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Prince of Persia : L'Ame du Guerrier st une mauvaise surprise, un mauvais tour joué par Ubisoft Montreal qui n’a pas su nous proposer un jeu à la hauteur de nos espérances. Ces mots paraîtront sévères aux yeux de certains, mais lorsque l’on voit le massacre qui a été fait quant à la jouabilité du titre, c’est du beau gâchis. Ne pas être maître de la situation, c’est ce qu’il y a sans doute de plus rageant pour un gamer. Graphiquement, il n’y a pas grand chose à redire, même si la PlayStation 2 aurait grandement besoin d’une béquille pour gérer au mieux les nombreuses tâches que lui demande d’accomplir le prince de Perse. L’ultra-facilité du jeu n’est pas la pour rehausser le niveau, d’autant plus que l’effet de surprise d’une 3D déroutante a été digéré depuis plusieurs mois maintenant. Il suffit de jeter un coup d’œil rapide sur les éléments exploitables à chaque fois que l’on débarque dans une nouvelle section, et au bout de cinq minutes on sauvegarde déjà sa partie avant d’attaquer la section suivante. A croire que le Prince of Persia originel en 2D était beaucoup plus coriace. Finalement, Ubisoft Montreal aurait-il pu faire mieux sur la forme. Non, si l’on considère que les nombreux bugs présents dans le jeu représentent un accident de parcours, et que la PlayStation 2 n’est pas loin de ses limites. Sur le fond ? Oui ! En voulant augmenter le nombre d’ennemis à l’écran, les développeurs ont involontairement montré les failles et les limites du système de combat qu’ils ont conçu. Une déception donc, même si dans son ensemble Prince of Persia : L’Ame du Guerrier est un bon jeu. Juste bon…
- Graphismes fournis
- Un prince plus sombre que jamais
- Dynamisme des combats
- Système de combat à revoir
- Bugs graphiques trop nombreux
- Mode difficile trop facile
- Durée de vie encore trop courte
Pendant que les joueurs vouant un culte au jeu vidéo faisaient mumuse avec le chevalier d'or des Gémeaux, et que les disciples de Clovis avalaient leur dernière gorgée de Beaujolais Nouveau, les chirurgiens de JeuxActu se sont occupés du cas de Prince of Persia : L'Ame du Guerrier, avec un certain retard il faut l'admettre. Après une consultation pré-opératoire qui a frôlé la douzaine d'heures de jeu, le diagnostic est plutôt consternant : bugs d'affichage nombreux, gameplay trop imprécis, niveau de difficulté pas assez élevé... On vous explique tout.
Le patient d'Ubisoft Montréal souffre de maux anormaux pour un titre de ce calibre. Le bilan que nous avons dressé est d'autant plus affligeant que Prince of Persia : Les Sables du Temps avait laissé un goût très sucré sur nos papilles gustatives. Il avait eu le chic de transposer la marque créée par Jordan Mechner dans un espace tridimensionnel de luxe. Et cette possibilité de remonter le temps, avec tous les effets matrixiens qui l'accompagnent, était LE truc qui avait charmé tous ceux qui suivent les aventures du prince de Perse depuis la version Macintosh. Cependant, ne vous y méprenez pas ! Prince of Persia : L'Ame du Guerrier est loin d'être une pourriture que l'on balancerait dans les ordures de la Syctom. Malgré ses quelques défauts, le jeu n'en est pas moins captivant. Le problème en fait, c'est que l'on en attendait beaucoup des Canadiens. Peut-être même trop. Beaucoup trop...
