Test Anthem : on l'aime, un peu, beaucoup, à la folie ou pas du tout ?
14 20
Anthem aurait pu être un jeu solo exceptionnel. Ou bien un titre multi incontournable. Mais en essayant de ménager la chèvre et le chou, Bioware s'est un peu perdu en chemin. Rien de catastrophique, mais il vaut mieux considérer d'emblée l'aspect scénaristique comme secondaire. Ainsi, on peut se concentrer directement sur les combats et l'exploration, deux aspects extrêmement réjouissants. Les phases de vol comme les affrontements ont une patate d'enfer, et les joueurs ont la garantie de se sentir comme des "Iron Men" sous stéroïdes. Cependant, il reste encore au studio à nous proposer plus de contenu et de variété. Si les futures mises à jour arrivent à remplir cet objectif, alors l'avenir du jeu s'annonce radieux. En attendant, il faut bien admettre que le contenu reste un peu trop maigre pour un lancement de cette trempe. Allez, on croise les doigts pour la suite.
- Le Frostbite assure grave le spectacle...
- Mécanique de vol bien fichue
- Combats très agréables
- Quatre classes bien différenciées
- Personnalisation des javelins poussée
- Le mélange entre science et fantasy prend bien
- Le matchmaking est efficace
- Le jeu devrait rapidement s'étoffer
- ...mais y a quand même un downgrade depuis l'E3
- Scénario bien trop classique
- Séquences en ville assez laborieuses
- Pas (encore ?) de PvP
- Assez répétitif
- Manque de contenu haut niveau
- Présence de micro-transactions
- Temps de chargement longs et nombreux
- Encore quelques bugs
Avec Baldur's Gate, Dragon Age, Mass Effect, ou encore Star Wars : Knights of the Old Republic inscrits sur son curriculum vitæ, Bioware est incontestablement un studio de développement majeur. Chacun de ses projets est forcément scruté avec beaucoup d'intérêt par les médias et les joueurs, encore plus quand il s'agit d'une nouvelle licence. Depuis sa révélation à l'E3 2017, Anthem a donc suscité de nombreuses attentes, accompagnées parfois de quelques craintes. Nous allons voir que le jeu est effectivement capable du meilleur… mais pas que.
Très orienté multi, Anthem se dote tout de même d'une composante narrative relativement importante. Ainsi, tout un univers a été créé, qui emprunte à la fois à la science-fiction et à la fantasy. Le monde est peuplé de créatures organiques assez originales et propose des décors naturels (jungles, falaises, cascades…), ce qui permet de contrebalancer l'aspect boîtes de conserve des exosquelettes. Ce mélange fonctionne plutôt bien, et le jeu arrive à digérer de multiples influences, allant de Iron Man à Star Wars en passant par la culture moyen-orientale. En revanche, le scénario à proprement parler ne casse vraiment pas des briques. Extrêmement manichéen, il tente de cacher son manque d'originalité derrière une avalanche de termes exotiques, qui sont assénés sans aucun ménagement au joueur, comme s'il était déjà censé savoir de quoi on lui parle. Cénotaphe, hymne de la création, Maëlstrom, Satomi, galapins, tésilar,arpenteurs, javelins, ursix, arcanistes, anzu, Scars, Urgoths, crypteurs, et tout un tas de noms propres divers et variés, vous obligeront à ouvrir régulièrement le codex du jeu (ici appelé Cortex). Dans un RPG solo on aurait presque pu considérer tout cela comme une qualité, mais Anthem reste un jeu essentiellement multijoueurs et le temps passé dans Fort Tarsis, la ville qui sert de hub, apparaît ici plus comme une perte de temps qu'autre chose. Les déplacements y sont trop lents, les PNJ sont éparpillés d'un bout à l'autre de la ville, la plupart des dialogues n'ont aucun intérêt et s'éternisent inutilement, et les rares dialogues interactifs ne proposent que quelques choix binaires qui feront pleurer les fans de Baldu'rs Gate ou de Mass Effect. Le jeu tente bien quelques twists pour casser la dichotomie "gentils contre méchants" mais la sauce ne prend pas. De plus, il est très difficile de s'attacher à des personnages qui ne nous accompagnent jamais dans les phases de gameplay et qui semblent évoluer à part. Même les missions les plus scénarisées n'arrivent pas vraiment à impliquer le joueur à 100% puisque le fait de jouer à quatre oblige à suivre le rythme des autres. Et on a du mal à croire qu'on est réellement le héros de l'aventure quand on remplit systématiquement les quêtes à plusieurs.
FORT EN THÈME
Il est extrêmement difficile de concilier solo et multi, et Bioware n'a donc pas réussi à faire de miracles à ce sujet. Oubliez d'ailleurs tout de suite l'idée de jouer exclusivement en solo, vous devrez forcément faire équipe avec d'autres personnes à un moment ou un autre. Le jeu vous y incite d'ailleurs fortement, en vous offrant plus de points d'expérience si vous jouez en équipe. Et les forteresses (l'équivalent des donjons ou raids dans un MMO) sont absolument infaisables en solo. Heureusement, le matchmaking est aussi rapide qu'efficace. On trouve ainsi très facilement des partenaires pour les missions scénarisées. Par ailleurs, il est possible d'évoluer dans le monde ouvert en "partie libre", afin de ramasser des ressources, de voyager en toute liberté dans les environnements, de tomber sur des événements aléatoires, et de croiser d'autres joueurs qui vaquent également à leurs occupations. La coopération se fait alors de manière totalement organique, et l'on peut remplir de petits objectifs à plusieurs sur le pouce. D'une manière générale, on passe de très bon moments dès lors qu'on quitte Fort Tarsis.
