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Indéniablement, Def Jam : Icon est une grosse déception, surtout pour quiconque ayant tâté Def Jam : Fight For NY. Electronic Arts avait pourtant les moyens d’offrir aux amateurs de hip-hop un troisième opus du tonnerre notamment grâce à de très bonnes idées, telles que l’option "Directeur de Label", l’utilisation de la musique en jeu, et à une esthétique graphique particulièrement accrocheuse. Ces trouvailles sont malheureusement mal exploitées et le reste du jeu a du mal à suivre ! C’est ainsi que l’on ne prend plus autant de plaisir à contrôler les personnages qu’auparavant à cause de leur lenteur de déplacement, des styles de combat et des coups limités. La durée de vie est également sommaire avec peu de modes de jeu, un nombre réduit de combattants et d’arènes et un mode online poussif. Quel dommage !
- Une bande-son idéale
- Graphiquement réussi
- Pavé de bonnes intentions
- Un gameplay mou du genou et limité
- Une durée de vie légère
- Le mode Monter un Label qui méritait plus d’attention
- Le jeu en ligne pas au point
- Pas assez de personnages et de stages
Rares sont les éditeurs à imposer une nouvelle référence dès les premiers pixels à l’écran. Et pourtant Electronic Arts, souvent décrié pour ses suites sans grandes nouveautés, avait frappé très fort dans l’univers des jeux de baston avec la licence Def Jam. Mais c’est surtout Def Jam : Fight For NY qui, en 2004, a marqué de son empreinte son époque. Que l’on soit fan ou non de hip-hop, difficile de passer à côté de la déferlante Def Jam et surtout de succomber aux charmes bagarreurs des rappeurs du label bien connu. Autant dire que l’arrivée d’un troisième opus sur consoles nouvelle génération était attendue de pied ferme. Et si le dicton "jamais deux sans trois" s'adapte bien de manière générale, ce n'est pas le cas pour Def Jam : Icon..
Juin 2003, Electronic Arts succombe à la mode grandissante du hip-hop. Mais plutôt que de céder à la tentation d’un jeu musical genre B-Boy ou Get On Da Mic, l’éditeur allonge la monnaie pour s’offrir la licence du label musical "Def Jam", bien connu des fans de Ludacris, Redman, Jay-Z, LL Cool J, Method Man, Nas ou encore Rihanna. Et vu que l’univers du hip-hop n’est jamais loin des violences urbaines, à tort ou à raison, EA Sports Big demande à AKI Corporation de concocter un premier titre : Def Jam Vendetta, mélange entre baston de rue, prise de soumission, catch et ultimate fighting. Le succès étant au rendez-vous, EA Games se charge de sa suite et l’apporte à maturité avec Def Jam Fight For NY. La suite, vous la connaissez avec un triomphe incroyable sur PlayStation 2, Xbox et GameCube. Mais à l’approche des consoles nouvelle génération HD, Electronic Arts ne pouvait pas se contenter des machines current gen’, d'autant que les développeurs d’EA Chicago fourmillaient d’idées afin de faire fusionner musiques et baston. Le résultat s’appelle donc Def Jam : Icon mais il n’arrive malheureusement pas à la cheville de son prédécesseur.
Who’s da boss, now ?
Avec Def Jam Vendetta, il fallait se fritter avec un certain D-Mob, un des artistes les plus prolifiques des années 1990. Mais son appât du gain auprès d’Electronic Arts lui à valu de se faire remplacer par un autre dinosaure du gangsta rap américain dans Def Jam : Fight For NY : Snoop Dogg. Oubliez les sombres affaires de boîtes de nuit de 2004, cette fois-ci on grimpe d’un niveau afin de devenir le producteur de disques le plus doué de sa génération. Mais même en étant à la tête d’un des plus gros labels de musique, il faudra taper du poing – au sens propre comme au sens figuré – pour se faire respecter dans ce monde de requins. Après avoir créé votre personnage de la tête aux pieds grâce à une large palette d’options, vous devrez choisir un style de combat. Mais entre le combat de rue, le street-kwondo, le kung-fu, le kickboxing, la bagarre ou la capoeira, il y a différents points faibles et atouts à prendre en compte. Ainsi un style puissant ne favorisera pas la rapidité et inversement, tandis que d’autres réduiront les dégâts au corps à corps ou diminueront les distances de lancers. Mais une fois ces paramètres sauvegardés, il y a un petit truc qui nous chagrine et qui est malheureusement souvent la marque de fabrique de l’éditeur : la lenteur de navigation dans les menus. Comme depuis quelques années, il faut s’armer de patience entre deux menus et cette tare s’accentue de plus belle avec l’affichage de l’aperçu de votre personnage. Que vous soyez dans le menu de personnalisation physique, dans les boutiques de fringues, chez le coiffeur ou chez le bijoutier, le jeu est poussif et cela n’annonce rien de bon pour la suite des événements.
