dire désespérées, ils parviennent toujours à revenir dans les échappements comme s'ils disposaient de bonbonnes de nitro supplémentaires. Cela dit, choisir une moto règlera quasiment le problème, non pas grâce à leur accélération fulgurante, mais plutôt parce que Midnight Club : Los Angeles fait preuve de largesse avec les deux roues. L'astuce est donnée.
Alors que l'on pouvait reprocher aux précédents volets de la série d'afficher des routes qui se ressemblaient comme deux gouttes d'eau, le Los Angeles virtuel est une reproduction fidèle de la copie originale..."
Les Courses sur circuit sont calquées sur les Courses en ordre fixe, sauf qu'ici le joueur devra effectuer plusieurs tours. A noter qu'à la fin de chacun d'eux, la voiture est automatiquement rechargée en nitro. Bon à savoir. On évoquera également les Courses feu rouge, assez palpitantes, puisqu'elles laissent au joueur le choix de l'itinéraire. Pas de checkpoints à respecter donc, et c'est davantage la bonne utilisation du GPS qui détermine souvent la victoire. Une connaissance - même approximative - des circuits et de leurs shortcuts facilite grandement la tâche, c'est clair. Les épreuves dans lesquelles on peut remplir son compte en banque assez rapidement sont surtout celles indiquées par des spots oranges et rouges, ce qui renvoie directement au niveau de difficulté de la course. Dans ce cas, ce sont surtout les Tournois et les Séries de courses qui sont proposés par Booke. Les Tournois sont en fait des mini-championnats où chaque course permet d'engranger un certain nombre de points. Alors que l'on se rend compte au bout de quelques parties que les adversaires ne baissent pas la culotte devant le premier venu dans Midnight Club : Los Angeles, on est plutôt heureux de constater que finir à la dernière place ne ruine pas complètement les chances de victoire finale. Idem pour les Séries de courses dans lesquelles il faudra remporter un nombre de courses donné pour gagner quelques billets supplémentaires. Alors que l'on pourra recommencer rageusement une course dans n'importe quel défi de base puisque les compétitions sont toutes désolidarisées, il faudra par contre serrer les fesses dans les séries. Faire le sale boulot permet aussi de jouer au gosse de riche dans les rues de Los Angeles, et les Missions de vengeance, consistant à démolir le véhicule des clients qui n'ont pas réglé leur facture au garagiste Karol, sont là pour le préciser.
Google Maps
Afin de rivaliser efficacement avec une I.A. qui sait montrer les crocs, on pourra toujours aller se réfugier au garage du coin et agir sur les performances pures de sa machine. Inutile d'être un pro de la mécanique grâce à la présence de kits modifiant la maniabilité, l'accélération et la vitesse de l'engin. Il existe trois niveaux d'amélioration par compartiment, ce qui simplifie considérablement le nombre de bidouilles à faire. Moteur, nitro, freins, suspensions, boîte de vitesse, embrayage, Midnight Club : Los Angeles offre un tas de possibilités au niveau des réglages pour adapter la voiture à son style de conduite. Par ailleurs, les fanatiques de tuning auront la possibilité de changer l'apparence de leur monture - aussi bien l'intérieur que la carrosserie -, en se procurant toutes sortes de pièces débloquées au fil des compétitions. A vrai dire, les combinaisons flirtent avec l'infini, avec les plus grands constructeurs réunis dans la galette : Brembo, König ou bien encore Kosei pour les pièces détachées, Firestone et Goodyear entre autres pour ce qui est des pneumatiques. Difficile donc de ne pas passer des heures à customiser sa machine, d'autant plus qu'il n'est pas possible de copier un skin pour l'appliquer sur une autre voiture. Acheter une nouvelle bagnole est un événement dans Midnight Club : Los Angeles tant les tarifs pratiqués mettent à terre. Ils ont néanmoins le mérite d'être réalistes, Maxime pourra en attester avec une Volkswagen Golf V GT 32 affichée à 30 000 dollars. Contrairement à Project Gotham Racing 4 qui offre une conduite à double-niveau, Midnight Club : Los Angeles préfère proposer un pilotage uniforme, que l'on soit en moto ou en bagnole. Ca demeure de l'arcade, c'est incontestable, mais les développeurs de Rockstar San Diego ont ajouté quelques subtilités qui contraignent le joueur à lever le pied, et doser le freinage au moment de négocier un virage; on ne peut plus faire le bourrin. A bécane, c'est surtout le fait de pouvoir se pencher sans s'écrouler qui perturbe au départ. Il faut quelques minutes de pratique avant de s'habituer à ce qui pourrait fâcher ceux qui ne jurent que par la simulation. Le moteur physique oblige à se méfier des éléments du décor susceptibles de dévier l'engin de sa trajectoire, même si dans le fond tout demeure destructible avec un coup de pare-choc bien placé. Le phénomène d'aspiration n'a pas été laissé au placard dans Midnight Club : Los Angeles, et l'on pourra toujours gratter une nitro gratuitement en se blottissant dans les échappements du pilote qui nous précède.
A bécane, c'est surtout le fait de pouvoir se pencher sans s'écrouler qui perturbe au départ. Il faut quelques minutes de pratique avant de s'habituer à ce qui pourrait fâcher ceux qui ne jurent que par la simulation."
