Le Test
D'un film certainement culte auprès d'une microscopique frange de la population, des décideurs brillants ont eu l'excellente idée de faire un jeu vidéo. Champion de Lucha Libre à ses heures, Nacho, le cuisinier du misérable orphelinat de Saint Lo Que, incarné à l'écran par un Jack Black qui reprendra très prochainement du service sur consoles, empoisonne désormais la DS.
Connaissez-vous le vieux couplet sur les adaptations de films en jeux vidéo ? Rarement bons, parfois médiocres, souvent lamentables, les transferts du grand vers le petit écran s'opèrent généralement dans la douleur. Et plus la licence d'origine est importante, plus le titre qui en découle risque la catastrophe. Ainsi, Spider-Man 3, Pirates des Caraïbes : Jusqu'au bout du monde ou encore Shrek : Le Troisième, trois méga-productions financées à grands coups de millions de dollars, ont toutes pour pendants ludiques des oeuvres déplorables. La tendance s'inverse-t-elle pour les films à petit budget ? Ce Super Nacho ne le démontre pas...
Nouvelles frontières
Bien au contraire, il repousse les frontières de la misère ludique. Construit autour d'une improbable alternance de combats de catch injouables et répétitifs et de mini-jeux grotesques, Super Nacho est une blague aussi grasse que son héros. Essayant, sans succès, de masquer sa réalisation minable derrière une esthétique décalée largement inspirée des créations flash qui circulent sur le net, le chef d’œuvre de Budcat peine même à exploiter convenablement les options tactiles de la DS. Si le problème est partiellement contourné dans des phases de fight qui ne font appel qu’aux boutons de la console, les petites activités débiles proposées en complément tentent toutes d’apprivoiser le stylet, et ce pour un résultat systématiquement catastrophique. Plagiant avec allégresse des titres dans la lignée de WarioWare, ces séquences vous invitent notamment à éviter, au volant d’un triporteur motorisé, des vaches en folie ; à écraser des abeilles avant qu’elles ne piquent Esqueleto, le famélique compère ; ou à lancer des melons sur le personnage principal. Se voulant amusants, ces intermèdes s’avèrent parfaitement insupportables tant la maniabilité est mal fichue. Les mouvements à exécuter nécessitent une précision surhumaine, les actions s’enchaînent mal et les différentes interfaces associées sont déplorables. Il vous faudra pourtant triompher de chaque épreuve pour développer les aptitudes physiques du loser ambitieux qu’est Nacho, et ainsi lui permettre de se ruer dans l’arène pour des combats moches et mous. Les coups, rigolos tendance cartoon, avec désarticulation de l’adversaire et autres têtes qui gonflent puis éclatent, sont difficiles à sortir, le personnage est odieusement peu réactif et l’attribution des boutons démontre que le terme "ergonomique" ne figure pas au vocabulaire de tout un chacun. Crispé par des musiques horripilantes, l’acheteur inconscient terminera ce bref calvaire ludique dans un état de tension confinant à la folie furieuse et, dans un dernier sursaut de lucidité, cravatera la honteuse cartouche avant de l’achever d’un beau german souplex des familles.
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Florian Viel
le lundi 9 juillet 2007, 19:43