Test Obscure

Dans l'ombre des colosses

Je ne surprendrais personne en clamant haut et fort que le survival-horror est un genre qui s’enlise inexorablement, du fait de voir fleurir de nombreuses suites. Bien évidemment, un nouveau Silent Hill ou un nouvel épisode de Resident Evil est toujours un événement. Cependant, on remarque que l’ambiance est moins travaillée au profit d’une meilleure réalisation visuelle. Il y a deux ans, l’excellent Project Zero avait surpris les joueurs comme la presse par son ambiance unique. Cette rentrée, qui accueillera Resident Evil : Outbreak et Silent Hill 4 : The Room, sera peut-être bouleversée par l’arrivée d’un tout nouveau titre : Obscure. Développé par le studio français Hydravision, Obscure est un survival-horror qui prend place dans une université américaine dans laquelle se trament de drôles de choses. Très largement inspiré de la vague The Faculty, Scream, Buffy, cette nouvelle production française, après la saga Alone In The Dark de Frederic Raynal (Infogrames), joue à fond la carte des films de teenagers : ambiance, personnages, dialogues et musiques. Outre un univers inédit, c’est également l’arrivée d’un Mode Cooperatif qui confère à Obscure un intérêt double. Désormais, vous allez frissonner à deux !

L’expérience interdite

Après leur entraînement de basket, Shannon, Josh, Stan et Kenny (il y a même un Mr Garrison … Qui a dit South Park ?!) se séparent afin de profiter de leur soirée comme tout bon étudiant qui se respecte. Cependant, nul ne s’attendait à découvrir le terrible secret que cache le Lycée de Leafmore High. Etant le retardataire du groupe, Kenny va faire les frais d’une personne malveillante qui l’entraîne dans les sous-sols. Et c’est dans la cave d’une veille cabane de jardin que le lycéen va disparaître et ses hurlements n’y changeront rien. Intrigués par la disparition de leur ami, Josh, Shannon, Stan et Ashley (sa petite copine) vont mener l’enquête à travers le lycée pour le retrouver. Mais à la nuit tombée, le lycée accueille de nouveaux arrivants, des créatures belliqueuses se propageant dans les recoins sombres du bahut. Vous l’aurez compris, vos pérégrinations vont mettre à jour un secret qui sommeillait depuis des lustres dans les couloirs de l’établissement…

Plus on est de fou, plus on crie !

L’originalité d’Obscure est de proposer 5 personnages à incarner. Chaque protagoniste est doué d’une capacité spéciale qui peut s’avérer indispensable durant l’histoire. Forte de ses cours de secourisme, Shannon soigne ses coéquipiers mieux que les autres puisqu’elle offre à chaque guérison un bonus de 25% de santé. Ashley et Kenny sont les sportifs du lot. Elle est douée en taekwondo et en tir. Kenny, lui, pourra piquer un sprint pendant un certains laps de temps. Josh, la petite fouine, aura une certaine aisance pour débusquer les indices et résoudre les énigmes. Et enfin, on retrouve l’incontournable star du crochetage, à savoir Stan, le bad boy du groupe. Les petits gars n’ont apparemment pas bien appris la leçon de Scream qui dit de ne jamais se séparer, puisque vous scinderez rapidement le groupe en deux. Deux qui cherchent, et deux qui attendent à un point de rassemblement. A la manière de Resident Evil Zero, il sera possible de changer de personnage en appuyant sur Rond. Vous pourrez donner des ordres au coéquipier contrôlé par l’ordinateur afin qu’il vous aide dans l’aventure. Les quatre directions de la croix multidirectionnelle correspondent à quatre actions différentes : venir, rester, attaquer et aider. Tout cela étant valable si vous jouez en solo à Obscure. N’hésitez pas à appuyer sur Select pour voir l’état de santé des personnages puisqu’à l’écran rien n’apparaît. Durant le jeu, il faut se fier aux vibrations du Dual Shock pour savoir si la mort est proche. Mais dans le Menu Personnages, les photos des différents protagonistes s’abîment au fur et à mesure des dégâts encaissés. Evitez de perdre l’un de vos amis, car même si le « game over » n’apparaît qu’une fois tous les personnages morts, vos chances de réussite fondent comme neige au soleil.

