Test également disponible sur : PSP

Test LocoRoco sur PSP

Test LocoRoco
La Note
note LocoRoco 16 20

LocoRoco est un titre chaud, à la sensibilité moderne, dont la prise de risque artistique et conceptuelle demeure aussi modeste que courageuse. En toute simplicité, Tsutomo Kôno devient le nouvel inscrit sur notre carnet rose très prisé des game designers à suivre. Ca tombe bien, l’homme déclare avoir encore des tas d’idées à concrétiser. Ses boules gluantes et criardes ne savent pas faire grand chose, mais au moins elles le font avec amour. Bajumbo moi noi noi jecker…


Les plus
  • La plate-forme réinventée
  • Audace esthétique et ludique
  • Le génie d’une super production low-cost
  • L’ambiance chaleureuse et mièvre
  • Bande-son psychotique
Les moins
  • 40 stages qui se répètent un peu
  • Il faut pouvoir rentrer dans ce délire épuré
  • Court


Le Test

Tsutomo Kôno est un garçon qui a plein d’idées. C’est ce que le fourmillant game designer de Sony Computer Entertainment Japon répète au moins cinq fois dans un entretien accordé au site EuroGamer. Et sa première application se nomme LocoRoco, une offrande écolo-acidulée en l’honneur de la PSP. Une console qui, selon l’opinion publique, semble éternellement avoir besoin d’aérer sa gamme de jeux. Ce qui nous met devant la problématique suivante. LocoRoco est-il un jeu qui gagne à être connu grâce à son originalité ou bien parce qu’il est intrinsèquement un énorme hit ? Eléments de réponses, en chansons bien sûr.


La recherche permanente de l’originalité dans le jeu vidéo est une chimère. Un concept nous apparaît justement original et frais lorsqu’il est rare. De la même façon que la lumière existe parce qu’il y a les ténèbres, les jeux audacieux le sont grâce à la masse mainstream qui siège à côté. En substance, on doit savourer un parfum ludique inédit de façon événementielle, et à l’occasion on peut découvrir un nouveau grand nom du game design. Souvenez-vous, notre dernier lancer de couronnes était destiné à Fumito Ueda, en début d’année, pour Shadow of The Colossus. Aujourd’hui nous restons chez Sony Japon pour découvrir Tsutomo Kôno.

 

Peace & Blob

 

La directive primaire de la création de LocoRoco transparaît clairement dès les premières secondes. Faire un jeu aux contrôles les plus simples qui soient. Simple comme jouer à un flipper en somme, puisque l’on utilise les touches latérales. En ce sens, la comparaison avec Katamari Damacy qui ne se joue pour sa part qu’avec deux sticks analogiques, paraît inévitable, surtout que les similitudes avec le jeu de Keita Takahashi ne s’arrêtent évidemment pas là, partageant une même audace esthétique. Epurée et kawai pour LocoRoco, foisonnante et fantaisiste pour Katamari Damacy.

 

Mais se contenter d’une analogie avec Katamari Damacy est trop évident et trop facile. Essayons maintenant le parallèle avec Kirby : Le Pinceau du Pouvoir sur DS. Le rapport ? Etroit ! Dans LocoRoco, qui n’est en substance rien d’autre qu’un jeu de plates-formes en 2D, vous devez vous débarrasser du réflexe qui consiste à contrôler directement un personnage, avec une croix ou un stick. Vous ne déplacez pas le LocoRoco, c’est le LocoRoco qui se déplace. Et ce grâce aux mouvements du terrain, que l’on incline de gauche à droite dans un angle proche de 45°. C’est d’ailleurs assez limité car tout est mesuré pour que soit respecté une certaine sérénité. En ce sens, cette interaction indirecte est la même que celle de Kirby : Le Pinceau du Pouvoir sur DS dans lequel on devait grapher le chemin de la boule rose de Masahiro Sakurai pour la faire avancer, sans jamais la diriger manuellement. Une sorte de dépossession du pouvoir du joueur, qui, dans le cas de LocoRoco et de son ambiance irrésistible peuplée de boules gluantes distinctives et expressives, nous met un peu dans le même état d’adoration que la petite fille qui gratouille les mains collées sur une vitrine derrière laquelle s’ébattent, se roulent dessus, se chamaillent, jappent et frétillent d’adorables petits chiots. 

Doté d’un design sophistiqué et simple à la fois, LocoRoco est un concentré de couleurs et de bonne humeur, un petit hommage de maternelle à l’écologie et à mère nature telle qu’on la perçoit à travers des yeux d’enfants. Plus adultes, certains préfèreront-y voir les couleurs vives et décalées du mouvement pop-art des années 70.

 

A game to make player happy

 