Fatal Bazooka Vs. Vitoo
Mais avant de s’attarder sur la réalisation de ce Def Jam : Icon, continuons d’explorer le mode "Monter un Label" qui s’apparente à un mode "Histoire". Hip-hop et Def Jam oblige, vous allez croiser sur votre route plusieurs artistes célèbres tels que The Game, Sean Paul, Fat Joe, T.I., Redman, Young Jeezy, Paul Wall, E-40, Ghostface Killah, Bun B, Method Man, Tego, Lil Jon ou Ludacris. Plus d’une vingtaine de personnages donc qu’il faudra débloquer à fur et à mesure des rencontres et de vos exploits en mode "Monter un Label". Vu que vous rêvez de devenir le nouveau Pascal Le Nègre du hip-hop, il faudra faire signer un maximum d’artistes dans votre maison de disque et ça ne se fait pas avec des fleurs et une boîte de chocolat. Plutôt que de se retrouver autour d’une table le chéquier à la main, vous optez pour la manière forte et quelques mandales suffiront à en faire changer d’avis plus d’un. De fil en aiguille, vous allez vous entourer des plus grands rappeurs mais là ne s’arrête pas votre boulot. Une fois le contrat en mains, ces derniers partiront en studio enregistrer un ou plusieurs albums que vous devrez promouvoir en assurant la distribution, la production, la radiodiffusion ou encore les interviews. Mais ces paramètres ne sont pas gratuits et l’argent que vous récolterez au gré des combats et des albums vendus serviront à ça. L’idée est très originale d’autant plus que vous devez atteindre certains objectifs comme les Disques d’Or et les Disques de Platine. Au commencement, votre compte en banque criera famine mais plus vous avancerez en mode "Créer un Label" et moins vous compterez les millions engrangés. Dès lors que vous dépassez le seuil des 10 millions en poche, cette option ne présente que peu d’intérêt et est surtout beaucoup trop limitée pour avoir une réelle influence sur le jeu, l’histoire ou le dénouement. Def Jam : Icon reste linéaire malgré la possibilité de choisir entre tel ou tel chanteur et peu importe vos talents de producteurs, ça ne changera finalement rien.
Daddy DJ
Vous l’aurez donc compris le mode "Monter un Label" mise avant tout sur les combats. Et là on approche du point sensible de Def Jam : Icon. Comme stipulé durant la campagne promotionnelle du jeu, Electronic Arts a joué gros sur le mélange baston de rue et musiques. Le résultat est aussi étrange qu’intéressant puisque les décors dans lesquels vous évoluerez bougent au rythme des basses de chaque morceau, différent d’un artiste à un autre. Par conséquent, les éléments présents dans l’arène se déforment petit à petit, se brisent au son des basses, explosent ici ou là. Cette interaction n’est pas là que pour nous émerveiller la rétine mais elle représente un véritable danger de tous les instants pour quiconque se retrouve balancer contre une pompe à essence, une bagnole, un hélicoptère, une gogo danseuse ou une cheminée. Danger pour l’un mais allier pour l’autre. Vous devrez donc tendre l’oreille afin d’attaquer au rythme de la musique et faire un maximum de dégâts. Mais si vous êtes du genre impatient, vous pouvez également différer le beat grâce aux platines DJ associées aux sticks analogiques gauche et droite. Le premier permet, en maintenant LT ou L2, de passer le morceau associé à votre rappeur. Ce changement de son permet à son combattant de booster la puissance et la rapidité de ses attaques. L’autre stick scratche la musique afin de déclencher simultanément les objets interactifs du décor. Une fois ces deux paramètres bien intégrés, il ne vous reste plus qu’à réduire en charpie votre adversaire.
