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Soyons clair, malgré ses légers défauts, aucun jeu ne peut rivaliser avec la richesse intrinsèque de Snake Eater. Pourquoi ? Tout simplement car Metal Gear Solid 3 ne se contente pas d’être un jeu. C’est une expérience de vie. Ainsi, pendant la vingtaine d’heures de jeu nécessaires à Snake pour accomplir sa mission, il y aura tant à voir, à découvrir, à percevoir, à comprendre. Les possibilités d’action pures sont immenses, le gameplay bien mieux équilibré que dans Metal Gear Solid 2, la profondeur du scénario quasi abyssale et les clins d’œil tout simplement innombrables. Lorsqu’on joue à Metal Gear Solid 3, on se doit de partager son expérience, de transmettre ses visions, ses sensations. C’est en réunissant tout ces éléments que Snake Eater devient une expérience inouïe, capable de marquer une vie de joueur… Hideo Kojima peut tirer sa révérence, la trilogie Metal Gear vient de se conclure en apothéose... Solid
- L'immersion totale
- La variété des situations
- L'émotion qui se dégage de l'aventure
- The Boss, The Sorrow, The End, Ocelot… des personnages cultes !
- Des angles de caméra perfectibles
- Une prise en main complexe pour les néophytes
- Les premières heures trop cinématographiques
Mai 2000. MGS 2 créait l’événement. Prouesse technique et maîtrise esthétique. En un seul trailer, Kojima triomphait, enveloppant Snake dans un tourbillon légendaire. 5 ans après, MGS 3 revisite les racines de la saga et Kojima tente un audacieux pari : celui de nous surprendre. Une fois de plus…
Soldier support is the #1 priority.
Never say, "it can't be done."
Accept risk, and allow soldiers to make mistakes.
Know your soldiers' problems.
Exact high standards and lead by example.
Earn your keep - use initiative.
Acknowledge good deeds publicly; discipline privately.
Training is not only everything - it is the only thing.
Encourage employer and family interest and involvement.
Respect all soldiers, regardless of their rank.
Eat or be eaten. Hunt or be hunted
Les années 60. En plein cœur de la guerre froide, Etats-Unis et Russie font planer sur le monde une terrible menace nucléaire. C’est dans ce climat de tension extrême que Metal Gear Solid 3 a décidé de forger sa légende… celle de Naked Snake ! Envoyé par le Fox Hound, milice américaine, l’homme déchire le ciel russe. Sa mission est claire : se fondre dans la jungle russe et secourir le professeur Nicholaï Sokolov, inventeur du Shagohod, une redoutable arme de destruction massive ! Heureusement pour relever ce défi, la panoplie de mouvements de Snake s’est particulièrement étoffée. Hormis le classieux CQC (Close Quarter Combat) qui vous permettra d’attraper un soldat et de choisir entre l’interroger, vous en servir de bouclier humain, ou le tuer, vous pourrez vous prendre pour Tarzan en grimpant à certains arbres, avant de vous suspendre pour viser vos ennemis en fourbe. Il est aussi possible de ramper en vue subjective dans les hautes herbes, mais aussi de rester en nage stationnaire et de tirer à un bras. Mais en parallèle à l’infiltration, plus exigeante que jamais, une dimension "survie" occupe désormais une place prépondérante. Plongé dans la jungle, il vous faudra vous camoufler, vous nourrir en chassant du petit gibier (attention, votre pitance pourra pourrir si vous la gardez trop longtemps dans votre besace), vous protéger du froid et de la pluie (sinon vous tomberez malade, vos éternuements pouvant vous trahir !), tout en évitant bien évidemment les agressives rondes des soldats russes, parfois accompagnés d’hargneux chiens de gardes à l’odorat affiné (il existe toujours deux à trois manières différentes de franchir une zone). Vous l’aurez compris, Snake ne se contente plus de lutter contre des ennemis armés. Il devra aussi composer avec la nature hostile, les intempéries, les animaux prédateurs. Mais le tableau semblait encore trop idyllique pour Hideo Kojima. Finie donc l’ambiance Club Med, ici, il va falloir lutter pour survivre. Exit le radar qui vous permettait de localiser vos ennemis en un coup d’œil (vous disposerez désormais de sonars fonctionnant… à piles !). Finito, les rations qui redonnaient vite fait de la vie ! En effet Snake Eater propose désormais deux jauges vitales. Si la première symbolise votre état de santé (vide elle signifie la mort), la seconde inédite présente votre fatigue. Les fluctuations de cette dernière auront donc des répercussions sur votre endurance, votre acuité au tir, votre récupération. Et pour la remplir, un seul moyen : la chasse ! Et dans cette sombre forêt, vous aurez le choix du gibier qu’il vous sera possible de tuer, de capturer vivant pour mieux le conserver… ou bien encore de l’utiliser pour effrayer vos ennemis ! Mangeur de serpents qu’il disait…
