Test Ninja Gaiden 3 : Razor's Edge

En attendant de trancher des gorges et des côtes dans Metal Gear Rising Revengeance, les fans d'hémoglobine peuvent toujours passer le temps avec Ninja Gaiden 3 Razor's Edge qui, dans le fond, n'offre rien de bien révolutionnaire par rapport à la version originelle. On se retrouve donc avec cette prise en main accessible et indulgente qui fait grincer des dents les puristes, ces derniers ayant passé leur vie à maîtriser toutes les arcanes de Ninja Gaiden sans la moindre assistance. Les enchaînements demeurent spectaculaires c'est vrai, ils sont même plus violents sur Wii U grâce aux démembrements, mais le fameux bras démoniaque qui pourrit la chaire de Ryû Hayabusa lui confère une puissance herculéenne 100% no skill. Lorsque son membre se met à rougir, le héros est ainsi capable d'éliminer ses adversaires d'un coup d'un seul, sans que l'on ait besoin de bouger le petit doigt. En ayant fait ce choix, les développeurs ont décidé de donner une orientation grand public à une série réputée intransigeante, où la moindre approximation se payait cash jusqu'à présent. Dorénavant, il n'est plus nécessaire de connaître les combos sur le bout des doigts pour se débarrasser de tel ou tel ennemi. Et comme les joueurs qui exécutent toujours les mêmes attaques ne sont jamais punis, la pression n'existe plus dans Ninja Gaiden 3 Razor's Edge. Honteux. On regrette aussi que l'exploration soit tombée dans les oubliettes (le Sens Ninja indique le chemin à suivre), et on doit désormais se coltiner de longs couloirs qui finissent par fatiguer les yeux.

 

La perfection au masculin ?

 

Inutile donc de partir à la recherche d'items permettant de panser les plaies de Hayabusa ou d'améliorer ses attaques : il faut foncer tout droit, point barre. Heureusement que les points Karma sont là pour donner un semblant de richesse au jeu. En enquillant les kills, il est en effet possible de récolter des points d'expérience pour étoffer la panoplie de mouvements du personnage, mais aussi pour rendre ses armes beaucoup plus puissantes. Sympathique, mais se contenter d'affronter des vagues successives d'ennemis entre deux couloirs n'a rien de vraiment jouissif, même si l'I.A. a été renforcée et qu'elle inflige de vrais dégâts au lieu de distribuer des caresses. Néanmoins, il ne faut pas mettre dix plombes avant de trouver la faille ultime du gameplay de Ninja Gaiden 3 Razor's Edge : la glissade avec laquelle les assauts adverses deviennent de la guimauve. Même les missiles sont fastoches à éviter, niveau de difficulté élevée ou pas. Et si la jauge de vie venait à diminuer dangereusement, une pression sur la case Ninpô suffit à la régénérer tout en foudroyant les soldats se trouvant aux alentours. Pression, car le GamePad est évidemment mis à contribution dans le jeu, mais de façon anecdotique. En fait, la mablette sert essentiellement à switcher d'arme (ce qui n'empêche pas de mettre le jeu en pause), d'accéder au menu des compétences ou alors d'activer le Sens Ninja. Wii U oblige, on a également la possibilité de jouer uniquement sur l'écran du GamePad avec des commandes classiques, et on ne peut pas dire que l'ergonomie soit optimale. La meilleure solution reste donc le Wii U Pro Controller avec lequel il est plus facile de retrouver ses repères.

 

Sympathique, mais se contenter d'affronter des vagues successives d'ennemis entre deux couloirs n'a rien de vraiment jouissif, même si l'I.A. a été renforcée et qu'elle inflige de vrais dégâts au lieu de distribuer des caresses."

Niveau contenu, on l'a précisé un peu plus haut : Ninja Gaiden 3 Razor's Edge propose l'intégralité des DLC, ce qui inclut Momiji et Kasumi en personnages jouables dans le mode "Défi Chapitre" par exemple. Ayane, quant à elle, est disponible via le mode coopération en ligne mais aussi à travers quelques missions de la campagne principale. Enfin, en termes de réalisation, Ninja Gaiden 3 Razor's Edge se montre à la hauteur de son frère jumeau sur Xbox 360 et PS3. C'est fluide, saignant, tranchant et vif. Mais à la base, Ninja Gaiden 3 n'est pas non plus une oeuvre d'art, et il ne faut pas s'attendre à progresser dans des niveaux archi détaillés. Les développeurs ont quand même fait des efforts sur les ralentissements, et on regrette juste que l'aliasing se fasse sentir sérieusement à certains moments de l'aventure. Bref, correct, sans plus.