L’expérience inédite

Maintenant, tentez l’originalité qu’offre Obscure. Branchez une deuxième manette et jouez en Mode Cooperatif avec un de vos amis. Dès lors, le jeu prend une toute nouvelle tournure. Loin d’un coop’ à la Baldur’s Gate où chacun bute un maximum d’ennemis, ici on a affaire à une vrai entente. Il faudra souvent protéger son coéquipier pendant un crochetage de serrure ou lorsqu’il résoudra une énigme. Car les ennemis ne vous laissent aucun répit. Et comme souvent, c’est lorsqu’on s’y attend le moins qu’ils surgissent en masse pour vous réduire en bouillie. Pour que ce ne soit pas trop brouillon, les angles de caméras fixes changent suivant les déplacements du joueur principal et si votre coéquipier n’est pas dans le cadre, un petit logo apparaît à l’écran pour le situer. Bien entendu mieux vaut rester groupé même si les ouvertures de portes ou les autres interactions ne nécessitent qu’un seul joueur. Comme pour tout Mode Coopératif, il faudra partager son arsenal, ses munitions et ses boissons curatives. Dans le cas où un joueur meurt, il est bien évidemment possible de revenir au point de rassemblement afin d’incarner un nouveau personnage.

Indiscutablement, il s’agit de l’atout majeur d’Obscure qui pourrait bien faire trembler RE : Outbreak, l’opus de la saga Resident Evil amputé de son mode online pour l’Europe.

La nuit, tous les chats sont gris

Les créatures que vous retrouverez dans le titre d’Hydravision apparaissent dans l’obscurité des salles de classe, dans les recoins sombres des sous-sols. Et c’est tout logiquement que la lumière va prendre une place prépondérante dans le jeu. Lumière du soleil ou éclairage artificiel, selon le degré d’intensité, les ennemis brûleront et disparaîtront dans un nuage de vapeur noirâtre. Briser les fenêtres pour faire entrer les derniers rayons d’une journée automnale se révèle très efficace pour terrasser les monstres. Dès lors que la nuit tombe, il faudra se munir de lampes torches pour les tenir à l’écart. Cependant rien ne vaut une bonne décharge de chevrotine dans le buffet pour venir à bout des ennemis même les plus coriaces. Et niveau arsenal, Obscure est bien loti : barre de fer, batte de baseball, pistolet, colt, fusil à pompe, fusil de chasse, laser (on trouve de tout dans un lycée !). L’une des idées reprises de la saga Resident Evil est la possibilité de combiner deux objets entre eux. Ainsi, vous pouvez arborer fièrement une lampe torche sur votre fusil en utilisant du scotch, à la différence du marine de Doom 3 qui aurait mieux fait de suivre en cours ! Qui dit lampe, dit effets de lumière remarquables. Il faut l’avouer Obscure s’en sort plutôt bien sur le plan graphique. Le lycée miteux de Leafmore High, une fois plongé dans le noir, nous apparaît lugubre et le faisceau de la lampe semble inoffensif lorsqu’on découvre les créatures de plus en plus énormes du jeu. Comme pour Alone In The Dark, il est possible de balader sa torche grâce au stick analogique droit. Il y a aussi les effets d’obscurité qui sont travaillés puisque chaque déplacement de monstre s’accompagne d’une nuée de taches noires qui prouvent, si besoin en est, leur attachement aux ténèbres. Le gameplay est très intuitif puisqu’il s’apparente, dans les phases de shoot, à Resident Evil. La navigation dans l’inventaire ne nécessite pas de casser le rythme via un sempiternel bouton Start. Dans Obscure, les boutons L2 et R2 permettent de sélectionner les objets et les armes à utiliser. Ceci confère donc au jeu un rythme soutenu surtout que les déplacements des protagonistes sont plus rapides et moins raides que dans les sagas de Capcom ou de Konami.

« La cloche a sonné … »

Le tableau en est presque idyllique et c’est vrai que sur beaucoup de plans, Obscure ne déçoit pas. Même l’ambiance sonore est au rendez-vous puisque vous allez frissonner, paniquer dès qu’un hurlement déchirera la nuit, un plancher grincera ou un volet claquera. Les dialogues collent parfaitement avec le genre « horreur pour adolescents boutonneux », tout comme la musique, mélange entre punk (Sum 41 et Enhancer) et chants de chorales. Cependant il réside tout de même un point sur lequel Obscure chute, c’est sa durée de vie. Malgré trois niveaux de difficulté, le jeu se bâcle en à peine dix heures de jeu et même si les ennemis sont plutôt coriaces, le grand nombre de disques de sauvegarde permet d’éviter les erreurs. Evidemment en mode 2 joueurs, on avance bien plus rapidement puisqu’on ne prend plus en considération la survie du coéquipier géré par l’IA. L’autre aspect un peu délaissé par Hydravision concerne les énigmes un peu trop basiques … Et dire que l’on se plaint de Resident Evil ! Pour terminer, on peut également noter le manque de surprises qui nous font bondir de notre fauteuil. Mise à part quelques irruptions d’ennemis avec fracas au début du jeu, Obscure n’est pas un titre terrifiant outre mesure.