Mais revenons sur les principales surprises de gameplay de ce Snake Eater. Surprises d’ailleurs directement inspirées des Rambo et autre Predator. En effet afin de s’immerger à la perfection dans son environnement, un indice de camouflage a fait son apparition en haut à droite de l’écran. Inutile de se prendre pour Paco Rabanne pour comprendre que plus ce pourcentage sera élevé, moins les soldats ennemis auront de chance de vous remarquer. Reste alors à bien sélectionner son accoutrement et ses peintures faciales (dont certaines sont téléchargeables Online !). Plus fort encore, Snake devra désormais soigner lui-même ses blessures de guerre ! A la roots ! Qu’il s’agisse de coupures, de brûlures, d’os fracturés ou de balles à extraire, il vous faudra alors passer par le menu de soin pour, manuellement, vous remettre d’aplomb ! La manière dont cette option a été intégrée reste cependant un peu légère. Accessible à tout moment, même au cours d’un combat, elle a en effet tendance à casser sensiblement le rythme… sans apporter un plus délirant. Il faut l’admettre, entre les camouflages parfois un peu fastidieux à gérer (l’indice fluctuant tous les 10 mètres) et le mode de soin un rien gadget, Metal Gear Solid 3 peine parfois à mettre en valeur ses nouvelles idées. Mais si ces légères faiblesses sont à souligner, l’immersion demeure si prodigieuse qu’elles passent vite en second plan…
Only the Snake is the true hero ?
D’entrée de jeu, l’impact graphique est saisissant. Luxuriante, chaude et vivante, la jungle, votre nouveau terrain de jeu, impose instantanément sa classe ! Voir durant la nuit l’ombre des feuilles se découper avec précision sur les épaules de Snake, admirer la gestion des particules (éclats de bois lors des séquences de shoot, gerbes d’eau des cascades…), calme instantanément ! La PlayStation 2 est éreintée, clairement poussée dans ses derniers retranchements. Mais le fait que quelques ralentissements s’invitent parfois à ce festin ludique ne gâchera pas la fête tant l’univers de Metal Gear Solid 3 impressionne par sa variété, son souci du détail, la vie qui anime la faune et la flore des lieux. Hautes fougères d’où jaillissent des oiseaux à votre approche, serpents rampants au sol, grondements des cascades, douce lumière du couché de soleil filtrée par les arbres centenaires… Comme nous l’explique Hideo Kojima : "Notre priorité fut de concevoir une jungle qui ressemble réellement à une jungle. C’est un exercice assez complexe car la densité des lieux devient essentielle à sa crédibilité. Le joueur pourra se déplacer librement, il n’y a pas de chemin unique, plutôt un réseau de passages tous interconnectés qui offrent une grande liberté de déplacements. Pour y parvenir nous avons dû abandonner le moteur graphique de Metal Gear Solid 2 trop spécialisé sur des environnements en intérieur. Il nous fallait être capable d’afficher de grandes étendues." Vous traverserez ainsi une montagne, des cavernes, des bases russes, des marécages… Rarement Metal Gear n’avait proposé autant de variété de lieux et de situations. Une ampleur admirablement mise en lumière lors de certains affrontements instantanément cultes ! En effet comment ne pas crier au génie lors de la séquence de snipe opposant Snake à The End. Près d’une heure de duel intense, tapis dans la forêt. Tout simplement unique, sans parler de la rencontre onirique avec The Sorrow ou encore le duel aussi épique, qu’esthétique contre The Boss, le tout souligné par la bande son poignante composée par le tandem Harry Gregson-Williams et Norihiko Hibino. Les boss ont beau être, pour la plupart, sérieusement excentriques, leur classe et l’intelligence des combats qu’ils offrent risquent bien de marquer l’histoire du jeu vidéo. Et oui, en toute simplicidad…
Psycho-rigide ?
