Test Rez Infinite : et si c'était lui le meilleur jeu de lancement du PS VR ?
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OK, il faut quand même les sortir les 399,99€ pour s’offrir le PlayStation VR ; mais une fois immergé dans Rez Infinite, on comprend tout de suite pourquoi on a fini par céder aux sirènes de la réalité virtuelle. Killer app en puissance, le jeu de Tetsuya Mizuguchi est une passerelle vers des sensations qui permettent de redécouvrir une légende sur laquelle le temps n’a pas d’emprise. Point culminant de ce que l’on peut qualifier de référence du genre, la Zone X mériterait d’être dupliquée, de préférence dans le cadre d’un vrai nouveau Rez dont le prix serait plus facile à avaler. Les développeurs pourraient alors en profiter pour rehausser la difficulté du jeu, et enrichir un contenu indigne d’une expérience sensorielle aussi exaltante.
- Cette B.O. de malade mental
- Le PlayStation VR a trouvé sa killer app
- La Zone X, une tuerie
- Des sensations de dingue
- Visuellement, ça envoie
- Beaucoup trop court
- Pas vraiment de challenge
- Le prix
- Le contenu chiche
A chaque fois qu’un nouveau produit vidéoludique débarque sur le marché, on cherche souvent ce petit truc qui va nous faire sortir le portefeuille, ce prétexte contre lequel notre volonté ne pourra pas lutter, cette drogue dure dont on refuse d’être sevré. Oui, c’est ça : la fameuse killer app. Avec le PlayStation VR, on pensait jusqu’à présent que seul Batman Arkham VR était capable de faire office de vitrine technologique, mais c’était sans compter sur Rez Infinite, la version remasterisée d’une des légendes de la Dreamcast. Le génialissime Tetsuya Mizuguchi a mis un point d’honneur à repousser les limites d’un concept basé sur la perception sensorielle, et ce nouveau voyage intemporel qu’il propose est une véritable ode à la réalité virtuelle.
Est-il vraiment nécessaire de rappeler ce qu’est Rez, le mythe qui a servi d’exemple pour Lumines ou – ce que beaucoup considèrent comme sa suite spirituelle - Child of Eden ? En gros, il s’agit d’un rail shooter dans lequel on incarne un hacker, le but de celui-ci étant de mettre à mal un réseau informatique que l’on peut parfaitement comparer à la Matrice des frangines Wachowski. En effet, le système se charge d’envoyer une flopée d’ennemis à nos trousses à travers cinq zones que l’on boucle en une heure et demi. Une expérience beaucoup trop courte pour un tel spectacle visuel et sonore qui, encore aujourd’hui, a peu d’équivalents. Le gameplay est d’une simplicité extrême, et il faut surtout s’attacher à locker correctement les adversaires pour les pulvériser avec un maximum de précision, et sans avoir à matraquer Croix. Compte tenu que l’on ne peut que renforcer la résistance de notre bouclier au fur et à mesure que l’on franchit la dizaine de layers d’une même zone, il est indispensable de neutraliser les missiles adverses et de gonfler la jauge d’Overdrive. A l’instar des shoot’em up à l’ancienne, cette fonction permet de nettoyer l’écran d’une simple pression sur Rond, ce qui peut s’avérer bougrement efficace dans les moments tendus, même si Rez Infinite n’impose pas une difficulté extrême non plus. Une fois que l’on maîtrise chacun de ces paramètres, on peut se laisser emballer par tout ce que le jeu a à nous offrir en termes de design, à commencer par ces petites notes, ces décibels discrets qui viennent s’intercaler dans la partition d’Enhance Games à chaque fois que l’on fait feu.
Killer app en puissance, le jeu de Tetsuya Mizuguchi est une passerelle vers des sensations qui permettent de redécouvrir une légende sur laquelle le temps n’a pas d’emprise.
Tout s’imbrique à la perfection, et même lorsque l’on essaie de faire les choses à contretemps pour dérégler cette mécanique archi huilée, Rez Infinite finit toujours par retomber sur ses accords. Mais la récompense suprême demeure les boss fights, formidable synthèse des épreuves précédant cet ultime affrontement. Incontestablement, c’est les golgoths de la Zone 4 qui nous ont le plus marqués, certaines phases demandant de regarder carrément derrière soi pour mieux les mitrailler. Les vieilles habitudes ayant la peau dure, on met un peu de temps à se familiariser avec les contrôles du PlayStation VR. Déjà, il est possible d’anticiper les attaques ennemies en scrutant tout autour de soi, que ce soit sur les côtés mais également sous nos pieds. Cette sensation du vide qui nous happe est grisante, et certains environnements nous écrasent par leur immensité. Malgré le fait de pouvoir déplacer le réticule dans tous les sens, à aucun moment le motion sickness n’est venu pourrir la partie ; chose encore plus étonnante lorsque l’on sait que l’on a passé plus de trois heures non-stop sur Rez Infinite. Pourquoi avons-nous prolongé le plaisir ? Tout simplement parce que l’on ne pouvait pas passer à côté de la Zone X dont on nous parle depuis des mois. Il est encore trop tôt pour savoir s’il s’agit d’un avant-goût d’un prochain Rez exclusivement conçu pour la réalité virtuelle, mais Tetsuya Mizuguchi et ses équipes sont clairement allés plus loin dans le délire.
REZ EN ACCORD
Graphiquement déjà, puisque l’Unreal Engine 4 manie les effets de particules avec une insolence rare. Ca tranche radicalement avec les formes géométriques des zones classiques, et les couleurs s’entremêlent jusqu’à nous retourner le cerveau. Cette orgie visuelle est sublimée par les contrôles du personnage qui sont libres ; comprenez par là qu’il sera possible de se déplacer à 360° en avançant ou en reculant avec les deux gâchettes de droite, tandis que tourner la tête avec le PlayStation VR permettra de cibler les ennemis. Ceux qui craignent de choper un torticolis pourront toujours incliner le stick gauche de la DualShock 4 ou s’en remettre aux PlayStation Move, mais vous aurez compris que se passer des fonctionnalités gyroscopiques du casque égratigne l’intérêt de cette Zone X que l’on a parcourue trois fois de suite tellement c’est hypnotique. Bien évidemment, la B.O. y est pour beaucoup, et si notre coup de cœur va à Rock is Sponge, Hydelic et ses morceaux vocaux font des ravages dans le final de la Zone X. Ces musiques sorties d’une autre planète renvoient à l’époque où les Chemical Brothers, Orbital et autres CoLD SToRAGE faisaient la loi dans WipEout. Superbe. Même si Rez Infinite ne donne sa pleine mesure qu’à travers la réalité virtuelle, il y a toujours moyen d’y jouer sur un téléviseur classique en 1080p 60fps. Pour être honnête avec vous, on ne s’y est pas attardé des plombes, mais il s’agit en tout cas d’une alternative intéressante pour ceux qui ont le cœur fragile. Enfin, en ce qui concerne les à-côtés de Rez Infinite, ça consiste essentiellement à du scoring et des boss à tabasser en file indienne ; et ceux qui souhaiteront s’enquiller les cinq zones sans pression en rentrant du boulot, pourront le faire via le mode "Voyage" où l’échec n’existe pas. Ca peut paraître radin au regard du prix de Rez Infinite (29,99€), mais on en reparlera quand vous vous apercevrez que ça fait des années que vous refaites les mêmes zones avec le même plaisir.