Test également disponible sur : Switch

Test Super Mario Odyssey : faut-il vraiment lui dérouler le tapis rouge ?

Test Super Mario Odyssey : faut-il vraiment lui dérouler le tapis rouge ?
La Note
note Super Mario Odyssey 17 20

Super Mario Odyssey était promis à un avenir exceptionnel. Certains parlaient même du deuxième GOTY de 2017 après l’intestable Zelda Breath of the Wild, mais il semblerait qu’on l’ait un peu surestimé. Loin d’être une déception ceci dit, le titre mené par Yoshiaki Koizumi a en effet du mal à aller au bout de certaines de ses idées. Il y a pour commencer des inégalités dans le traitement des différents mondes, qui tantôt frisent le génie (Pays des Sables, Pays du Lac, Pays de la Mer) et l’audace (Pays des Gratte-Ciel), tantôt sont d’une banalité déconcertante (Pays des Neiges, Pays de la Cuisine, Pays des Nuages, Pays de la Forêt, Pays Perdu), donnant le sentiment que plusieurs équipes ont travaillé sur le jeu sans vraiment se concerter. Il y a pourtant de vraies fulgurances dans le jeu, avec des prises de risque qui prouvent que Nintendo est prêt à bousculer les codes établis de la série, avec des mondes plus ouverts, plus cohérents et surtout plus organiques.

L’arrivée de Cappy, qui permet à Mario de prendre possession du corps de ses ennemis à travers ses différents couvre-chefs, fait autrement partie des meilleures trouvailles du jeu, renouvelant sans cesse le gameplay et ouvrant de nouvelles perspectives dans les mécaniques d’une série qu’on connaît sur le bout des ongles. Seulement voilà, on aurait aimé que Nintendo aille plus loin dans son délire, donnant ainsi des propriétés spécifiques selon les chapeaux – et même les costumes – que porte Mario, un peu à l’image de ce qui a été fait dans Breath of the Wild. Le jeu s’arrête malheureusement à un bonus purement cosmétique qui poussera quand même les joueurs jusqu’aux-boutistes à récupérer les 900 Lunes pour terminer le jeu à 100%. C’est d’ailleurs de cette manière que les développeurs ont rallongé la durée de l’aventure, un peu courte en ligne droite il faut bien l’admettre, d’autant que le jeu manque cruellement de challenge véritable (les boss sont d’une facilité enfantine) pour stopper notre course effrénée. Mais ce n’est pas tout, sur le plan technique, Super Mario Odyssey est loin d’être irréprochable avec des graphismes datés (des niveaux ultra géométriques, des aplats de textures partout), beaucoup d’aliasing, un clipping assez honteux (pire que celui de Zelda Breath of the Wild et qui nuit d’ailleurs à la recherche des pièces et lunes cachées), et par moments une sensation de vide graphique un peu gênant. La Switch est souvent dépassée par les événements et ça se ressent encore ici, et il faut une fois encore se rattraper à la direction artistique (très chouette ceci dit en passant) pour oublier toutes ces carences techniques.

Malgré tout, on n’a pas boudé notre plaisir à parcourir l’aventure du début à la fin, voyageant à bord de ce vaisseau-chapeau qu’est l’Odyssée et cherchant à rattraper sans cesse Bowser et sa nouvelle clique de lapins crétins qui font clairement écho aux mascottes d’Ubisoft. On s’attendait à un Mario grandiose, on a finalement droit à un épisode efficace, avec un game design aux petits oignons, mais il lui manque quand même cette folie et cette vraie prise de risque qui aurait fait de lui l’autre GOTY de l’année.


Les plus
  • Game design ingénieux
  • Un gameplay qui se renouvèle sans cesse grâce à Cappy
  • Les quelques niveaux façon open world
  • L’arrivée des points de téléportation (fast travel)
  • Des niveaux bourrés de passages secrets
  • 900 Lunes pour les jusqu’aux-boutistes
  • Chouette direction artistique
  • Les références à Super Mario 64
Les moins
  • De grosses inégalités dans le traitement des différents mondes
  • Les chapeaux et costumes n’apportent rien au gameplay, c’est juste cosmétique
  • Un manque cruel de challenge
  • Techniquement, c’est faible
  • Le clipping honteux qui nuit à la recherche et à l’exploration
  • Se finit rapidement en ligne droite
  • Mode coop’ anecdotique


