Test Alien Isolation sur PS4 et Xbox One sur Xbox One
La Note 1720
Alien Isolation réussit le pari d'être le jeu le plus fidèle au film de Ridley Scott, grâce à son choix de gameplay, à son background et surtout à une direction artistique et une ambiance exceptionnelles. Sans aucun doute, Alien Isolation est le jeu Alien le plus réussi depuis des lustres. En enlevant au joueur toute sa puissance, en faisant de lui une simple proie à peine capable de fuir correctement, The Creative Assembly prend le risque de se couper d'une partie de son public. Mais c'est aussi tout l'intérêt du jeu : c'est de là que naît l'angoisse, la peur, et c'est ce qui va motiver tous vos mouvements et rendre les parties de chasse si intéressantes et si différentes en fonction des joueurs. Le jeu use les nerfs, pousse à la patience, mais il sait rester sur un fil assez ténu pour ne pas devenir trop punitif. Il aurait peut-être mérité quelques mois supplémentaires pour rendre les PNJ un peu moins lourds/inutiles/mal fichus, peufiner l'I.A. du Xénomorphe et autres détails un peu agaçants. Mais c'est un grand oui, pour les fans d'Alien, pour ceux qui aiment le challenge ou qui ont envie d'avoir peur. Retrouvez plus bas la suite de notre test d'Alien Isolation
Les plus
Le meilleur jeu Alien depuis bien longtemps
Un background sympatoche
Un choix de gameplay cohérent avec le film original
Une direction artistique au top...
… et une ambiance tout aussi réussie
Très clean visuellement
Prend le risque de démunir le joueur face au prédateur
Une IA quasi-imprévisible
La conception des phases de traque
Très bonne durée de vie
Les moins
Les PNJ ratés
L'IA parfois inégale du Xénomorphe
Le système de visée/jet à la ramasse
Le craft finalement assez secondaire...
Petit manque de finition
Le Test
Parmi les nombreux gros titres de cette rentrée, on ne vous cachera pas qu'on attendait ce nouvel Alien avec une certaine impatience. La dernière fois que nous avions vu le jeu, il avait su attiser notre curiosité. Vous allez me dire, c'était pas bien compliqué : après des années et des années passées à génocider du Xénomorphe à la mitrailleuse dans du bon nanard vidéoludique, on nous proposait enfin une recette digne du film de Ridley Scott. Un hommage axé sur la survie, sur la fuite, un titre dont l'ambition est de rendre enfin à la célèbre créature ses lauriers de prédateur impitoyable. Et après le four d'Aliens : Colonial Marines, produit à l'arrache dans les marmites nauséabondes de plusieurs studios pas franchement concernés, savoir que les minutieux développeurs de The Creative Assembly s'occupaient de ce bébé nous a fait chaud au cœur. Les attentes sont colossales ; le résultat l'est-il aussi ? On vous donne notreverdict final.
25 ans. Il a fallu attendre un bon quart de siècle pour enfin avoir droit à un titre dont la volonté est de rendre hommage à un chef d’œuvre qui a marqué l'histoire du cinéma, à savoir Alien : Le Huitième Passager. Pour The Creative Assembly, pas question d'ajouter un nouveau boulet à la longue liste de jeux vidéo daubiques estampillés Alien. Il faut être à la hauteur, coller à ce mythe originel. C'est pourquoi Alien Isolation fait fi des suites pour se caler 15 ans après le premier long-métrage dans la frise chronologique ; Amanda Ripley (fille de) n'a toujours aucune nouvelle ni de sa mère, ni du Nostromo, qui a disparu corps et biens. Jusqu'au jour où la Compagnie lui apprend que la boîte noire du vaisseau a été retrouvée et ramenée jusqu'à une station spatiale commerciale du nom de Sevastopol. On évitera d'être trop précis pour ne pas vous gâcher le plaisir, d'autant que vous allez pouvoir fouiller pour en savoir plus sur le scénario, mais Ripley Junior va bien rapidement se retrouver seule au cœur de ce qui semble être une gigantesque coquille vide. Avec en bonus la joie de se retrouver traquée par l'un des organismes les plus meurtriers de l'Histoire, mystérieusement lâché dans une Sevastopol qui fait office de bergerie...
RIDLEY SCOTT APPROVED ?
