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Nettement plus technique que ses prédécesseurs, Virtua Fighter 5 constitue le must dans sa catégorie. Les priorités, les frames, les coups, tout a été revu pour rendre les combats plus complexes et plus indécis qu'auparavant. Pour goûter à la crème de la crème du combat 3D, les débutants vont donc devoir se remettre en question, passer de nombreuses heures d'entraînement dans le Dojo avant de commencer à saisir les subtilités du gameplay. Pour les vieux de la vieille, l'ajout de l'offensive move permettra d'ouvrir sans doute de nouvelles stratégies d'attaque. Si la réalisation du jeu est impeccable, on regrettera cependant cet effet poupée de cire sur certains personnages, ainsi que des environnements un poil fades par moments mais somme toute assez exotiques. Dommage aussi que l'on ne dispose pas d'un véritable mode "Quest". Cela dit, Virtua Fighter 5 est une valeur sûre de la PS3. Un must have en puissance.
- Une réalisation de feu
- Encore plus technique que jamais
- Pas de doublons dans le casting
- Pas de véritable mode Quest
- Où est le mode online ?
- Les temps de chargement
Précurseur du combat tridimensionnel, Virtua Fighter est aussi le seul label qui a su rester fidèle aux préceptes du genre qu'il a lui-même fixés il y a maintenant quatorze ans. Doté d'un gameplay qui ne s'est pas dénaturé d'un poil au fil du temps, et qui en fait l'un des jeux de combat les plus techniques de la planète, le protégé de Sega-AM2 continue d'opérer par petites touches et de viser les hardcore gamers. Un parti pris donc qui montre clairement la volonté de Virtua Fighter 5 de ne pas baisser sa culotte devant le grand public, et de demeurer un titre réservé à l'élite du stick.
Le système de combat de Virtua Fighter 5 est aussi exigeant que celui de ses prédécesseurs, si ce n'est plus, ce qui oblige le néophyte à passer par le Dojo avant de prétendre remporter ne serait-ce qu'un round contre les habitués des salles d'arcade. Bien évidemment, un apprentissage intensif du glossaire de Virtua Fighter est indispensable pour déchiffrer et exécuter correctement les commandes. Si certaines notions comme le recovering, le buffering ou le dash se retrouvent dans la plupart des jeux de baston, d'autres sont propres à la série, notamment celle de l'avantage et du désavantage. Explications : lorsque vous donnez un coup à votre adversaire et que celui-ci est touché, vous prenez l'avantage sur lui. Vous pouvez l'attaquer de nouveau sans que ce dernier puisse réellement contre-attaquer. Par contre, si vous attaquez et que votre adversaire bloque votre coup, vous êtes en situation de désavantage, et il obtient la priorité pour l'attaque suivante. Dans ce cas, il vaut mieux adopter une attitude défensive et se protéger au lieu de s'obstiner à attaquer. Pour les plus bourrins, il est sans doute nécessaire de rappeler que le fait de vouloir frapper sans avoir pris l'avantage favorise les counter hits. Ces coups reçus au moment où l'on est sur le point de frapper infligent nettement plus de dommages qu'une attaque classique. D'aucuns affirmeront que la doublette avantage-désavantage est appliquée dans pas mal de fighting games, mais c'est bel et bien dans Virtua Fighter qu'elle trouve ses origines. Par ailleurs, l'expérience acquise au fil des combats permet de passer outre les règles de base, et de découvrir d'autres concepts encore plus subtils comme le reverse nitaku. A coté de ça, les commandes de Virtua Fighter 5 reposent sur trois boutons de base - pied, poing, garde - qu'il faut combiner pour sortir des combos dévastateurs. A l'instar d'un Dead Or Alive ou d'un Tekken, les launchers permettent d'amorcer des enchaînements de quatre voire cinq coups pour les plus efficaces, sans compter les possibilités infinies offertes par les wall combos. Là encore, le Dojo est l'endroit idéal pour examiner les coups qui s'imbriquent parfaitement les uns dans les autres tout en infligeant le maximum de dommages. L'efficacité des mix-up dépend beaucoup de la connaissance des coups des persos.
