Test Fist of the North PS4 : Ken survivra-t-il encore à l’enfer ? sur PS4
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A première vue, First Of The North Star Lost Paradise a tout d’un épisode de Yakuza, sauf que tout a été réalisé à l’économie : la ville plus compacte, les activités annexes moins nombreuses et la réalisation dépassée trahissent une ambition moindre, surtout face aux récents Yakuza 6 et Kiwami 2. Néanmoins, il s’agit peut-être de l’une des meilleures adaptations de Hokuto No Ken sorties sur console, sachant que les précédentes commencent sérieusement à dater. Ainsi, même si l’on peut regretter les références à l’œuvre d’origine utilisée un peu maladroitement au sein de cette histoire inédite, les fans suffisamment tolérants devraient apprécier ces nombreux clins d’œil, entre les personnages emblématiques rencontrés en cours de route et les techniques inimitables de Kenshiro. Sans être indispensable, Lost Paradise pourrait donc se trouver un public parmi les joueurs en manque de cuir et de crânes explosés.
- Enfin la rencontre entre Yakuza et Ken le survivant
- On éclate des têtes comme dans l’anime
- Un jeu qui ne se prend pas toujours au sérieux
- Des musiques de jeux SEGA à débloquer pour l’autoradio du buggy
- De nombreux clins d’œil à l’œuvre d’origine
- Une réalisation dépassée
- Une maniabilité toujours assez rigide
- Moins riche qu’un Yakuza
- Des expéditions sans intérêts dans le désert…
- … avec un buggy à la conduite désagréable
- Des références au manga pas toujours bien exploitées
La rencontre entre Hokuto No Ken et Ryu Ga Gotoku, alias Yakuza : une idée saugrenue ? Pas vraiment, en fait, puisque Kazuma Kiryu partage beaucoup de points communs avec le personnage créé par Buronson et Tetsuo Hara. En effet, les deux protagonistes se montrent aussi intraitables face à la racaille que généreux et dévoués avec la veuve et l’orphelin. Après tant d’années à les voir prêcher la bonne parole avec leurs poings, il était donc temps que la filiation entre ces deux là soit officiellement reconnue. Et c’est maintenant chose faite, puisque Hokuto Ga Gotoku, ou Fist Of The North Star Lost Paradise en Occident, est désormais disponible sur PS4. Mais ce crossover est-il vraiment à la hauteur de ces deux légendes ?
Pour le coup, ce n’est pas dans les quartiers chauds de Tokyo que le Ryu Ga Gotoku Studio emmène les joueurs. Mais la ville d’Eden tente de rivaliser comme elle peut avec le Kamurocho de Yakuza. Car, malgré une superficie plus réduite, Kenshiro peut ici trouver tout ce dont il a besoin, à commencer par différentes boutiques où il peut s’équiper pour améliorer sa défense et faire le plein d’objets de soins. Surtout, le contexte post-apocalyptique n’exclut pas les petits plaisirs de la vie que sont les sorties au bar, au casino ou dans le bar à hôtesses du coin. Chacun de ces endroits est alors l’occasion de s’adonner à différentes activités annexes, même si cela s’apparente parfois plus à une corvée qu’à une pause récréative pour le protagoniste. Une fois derrière le bar, il s’agit, par exemple, de servir les cocktails que l’on réalise via différents mini-jeux qui rappellent les meilleures heures de Track’n’Field. En un temps limité, le joueur doit secouer la manette, appuyer le plus rapidement sur les touches de la manette ou faire pivoter le stick analogique droit afin de remplir une jauge. Le résultat conditionne alors la réussite, ou non, du breuvage, sachant que satisfaire les clients a des conséquences positives. Puisque parmi les habitués, on trouve les responsables des boutiques situées en ville. S’attirer leurs faveurs permet alors de trouver un choix d’articles plus important dans leurs échoppes respectives. Le bar à hôtesses rappelle, au passage, l’activité disponible dans les épisodes récents de Yakuza : il faut ici gérer l’accueil de clients et venir en aide aux employées lorsque le besoin se faire sentir. Enfin, d’autres jobs secondaires sont disponibles, comme des missions de chasseur de prime ou encore la clinique où il faut soigner les malades en rythme. C’est l’occasion de s’adonner à un mini-jeu inspiré par la série Project Diva. Tout un programme qui rappelle à quel point le studio se plaît à briser la routine d’un univers sombre à l’aide de parenthèses parodiques.