Pour nous remercier d’avoir sagement patienté (le jeu étant sorti fin 2004 aux Etats-Unis et au Japon), notre version européenne comporte quelques bonus inédits à l’intérêt variable. Vous retrouverez donc des camouflages patriotiques (mettez votre visage aux couleurs de l’Angleterre, de la France…), un mode vous permettant de réaffronter tous les boss du jeu, un mode Cinéma offrant la possibilité de revisionner toutes les cinématiques (tchi-tchaaaaa) et enfin quelques niveaux supplémentaires pour le mode "Serpent contre Singes" opposant Snake aux macaques d’Ape Escape. Mais reste à cerner le public visé par Metal Gear Solid 3 : Snake Eater. Et là, autant l’avouer, Metal Gear Solid 3 ne risque pas d’ébranler les certitudes quelles soient passionnées ou agacées. Vous aimiez MGS ? Vous allez adorer Snake Eater ! Mais si MGS 2 vous avait un peu gavé, désolé, ce nouvel épisode n’inversera pas la tendance. Snake Eater se mérite et c’est en cela qu’il ne semble pas dédié au grand public ! On ne le picore pas, on ne se lance pas dans des parties d’une petite heure vite fait en rentrant du boulot. Non, ici il faut s’immerger sur la longueur pour en percevoir la vraie portée. Ainsi, contrairement à la saga Splinter Cell misant avant tout sur un gameplay bien rodé, Metal Gear privilégie l’ambiance, parfois malheureusement, au détriment du rythme et de la prise en main. Il y a tant de possibilités que toutes les touches de la manette servent à un, voire deux types d’action. Un peu d’entraînement sera donc nécessaire avant de mouvoir Snake à la perfection, d’autant plus que les angles de caméras auraient gagné à être amélioré. En effet le jeu conserve sa traditionnelle vue du dessus, alors qu’une caméra placée derrière l’épaule (à la Splinter Cell ou Resident Evil 4) aurait été bien plus judicieuse surtout en l’absence de radar fixe ! Ainsi on peste souvent lorsque, après avoir tout fait pour soigner son approche, on est débusqué par un ennemi que les caméras n’avaient permis de repérer. Inouïe aussi de devoir composer avec une vue basculant automatiquement en vue subjective imposée lorsque vous ramperez dans les hautes herbes ! Plus de souplesse dans ce domaine n’aurait pas été du luxe !
Pour l’éternité…
S’il n’est pas parfait, Metal Gear Solid 3 possède cependant deux qualités le rendant unique. Sa profondeur et sa classe ! Sans compter que, contrairement à un froid Splinter Cell, Snake Eater n’impose rien. Libre à vous de miser à fond sur l’infiltration… ou bien d’abuser de votre fusil à pompe ! Libre à vous de passer des heures en communication via Codec, ou bien de tracer votre chemin sans trop vous soucier du scénario. Libre à vous d’utiliser toute votre palette de gadgets, ou bien de maîtriser une seule et unique technique de combat. Sachez juste que chaque décision aura des répercussions sur l’aventure, mais aussi sur votre ressenti de l’histoire. Une seule certitude : Hideo Kojima n’a de cesse de marteler ses convictions ! Sa thématique historique, la transmission du patrimoine génétique et culturel, ainsi que la perception cruellement relative du bien et du mal. Ainsi, sans virer dans la réflexion un rien métaphysique évoquée dans MGS 2, le scénario se veut furieusement tortueux. Du coup, vous ne serez pas surpris d’apprendre que Snake blablate un peu, beaucoup, passionnément. Les 5 premières heures de jeu constituent à ce titre un véritable test. Soit vous lâcherez définitivement le pad, gavé par la complexité de la prise en main et l’avalanche de cinématiques, soit vous adhérerez complètement à cet univers oscillant entre l’historique et le fantasmagorique, entre l’action et l’introspection. Quel que soit votre choix, sachez juste que le rythme n’aura de cesse de s’intensifier et qu’entre les séquences chocs, les retournements de situations à foison et les personnages ambivalents flirtant entre les anges et les divines vipères, c’est certain, vous pénétrerez dans une aventure à l’énergie rare. Surtout qu’ici, malgré les apparences, l’univers n’a rien de manichéen. Chaque personnage dispose d’un background riche les amenant à évoluer psychologiquement au fil de l’aventure. Certains vous toucheront, d’autres vous agaceront, aucun ne vous laissera insensible.