LocoRoco est épuré donc, pour mieux se concentrer sur l’essentiel : les émotions, bien évidemment. On ne le répètera jamais assez, mais quand on a compris ça, on a tout compris. Dans le cadre de LocoRoco, l’image des petits chiens (ou chats, porcs, lézards, hippocampes, crocodiles, tout ce qui vous émeut) qui s’agitent vivement les uns sur les autres de façon insouciante dans leur petit microcosme, est vraiment appropriée. Sachez que vous n’êtes qu’un accessoire dans le monde de LocoRoco, que vous touchiez la PSP ou pas, le LocoRoco ne cessera jamais de bouger. Il vous regarde avec ses petits yeux ronds, sourit, chante, s’étonne, se retourne, sautille, roule, grogne, s’étonne, s’émerveille, et le tout bien entendu de façon grotesque, donc géniale. Bref, les LocoRoco sont vivants, bons vivants même. Leurs embûches ? Rares. Il faut d’abord comprendre qu’un gros LocoRoco est composé de plusieurs répliques minuscules, dont le nombre représente en quelque sorte la jauge d’énergie. Certes ils peuvent se faire manger un morceau de graisse par un Muja Muja, ou perdre un morceau en se piquant contre une écharde, mais très rare sont les Game Over, et aucun de ces gouffres sans fonds propres aux jeux de plates-formes ne viendra vous empêcher de gambader en tout sérénité. Gluant, fluide et élastique, le LocoRoco semble tout aussi chétif qu’inarrêtable. Les presses l’écrase mais le ne tue pas, les lames le découpe mais le ne tue pas, les scies le taillade en morceaux mais ne le tue pas, car une fois le LocoRoco décomposé, il suffit de crier avec le bouton rond pour se réunir en un gros et unique blob bien gras. Pour persévérer dans un cadre comparatif avec le Kirby de la Nintendo DS, vous aurez compris que malgré sa relative insouciance et son côté impalpable, LocoRoco est le personnage le plus chétif qu’on connaisse dans un jeu vidéo. Encore plus incapable que Kirby, qui pouvait quand même déclencher quelques pouvoirs. Ici, à part pour le faire sautiller sur un ou deux hiboux, il est difficile de dresser un LocoRoco pour l’attaque, qui ne vous cassera pas grand-chose, si ce n’est peut-être les oreilles.

 

Conscient qu’il est néanmoins le héros d’un jeu de plates-formes, le petit slime collecte ce qu’il peut. Les grosses baies rouges le fait doubler de volume, jusqu’à représenter la masse de 20 petits LocoRoco criards. Mais les bonus et autres secrets à dénicher, comme les trois Mui Mui par stage, sont bien plus nombreux que ça, et obtenir un perfect rien que dans la première zone nécessite de recommencer ses fouilles plusieurs fois. Pour palier à l’absence de mouvements, Sony a basé les passages secrets de son jeu sur l’illusion. Très souvent il s’agit de rouler sur un mur pour découvrir qu’il est en fait creux et renferme une cavité pleine de secret. Mais le gameplay de LocoRoco n’est pas si indirect que ça, car il est tout de même nécessaire de lui donner une impulsion en sautant. Ceci s’effectue en appuyant et en relâchant les deux gâchettes, ce qui provoque une jouabilité d’alternance et de dosage du timing qui vaux parfois son pesant de subtilité, et qui surprend dans les passages les plus ardus, malgré son évidente simplicité initiale. Ne jamais sous-estimer un game designer de génie.

 

Come on baby, do the LocoMotion

 

Oh, et puis forcément, il va nous falloir parler de musique. Ce qui est toujours quelque chose d’assez compliqué à transmettre. Simplement, il faut savoir que le sonore est en pleine cohérence avec le visuel, d’autant plus que l’interaction est évidente : les LocoRoco vivent d’amour, d’eau fraîche et… de chant ! Non seulement chanter est utile pour motiver des obstacles endormis, mais on chante également pour le plaisir. L’ambiance musicale dans tout ça ? Les consignes de Kôno étaient claires :  "créez ce que vous voulez, mais avec le moins de musiques électroniques que possible." La volonté étant de préserver le naturel. Du jazz à la pop, en passant par l’ambiance tribale, blues, ou encore quelque chose de complètement inclassable comme celle du monde enneigé. Toutes les paroles sont chantées dans le langage des LocoRoco, lequel est un peu semblable au charabia qu’on entonne quand on veut reproduire une chanson dont on ignore les paroles. C’est-à-dire qu’on a l’air con. Au bout du compte, inutile de dire qu’on a jamais entendu quelque chose de si débridé depuis Katamari Damacy. Mieux, chacun des six LocoRoco a son propre thème, ses propres expressions et ses propres cordes vocales. Le fruit jaune à la voix kawai précède la sensualité de celle de la boulette rose, laquelle contraste avec le gluant noir et son excellent timbre rauque.

 

LocoRoco est un jeu reposant, limite zen. Epousant les sens comme la matière fondante du LocoRoco épouse les cavités du level design. Très simple à prendre en mains, mais qui peut devenir un vrai challenge si on veut en découvrir tous les secrets. En ce sens il est d’une ouverture très judicieuse, en étant accessible et digne d’intérêt pour absolument tout le monde. Ces boules de gommes vivantes qui, dans leur façon de se mouvoir et de prendre diverses formes, font penser à du mercure, évoluent, se tordent, éclatent, s’accrochent ou glissent avec bonheur. Primitif, infantile et apaisant, LocoRoco nous laisse cependant quelques regrets sur la durée. Avec ses 5 mondes composés de 8 stages, on s’attendait à une redécouverte visuelle et sonore permanente. Las, il faut bien avouer que l’on retrouve trop souvent les mêmes environnements d’un monde à l’autre, déclinés à l’envie. Et s’il est un peu cruel de parler d’ennui devant une telle réussite, le plus gourmand des gamers aura éventuellement la sensation que toutes les possibilités n’ont pas été exploitées avec assez de folie. Sur le plan des surprises de mi-parcours aussi, LocoRoco est donc assez épuré. Pas forcément une déception amère, mais juste une constatation exigeante : oui, LocoRoco aurait sûrement pu offrir davantage, aller plus loin. Mais basta, on ne conclut pas une discussion sur LocoRoco de manière pessimiste. LocoRoco est le jeu optimiste par excellence. En parlant d’avenir, mine de rien, Sony tient un jeu qui se retrouve idéal pour un passage sur PlayStation 3 et son Dual Shock détecteur de mouvements. Loco motive, c’est une certitude. Tiens, un jeu de mot. J’ai craqué.




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Steeve Mambrucchi

le mardi 27 juin 2006, 17:30




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