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Puppeteer est avant tout un titre très frais. Original, doté d’une direction artistique exceptionnelle (comme c’est le cas bien souvent pour les jeux du studio Sony Japan), d’un univers inspiré et d’idées de gameplay franchement sympathiques, ce nouveau titre ne devrait pas trouver uniquement sa place dans la ludothèque des papas ou des grands frères gamers. Tout bon amateur de jeu indé devrait apprécier en solo, peu importe son expérience, l’humour constant et plutôt bien dosé, le côté déjanté des personnages et surtout devrait rester accroché jusqu’à la fin de l’aventure pour en découvrir le dernier mot.
Retrouvez plus bas la suite de notre test de Puppeteer
- La direction artistique aux allures de papier mâché
- L'univers décalé et original, entre folklore et films burtoniens
- Une histoire accrocheuse et funky
- Le système de narration et les dialogues pleins d'humour
- Des idées de gameplay assez fraîches
- Un peu ennuyeux pour le deuxième joueur s'il est expérimenté...
- Un gameplay un peu redondant sur le long terme
- Le système de têtes pas franchement utile et sous-exploité
Bienvenue sur la Lune donc. Dans l’histoire de Puppeteer toutefois, n’espérez pas trouver des cratères et ou un drapeau américain. La Lune est un Royaume dont la souveraine a été mise à bas par l’usurpateur Roi-Ours, qui a brisé au passage la Pierre de Lune et en a distribué les éclats à ses généraux, afin de les doter de pouvoirs exceptionnels. Toutes les nuits, il effectue des raids sur Terre afin d’enlever des enfants et d’enfermer leurs âmes dans des marionnettes qui lui serviront de petites mains. C’est le cas de Kutaro. Problème : ce dernier a tellement asticoté le despote, qu’il a décidé de lui bouffer la calebasse. Oui, comme ça pour le fun. Et c’est pourtant lui que la Sorcière de la Lune, Ezma Potts, contrainte de s’occuper de la cuisine du Roi-Ours, a choisi d’envoyer au Château Noir pour voler Calibrus, une paire de ciseaux magique capable de lui donner l’avantage sur le vilain nounours. C’est là que commence l’aventure de Kutaro à travers la Lune, jusqu’à l’évidente défaite du despote. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le jeu de Sony Japan a un univers bien à lui, à mi-chemin entre le dark enfantin d’un Tim Burton (la ville d’Hallowee ne se cache même pas de son inspiration de celle d’Halloween dans l’Etrange Noël de Monsieur Jack) et les folklores de différentes cultures. Evidemment, Puppeteer porte clairement la marque de son pays d’origine. L’aventure de Kutaro est en effet racontée à la manière d’une pièce de bunraku, une forme de théâtre traditionnel japonais. Elle en reprend donc tous les codes. L’histoire est divisée en actes, au nombre de sept, eux-mêmes partagés en trois sections chacun (ce qui vous garantit une bonne dizaine d’heures de jeu au moins). Au sein de ces sections, Kutaro traverse, à la façon d’un Sackboy dans LittleBigPlanet, une série de tableaux dont le décor est en perpétuel renouvellement. Mais il y a mieux, puisque le public réagit à ce qu’il voit sur scène, aux dialogues des personnages ainsi qu’aux lignes de texte du narrateur. En effet, comme dans Bastion, ce dernier raconte l’histoire de Kutaro au fur et à mesure de son déroulement, et interagit même avec les protagonistes de la pièce, toujours avec un humour assez appréciable.
"Ca va trancher chérie!"
C’est en toute logique que Puppeteer reprend également l’esthétique du théâtre de marionnettes, avec ses décors en carton-pâte, ses personnages en origami ou en bois taillé. Tout cela est très bien rendu dans le jeu et on salue le choix des développeurs d’opter pour un style graphique bien marqué et travaillé plutôt qu’une 3D trop réaliste, qui aurait été gourmande et au final bien moins efficace. Il faut dire que le résultat est franchement très sympa à regarder et met bien en valeur les différents environnements que va traverser Kutaro. Des cuisines du Roi-Ours aux profondeurs de la mer Lunaire, d’un cimetière abritant un vampire dépressif au pont d’un bateau pirate, d’un désert aride aux nénuphars d’une mare aux grenouilles, l’aventure réussit à renouveler sans cesse son background. Comme dans Rayman Legends (dont le titre de Sony partage quelques caractéristiques, mine de rien), les arrière-plans sont toujours bourrés de détails funky qui donnent vie au décor, tout en conservant la fluidité du premier plan. Et l’intérêt de tout cela n’est pas que visuel.