La command list du jeu est édifiante. Virtua Fighter 5 mise tellement sur le réalisme des combats qu'il détaille toutes les situations susceptibles d'être rencontrées. Projection de dos, de face, de coté, adversaire dos au mur, allongé sur le ventre, sur le dos, accroupi... Avec des arènes ouvertes qui favorisent les fameux ring out, il faut connaître son personnage sur le bout des doigts. Des heures, des semaines, des mois d'entraînement sont nécessaires pour assimiler toutes les bases qui définissent un joueur pro. Les anciens à la barbe grisonnante s'y retrouveront facilement, d'autant plus que les grandes lignes qui tissaient Virtua Fighter 4 ont été conservées. Le vent de fraîcheur, ils le trouveront sans doute dans le tout nouveau offensive move (2P + K + G ou 8P + K + G), l'alter ego du defensive move. Derrière ce mot barbare se cache en fait la possibilité de dasher et d'attaquer son adversaire sur la diagonale, sans être contraint de passer par un side step. C'est l'unique grosse innovation apportée par les développeurs au gameplay de Virtua Fighter 5. D'un autre coté, la richesse déjà conséquente du jeu fait qu'il n'était pas indispensable de tout chambouler. Avec Soul Calibur, Virtua Fighter est sans doute la franchise qui possède la meilleure balance des coups en matière de baston 3D. A chaque fois que l'on tombe sur un adversaire coriace et qui use et abuse d'une attaque en particulier, il existe toujours un coup, une astuce, une feinte pour la contrer. C'est cet aspect du gameplay qui rend Virtua Fighter 5 si profond, la marge de progression est énorme, et les limites du jeu sont loin d'être atteintes. Pour les newbies, il n'y a pas trente-six solutions possibles : squatter. Même si vous êtes un habitué des jeux de combat déjà réputés pour leur technicité tels que Soul Calibur ou King of Fighters, il faudra repartir de zéro. Mieux (ou pire) encore, les joueurs les plus expérimentés vont même jusqu'à préconiser aux débutants de commencer par Virtua Fighter 4 pour accéder à toutes les explications de base, avant de s'attaquer à Virtua Fighter 5. Ca fait mal pour le celui qui vient de claquer 600 € !
Give me five !
Le casting du jeu met en scène pas moins de 17 personnages, plus Dural en hidden character. L'écran de sélection est moins fournie que chez les voisins, mais c'est une habitude prise par l'éditeur nippon depuis la sortie du premier épisode. Chaque nouvelle édition se voit confier une paire de persos supplémentaire, ce qui laisse le temps aux développeurs de concevoir des combattants avec une panoplie de coups unique. Refusant de se prêter au jeu du clonage donc, Virtua Fighter 5 voit sa liste de guests s'allonger avec les arrivées d'El Blaze et d'Eileen. Le premier est un catcheur mexicain affublé d'un masque argenté, et pratiquant la lucha libre. Il allie puissance et rapidité, ce qui fait de lui un personnage pouvant exercer une pression permanente sur l'adversaire, exploitant la moindre faille pour placer son fameux Rocket Discharge. Déjà considérée comme un mid-tier en puissance si ce n'est plus, Eileen est une fervente admiratrice de Pai Chan, et a décidé de rejoindre le Fifth World Fighting Tournament pour faire étalage de son art martial : le kou-ken. Elle ne possède pas une allonge et une puissance effrayantes, mais son agilité de singe mis au service de ses mix-up oblige l'adversaire à développer un mind game en béton armé. Dans un jeu de combat, le choix du personnage est un moment crucial, surtout lorsque l'on est un débutant. Pour ceux qui font leurs premiers pas dans l'univers Virtua Fighter, Brad, Pai ou bien encore Lau sont des persos qui se prennent en main assez rapidement, et ne nécessitent pas des heures sup' dans le practice mode. Par ailleurs, ils présentent l'avantage de sortir des coups qui s'accomodent à la plupart des combattants. Pour les joueurs qui sont nés avec le jeu entre les mains, leur choix portera sur des persos nécessitant plus de skill, et faisant appel à des notions plus poussées. On pense notamment à Lei et ses différents stances, ou bien encore Akira et son goût prononcé pour le buffering.
