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En reprenant à l’écran près la formule qui a fait le succès d’Advance Wars, Tom Clancy’s EndWar réussirait presque à devenir addictif. Conquérir ces cartes divisées en hexagones pourrait même virer à l’obsession, si la conversion sur DS du gros jeu de stratégie d’Ubisoft ne présentait autant de défauts. Extrêmement vilain, lent, lourd, ultra-répétitif et dépourvu à la fois du charisme et de la profondeur tactique qui font, encore aujourd’hui, tout l’intérêt de la création d’Intelligent Systems, l’ersatz ne risque pas de gagner la guerre. Il est surtout regrettable que, alors même que la licence a été développée autour d’une audacieuse interface vocale, cette adaptation n’exploite nullement le micro de la petite console Nintendo. Développé trop rapidement, le titre n’intéressera finalement que ceux qui veulent à tout prix caser un jeu de stratégie au tour par tour dans la hotte du Père Noël.
- Cartes et missions en pagaille
- Editeur de cartes facile à utiliser
- Quelques objectifs originaux
- Jouable à deux
- Missions redondantes
- Trois camps peu distincts
- C'est quand même bien laid
- Interface moyenne et temps de calcul
- Scénario pipeau
- Character design misérable
- Deux volets d'Avance Wars existent déjà sur DS
Sur consoles de salon, Tom Clancy’s Endwar, c’est du World in Conflict en plus vilain et à commande vocale. Sur DS, la nouvelle super licence belliciste d’Ubisoft, c’est du Advance Wars en plus moche, et en moins bien. Evidemment, il n’est pas toujours déméritoire de rester dans l’ombre de la licence-phare de la stratégie au tour par tour sur la portable Nintendo, tant celle-ci brille d’un éclat qu’il semble bien difficile d’éclipser. Hélas, avec son décalque fruste et laborieux, Funatics Software ne mérite que l’opprobre.
Depuis plus de vingt ans, le romancier américain Tom Clancy s’applique à décrire un monde mené au bord du gouffre apocalyptique par de grandes puissances militaires aux appétits démesurés. Armement high-tech, manichéisme et prévalence des Etats-Unis, le cocktail d’enfer élaboré par l’un des maîtres du techno-thriller ne pouvait que rencontrer le succès sur un marché du jeu vidéo pas franchement amateur de théorie lacanienne et de post-structuralisme. Douze ans après les premières aventures des Rainbow Six sur PC, les jeux estampillés Tom Clancy continuent à se vendre par batteries entières. Ubisoft, titulaire de la licence, en profite pour parachuter chaque année une nouvelle leçon de géopolitique pour les neuneus sur toutes les plates-formes existantes.
Chaude guerre froide
La Troisième Guerre mondiale ça commence demain. En 2020, le monde va forcément mal, et les vieux ennemis d’hier repartent en croisade, la fleur au fusil. Ils sont trois à vouloir dominer le monde : les Européens, et leurs Enforcers ; les Américains avec la Joint Strike Force ; les Russes avec les Spetsnaz Guard Brigades. Tous se méfient les uns des autres, mais l’étincelle vient évidemment des odieux impérialistes moscovites, qui attaquent l’Europe en se faisant passer pour les Etats-Unis, et menacent ensuite l’Alaska. A moins que le mal ne prenne sa source ailleurs… Le reste de la planète n’a toutefois pas droit à la parole, et vous ne vivrez la campagne qu’aux seules commandes de ces trois groupes. Divisée en trois zones géographiques – Europe, Amérique du Nord, Moyen-Orient – comptant chacune une dizaine de cartes, le mode solo vous propose d’écrire l’Histoire aux côtés de chacun des camps. Vous jouerez donc les trente et quelques même missions avec chaque puissance, mais à la tête de troupes différentes. Ici vous aurez droit à des unités d’artillerie et quelques navires, alors qu’en prenant les commandes d’un autre belligérant, vous vous retrouverez avec des tanks et des hélicoptères de combat. Peu importe le profil du bataillon placé sous vos ordres, vous n’avez qu’un seul objectif : triompher. La manière la plus facile de procéder consiste naturellement à annihiler votre adversaire, mais Tom Clancy’s Endwar étant un jeu de stratégie, quelques objectifs vaguement originaux pourront vous être assignés : là, vous devrez juste pulvériser toute l’aviation adverse, ailleurs il vous faudra tenir une base durant un certain nombre de tours.
Cycle à deux temps
En digne copie d’Advance Wars, la production de Funatics Software met en scène de petites icônes colorées réparties sur un champ de bataille vu de dessus et divisé en hexagones. L’action se déroule en deux temps. Vous déplacez d’abord vos troufions dans la limite de leur zone de mouvement et validez vos choix, puis vous planifiez vos attaques. L’ennemi fait de même, avec un temps de décalage. Un exemple : un de vos groupes d’infanterie lourde est au contact avec un blindé léger. Une escouade d’infanterie légère ennemie, salement amochée, se tient non loin de là. Vous ordonnez le déplacement de vos hommes, de manière à ce qu’ils fuient le tank et se placent à portée de tir des blessés, puis validez. Avant que le déplacement ne soit effectif, l’adversaire joue sa phase d’action, c’est-à-dire qu’il va attaquer votre infanterie – avec son blindé – avant que celle-ci ne se déplace. A l’issue du combat, les survivants rallieront le point que vous leur avez désigné. Voyant cela, l’I.A. ordonnera un retrait. Mais là encore, son mouvement ne se concrétisera qu’une fois que votre infanterie lourde aura (peut-être) décimée son infanterie légère. C’est ludique, stratégique, et aussi extrêmement pénible, puisqu’une seule erreur peut vous coûter la victoire. Ne programme toutefois pas Advance Wars qui veut, et les parties sont ici autrement moins intéressantes que dans la petite bombe d’Intelligent Systems. La difficulté est mal ajustée, les unités sont finalement assez peu variées, et la finition du titre laisse franchement à désirer.
Regress Wars
A la différence de la version destinée aux consoles de salon, qui a bénéficié de quatre ans de travail, cette adaptation sur DS a certainement été décidée au dernier moment, ce qui explique son gameplay extrêmement classique, mais également son interface poussive et ses graphismes infâmes. La carte n’est pas franchement lisible, les calculs de déplacement de l’adversaire sont trop longs et il est impossible d’annuler le dernier mouvement enregistré. Et que tout cela est laid ! Passons encore sur la carte, pas franchement raffinée, avec des environnements redondants et des couleurs ternes, mais les phases de combat, durant lesquelles les unités apparaissent en gros plan et se mettent sur la tronche, sont totalement indignes de la DS. Textures ignobles, effets minimalistes, le Advance Wars original – sur GBA – avait presque plus d’allure. Il bénéficiait surtout d’un vrai character design, qui fait cruellement défaut à ce Tom Clancy’s Endwar encombré d’un scénario indigent et de héros pathétiques aux propos ridicules, qui ne donnent pas vraiment envie de poursuivre l’aventure. Celle-ci risque pourtant de vous occuper un petit bout de temps, puisqu’elle dépasse largement la vingtaine d’heures. Si vous échouez, le jeu vous propose de recommencer la mission en bénéficiant de renforts, mais même ainsi, certaines cartes se révèlent extrêmement délicates à boucler, et les suivantes, pas mieux pensées, n’effaceront pas vos mauvais souvenirs. A croire que l’imaginaire binaire de Tom Clancy semble mieux adapté aux bons gros jeux d’action…