Indéniablement, le choix du background d'Alien Isolation est des plus pertinents. Tout en profitant d'une sorte de vide chronologique pour avoir les mains libres, The Creative Assembly réussit à rester très proche dans le temps du Huitième Passager. Question d'authenticité. Et à ce niveau, on ne peut pas franchement se plaindre. En extrapolant à partir des visuels du Nostromo, des décors du film, des croquis, photos et de toute la matière mise à disposition par la Fox, le studio a créé une Sevastopol ultra-cohérente avec l'univers de science-fiction développé par Ridley Scott en 1979. Et cela passe d'abord par une direction artistique de haute volée, qui se saisit de cette esthétique particulière (lumière blafarde, contraste entre les sombres corridors métalliques et le blanc éclatant des parties habitables, jeu sur les ombres) et réussit à en faire un fabuleux décor pour plus de vingt heures de jeu. Le sens du détail (et du fan-service bien entendu) du studio britannique se retrouve jusque dans le système de signalisation au sein du vaisseau, dans les QTE de piratage ou, comme dans Dead Space, dans les affiches plus ou moins propagandistes affichées au mur. De la même façon, on découvre des post-it réclamant la réparation du système de climatisation à l'intérieur de certains casiers.
Clairement, la musique d'Alien Isolation est à la hauteur de son modèle.
Mais au-delà du côté visuel, Alien Isolation a également su s'approprier en grande partie ce qui fait le sel du tout premier film de la saga, à savoir son ambiance, pesante, oppressante même. On vous parlait des jeux d'ombres un peu plus haut, mais c'est tout l'éclairage du jeu qui est à mettre en avant. Non seulement il permet de maintenir ce lien de filiation, mais c'est aussi la clé de la flippe. L'obscurité en est évidemment un pilier, mais la lumière aussi : artificielle et pâle ou clignotante et anxiogène, elle n'est pas tout le temps (pas souvent même) une source de réconfort... Idem du côté de la musique : basée sur les enregistrements originaux du film, bien gardés dans les archives de la Fox depuis plus de vingt ans, elle semble ne pas être constituée de tronçons clairs et nets, correspondants à tel endroit ou tel moment du jeu, mais plutôt d'une longue ligne symphonique qui va s'adapter aux situations que vous allez affronter, quitte à devenir parfois quasi-inaudible. Clairement, la musique d'Alien Isolation est à la hauteur de son modèle et c'est, comme dans les grands titres du genre, un des principaux vecteurs de votre angoisse.
LES FESSES QUI FONT BRAVO
Ah oui, parce qu'il est temps de le préciser, Alien Isolation colle les miquettes. Mais quelque chose de bien hein, viscéralement, en particulier dans son premier tiers. Évidemment, n'allez pas vous y coller à trois heures de l'après-midi chez Tata Hortense avec toute la famille autour et le soleil qui passe par la fenêtre. Lancez le jeu de nuit, avec un casque sur les oreilles et ce sera tout de suite bien mieux. Le choix de la caméra à la première personne est bien entendu un choix déterminant pour faire monter la pression. Le rythme volontairement irrégulier du soft et son ambiance générale suivent également cette idée. On va citer à nouveau le premier Dead Space, mais c'est un aïeul plutôt prestigieux alors allons-y gaiement : le jeu de Creative Assembly vous laisse mijoter, qui plus est dans votre propre jus. Il vous laisse le soin de deviner des ombres où il n'y en a pas (forcément), le sound design et les éclairages se chargent du reste. Les bruits dans les conduits, la respiration d'Amanda... Mais, pour nous, ce qui fait d'Alien Isolation une expérience mortifiante pour les nerfs, c'est avant tout le fait de rendre le joueur tellement inférieur à la bête qui est en train de le traquer. Le Xénomorphe de Creative Assembly est redevenu la menace mortelle de 1979, il est partout et nulle part : s'il vous trouve, c'est foutu. N'essayez pas de vous échapper, il court plus vite que vous. Et c'est de là que provient la peur, le fait de se rendre compte de sa terrible vulnérabilité.