Le Test

Le 27 octobre 2017 restera à jamais une date à graver sur du marbre côté jeux vidéo, puisque trois éditeurs majeurs ont décidé de sortir leur AAA le même jour. Ubisoft avec Assassin’s Creed Origins, Bethesda avec Wolfenstein II : The New Colossus et enfin Nintendo avec Super Mario Odyssey. Le constructeur japonais joue d’ailleurs gros avec ce nouvel épisode de Mario, souhaitant quelque part réitérer l’exploit réalisé en mars dernier avec Zelda Breath of the Wild au lancement de la Switch, considéré unanimement comme étant le GOTY de 2017 par la presse spécialisée et les joueurs avertis. Pressenti comme étant l’égal de ce dernier en termes de qualité et de richesse de gameplay, Super Mario Odyssey tient-il vraiment toutes ses promesses ? On vous livre notre verdict, sans langue de bois et sans fanboyisme aussi.


Super Mario OdysseySi Mario restera à jamais un personnage associé au nom de Shigeru Miyamoto, la mascotte de Nintendo a d’ores et déjà commencé à sortir des jupons de son créateur pour s’amouracher avec d’autres game designers, plus jeunes certes mais à l’avenir aussi prometteur. Pour Super Mario Odyssey, Nintendo a fait confiance à Yoshiaki Koizumi, 49 ans, un créatif qui a été littéralement propulsé sur le devant de la scène médiatique en incarnant le visage de ce Super Mario Odyssey. Producteur du jeu, il a aussi joué le porte-parole de ce dernier, n’hésitant pas à se grimer en Mario lors des plus grandes occasions. Faire sortir Yoshiaki Koizumi de l’ombre, c’est aussi permettre à Nintendo d’accepter de faire évoluer son système hiérarchique, et par conséquence l’ensemble de ses jeux qui ont parfois tendance à se reposer sur leurs acquis. Après Zelda qui s’est totalement renouvelé avec Breath of the Wild, l’idée était donc de faire de même avec Mario, afin de lui permettre de retrouver une nouvelle jeunesse. Bien évidemment, ce n’est pas au niveau du scénario que les choses vont réellement bouger, Nintendo ayant pris goût de recycler le sempiternel kidnapping de la Princesse Peach par l’infâme Bowser. Pour Super Mario Odyssey, les scénaristes ont décidé de pousser le délire un peu plus loin en envisageant le mariage entre le roi des Koopas et la belle blonde, qui n’a visiblement pas son mot à dire. Attention tout de même à ce que Peach ne décide de sortir de son silence, elle aussi pourrait avoir des choses à dire avec le hashtag #balancetonporc…


CHAPEAU BAS ET POUCES EN L'AIR ?

 

Super Mario OdysseyDans la précipitation de son rapt planifié depuis belle lurette, Bowser a également enlevé Tiara, la sœur de Cappy, un citoyen du pays des Chapeaux qui va donc faire équipe avec Mario pour retrouver les deux demoiselles, embarquées sur le bateau volant de Bowser, direction son fief pour une lune de miel non consentie. Dépourvu de moyen de transport pour prendre en chasse le gros reptile, Mario peut heureusement compter sur les pouvoirs de son acolyte Cappy, qui possède le don de prendre possession de n’importe quel corps étranger. Cette technique, baptisée le Champimorphose, est donc au cœur du gameplay de Super Mario Odyssey, épisode qui souhaite plus que jamais se renouveler afin de rester le maître incontesté de la plateforme 3D. Pour ce faire, Nintendo et ses équipes ont eu la bonne idée de réutiliser les mouvements que Mario a acquis dans Super Mario 64, épisode référence en matière de possibilités de mouvements mais aussi pour sa grande liberté de déplacement. On retrouve toute la panoplie du plombier moustachu, de ses petits bonds à ses sauts de cabri, en passant par les roulades, les saltos arrière, le saut en longueur ou bien encore le triple saut. Une palette de mouvements étoffée grâce à Cappy que Mario peut utiliser tel un trempoline si on maintient le bouton Y, mais aussi comme arme pour étourdir et même tuer ses ennemis. Des mouvements à réaliser d’ailleurs avec la gyroscopie pour faire tournoyer la casquette de Mario autour de lui, la lancer vers le haut ou à ras du sol. La prise en main nécessite un petit temps d’adaptation, mais très vite, chaque mouvement de Mario n’aura aucun secret pour vous, d’autant que Cappy n’hésitera pas à vous rappeler les commandes lors des différents voyages entrepris avec l’Odyssée, le vaisseau spatial en forme de chapeau melon qui a repris vie grâce aux lunes qui lui servent de carburant. On y revient très rapidement, promis.

