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Il serait tout aussi déraisonnable de s'enflammer pour Wolfenstein, qui fait clairement moins bien que son prédécesseur, que de le vouer définitivement aux gémonies. Il faut savoir raison garder et accepter tout simplement l'idée d'un FPS situé dans la moyenne du genre, globalement bien réalisé, assez agréable à parcourir, mais clairement pas à la hauteur de la licence qu'il représente. Autrefois précurseur, Wolfenstein suit désormais le mouvement et n'innove que modérément. Reste le plaisant mélange entre esthétique nazie et forces paranormales, qui n'appartient quasiment qu'à lui. Pas suffisant pour faire fureur auprès de tout le monde...
- Pouvoirs surnaturels sympathiques
- Amélioration des armes
- Bonne ambiance de série B
- Aucun problème de fluidité
- Rien de très original au final
- Intelligence artificielle imparfaite
- Multi en régression
- Doublage en français des Allemands
Qui dit Wolfenstein, dit savoureux mélange entre Troisième Reich et sciences occultes. Ce nouvel épisode n'échappe pas à la règle et nous propose donc une bonne ambiance de série B, où se côtoient méchants nazis et hideux démons. En tant que soldat des services secrets britanniques, votre rôle consiste bien entendu à éliminer tant les uns que les autres. En revanche il n'est plus permis de détruire tous les symboles nazis que l'on croise sur son chemin (portraits d'Hitler, affiches de propagande, drapeaux à Svastika...) comme on avait coutume de le faire dans l'épisode précédent. Cette régression anecdotique, mais tout de même bien réelle, se voit heureusement largement compensée par une nouveauté de taille : le héros ne se contente plus d'affronter le surnaturel, il sait également en tirer profit. Un antique médaillon trouvé sur un chantier de fouilles lui octroie de puissants pouvoirs. Le premier d'entre eux permet de basculer instantanément dans "le voile", une dimension parallèle à la nôtre grâce à laquelle on voit les choses sous un autre angle. Cette vision alternative de la réalité, représentée à l'écran par des couleurs bleutées, rend phosphorescents les ennemis, les bidons explosifs et quelques autres éléments clés, qui deviennent donc facilement repérables, même dans le noir. De plus, on se rend compte que l'atmosphère qu'on croyait vide de toute présence quelques instants plus tôt est en vérité peuplée de créatures volantes peu ragoutantes. Tant qu'on ne les cherche pas trop, ces dernières ne sont heureusement guère offensives. A l'occasion, on se permettra donc d'en abattre quelques unes afin de générer des arcs électriques susceptibles de blesser les ennemis alentours. Le voile permet également de découvrir quelques passages secrets dissimulés dans des murs pourtant bien solides. Tous ces avantages restent de mise avec les autres pouvoirs qui, en contrepartie, consomment beaucoup plus rapidement l'énergie du médaillon. Il faut dire que du bouclier énergétique au ralentissement du temps, en passant par l'ultra-puissance, ils offrent des avantages presque indécents.
Mon combat
Déjà fort plaisants à la base, ces pouvoirs peuvent encore être améliorés via l'achat de cristaux au marché noir. Le même principe s'applique aux armes, et c'est une sacrée bonne idée. Celui qui voudrait se la jouer sniper va par exemple devoir acheter une lunette pour son fusil et en augmenter la stabilité. Parallèlement, ajouter un silencieux à la mitrailleuse diminuerait les risques de se faire repérer. Et choisir l'option "fragmentation" pour les grenades est bien tentant... Mais bien sûr, les crédits récoltés lors des missions ne suffisent pas à tout acheter, d'autant plus qu'ils sont également nécessaires pour recharger les armes les plus puissantes, dites spéciales (rayon laser, fusil électrique...). Chacun doit donc faire des choix éclairés et savoir constituer l'arsenal qui convient le mieux à sa façon de jouer. Cette opération se déroule en centre-ville, entre chaque mission principale. Pas tout à fait linéaire, le jeu nous demande en effet de retourner régulièrement dans la ville d'Eisenstadt, afin de prendre connaissance de l'évolution des évènements, d'effectuer des missions facultatives et de choisir notre prochaine assignation. Selon sa sensibilité on y verra un degré de liberté supplémentaire ou un moyen de prolonger un peu artificiellement la durée de vie. On pestera contre le respawn des ennemis, ou on y verra un challenge justifié par le fait qu'on se trouve dans une ville occupée. On déplorera l'aspect répétitif de ces passages obligés ou on appréciera l'architecture des lieux, qui permet parfois d'éviter les rues en passant par les égouts ou les toits. Dans tous les cas, on ne peut que reconnaître la relative originalité du concept.
Malgré ces quelques innovations, le jeu ne parvient jamais à vraiment surprendre. On peut même dire qu'il laisse en permanence un arrière-goût de déjà-joué. L'interface et le contexte historique font penser aux Medal of Honor et autres Call of Duty, le concept de missions à prendre en ville renvoie au final à Far Cry 2, et la possibilité de ralentir le temps rappelle F.E.A.R.."
Malgré ces quelques innovations, le jeu ne parvient jamais à vraiment surprendre. On peut même dire qu'il laisse en permanence un arrière-goût de déjà-joué. L'interface et le contexte historique font penser aux Medal of Honor et autres Call of Duty, le concept de missions à prendre en ville renvoie au final à Far Cry 2, et la possibilité de ralentir le temps rappelle F.E.A.R.. Tout comme ce dernier, Wolfenstein souffre par ailleurs du syndrome "appuyer sur [F] pour prendre cet objet", message répété jusqu'à la nausée chaque fois qu'on croise une zone interactive, pourtant déjà signalée intrinsèquement par un halo lumineux. Même les armes laissées à terre par les ennemis abattus se distinguent de cette manière, on ne voit donc vraiment pas pourquoi les développeurs tiennent tant à nous rappeler ad vitam eternam cette commande de base. Et ce n'est pas le seul reproche qu'on peut adresser au titre ! L'un d'entre eux concerne l'intelligence artificielle des adversaires, qui font preuve par moments d'un comportement totalement irréaliste. Par exemple certains crient à la grenade mais ne s'en éloignent pas, tandis que d'autres restent immobiles quand on leur tire dans les pieds par dessous une voiture... Rien de catastrophique ni de systématique, mais cela reste regrettable. Autre point noir : la version française poussée à l'extrême, qui ne laisse pas les allemands s'exprimer dans leur langue natale lors des affrontements. C'est peu crédible et pas franchement immersif. Quant aux cinématiques, elles n'autorisent même pas nos cousins germains à s'exprimer avec le moindre accent teutonique, y compris dans les rares moments où ils se permettent une expression du pays. Et entendre un général SS prononcé "auf wiedersehen" à la française le rend tout de suite beaucoup moins charismatique... Enfin, la relative banalité du mode multijoueurs ne pourra que décevoir ceux qui attendaient quelque chose d'aussi captivant que le fabuleux Enemy Territory de Return to Castle Wolfenstein. C'eût été pourtant un bon moyen de prolonger la durée de vie du titre, dont la campagne solo se boucle en seulement huit heures.