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Finalement, ce Onimusha 3 : Demon Siege a tenu avant tout à satisfaire les inconditionnels de la saga. Ces derniers retrouveront leurs marques sans aucun problème. Pour ceux qui découvrent tout juste la série, aucun obstacle majeur ne viendra freiner leur enthousiasme, si ce n'est la caméra qui n'est pas ajustable; le confort visuel s'en trouve amoindri puisqu'il n'est pas possible d'avoir une vue d'ensemble. Il n'est pas rare que des ennemis que l'on ne voit pas à l'écran nous balancent des attaques de loin sans que l'on puisse vraiment les localiser, un peu rageant. Cela dit, la maniabilité efficace, les graphismes bien fournis et les cinématiques splendides devraient suffire pour séduire les newbies. Reste maintenant à savoir si la plupart des gamers supporteront les caprices du bébé Henri qui sont en décalage par rapport au reste du jeu. Lorsque l'on passe, en quelques secondes, d'une ambiance musicale frôlant le dramatique aux pleurs d'un gosse d'à peine dix ans, c'est une sacrée gifle ! Il s'agit surtout d'un beau gâchis de l'atmosphère sombre que tente parfois d'instaurer Onimusha 3 : Demon Siege qui perd, du coup, de son sérieux malgré la bande son qui est tout simplement magnifique. Dommage que les répliques françaises ne soient pas à la hauteur... Même Jean Reno ne s'en tire pas à merveille dans cet exercice oral. Un point à étudier sérieusement pour Onimusha 4, si Onimusha 4 il y a.
- Les cinématiques
- Le passage de la 2D à la 3D
- Les thèmes musicaux
- La possibilité d'incarner plusieurs personnages
- Les gamineries de Henri Blanc
- Un gameplay pas toujours précis
Une vague odeur d'Eternal Darkness...
La comparaison peut paraître surprenante, mais c'est en tout cas l'impression que nous laisse Onimusha 3 : Demon Siege après avoir passé environ une douzaine d'heures à le dresser. Que ce soit en 2004 ou en 1582, l'aspect graphique du jeu use et abuse de couleurs proches de celles présentes dans l'oeuvre de Silicon Knights. Claires quand il le faut, sombres et ternes lorsque la situation le nécessite. Nous aurions très bien pu citer Resident Evil Code : Veronica qui fut la première marque de Capcom à passer d'un pré-rendu en 2D à un background en 3D temps réel. Mais le parfum d'Onimusha 3 : Demon Siege ne se prête pas au genre du survival horror. Les graphismes du jeu démontrent clairement qu'il ne s'agit pas du même univers, et que les crocs acérés des zombies ne sont pas au menu du jour. L'exploit de ce troisième volet est d'avoir surclassé ses prédécesseurs au niveau des décors; chose peu évidente lorsque le passage d'un jeu de la 2D à la 3D fait trembler des fesses pas mal de développeurs. D'autant plus qu'Onimusha : Warlords et Onimusha 2 : Samouraï's Destiny étaient au premier rang de la classe pour ce qui est des textures. En tout cas, ce n'est certainement pas Onimusha 3 : Demon Siege qui va récupérer le bonnet d'âne, et ce, malgré un aliasing plus que présent. Pour preuve, la magnifique Cathédrale de Notre Dame qui claque la rétine sans retenue, et qui est un concentré de ce que la 128 bits de Sony peut nous offrir lorsqu'elle est domptée avec le bon fouet. Les effets de lumière sont saisissants de réalisme. Les cierges près des anges statufiés offrent une clarté qui contraste parfaitement avec l'obscurité de certains coins de la cathédrale. Que dire des textures qui n'ont pas perdu ne serait-ce qu'un poil de leur qualité depuis leur passage dans le monde tridimensionnel ? Jetez un coup d'oeil sur les murs et vous comprendrez votre douleur. L'immensité du monument se fait également sentir, ce qui donne un plus que l'on accepte volontiers.
Comme les français sont réputés pour leur chauvinisme légendaire, faisons un petit détour par nos Champs Elysées pour faire un état des lieux. Bizarrement, ce n'est pas le passage le plus réussi du jeu. Certes, techniquement il n'y a pas grand chose à redire, mais nous aurions aimé une impression de profondeur nettement plus grande. C'est comme si vous sortiez de la station de métro Champs Elysées Clemenceau, faisiez deux pas et vous retrouviez déjà devant l'Arc de Triomphe. Assez frustrant lorsque l'on connaît la zone comme sa poche. Le même genre de remarque pourrait être fait à l'égard de l'avenue qui prend des allures de chaussée à sens unique. Quant au célèbre rond-point de la place de l'Etoile, il donne l'impression d'avoir perdu une dizaine de voies de circulation. Heureusement que la modélisation de l'Arc de Triomphe est là pour nous faire oublier ces petits faux pas. En ce qui concerne les cut-scenes, ces dernières sont de bonne facture. Les programmeurs se sont amusés à intégrer quelques effets connus comme le fameux bullet time de Matrix. La classe lorsqu'il s'agit d'orchestrer l'entrée en scène de Jacques Blanc qui vient à la rescousse de son coéquipier, ou les retrouvailles de Henri Blanc et Michelle Aubert qui ont décidé de faire la paix comme dans les cours de récréation. Par contre, les ralentissements qui interviennent lorsque il y a du people à l'écran ne sont pas volontaires, mais ne s'avèrent pas particulièrement gênants.
Nombreux sont les observateurs à s'extasier devant l'expression faciale des personnages. Au risque de froisser certains puristes de la saga, il n'y a vraiment pas de quoi baver devant la bouille de Jacques Blanc et le reste de la troupe. Il est vrai que par rapport aux prequels, Onimusha 3 : Demon Siege se situe un ton au-dessus. Mais si l'on compare la chose à un Shenmue ou un Eternal Darkness : Sanity's Requiem par exemple, le diagnostic est vite fait. Les différentes expressions ne sont pas assez nombreuses, et surtout pas assez convaincantes pour tenir la route. Jean Reno donne l'impression d'être triste en permanence, et le plus grave dans tout cela c'est que même lorsqu'il est censé s'énerver ne serait qu'un tout petit peu, cette morosité n'arrive pas à s'effacer de ses traits. A croire qu'il s'agit d'une victime de naissance... (NDRC : Mais non, c’est le jeu d’acteur habituel de Jean Reno !)