 

Non seulement cela permet à Nintendo d’enrichir considérablement le gameplay, mais les développeurs ont trouvé la faille imparable pour surprendre le joueur tout au long de l’aventure, même après plus de 20 heures de jeu.


Super Mario OdysseyCar s’il y a bien une feature qui amplifie – et diversifie – encore plus le gameplay de Super Mario Odyssey, c’est la faculté de Mario à prendre possession du corps d’autrui, qu’il s’agisse d’ennemis ou même d’objet. En jetant Cappy sur l’un entre eux, Mario en prend alors le contrôle et peut aussi profiter de leurs capacités. Goomba, Chomp-Chomp, Koopa-Troopa, Bullet Bill, poisson, grenouille, poulpe, T-Rex, fusée, tank, ligne électrique, fourchettes, fermeture éclair, plaque d'égoût et bien d’autres choses encore, rien (ou presque) ne résistera à l’emprise de notre héros italien qui agira sur les ennemis tels du GHB, ces derniers étant complètement sonnés dès lors que Mario se retire de leur corps. Tirer des boulets de canon, faire des sauts gigantesques, exploser des pans de mur entier en fonçant dessus, jouir de l’apnée infinie en allant dans les profondeurs abyssales, se déplacer dans la lave sans craindre la mort ou bien encore s’envoler dans les airs, tout cela est désormais possible selon l’ennemi que notre héros aura physiquement capturé. Non seulement cela permet à Nintendo d’enrichir considérablement le gameplay, mais les développeurs ont trouvé la faille imparable pour surprendre le joueur tout au long de l’aventure, même après plus de 20 heures de jeu. Ce sont dans ces moments-là que tout le génie de Nintendo se répand, rappelant au passage qu’il reste le maître incontesté en matière de jouabilité et de prise en main. Tout répond au doigt et à l’œil avec cette réactivité et cette précision légendaires que d’autres éditeurs et studios de développement jalousent depuis plus de 30 ans. On pourrait chipoter sur la caméra qui nécessite parfois d’être recadrée, mais ces moments d’errance sont tellement rares qu’il est inutile de les souligner.


DES NIVEAUX TRÈS INÉGAUX


Super Mario OdysseyEn fait, là où Super Mario Odyssey pèche, c’est dans le traitement de ses mondes, appelés pays dans le jeu, inégaux dans leur level design et de leur intérêt surtout. Il y en a 15 au total si l’on fait exception des deux derniers qui se débloquent après avoir franchi le seuil des 500 lunes récoltées sur les 900 que comporte le jeu. Si les premiers mondes font office de point de départ permettant de se familiariser avec les commandes et les nouveautés de gameplay, très vite, on aperçoit le potentiel de chacun de ces pays qui défilent à chaque fois que l’on recharge l’Odyssée en lunes nécessaires. On comprend en effet très vite les enjeux de Nintendo à vouloir renouveler sa série, avec un retour à l’exploration qu’on avait perdu avec les épisodes Wii U qui se contentaient d’appliquer les règles des vieux Super Mario ambiance 2D. A l’image de Zelda, il y a cette envie de se moderniser, 2017 oblige, et de faire évoluer le genre vers de nouveaux horizons. L’époque a changé, et il est clair que les jeux open world ont carrément remodelé le jeu vidéo et notre façon de voir les choses, Breath of the Wild étant l’exemple le plus concret. D’ailleurs, pour prouver que les développeurs de Nintendo savent s’adapter aux nouveaux canons, Mario a aussi troqué ses champignons et ses 1-Up pour un système de vie plus moderne. Non seulement notre plombier dispose d’une jauge de 3 points (qu’il peut doubler avec un cœur spécifique), mais à chaque "game over", Mario perd 10 pièces et est aussitôt renvoyé au dernier checkpoint, illustré ici par des drapeaux qui font également office de point de téléportation, symbole du jeu moderne open world. Car oui, Mario peut à n’importe quel moment du jeu utiliser des fast-travels pour aller d’un point A à un point B de la map, afin de gagner du temps. Du délire.

Certains d’entre eux manquent clairement d’inspiration (Pays de la Forêt, Pays Perdu), sont parfois des déceptions (Pays de la Cuisine), mais sonnent aussi creux (Pays des Nuages, Pays de la Lune), donnant le sentiment que les développeurs se sont totalement relâchés ou qui ne se sont pas concertés pour créer un jeu homogène.