Best of Slow
Il est donc temps de se familiariser avec les coups disponibles dans Def Jam : Icon. Premier constat, le titre est beaucoup plus limité que Def Jam Vendetta et Def Jam Fight For NY. Premièrement, les fatalités de stage ont été revues à la baisse et on en comptabilise que une ou deux sur les quelques niveaux disponibles. Mais ce sont surtout les prises au corps à corps qui font pitié. Depuis plusieurs années, Electronic Arts est un partisan du stick analogique droite pour gérer les attaques. On a vu ça dans Fight Night Round 3 avec un résultat très agréable. Mais ici, on reste sur notre faim. Le stick "R" gère les attaques directionnelles avec des mouvements de quart de cercle ou deux coups vers le bas. A chaque manipulation, votre personnage exécutera une attaque lente mais puissante envoyant valdinguer l’adversaire dans le décor. Les techniques de bases (coups hauts et coups bas) sont associées aux quatre boutons de la manette. Quant aux prises au corps à corps, c’est la fête des combinaisons pour un résultat qui manque de technique. En dirigeant le stick analogique droit vers le haut, vous saisirez votre ennemi au col. Dès lors plusieurs options s’offrent à vous : balancer quelques bourre-pifs avec les boutons traditionnels, exécuter un prise au sol via les directions de la croix multidirectionnelle ou le lancer grâce à stick R. Autant dire qu’on se complique la vie et qu’au final on aura tendance à privilégier les projections beaucoup dévastatrices. De ce fait, les autres techniques de combat passent à la trappe et Def Jam : Icon devient un tantinet répétitif. Mais si ce n’était que ça ! Le jeu souffre d’une lenteur de déplacement des personnages. Les rappeurs se déplacent comme des pachydermes, frappent et défendent aussi vite que des octogénaires. Si certains pouvaient pester à l’encontre de la vitesse d’exécution des coups dans Def Jam Fight For NY, mieux vaut qu’ils évitent ce jeu sous peine d’envoyer valdinguer manettes et consoles à travers la fenêtre. A cela n’oublions pas non plus une caméra pas toujours bien ajustée au fur et à mesure des déplacements des bonhommes.
Da game is to be told not to be sold
D’un point de vue du gameplay, Def Jam : Icon fait machine arrière malgré l’idée intéressante d’utiliser les décors au rythme de la musique à son avantage. Et ce problème de jouabilité s’intensifie lorsque vous vous essayer aux combats en ligne. Que vous rejoignez une partie ou que vous hostez, il y a un trop gros temps de latence entre le moment où vous appuyez sur le bouton ou le stick et le moment où votre personnage réagit. Espérons qu’Electronic Arts sorte un patch rapidement avant que les joueurs ne désertent les serveurs parce que sinon la durée de vie risque d’en prendre un coup. Le mode "Monter un Label" se plie en quelques heures et le reste des modes de jeu proposés fait dans le traditionnel avec des combats solos contre l’ordinateur, des matchs en versus ou des baston au rythme de votre bande son personnalisée. Cependant Def Jam : Icon bien que décevant manette en main propose une réalisation offline et online alléchante déjà grâce à un choix graphique original. Afin de marquer le coup, Electronic Arts a esthétiquement travailler son troisième opus en choisissant notamment des palettes de couleurs aux contrastes saturés qui s’accentue selon la musique choisie, les décors ou le niveau de santé d’un des deux participants. Tout comme Fight Night Round 3, aucune information à l’écran ne vous indique vos points de vie, à moins d’activer une option dans les menus. Vous devez donc vous fier à la coloration de l’image et dans le cas de la version Xbox 360 aux vibrations plus ou moins intenses de la manette. De toute manière, il suffit de jeter un coup d’œil à son personnage de plus en plus balafré pour se rendre compte que le combat tourne au vinaigre. A ce propos, la modélisation des artistes est comme souvent chez Electronic Arts au poil malgré un grain de peau contestable.