La suite du début
Au risque de créer un décalage total par rapport à ses prédécesseurs, et de renier les origines qui ont fait de l’enseigne l’engouement qu’elle suscite encore aujourd’hui, Prince of Persia : L'Ame du Guerrier nous propose une ambiance plus sombre que jamais. Entre la fin des Sables du Temps et cette course-poursuite dans les dédales de Babylone à laquelle nous avons droit en guise de séquence introductive, la vie du prince semble avoir été agitée. Pour ceux qui auraient quelque peu perdu le fil du scénario depuis le premier volet, voici un bref résumé des événements passés. Dans PoP premier du nom, le Roi de Perse et son fils, accompagnés d’une troupe de gardes bien armés, faisaient route vers le palais du Sultan d’Azad afin de lui offrir un présent représentant l’amitié qui liait leurs deux royaumes : la fameuse Dague du Temps. Ce trésor, qu’ils avaient récupéré après avoir pillé le palais d’un Maharajah en Inde, contenait une puissance jusqu’alors insoupçonnée. Et lorsque le jeune prince décida de libérer les Sables du Temps renfermés dans un sablier géant afin que le Sultan d’Azad puisse mieux en apprécier la brillance, il jeta sans le savoir une malédiction métamorphosant tous les occupants du palais en créatures enragées que seule la Dague du Temps pouvait vaincre. Une nouvelle aventure commençait alors, et c’était le héros du jeu en personne qui nous la racontait. Jusque là, tout va bien…
Là où l’affaire se corse, c’est qu’en réussissant à annihiler les forces du mal, le prince de Perse a, par la même occasion, modifié le cours de l’histoire : il aurait du mourir avec ses autres compatriotes. Pour que la Malédiction s’accomplisse, le Destin a décidé d’envoyer l’un de ses plus fidèles serviteurs : le Dahaka, un sbire aux allures de golgoth et aux babines bien épaisses, afin de tuer le prince et rétablir l’ordre du temps. Pour notre ex-gendre bien élevé, il n’y a pas trente-six solutions : il doit se rendre immédiatement sur l’Ile du Temps, et empêcher l’Impératrice, Kaileena, de créer les Sables du Temps qui sont la clé de tous ses tourments. Ceux qui ont joué et terminé en a peine quelques heures Prince of Persia se souviennent sans doute de Farah, la belle et jeune demoiselle que l’on rencontre au cours de l’aventure. Nombreux sont les curieux qui se demandent ce qu’elle a bien pu devenir. Son nom est-il évoqué dans Prince of Persia : L’Ame du Guerrier ? Est-elle directement liée au fait que le prince soit devenu un rageux aux traits tirés, aux regard haineux, à la coupe de cheveu taillée au cutter et au visage mal rasé ? Ou doit-on chercher ailleurs les raisons d’une telle métamorphose ? Car ce qui pouvait sembler être une opération marketing au départ – c’est-à-dire viser un public plus large et plus mature via des graphismes plus sanguinaires – peut également s’expliquer par le storyline.
Toujours est-il que Prince of Persia : L’Ame du Guerrier ne se prête plus au jeu des Mille et une Nuits, avec un prince qui se glisse dans la peau du conteur de service et nous renseigne sur ses moindres faits et gestes. Ici, la salive s’économise, les phrases sont brèves et le ton sec. Pas le temps de faire une visite guidée des alentours, le prince est là pour sauver sa peau. Comme nous vous l’avons dit quelques lignes plus haut, ce nouvel atmosphère peut faire perdre à la franchise son identité d’origine. Et même si cela n’a aucune incidence directe sur la qualité du soft, il ne faut tout de même pas oublier que Prince of Persia doit rester Prince of Persia, et ne doit pas devenir Prince of San Andreas.