Les dommages n'ont jamais été meurtriers dans la série, même si l'on peut détruire complètement sa voiture naturellement. Chaque gros choc, ponctué par un bullet time toujours aussi séducteur, abîmera bel et bien la carrosserie du véhicule, mais n'affectera en rien la conduite. A la limite, la direction aura tendance à tirer un peu trop à gauche ou à droite, mais ce n'est vraiment pas flagrant. Les special abilities ont fait le voyage sur Xbox 360 et PlayStation 3, avec quatre armes ultimes pour faire la loi sur la route : Agro, Zone, IEM et Roar. On ne vous les détaillera pas toutes ici, en vous précisant juste que notre préférence va à Zone qui permet de ralentir le temps afin de mieux négocier les virages. C'est basique mais bougrement efficace. Pour le reste, on ne pense pas réellement à les utiliser pour être sincère, le joueur comptant surtout sur ses propres skills pour gagner les courses. Midnight Club : Los Angeles à la RAGE au ventre, on le sait déjà. La réalisation du titre est tout simplement ébouriffante, avec une reproduction virtuelle de la ville de Los Angeles à se cogner la tête contre le mur. C'est tout simplement magique comment les architectes de Rockstar San Diego sont arrivés à intégrer les endroits les plus célèbres de la Cité des Anges avec un réalisme étourdissant. Difficile en effet de ne pas reconnaître Sunset Boulevard, Venice Beach, Santa Monica ou bien encore le quartier de Beverly Hills pour ne citer que ceux-là. Si Race Driver : GRID et Burnout Paradise sont magnifiques, Midnight Club : Los Angeles n'a vraiment rien à leur envier. Moins vaste que le Liberty City de Grand Theft Auto IV, ce Los Angeles-là se paie même le luxe d'être plus beau, surtout lorsque les courses se déroulent sous un coucher de soleil charmeur. On pense également aux sessions nocturnes qui affichent des traînées lumineuses par milliers, ou bien encore aux buildings dont l'immensité donne vraiment l'impression de circuler au coeur de la ville. Même la publicité GameStop qui figure au carrefour du Wilshire Boulevard, à quelques encablures du freeway, n'a pas été oubliée. Le car design n'est pas en reste, avec un amour pour le détail saisissant. Les intérieurs ont vraiment de la gueule avec un cuir quasi palpable, et des sièges baquet qui donnent envie de se glisser derrière le volant. Jantes alu, phares xenon, pneus taille basse, disques ventilés, rien ne manque à l'appel. Midnight Club : Los Angeles est beau, et aurait sans doute pu l'être encore un peu plus si les développeurs n'avaient pas sacrifié un bout de sa plastique pour afficher une animation archi-fluide. Le framerate ne connaît aucune baisse de régime, ce qui a de quoi griser les neurones au moment de claquer une nitro. Et même si les dégâts subis n'affectent en rien le controle de la machine, la tôle n'hésite pas à se froisser à chaque choc violent, où à se rayer lorsque l'on embrasse de trop près un rail de sécurité.
Under the bridge downtown
Le multijoueur en ligne est l'autre gros point fort de Midnight Club : Los Angeles, avec des parties pouvant accueillir jusqu'à 16 pilotes. Techniquement, c'est du lourd : pas de lag, une interface ultra-claire et on ne met pas trois plombes avant de se connecter à une partie. On retrouve ici les mêmes types de courses qu'en solo, plus d'autres qui permettent de varier les plaisirs. On pense notamment au Capture de drapeau dont les règles varient sensiblement, que l'on choisisse d'agir en solitaire ou par équipe. Dans le premier cas, il s'agira de récupérer un drapeau et de le déposer à un point de chute, tandis que dans la seconde situation, il faudra s'emparer du foulard de l'équipe adverse, et le déposer dans sa propre base pour marquer un point. Assez fun, même si l'épreuve la plus tripante demeure l'Esquive (rotative : fastoche), elle consiste à chiper un drapeau placé de façon aléatoire sur la carte, et le conserver sur soi le plus longtemps possible. Dans ce genre d'exercice, les motos se montrent nettement plus habiles que les caisses. Enfin, le multijoueur de Midnight Club : Los Angeles introduit une pléiade d'items qui ne sont pas sans rappeler un certain Mario Kart ; ce qui a pour effet de dénaturer le jeu, d'autant plus que ces armes supplémentaires sont plutôt mal intégrées. Cela dit, on ne peut pas nier le fait que devenir invisible, lancer un bloc de glace, inverser les commandes ou disposer d'un champ protecteur rajoute du piment dans les parties. Quant à la playlist de Midnight Club : Los Angeles, elle est tout simplement phénoménale. Il y en a pour tous les goûts, même si les amateurs d'électro ont été privilégiés avec la présence de morceaux nucléaires. Momy de Sebastian est une tuerie, au même titre que Midnight Madness des Chemical Brothers ou bien encore Kicking and Screaming de The Presets. Idealistic de Digitalism remet également les idées en place. Coté bruitages, Rockstar San Diego a également assuré un excellent travail avec un rugissement réaliste des moteurs, et des dialogues percutants qui laissent forcément des traces dans les oreilles. Les flics, c'est la cerise sur le gâteau : on peut les entendre communiquer afin d'attraper efficacement le fuyard. Du très bon boulot, vraiment.