Test Left Alive : on peut en effet le laisser pour mort...
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Son annonce avait été vécue comme un rêve éveillé, mais sa sortie a viré au cauchemar. Avec son concept ambitieux et des noms prestigieux à son générique, Left Alive ne parvient pas à faire des espoirs placés en lui une réalité. L’idée de faire un jeu de survie et d’infiltration exigeant a totalement du sens dans l’univers de Front Mission, qui montre pour l’occasion une nouvelle facette. Mais la somme d’erreurs commises par ses concepteurs rend l’aventure indigeste et le challenge absurde. Enfin, la réalisation dépassée vient ternir le travail de designer dont le travail est pourtant très apprécié en règle générale. Quel gâchis…
- Une histoire, trois points de vue
- De l’infiltration et de la survie sans concession
- Graphismes et réalisation d'un autre âge
- Maniabilité d'une raideur incroyable
- On répète inlassablement les mêmes choses
- Une IA totalement absente
- Une difficulté totalement déséquilibrée
Sur le papier, Left Alive avait tout du projet de rêve : il suffit de jeter un œil au générique pour y déceler de grandes ambitions. On retrouve, en effet, le réalisateur Toshifumi Nabeshima, à l’œuvre sur la série Armored Core, Takayuki Nanase, designer qui a notamment travaillé sur les séries Mobile Suit Gundam 00 et Ghost In The Shell Arise, ainsi que Xenoblade Chronicles X, ou encore Yoji Shinkawa, célèbre illustrateur des Metal Gear Solid. De plus, cette Dream Team, qui a déjà fait ses preuves dans la conception d’univers futuriste, a été réunie pour développer un spin-off de Front Mission, saga dont les fans attendent un retour depuis une dizaine d’années.
Si la saga Front Mission a connu plusieurs genres et plusieurs formats, du jeu de Stratégie Temps Réel aux jeux de tir, en passant par des adaptations en films, mangas ou romans, il s’agit tout d’abord de Tactical-RPG. Fondé sur un système de combat au tour par tour, les principaux épisodes mettent en scène des Mechas dans un univers futuriste. Mais, Front Mission a surtout tiré son épingle du jeu en proposant une trame scénaristique particulièrement élaborée : si chaque volet peut être joué indépendamment, ils s’imbriquent tous dans un schéma unique, riche et cohérent. L’idée de voir une saga aussi culte revenir dans l’actualité a donc suscité un véritable enthousiasme, d’autant que les grands noms réunis autour du projet ont de quoi faire frissonner les connaisseurs. En outre, Left Alive semblait au départ un jeu ambitieux : les développeurs ont ici fait le choix d’un jeu d’infiltration et de survie sans concession, où la moindre erreur peut coûter la vie aux trois protagonistes que l’on est amené à incarner.
SURVIE EN MILIEU HOSTILE
En effet, du point de vue chronologique, Left Alive se déroule entre Front Mission 5 et Front Mission Evolve, durant l’invasion de Novo Slava, région fictive située dans une Russie complètement dévastée par la guerre. Avec des soldats ennemis à chaque coin de rue, chaque personnage se retrouve livré à lui-même. Si, en pratique, il est toujours possible de prendre son arme et de foncer dans le tas pour se frayer un chemin par la force, cette méthode a peu de chance de fonctionner. L’opposition est généralement bien équipée et il suffit d’encaisser une poignée de tirs pour passer l’arme à gauche. Pire : une simple blessure peut se montrer fatale à moyen terme si l’on ne dispose pas de pansement pour interrompre un saignement dans les plus brefs délais : une bonne préparation est donc, dans tous les cas, primordiale. Heureusement, la structure ouverte des environnements permet de tenter différentes approches, notamment en se faufilant dans les égouts ou des ruelles désertes. C’est souvent l’occasion de trouver des armes et munitions ainsi que du matériel pour se soigner ou concevoir des pièges. Ces derniers, qui peuvent prendre la forme de mines à retardement ou de détecteur de position, peuvent se montrer extrêmement utiles pour couvrir ses arrières ou s’ouvrir une voie dans une zone bien gardée.
...les textures, les modèles 3D et même les animations semblent avoir une ou deux générations de retard, ce qui est loin de mettre en valeur le travail des prestigieux designers associés à cette production. Surtout, la maniabilité se montre particulièrement rigide, ce qui rend la progression plus laborieuse
Malheureusement, Left Alive n’est vraiment pas à la hauteur des espoirs nourris par les fans de Front Mission durant ces longues années. Il suffit, d’une part, de jeter un œil à la réalisation pour se rendre compte que le jeu de Square-Enix n’a pas eu droit à des moyens dignes de ses ambitions. Ainsi, les textures, les modèles 3D et même les animations semblent avoir une ou deux générations de retard, ce qui est loin de mettre en valeur le travail des prestigieux designers associés à cette production. Surtout, la maniabilité se montre particulièrement rigide, ce qui rend la progression plus laborieuse qu’elle ne devrait l’être, sachant que le jeu est déjà censé imposer un challenge corsé à la base. Enfin, Left Alive souffre de choix tout simplement incompréhensibles qui entraînent un manque total d’équilibre. Il n’existe, par exemple, aucune action contextuelle qui permette d’éliminer immédiatement un soldat pris à revers : on peut toujours essayer un coup de barre de fer ou de taser, mais l’efficacité toute relative de ces méthodes finit généralement très mal pour le joueur, l’ennemi ici chatouillé ne tardant jamais à riposter ou à donner l’alerte. Dans le même ordre d’idée, alors que le jeu décourage généralement la manière forte, les zones clef sont souvent infestées de gardes, ce qui ne laisse que très peu, voire aucune place à l’erreur. Il est alors difficile, dans ces conditions, de profiter d’une histoire prenante qui, de temps à autres, laisse le joueur prendre quelques décisions cruciales quant à la marche à suivre des personnages principaux, même si cela conduit à une seule et unique fin. Mais encore faut-il avoir la patience d’atteindre celle-ci.