Car si l'aspect narratif est plutôt laborieux, les phases de combat et d'exploration sont en revanche extrêmement enthousiasmantes.
Car si l'aspect narratif est plutôt laborieux, les phases de combat et d'exploration sont en revanche extrêmement enthousiasmantes. Rien que la mécanique de vol est digne de hautes louanges. Elle procure de très bonnes sensations de puissance et de vitesse, permet de combattre en vol stationnaire, et bénéficie d'un équilibre parfait. Un vol illimité aurait beaucoup trop simplifié les choses, puisque les joueurs auraient pu éviter la plupart des menaces, tandis qu'une simple limitation dans le temps aurait clairement manqué d'attrait. Ici, vous devrez gérer la surchauffe des javelins (le terme officiel pour désigner les exosquelettes), soit en faisant régulièrement de brèves pauses dans les décors, soit en plongeant en piqué avant de remonter une fois les moteurs refroidis, soit en passant sous une cascade d'eau, soit en frôlant les étendues aquatiques, ce qui demande un peu plus de dextérité. Dans tous les cas, on se déplace avec très grand plaisir.
MORTELS COMBATS
Les affrontements avec les ennemis sont également un grand point fort du jeu. Ainsi, la présence de quatre classes bien différenciées et d'un système de combos offre une toute petite dose de tactique, au milieu d'une action généralement frénétique. Les quatre classes de javelins en question sont le Colosse, l'Intercepteur, le Commando et le Tempête. Le premier est le plus puissant, le plus massif et le plus résistant. Bref, c'est un "tank" qui excelle en combat rapproché. Le second est l'exosquelette le plus rapide et le plus agile. Le troisième représente un bon compromis entre vitesse et protection. Enfin, le dernier peut en rester survol stationnaire plus longtemps que les autres, possède plus d'attaques élémentaires, mais dispose par ailleurs de l'armure la plus faible. Malgré ces différences, les rôles ne sont pas figés comme dans d'autres jeux, la personnalisation en termes d'armes, de grenades, de composants et d'équipements permettant en permanence de jouer comme on l'entend. Chaque classe possède trois attaques spéciales et une attaque ultime, qui ont toutes le bon goût de se recharger très rapidement. L'action est donc extrêmement dynamique, et se retrouver à court de munitions devient presque un non événement puisqu'il reste possible de continuer le combat grâce aux capacités spéciales. Le système de combos évoqué plus haut s'exprime à travers les dégâts élémentaires (acide, feu, foudre, gel…), et combiner les différents effets (par soi-même ou avec l'aide de nos camarades de jeu) multiplie donc les dégâts et les effets spéciaux affichés à l'écran. Ca pète de partout, et tant pis si l'action manque par moments de visibilité, car la sensation de puissance est absolue. Seul petit point noir : lorsqu'on tombe au combat, il est impossible de se traîner à terre pour rejoindre nos coéquipiers. On s'ennuie donc un peu en attendant que quelqu'un vienne nous relever.
ANTHEM, ON T'AIME ?
La puissance des combats n'est pas la seule réussite du jeu, qui arrive également à proposer un bon système de loot à la Diablo, avec des équipements aux multiples effets. Le système de crafting tient également la route, et il permet de personnaliser très fortement notre javelin. Forme des pièces d'armure, matériaux, couleurs, stickers et animations peuvent ainsi être sélectionnées parmi une multitude d'options. Nul doute que les joueurs les plus créatifs et les plus sensibles à l'aspect esthétique passeront beaucoup de temps à personnaliser leur avatar métallique. Des micro-transactions sont hélas de la partie, mais elles se limitent heureusement à l'aspect cosmétique. Par ailleurs, le jeu brille par son aspect visuel. Comme souvent, le moteur Frostbite assure totalement d'un point de vue technique. Certes, le jeu a subi un downgrade depuis les premières vidéos montrées à l'E3 (on commence à avoir l'habitude…). Mais le résultat final reste dans le haut du panier, et on prend autant de plaisir à observer les animations faciales de nos interlocuteurs dans Fort Tarsis qu'à explorer le monde ouvert luxuriant. Quelques bugs viennent légèrement noircir le tableau technique, mais si leur liste est relativement variée (son qui se coupe, script de fin de mission qui ne se déclenche pas, téléportation d'ennemis, personnage bloqué dans les décors, perte de connexion avec les serveurs…), leur occurrence reste limitée.
Par ailleurs, le jeu brille par son aspect visuel. Comme souvent, le moteur Frostbite assure totalement d'un point de vue technique. Certes, le jeu a subi un downgrade depuis les premières vidéos montrées à l'E3 (on commence à avoir l'habitude…). Mais le résultat final reste dans le haut du panier...
En revanche, les temps de chargement sont beaucoup trop nombreux et trop longs, même avec un SSD. Il faut absolument que Bioware remédie à ce problème car le rythme des parties en pâtit sérieusement. Les développeurs ont d'ailleurs du pain sur la planche s'ils veulent réellement faire de Anthem un "game as a service". Pour l'heure, il n'y a aucun mode PvP, les missions sont répétitives, et le jeu manque de contenu une fois le niveau maximum atteint. On ne dénombre ainsi que trois forteresses à faire en boucle en endgame. Ce point est extrêmement problématique mais, heureusement, le studio en garde sous le coude. Du contenu est déjà prévu afin d'enrichir le jeu, présenté sous forme d'actes regroupant de nouveaux personnages, éléments scénaristiques et missions. Le premier acte est prévu pour le mois de mars, donc très rapidement, mais les deux autres n'ont pas encore de date de sortie. Si tous se révèlent conséquents et gratuits, alors Anthem deviendra peut-être le grand jeu que l'on attendait. Sinon, il restera une expérience agréable mais limitée.