Interdit aux moins de 18 ans
Prince of Persia : L’Ame du Guerrier mise, vous l’aurez sans doute déjà compris, la carte de la violence. Du coup, les peintres de chez Ubisoft Montréal ont du sortir de leur atelier une palette orange sanguine, pour s’échapper de cet univers oriental auquel nous étions habitués jusqu’à présent. Mais si leur prestation ne s’était arrêtée qu’à une substitution de couleurs, le dossier aurait été déjà classé et jeté aux oubliettes. Fort heureusement, ce n’est pas le cas, et depuis l’an dernier le moteur graphique du jeu a connu de nettes améliorations. Prince of Persia : Les Sables du Temps nous offrait un aspect visuel, certes, de bonne facture mais assez scolaire dans l’ensemble. Cela suffisait pourtant à notre bonheur après avoir assisté aux premiers massacres 3D du label Prince of Persia. De plus, le personnage était privé de sortie puisque la quasi totalité du jeu se déroulait dans l’air confiné du château. Dans ce nouvel opus, l’exotisme qui faisait défaut est bel et bien présent, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Le Jardin et sa couleur verte omniprésente offrent une véritable bouffée d’oxygène, et permet d’évoluer dans un environnement naturel. Le plus frappant finalement, c’est de voir que les textures sont largement plus nombreuses, et que l’espace est intelligemment plus occupé. Pour schématiser un peu la situation, disons que les Sables du Temps nous proposait quatre murs et quelques corniches pour s’agripper ; alors que Prince of Persia : L’Ame du Guerrier nous rajoute, en prime, une bonne garniture pour préparer les fêtes de fin d’année. Des briques cassées par-ci, une colonne brisée par-là… Quelques sources de lumière viennent rompre cette noirceur à laquelle semblent tenir les développeurs canadiens.
Notons également l’accentuation de l’effet de profondeur qui rend les lieux encore plus grands qu’ils ne l’étaient dans les Sables du Temps. L’un des passages qui représente le mieux cela est lorsque l’on est sur le point de pénétrer pour la première fois dans le palais. Alors que le prince gravit une à une les marches de l’escalier qui le mène tout droit vers la bouche du démon, la caméra se place juste derrière lui pour renforcer l’immensité du palace, et offrir ainsi un plan du plus bel effet. Prince of Persia : L’Ame du Guerrier repousse la PlayStation 2 dans ses derniers retranchements. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si, parfois, quelques ralentissements bien gênants se font ressentir tellement l’Emotion Engine a du mal à ingurgiter le nombre de données à traiter. Ne parlons même pas de l’aliasing qui, et cela n’est un secret pour personne depuis belle lurette, est le tendon d’Achille de la 128 bits de Sony. Le character design est plutôt correct, avec des monstres aux attaques vives et déroutantes. Néanmoins, il ne brûle pas les yeux car les rares meufs que l’on rencontre dans le jeu ne sont pas particulièrement attirantes. Elles sont bien en forme, sans plus. Par contre, l’expression faciale des personnages n’est franchement pas convaincante. Nous sommes très étonnés de constater que peu de spécialistes du milieu aient remarqué les nombreux bugs d’affichage qui parasitent Prince of Persia : L’Ame du Guerrier. La gestion des collisions est archi raide, avec des bras qui transpercent le ventre, des explosions qui vous infligent des dommages alors que vous êtes de l’autre coté du mur, un prince qui réussi à s’agripper en plein milieu d’une paroi alors que le rebord se trouve à quelques centimètres de sa tête… Bref, d’aucuns vont se demander si nous avons bien testé la version éditeur du jeu, ou s’il s’agit de la version terminée à 50 % qui circule sur le net des pirates depuis quelques semaines maintenant. Demandez à notre bourreau Maxime, il est bien placé pour le savoir…
Show me your soul
Au risque d’en froisser plus d’un, le gameplay de Prince of Persia : L’Ame du Guerrier ne surpasse pas celui de son prédécesseur. Pire, il aurait toutes les raisons du monde de souffrir d’un complexe d’infériorité face à son frère. S’il y a bien un domaine dans lequel le jeu a perdu (bêtement ?) des points, c’est bien celui-là. Commençons par le système de combat qui, à première vue, ne marche que sur une seule jambe. Dire de lui qu’il est plus dynamique que celui des Sables du Temps est valable, mais affirmer qu’il est plus efficace est tout simplement une infamie ! Bien au contraire, il s’agit du plus gros point faible du jeu. Avec le recul, il aurait été préférable qu’Ubisoft Montreal s’inspire du fameux lock créé par Shigeru Miyamoto pour son The Legend of Zelda : Ocarina of Time. Une pression sur l’une des quatre gâchettes de la manette aurait suffit pour atteindre un niveau de précision dans les attaques hautement plus crédible. Le lock instinctif – c’est-à-dire que le personnage attaque l’adversaire le plus proche de lui – n’est efficace que lorsqu’il n’y a que peu de sbires à éliminer. Mais dès que ceux-là se raboulent en masse, les choses se compliquent un peu. Imaginez que vous voulez absolument porter le coup de grâce à un ennemi qui a déjà un genou à terre, mais que vous en avez quatre autres qui vous encerclent, il faut alors que vous vous rapprochiez de celui que vous voulez abattre pour réussir votre coup. Et si par malchance il y a un voyou qui se trouve à la même distance de celle qui vous sépare de votre proie, faîtes le signe de la croix et priez pour que la providence vous donne un coup de pouce, et vous permette de frapper le bon. Bonjour la précision… !