Virtua Fighter 5 propose plusieurs sections plus ou moins intéressantes. Il y a le traditionnel mode Arcade dans lequel se succèdent les combats selon les règles prédéfinies dans les options. Après avoir vaincu Dural qui constitue le boss de fin officiel du jeu, on peut aller faire un tour dans la partie Quest, un bien grand mot pour un mode qui, finalement, regroupe plusieurs salles d'arcade virtuelles abritant des joueurs gérés par le CPU. On commence au bas de l'échelle avec un 10 Kyu floqué sur le maillot, et on doit grimper dans la hiérarchie mondiale en avalant sans mâcher les combats. Chaque victoire est récompensée d'un item ou d'une promotion. Ce concept rappelle bien évidemment celui utilisé dans Tekken : Dark Resurrection, à la seule différence que l'I.A. du jeu de Namco semble impitoyable par rapport à celle de Virtua Fighter 5. En effet, les joueurs virtuels censés mériter un peu plus de respect de la part d'un arriviste, se mangent des combos de base, parfois sans même chercher à bloquer les coups. Sur une dizaine de combats contre des joueurs gradés en dan, nous n'en avons perdu aucun, et ce en utilisant des attaques de base. Surprenant de la part d'un jeu de ce calibre. Même s'il s'agit avant tout d'un jeu de castagne, on aurait tout de même aimé disposer d'un véritable mode Quest. Nul doute que la prestation médiocre de Virtua Fighter Quest est encore dans tous les esprits. Pour dépenser l'argent récolté au fil des combats, une boutique a été intégrée, une véritable pompe à fric où l'on peut se procurer différentes babioles pour habiller son combattant. Des vêtements bien sûr, mais aussi des lunettes de soleil fashion, des coupes de cheveux, des chaussures.... Pour revenir deux secondes sur le Dojo, plusieurs paramètres visant à reproduire des situations de combat peuvent être réglés. Petit bémol toutefois : en entraînement libre, on ne peut pas bénéficier à priori d'une démonstration des coups faite par la console. Pas pratique. Pour finir, il y a le VF TV qui recèle bon nombre de vidéos à débloquer.
PS3 > Lindbergh
La réalisation de Virtua Fighter 5 est détonnante. Développé à l'origine sur la carte d'arcade Lindbergh, le titre tourne sans aucun souci sur la PlayStation 3. Théoriquement plus puissante que ladite carte, la machine de Sony aurait même pu bénéficier d'un titre doté d'une meilleure finition si Sega-AM2 n'avait pas procédé à un simple portage. Cela dit, Virtua Fighter 5 est sans conteste le plus beau jeu sur PS3 à l'heure actuelle. Le character design met en avant la prise d'âge de certains persos qui sont présents depuis le début de la série. On pense notamment à Lau qui arbore désormais une magnifique crinière de retraité. Sur certains gros plans, on peut même observer la texture de la peau criante de réalisme, et les veines qui parcourent le long du corps. Les arènes sont somptueuses, bien que les paysagistes continuent de prôner la sobriété qui est la marque de fabrique de la maison. C'est d'ailleurs ce qui différencie Virtua Fighter 5 du reste de la concurrence, une sorte de dégoût pour l'abus d'effets pyrotechniques. Rigueur et propreté sont les mots d'ordre ici, et le titre préfère séduire avec des éléments naturels. Les ondes aquatiques, la neige et ses traces de pas, les feuilles qui jonchent le sol, c'est tout aussi magnifique. L'ambiance sonore est de bonne facture, avec des musiques toujours aussi rocky qui dynamisent bien les combats. Par contre, on apprécie moins les cris des combattants. Pour finir, évoquons l'absence du online qui risque d'en choquer plus d'un. S'il n'existe pas de justification officielle de la part de Sega, nul doute que le lag n'y est pas étranger. Virtua Fighter 5 est un jeu ultra-précis qui repose sur une connaissance parfaite des frames, des timings et des priorités qui peuvent être altérés par le jeu en ligne. De plus, parcourir des kilomètres pour affronter des joueurs de renom est une particularité que l'on retrouve souvent dans le genre du combat. Un charme qui n'est pas prêt de rompre.