LE DÔME DU TONNERRE
Car tout n’est pas rose autour d’Eden. Parti en quête de Yuria, sa bien-aimée, Kenshiro se retrouve à errer dans le désert jusqu’à parvenir aux portes de la cité. Celle-ci abrite quelques privilégiés qui profitent d’une abondance de nourriture et de biens tandis que des milliers de malheureux peinent à garder l’espoir d’y pénétrer un jour. Mais c’est en se faisant arrêter par les membres de la garde, avant de regagner sa liberté via des combats de gladiateurs, que Kenshiro obtient son billet d’entrée. L’histoire de Lost Paradise est fondée sur une trame originale, même si celle-ci est rythmée par de nombreux clins d’œil à l’œuvre d’origine. Mais si les références, comme la rencontre avec Rei, les retrouvailles avec Toki ou encore les duels face à Thouther ou Jagi devraient donner quelques frissons nostalgiques aux fans du manga et de la série animée, l’ensemble paraît quelque peu bricolé, avec ces figures emblématiques qui arrivent un peu de nulle part. Mais le plus ennuyeux demeure ces expéditions dans le désert régulièrement imposée pour faire progresser l’intrigue. Non seulement rouler dans ce genre de décor en gardant un œil sur le réservoir d’essence a peu d’intérêt en soi, mais, en plus, le buggy s’avère désagréable à conduire, la faute à une adhérence toute relative. Le comble est atteint lorsqu’il faut prendre part à des courses automobiles : heureusement, hormis la première qui est assez facile, celles-ci ont le mérite de rester optionnelles. Néanmoins, tout cela casse le rythme de l’aventure : on reproche parfois à certains volets de Yakuza de se perdre parfois dans quelques séquences de jeu hors-sujet, et on retrouve le même écueil ici, malgré une durée de vie moins importante.
"TON ACIER EST EN TRAIN DE ROUILLER !"
Cela dit, les fans de Ken le survivant devraient avant tout se tourner vers le jeu pour la bagarre. Et ils risquent d’être servis puisque l’héritier des plus grands maîtres chinois (dixit la chanson) est régulièrement interrompu dans ses pérégrinations par des loubards plus menaçants les uns que les autres. Quand ils ne s’en prennent pas à de pauvres innocents, ils n’hésitent pas à directement interpeller le héros juste pour le plaisir. C’est à ce moment là que ces malheureux se heurtent aux techniques du Hokuto Shinken, au cours de combat qui rappellent naturellement ceux de la série Yakuza. On retrouve donc les enchaînements d’attaques rapides que l’on peut conclure par une attaque forte, mais les Heat Moves de Kiryu ont été remplacés par de nouvelles attaques contextuelles. Ainsi, un ennemi tombé en état de choc après avoir subit suffisamment de dégâts peut être achevé à l’aide de l’une des attaques signatures de Kenshiro. On peut à ce moment là appuyer sur la touche dédiée aux attaques des points vitaux, sachant qu’un timing précis permet d’éliminer un ennemi de base d’un seul coup. Ou bien, selon l’enchaînement utilisé, un QTE peut se déclencher : manquer celui-ci ne pénalise pas vraiment le joueur, mais le valider occasionne de lourds dégâts. Si l’on retrouve la violence exacerbée de Yakuza, avec les corps qui explosent et les gerbes de sang en plus, on retrouve également la maniabilité relativement rigide du modèle. Ce n’est pas forcément gênant face aux petites frappes et allonger ces derniers à la chaîne demeure très défoulant ; mais cela s’avère assez agaçant lorsque l’on doit faire face aux différents boss. Comme dans Yakuza, ceux-là ont tendance à se faufiler un peu trop facilement entre les coups, ce qui rend ces duels souvent laborieux. Ceux qui connaissent bien la série de SEGA savent à quoi s’attendre, mais les curieux qui ont l’habitude de directement de commencer un jeu avec un niveau de difficulté supérieur devraient en prendre note avant de se lancer.
L’ÉTOILE DE LA MORT
Enfin, il est difficile de ne pas mentionner la réalisation qui risque de décevoir ceux qui viennent de terminer Yakuza 6 ou Kiwami 2. Alors que ces deux jeux ont été développés à partir du Dragon Engine, qui a été conçu pour faire passer la saga à la vitesse supérieure, Lost Paradise s’appuie sur le moteur des épisodes précédents. La différence saute aux yeux : les environnements sont sommaires et, en dehors des figures principales, la modélisation des personnages est dépassée. Si l’on ajoute les faiblesses évoquées plus tôt, tout cela fait de Fist Of The North Star Lost Paradise un jeu assez décevant. Cela dit, il faut reconnaître qu’il s’agit tout de même de l’une des meilleures adaptations de Hokuto No Ken en jeu vidéo, l’œuvre n’ayant pas vraiment été gâtée de ce côté-là. Ainsi, les plus grands inconditionnels pourraient éventuellement passer quelques heures finalement loin d’être affreuses. Surtout que, pour assurer l’ambiance, le studio a réunit les comédiens qui assurent habituellement le doublage de Yakuza. Les connaisseurs auraient, sans doute, préféré retrouver les comédiens de la série et des films ; mais reconnaître quelques voix familières dans un tout autre contexte a quelque chose d’amusant. C’est toutefois loin d’être suffisant pour faire de Lost Paradise un incontournable.