Super Mario OdysseySeulement voilà, si des niveaux tels que le Pays des Sables, le Pays du Lac ou le Pays de la Mer sont le témoin de cette envie d’évoluer, avec un monde totalement ouvert où tout devient cohérent et presque organique, d’autres nous font immédiatement retomber dans les basiques de la série, avec une succession de plateforme sans réelle cohésion, et un level design qui parfois retombe à plat. On pense notamment au Pays des Neiges, au Pays de la Cuisine, au Pays des Nuages, au Pays de la Forêt, et au Pays Perdu qui font alors chuter drastiquement l’euphorie de la découverte juste avant d’un monde organique. Certains d’entre eux manquent clairement d’inspiration (Pays de la Forêt, Pays Perdu), sont parfois des déceptions (Pays de la Cuisine), mais sonnent aussi creux (Pays des Nuages, Pays de la Lune), donnant le sentiment que les développeurs se sont totalement relâchés, ou qui ne se sont pas concertés pour créer un jeu homogène. C’est d’autant plus regrettable que Super Mario Odyssey mise pourtant sur l’audace, notamment avec le Pays des Gratte-Ciel où Mario côtoie pour la première fois des êtres humains dans la ville de New Donk, inspirée librement de New York City vous l’aurez compris. Car à notre plus grand surprise, le mélange entre les deux univers fonctionne plutôt bien, contrairement à Sonic Adventures où le résultat était raté. Mieux, en multipliant les buildings, Super Mario Odyssey gagne en verticalité, élément qui manquait clairement à la série.


AUDACE ET VERTICALITÉ

 

Super Mario OdysseySi le jeu a pris de la hauteur et s’offre quelques mondes plus ouverts, la Switch doit faire face à une autre réalité : son insuffisance technique. En se modernisant, Super Mario Odyssey demande forcément plus de ressources que la console ne parvient pas à honorer. Entre l’aliasing omniprésent, le clipping grossier qui nous fait apparaître ou disparaître des éléments entiers du décor de façon grotesque, et les quelques chutes de framerate, la Nintendo Switch crache littéralement ses poumons. A cela, il faut ajouter des graphismes basiques où les décors sont souvent des formes géométriques grossières sur lequel des aplats de textures – floues – ont été posés. Heureusement pour lui, Super Mario Odyssey jouit d’une belle et chouette direction artistique qui parvient à minimiser la casse, sachant qu’il s’agit-là du plus beau Mario de la série, même lorsque ce dernier revêt ses habits polygonaux des années 96-97 (vous comprendrez en finissant le jeu).

En se modernisant, Super Mario Odyssey demande forcément plus de ressources que la console ne parvient pas à honorer. Entre l’aliasing omniprésent, le clipping grossier qui nous fait apparaître ou disparaître des éléments entiers du décor de façon grotesque, et les quelques chutes de framerate, la Nintendo Switch crache littéralement ses poumons.

 

Super Mario OdysseyMoins linéaire, plus bac à sable, Super Mario Odyssey favorise l’exploration à outrance et pousse le joueur à retrouver les 900 lunes dispersées dans les différents pays à parcourir. 900, un chiffre qui rappelle bien évidemment le nombre de noix Korogu dans Zelda Breath of the Wild, et qui reste malgré tout ce qu’on peut dire une façon détournée de gonfler la durée de l’aventure. Car en ligne droite, Super Mario Odyssey ne vous prendra pas plus de 8h de votre temps pour rattraper Bowser et sa clique de lapins crétins (qui font bien évidemment référence à Ubisoft, avec lequel Nintendo a fait un partenariat récemment). Le jeu est court donc, mais il est aussi très facile. Un manque de challenge qui prouve que Nintendo cible avant tout un public jeune, pas forcément à la recherche d’une difficulté trop accentuée. D’ailleurs, contre toute attente, ce sont les boss qui sont les plus faciles à appréhender. Des boss qui n’hésitent pas à revenir à plusieurs reprises, symbole d’un game design ancestral où l’on recycle ses ennemis à l’envi en y ajoutant quelques patterns différents. En énumérant tous ces défauts, on pourrait passer pour les grincheux de service, mais il n’en est rien puisque Super Mario Odyssey fut un véritable plaisir à parcourir du début à la fin. On lui reproche surtout de n’être pas allé totalement au bout de ses idées et d’être assez inégal dans ses différents mondes. Super Mario Odyssey n’a peut-être pas l’étoffe d’un Super Mario Galaxy en son temps, mais il reste tout de même un épisode majeur, de transition, qui permettra sans doute à la série de se renouveler totalement.


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