Cet aspect sombre du système de combat ne doit pas, cependant, occulter les bonnes choses qu’il recèle. Pour en revenir à son caractère dynamique, il faut avouer que c’est un véritable régal de distribuer des coups à la vitesse de la lumière. Tout comme Les Sables du Temps, il est possible de réaliser des combos à toutes les sauces, d’autant plus que la diversité de ces derniers a été revue à la hausse. Rien de bien compliqué : on enclenche une combinaison de base et on varie ensuite la fin de l’équation de plusieurs façons différentes. Rassurez-vous, en appuyant sur Start, il vous est possible d’accéder à une liste qui reprend succinctement tous les coups réalisables dans le jeu. Une véritable bible pour ceux qui souhaitent connaître tous les coups du beau gosse aux yeux turquoises. Autre nouveauté apportée par Prince of Persia : L’Ame du Guerrier : le prince peut désormais ramasser les armes des bêtes vaincues. Avec les deux mains occupées, il n’est plus possible de passer au dessus de la tête des adversaires pour leur trancher l’échine. Mais une autre panoplie de coups dédiée spécialement aux combats à deux armes a été tissée par les samouraïs de Montréal, ce qui élargit encore plus le champ d’action. Pour nettoyer un horizon un peu trop encombré par des microbes bruyants, il est possible de lancer une hache ou un coutelas afin de désinsectiser les dalles à distance. La durée de vie des armes étant limitée, le charme disparaît au bout de quelques minutes. Posséder deux lames bien aiguisées offre une force de frappe avantageuse, il ne faut donc pas avoir la flemme de les collectionner, surtout dans les moments chauds.
Le guerrier de la nuit
Prince of Persia : L’Ame du Guerrier tente également de se reposer sur des concepts qui ont fait leurs preuves l’année passée. Le Temps est toujours une arme redoutable, et une possibilité d’obtenir une seconde chance au cas où l’on aurait mal négocié un passage périlleux. La Dague du Temps a disparu et laisse place à une sorte de médaille qui aspire le Sable du Temps se dégageant du corps d’un ennemi vaincu ; un procédé proche voire similaire de celui d’Onimusha 3 : Demon Siege avec les souls que l’on récupère après chaque combat. Dans Les Sables du Temps, il était possible d’assassiner les méchants en seul coup de Dague du Temps. La victime adoptait alors une couleur jaunâtre, et il suffisait de lui mettre un coup pour qu’il soit découpé en deux morceaux. Prince of Persia : L’Ame du Guerrier n’est pas aussi clément que son prédécesseur, et le joueur est obligé d’asséner une salve de coups de schlass pour que son vis-à-vis attrape la jaunisse. Dès lors, il faut réaliser un mouvement spécial pour espérer récupérer un peu de Sable du Temps, une attaque normale ne garantissant pas le remplissage de la fameuse médaille. Pour finir, n’oublions pas d’évoquer la possibilité de ralentir le temps, ce qui permet de se déplacer plus rapidement que les ennemis. Contrairement à ce que nous avons pu lire ici et là, le fait que le prince soit plus rapide que ses ennemis pendant ces phases made in Wachowski n’est pas une nouveauté, sauf sur une autre planète. Sans doute même…