ORGANISME INTELLIGENT
La majeure partie du jeu (là encore, on préfère rester flous) consiste donc à faire votre chemin dans une Sevastopol en ruines, et donc à vous échapper de situations de traque particulièrement velues avec la créature aux trousses. Le principal allié de Ripley ? Le détecteur de maman, son bip-bip caractéristique et en même temps tellement inquiétant. Il vous permet de situer l'Alien dans un rayon assez proche de vous, tout du moins tant qu'il est un minimum en mouvement, tant que vous tenez votre gadget sorti et que rien ne vient troubler son affichage... A part ça, vous pourrez bien vous bricoler quelques outils de distraction (noisemaker, fumigène) grâce à un système de crafting assez simple, mais leur utilité sera limitée face à la créature et le système de visée/jet était un petit peu tout pété au moment de notre test. On a préféré s'en passer dans la plupart des cas. Non, la fiabilité si l'on peut dire, c'est la planque. Sous un bureau, dans un casier ou un placard, ou encore dans un conduit de ventilation. Alien Isolation est un jeu de patience, vous devrez prendre le temps de survivre. S'il serait probablement un peu fort de café de dire que le Xénos n'a pas de pattern de déplacement, on peut toutefois déclarer que celui-ci est très aléatoire et parfois ultra-surprenant. Il n'est pas rare de voir le bestiau se tirer dans une conduite pour revenir aussi sec vous cueillir si vous avez eu la prétention de sortir une tête !
Alien Isolation est un jeu de patience, vous devrez prendre le temps de survivre.
Vous allez donc devoir observer. Longuement, mais pas trop non plus. Attendre la bonne opportunité pour sortir, changer de cachette, progresser vers votre objectif. Déceler une régularité dans son comportement, dans ses cris. Et si vous vous faites choper, comprendre le pourquoi du comment. Car vous allez vous faire prendre, c'est certain, les mécaniques du « Die and Retry » sont bel et bien présentes dans le gameplay d'Alien Isolation. Mais les points de sauvegarde sont assez réguliers et un peu comme dans ce cher Dark Souls, la mort est ici une étape riche d'enseignements. Vous allez ainsi découvrir ce qui vous est autorisé en matière de bruit et de mouvement, à telle ou telle distance de l'animal. Vous allez découvrir par exemple que s'il vient inspecter deux fois un placard dans lequel vous êtes, la deuxième sera fatale. Et je vais m'arrêter là parce que ce serait un peu nicker le business que de continuer à égrener les situations. Sachez simplement qu'aucun endroit, aucune animation, aucun script ne vous protégera longtemps. Et ça, c'est vraiment très chouette en termes d'intensité. Le problème survient quand l'IA très sophistiquée de l'Alien devient inégale ; quand il ne vous voit pas immédiatement à 3 mètres mais vous cible à plus de 10 mètres derrière une vitre ; quand, dans deux situations identiques (à savoir planqué sous un bureau), il ne vous chopera qu'une fois... C'est une minorité de cas, mais ils plombent un peu l'expérience.
UNFINISHED BUSINESS
Et c'est globalement par sa finition technique que le jeu de SEGA pêche d'ailleurs. Sans atteindre des sommets ni éclater des rétines, Alien Isolation surprend par sa propreté visuelle : pas de vilain aliasing, pas de clipping dégueu, et il demeure accessible à toutes les configs sur PC, probablement à cause des versions PS4 et Xbox One. Le rendu des particules, de la poussière, des éclairages et même de la flotte est particulièrement appréciable. Assez inégal côté textures (certaines sont parfois épatantes ceci dit), le soft déçoit quand il s'agit de l'intelligence artificielle des PNJ, de la gestion de leurs déplacements et de la synchro labiale inexistante. Même constat du côté des collisions, surtout pour le Xénomorphe dont le modèle est assez colossal : il n'est pas rare de voir sa gueule multi-bouches dépasser à travers un casier ou de le voir galérer dans les endroits les plus confinés. On vous citait un peu plus tôt le système de jet complètement WTF, mais ceci pourrait être étendu à la précision de la visée en général, puisqu'il vous faudra être exactement dans l'axe d'un objet pour pouvoir l'utiliser, au risque de galérer à ouvrir une porte de casier à un moment crucial... Tiens, là encore, un détail mais Ripley fait un bordel MONSTRE en se cachant dans un placard, et ce peu importe la situation ! Ça fait un peu mal à l'immersion, tout comme le fait que l'Alien se contrefout des androïdes baragouinant sur son passage. Dommage.