Et comme dans Rayman Legends, ce second protagoniste, peut-être incarné par un deuxième joueur, qui est alors chargé d’activer différents mécanismes, soit pour libérer le passage de Kutaro, soit pour récupérer des éclats de Pierre de Lune."
En effet, si Puppeteer se présente au premier abord comme un lointain petit frère de LittleBigPlanet, il ne tarde pas à montrer ses différences manette en main. Parlons d’abord de la paire de ciseaux Calibrus, puisque c’est probablement le trait le plus reconnaissable du gameplay de Puppeteer. Une fois qu’il l’a récupérée, Kutaro peut découper tous les éléments en tissu, en papier ou en toile dans le niveau afin… de se déplacer ! En effet, Calibrus joue dans Puppeteer le rôle du moyen de transport au cœur d’un level-design astucieux qui vous pose souvent le problème de devoir trouver une trajectoire de papier pour progresser entre deux bouts de plateforme. Dénicher votre chemin, savoir activer les bons éléments est ainsi la principale difficulté qui s’impose à vous. Et c’est aussi ce qui constitue un peu le manque de renouvellement du gameplay sur le long terme. Si Kutaro obtient de nouveaux pouvoirs au fur et à mesure de l’aventure, certains sont un peu sous-exploités (comme le Bouclier par exemple), et globalement, une majeure partie du jeu consiste à découper pour passer d’une plateforme à l’autre. Attention, on est loin de s’ennuyer, mais on aurait aimé avoir une ou deux autres ficelles de gameplay à disposition.
Master of Puppets
Les ennemis ne sont pas plus coriaces que ça et sont finalement assez peu nombreux. Seuls les boss offrent une certaine difficulté, même s’il y a là aussi de la redondance. Bien entendu, tout cela est voulu, maîtrisé, puisque l’objectif du jeu est de pouvoir réunir dans une même partie deux joueurs d’âges différents et de niveaux différents (ce qui était également la qualité de Rayman Legends). Le challenge n’est donc pas franchement au rendez-vous, mais ce n’est pas le but. Dans cette optique clairement deux joueurs, les développeurs ont ajouté un second personnage volant, qui accompagne notre héros dans ses aventures ; il s’agit soit du chat Ying-Yang soit de la princesse Pikarina. Et comme dans Rayman Legends, ce second protagoniste, peut-être incarné par un deuxième joueur, qui est alors chargé d’activer différents mécanismes, soit pour libérer le passage de Kutaro, soit pour récupérer des éclats de Pierre de Lune, qui vous offriront une vie une fois que vous en aurez récupéré cent. S’il arrive que ce mode présente un certain défi (comme dans le niveau sous-marin), la deuxième manette sera à recommander aux plus jeunes ou aux plus inexpérimentés tant la redondance des actions possibles et l’absence de difficulté pourra vite ennuyer les plus aguerris. La faute peut-être à une maniabilité prévue pour un joueur seul, celui-ci devant alors manier le stick droit pendant l’action pour déplacer le personnage volant. Difficile d’en demander plus à ce moment-là… Enfin, il est dommage que le jeu passe à côté d’une de ses idées principales : les différentes têtes que peut récupérer Kutaro à la place de la sienne, encore dans le ventre du Roi-Ours. Notre héros peut les ramasser à droite à gauche en explorant les niveaux du jeu, et peut en transporter trois à la fois. Mais leur utilité est limité, il s’agit de les "actionner" à chaque fois que le décor l’indique afin de faire apparaître des items ou un stage bonus. Hormis les têtes héroïques, qui offrent comme expliqué plus haut, de nouvelles capacités à la marionnette, toutes les autres ne sont que de la collectionnite. Certes, cela donne une certaine replay value au jeu, puisqu’il vous faudra sûrement le refaire une fois pour toutes les collecter, mais Sony a raté un point qui aurait pu être essentiel dommage.