Beyond Two Souls : l'émotion au coeur du gameplay
Révélé à l’E3 2012 avec un trailer qui a posé plus de questions qu’il n’a donné de réponses, Beyond : Two Souls ne s’est, depuis lors, pas laissé approcher. Baroud d’honneur de David Cage et Quantic Dream sur une PlayStation 3 en fin de vie, le jeu semblait pousser la logique vidéoludique de Heavy Rain encore plus loin. Après avoir vu le jeu et certaines de ses mécaniques, on peut clairement asséner qu’il marche dans ses pas. Quantic nous propose ainsi de suivre et d’incarner la jeune Jodie Holmes pendant plusieurs périodes de sa vie qui seront jouables dans un ordre non-chronologique, entre 8 et 23 ans. Mais qu’a-t-elle donc de si particulier pour qu’on braque les projecteurs sur elle telle un vulgaire David Beckham ? C’est très simple, Jodie entretient depuis sa plus tendre enfance un lien étroit avec Ayden, une entité invisible dont la nature exacte devrait être révélée en cours de jeu. S’il y a de l’affection bien sûr entre les deux êtres, Ayden peut également se montrer extrêmement jaloux, possessif, voire destructeur. Au lieu de s'éparpiller avec plusieurs héros, comme c'était le cas pour Heavy Rain, David Cage a préféré se concentrer sur un seule personnage, qui n'est autre que la relation entre Jodie et Ayden, afin de rendre l'expérience plus intense. Cette relation, la recherche de son origine et sa nature vont faire basculer la vie de Jodie et vous serez aux premières loges.
"I see dead people"
En effet, la base du gameplay de Beyond est de pouvoir jouer Jodie, avec la possibilité de switcher n’importe quand pour contrôler Ayden et ses pouvoirs surnaturels : la première dans une vue classique à la troisième personne, le second en vue FPS. Evidemment, on retombe donc sur une mécanique déjà exploitée dans plusieurs titres tels que Majin and the Forsaken Kingdom ou bien sûr ICO, l’interaction entre les deux personnages dotés de capacités différentes permettant la progression dans le jeu mais aussi le développement d’un background émotionnel fort. Ayden peut voler, traverser la matière, prendre le contrôle des individus, détruire des éléments de décors et même tuer des gens au fur et à mesure que ses pouvoirs croîtront. Et il pourra ainsi débloquer Jodie quand elle se retrouve dans l’impasse, même quand il s’agit d’ouvrir une boîte de cookies pour une petite fille de 8 ans à qui sa maman a demandé d’attendre le repas. En effet, David Cage a insisté sur le fait qu’aucune action ne se ressemblera ou ne se répètera au cours du jeu : tout est strictement contextuel et dépendra de ce qui se trouve autour de vous. L’interface a d’ailleurs été réduite au minimum. La jouabilité d’Ayden n’a pas été vraiment développée dans cette présentation, mais il semble falloir viser un objet/un individu, maintenir une touche pendant quelques secondes pour interagir avec lui. Quant à Jodie, un simple point blanc apparaîtra à côté d’un élément qu’elle peut utiliser d’une quelconque façon. Il faudra alors imaginer le mouvement qu’elle ferait et l’imiter avec le joystick droit pour enclencher l’action.
QTE ? DTC !
Donc, indéniablement, oui les QTE sont toujours là. Malgré les dénégations M. Cage, il serait difficile d’ignorer ces Quick Time Events à peine camouflés. Le créateur du jeu a beau déclarer que son jeu n’est pas une grande cinématique interactive, certains passages sont tout de même assez édifiants. Bouger la manette ou donner un coup de joystick à un temps T durant une vidéo rappelle tout de même les passages les plus critiqués de Heavy Rain. Mais on sent toutefois que les développeurs ont voulu toucher le public qui avait tapé sur leur précédent titre en même temps qu’approfondir l’empathie du joueur pour Jodie en rendant notamment les combats jouables (dans une certaine mesure). Car l’héroïne aura régulièrement l’occasion de se battre, que ce soit durant un entraînement de boxe de routine ou en luttant pour sa survie dans la rue. A chaque coup donné ou reçu, le temps ralentit pour vous laisser le temps de deviner le mouvement que Jodie doit effectuer et de l’imiter avec le joystick droit. Certains diront que c’est du QTE ++, mais ce système souligne l’envie de laisser le joueur libre de toute forme de rails ou d’indication. On nous promet donc de grands niveaux dans lesquels on pourra naviguer librement, en étant libre d’interagir avec ce que l’on veut, avec des animations et des réactions toujours différentes.
Tout est là pour faire passer un message émotionnel au joueur, tout comme le cinéma sait le faire."
Ceci va dans le sens d’une recherche de réalisme de Quantic Dream toujours plus poussée, et ce pour une seule raison : toucher le joueur émotionnellement. La présence d’acteurs professionnels au casting de Beyond et en particulier Ellen Page (qui incarne Jodie) et Willem Dafoe (qui joue le rôle de Nathan, tuteur de la jeune fille pendant sa vie en laboratoire) n’est pas juste un plus. Le système très pointu de motion capture (plus de 90 points d’ancrage sur le visage, 80 pour le corps) n’est pas non-plus une simple feature graphique. Tout est là pour faire passer un message émotionnel au joueur, tout comme le cinéma sait le faire. Le nouveau moteur élaboré par Quantic a d’ailleurs été élaboré pour répondre aux canons du Septième Art. Rien d’étonnant donc à le voir faire des merveilles dans les gros plans pour se montrer beaucoup plus brouillon en ce qui concerne le décor ; on espère que les environnements ne seront tout de même pas trop délaissés (à préciser qu’il s’agissait visiblement d’une version du jeu située entre Alpha et Beta). En tous cas, tout ce qui concerne les personnages (principaux du moins) semble extrêmement réussi, que ce soient les animations (Jodie disposera de plusieurs centaines d’animations différentes pour chaque situation et période de sa vie), le rendu des visages proprement hallucinant ou encore la synchro labiale. Beyond : Two Souls devrait donc logiquement enchanter les joueurs qui avaient adoré Heavy Rain et laisser indifférents ceux qui l’avaient ignoré.